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lundi 24 juin 2024

Ça va mieux en le disant

 

Militant républicain avec ses potes dédiabolisés


Quand l’extrême droite progresse chez les gens ordinaires, 
c’est d’abord sur elle-même que la gauche devrait s’interroger.

George Orwell 

On leur explosera la gueule
car elle est pleine de vide.
Linton Kwesi Johnson


jeudi 22 décembre 2022

lundi 24 octobre 2022

Des rats qui courent

 

Comme on le voit sur le document ci-dessus, en avril 1981*, le riant quartier de Brixton, district de Lambeth, municipalité de Londres fut le théâtre d'un certain mécontentement qui passa vite aux actes directs.
Margareth Thatcher, qui n'en ratait pas une, déclara alors qu'il ne s'agissait que de Race riots (émeutes raciales).
Le quartier répliqua fièrement : un énorme graffiti sur l'avenue dite "la frontline", proclama There is no race but the rat race !  
 


Les camarades traducteurs de la brochure de l'époque, Like a summer with a thousand julys, en avaient donné une version approximative et fautive ainsi tournée "Il n'y pas de races, hors la race des rats." Raté, les copains ! 
Faut dire que le retour à l'envoyeur était pour ainsi dire intraduisible vu qu'en british "race" signifie à la fois "race" et "course" et qu'on causait bien là de la fameuse "course du rat".
Sorry, mate ? Tu ne sais point ce qu'est cette fameuse course ? ben, la course à l’échalote vers l’ascenseur social, une fuite en avant vers la promotion, le pouvoir...
À l'époque où un racialiste était forcément un simple raciste, le sens de la répartie des héritiers de King Mob fut savouré et applaudi à sa juste valeur.
The Specials avaient d'ailleurs re-popularisé cette expression, déjà utilisée par Bob Marley avec une vidéo qui parle d'elle-même.

 

* Mais aussi en 1977, 1985, 1987....

 



vendredi 8 avril 2022

De l'antifascisme conséquent (Parme 1922)

 

 

 
Bien loin du patriotard requin fier de son orgueil de race, conscients que notre Patrie est là où se trouvent les peuples opprimés : Ouvriers, masses laborieuses, Arditi d'Italie À NOUS!
 
Sauf énorme et pas forcément agréable surprise, l'élection qui vient se jouera entre le petit marquis méprisant et la dédiabolisée par la grâce d'une crevure qui a joué au crétin utile. Le fascisme est donc à nos portes.
Ce qui nous permet de revenir une bien belle histoire et rappeler qu'il n'y a qu'une façon de traiter avec ces gens là. Même si on n'est pas en Italie en 1922, manquerait plus que ça !

Durant la première grande boucherie mondiale, les Arditi (hardis, courageux) étaient des troupes d'assaut italiennes, équivalent de nos nettoyeurs de tranchée ou des futurs commandos. Ces unités d'élite hyper entraînées et jouissant de privilèges que n'avait pas la piétaille ordinaire furent une véritable caste guerrière marquée, à la fois d'esprit patriotique et d'un mépris pour l'autorité, l'État et la bourgeoisie, d'où de nombreuses bagarres avec flics et carabiniers (ces planqués).
Pour le patriotisme, vu la reconnaissance de la Mère Patrie vis à vis de sa chair à canon, les 40 000 Arditi démobilisés ont monté leurs propres associations, se sont rapprochés des futuristes, ont été nombreux à participer à la tragi-comédie de la République de Fiume rêvée par Gabriele d'Anunzio et un bon nombre a rejoint les rangs du fascisme naissant.
Tous ? Non ! Sous l'impulsion d'ex combattants anarchistes et socialistes, en juillet 1921, sont fondés les Arditi del Popolo (Arditi du peuple) mouvement paramilitaire destiné à s'opposer en actes aux chemises noires et autres squadristes.  Un de leurs slogans était Arditi, non gendarmi ! (Arditi! Pas flics!) en cette année où la violence fasciste se déchaîne contre le mouvement ouvrier. Même si Antonio Gramsci les admire publiquement, les communistes n'entrent généralement pas dans ce mouvement puisqu'ils ne dirigent pas.

L'anarchiste Malatesta avec des Arditi del Popolo
 
Voilà pour l'ambiance, voyons le décor. 
En août 1922, nous sommes à trois mois de la Marche sur Rome et les hordes mussoliniennes ont à peu près nettoyé le pays de tout ce qui pouvait s'opposer par force à leur montée au pouvoir. Une grève générale appelée suite à de sanglants affrontements à Ravenne (où plus de 3000 squadristes ont été repoussés par les Arditi del Popolo) s'achève lamentablement à cause de syndicats terrifiés. 
Reste un caillou dans la botte : la ville de Parme où les chemises noires subissent revers sur revers et où la grève s'installe. L'épicentre de la résistance se situe dans le quartier populaire d'Oltre Torrente et le responsable local des environ 300 AdP locaux est le socialiste Guido Picelli qui organise patrouilles et plan de défense depuis des mois et a monté un Front uni avec tous les autres groupes d'autodéfense prolétarienne. 
Guido Picelli
Farinacci, chef fasciste régional a donné 48 heures aux rouges pour faire place nette faute de quoi ses troupes ravageront les quartiers populaires. Comme de bien entendu, forces de l'ordre et militaires se retirent complaisamment. 
Le 2 août 1922, près de 10 000 squadristes passent donc à l'attaque et tombent sur des barricades, des rangées de tranchées, de câbles électriques, de barbelés et même des champs de mines artisanales. 
Les chemises noires sont reçues à coup de fusil, de revolver, de briques, de grenades, de bouteilles d'essence, de vitriol, d'huile bouillante, de traverses, de pierres...de tout ce qui peut faire mal.
Toute la population s'y est mise  hommes et femmes, vieillards et gamins et logiquement, les mussoliniens prennent une belle dérouillée.
Évidemment, comme il est hors de question de rester sur pareille humiliation, Mussolini écarte l'incapable Farinacci et envoie son bras droit mater Parme : Italo Balbo.
Et les combats reprennent, vague après vague, cinq jours durant, l'assaut fasciste va s'écraser contre les défenses des quartiers d'Oltre Torrente, Naviglio et Saffi. 
L'enjeu semble de taille, Balbo note dans son journal Si Picelli arrive à vaincre, les subversifs de toute l’Italie vont relever de nouveau la tête. À 10 combattants contre 1, les fascistes tombent comme des mouches et la débandade se profile. 
Le commandant militaire de la place, toujours vautré dans sa neutralité, finit par communiquer à Balbo qu'il n'est pas en mesure d'assurer la sécurité de ses hommes. Finalement, dans la nuit du 6 août, les fascistes refluent et quittent la ville non sans emporter plus de quarante cadavres et un nombre élevé de blessés. Du côté des défenseurs, on déplore 5 morts. 
Balbo à gauche de son maître
 
Contrairement aux prévisions d'Italo Balbo, l'expérience victorieuse de Parme ne sera pas suivie d'effets : syndicalistes, socialistes, communistes feront la sourde oreille aux appels de Picelli et trois mois plus tard Mussolini sera installé dans l'Aventin. 
Pas rancunier, Picelli entre au PCI, avant de s'exiler suite à une condamnation de cinq ans. Il meurt en Espagne, le 5 juin 1937 à Mirabueno (Guadalajara) à la tête de sa section de la Brigade Garibaldi au cours d'une des rares victoires de la république qui y écrasa... les forces fascistes italiennes. 
Quant à Balbo, il attendra 1933 avant d'oser revenir à Parme, comme ministre de l'aviation (la ville possédait des usines aéronautiques) et auréolé de ses traversées aériennes transatlantiques. Ce fut pour y découvrir cet énorme graffiti en dialecte parmesan : Balbo, tu as traversé l’océan mais pas le torrent Parma !
Voilà, on vous a raconté ça, faites en ce que vous voulez.
Tiens ? Un groupe qui s'appelle par hasard Oltre Torrente et qui chante sa bonne ville rebelle, Parma brucia.
 
Et une belle affiche commémorant ces journées d'août à la gloire des Arditit del Popolo au son du vieil air anarchiste Figli dell' oficina
 
Chanson reprise, à son tour par nos Parmesans, la boucle est bouclée.
 


lundi 31 janvier 2022

La guerre Froide d'antan (parenthèse d'actualité)

 

Cluster sous contrôle

Près de trente années après le naufrage de l'URSS où en sommes-nous ?
Autour de l'Ukraine, l'Otan et l'armée russe jouent à qui a la plus grosse division dans une mise en spectacle qu'aucun parc d'attraction n'a les moyens concurrencer.
La crise du Covid se double d'une crise géopolitique en attendant une éventuelle énième crise financière. La crise permanente comme gouvernance, en quelque sorte.
On a l'air de se moquer mais ce genre de gesticulation nous évoque irrésistiblement d'autres crises comme celle dite des "euromissiles" dans laquelle il s'agissait de saupoudrer l'ensemble du territoire européen de fusées balistiques destinées à réduire la région d'en face en poussière plus ou moins radioactives.
À l'époque où le "camp d'en face" en faisait rêver certains, le camarade Linton Kwesi Johnson résumait assez bien la querelle inter impérialistes par cette chanson tirée de son album Making history (1983) Di eagle an' di bear.
Pas grand chose de neuf depuis.

jeudi 9 décembre 2021

L'art du plagiat

 
Reconnaissons-le, la Mano Negra (groupe issu des Hot Pants, des Casse Pieds et des Dirty Districts) fut en son temps (1987-1994) un sacré groupe de scène doté d'un groove irréprochable.
Côté reproche, justement, on leur doit, à eux et à quelques autres, l'irruption du gros business dans un rock jusqu'alors plus confidentiel et familial, une certaine "Jacklanguisation" de la musique qui collait bien aux dernières heures du socialisme cotillon et surtout, surtout, une faiblesse avérée des paroles.
Même si ces gens eurent des intentions souvent estimables et avaient des choses à dire, ils les disaient trop fréquemment avec une naïveté confondante et une accumulation de mots formant une liste lassante. C'est d'ailleurs depuis la marque de Manu Chao. C'est pas parce qu'on chante en castillan qu'on est obligé d'être aussi sommaire.
Enfin, soyons juste, on aime bien aussi les Ramones qui, question texte se posent un peu là.
Non, ce qui a eu toujours du mal à passer, c'est que ces jeunes gens découvrant l'Amérique Latine n'hésitaient pas à pomper et à recycler des trucs entendus à la radio, ce qui n'aurait rien de blâmable en soi du moment qu'on cite sa source. 
Prenons un classique de la salsa new-yorkaise : Te están buscando, 45 tour sorti en 1981 chez Fania joué par le fabuleux duo Rubén blades / Willie Colon. Voici les mésaventures d'une guape du quartier que plus personne ne supporte et que tant la flicaille que les autres truands recherchent pour lui donner une bonne leçon:  

Et ensuite, écoutons Peligro, reggae tropical de la Mano dont voici la vidéo issue du documentaire Puta's fever.
 

 

Même sans posséder la langue de Cervantés et Julio Iglesias vous avez remarqué ? Ce sont quasiment les mêmes paroles. on se contente de remplacer les pénibles du quartier par la CIA et les forces de l'ordre. Après y'a plus qu'à balancer une accumulation de pays d'Amérique Centrale et le tour est joué !
Vous me direz qu'après tout, depuis Mozart (qui a pompé Salieri) et Muddy Waters (qui a pompé Robert Johnson), l'histoire de la musique n'est qu'une longue suite de plagiat.
certes. Mais ça fait longtemps que celui-là, on l'avait sur l'estomac !

jeudi 2 décembre 2021

Aller se faire vacciner chez les Grecs (parenthèse d'actualité)

 

Quiconque connaît l'alphabet grec ou a la curiosité d'aller sur la page wikipedia qui lui est consacrée ne peut que ressentir qu'un profond malaise face à l'apparition du variant o (Omicron).
Si malgré notre profonde lassitude on a un peu suivi l'affaire du virus qui cavale, comment a-t-on pu passer d'un variant δ (Delta) quatrième lettre, directement à la quinzième ? Où sont passées ε (Epsilon) θ (Thêta) ou λ (Lambda) pour ne citer que les plus connues ? Nous a-t-on caché une horde de variants ?
Enfin, on tout de même quelques explications quant à des lettres douteuses : l'OMS a tout simplement sauté la lettre µ (Mu) parce que les anglo-saxons n'arrivent pas à la prononcer (ça donnerait un truc comme "Miaou") et surtout la lettre ξ (Xi) parce que ça aurait pu être vexant pour le grand empereur de l'empire du Milieu. Vu que c'est son prénom et que la Chine aurait deux ou trois choses à se reprocher.
On frémit à l'idée de notre sort lorsqu'on aura épuisé les 24 lettres grecques. Faudra-t-il passer à l'alphabet cyrillique (l'alphabet chinois étant prohibé pour les raisons énoncées ci-dessus) ou faudra-t-il abattre le troupeau ?

 

Dans un tout autre ordre d'idée, une réjouissante chronique ce matin même sur les ondes de FC. 
Voilà qui a le mérite de nous ramener à la fois aux plus belles heures de la guerre froide (au moins, on savait à peu près qui tirait sur qui) et à une bombe à neutrons qu'on imaginait remisée au hangar des arsenaux improbables.
Ainsi qu'un prétexte pour s'envoyer les Ramones de bon matin, ce qui a toujours du bon pour le moral.

jeudi 25 février 2021

Leonard Peltier moisit toujours en cellule


Comme l'écrivit en son temps Pélissard, chansonnier attitré des Travailleurs de la nuit De quel esprit sadique, affreux, dénaturé, naquit l'intention sauvage de la cage, Où l'homme enferme l'homme et le tient emmuré ?
Comme il n'y a guère de choses plus dégueulasses qu'une prison, pourquoi se préoccuper du sort d'un entaulé plutôt que de tous les autres ?
Peut-être parce que certains cas sont particulièrement obscènes et qu'il est possible d'avoir pour eux une pensée de temps en temps.
Ainsi, Leonard Peltier, Lakota membre de l'American Indian Movement (AIM) pourrit-il en cellule depuis 1976. Non sans que plusieurs présidents, de Clinton à Obama aient promis de le sortir de cette situation avant de promettre pour le deuxième d'aller clore Guantanamo. On attend encore. Et on n'espère pas grand chose de Joseph Robinette.
 

Rappel historique. En février 1973, les activistes indigènes de l'AIM occupent le site de Wounded Knee, lieu du dernier massacre officiel des guerres indiennes où, le 29 décembre 1890 la soldatesque du 7ème de cavalerie extermina plus de 200 Sioux. Wounded Knee se trouve dans la réserve Lakota de Pine Ridge, située dans les Badlands (Mauvaises terres, devinez pourquoi) et source d'une éventuelle mine d'uranium. Le FBI et l'armée cernent la réserve pour un siège qui va durer 71 jours. Même si les gars de l'AIM ont fini par se rendre, la réserve demeurera un champ clos d'affrontement entre eux, les flics et une milice pro gouvernementale (les GOONS*, Guardians of Oglala Nation). Habituellement, on appelle ça une guerre de basse intensité (avec par conséquent des morts de basse intensité).
Le 25 juin 1975, deux agents du FBI sont pris dans une fusillade et terminent là leur carrière. Une monstrueuse chasse à l'homme en découle**.
On est alors en pleine période du programme anti insurrectionnel COINTELPRO (qui vise à détruire toute mouvance considérée subversive qu'elle soit du Black Power, latino, proche des Weathermen ou de l'AIM) et le FBI considère Leonard Peltier et Dennis Banks comme des dirigeants du mouvement. 
Arrêté au Canada en 1976, Peltier est extradé sur un témoignage plus que douteux, jugé expéditivement par un juge propriétaire de terres indiennes et raciste notoire. Le chef d'inculpation change plusieurs fois passant de meurtre à complicité. Bon nombre des preuves avancées semblent purement et simplement fabriquées et le FBI refuse toujours de déclassifier plus de 6000 documents. 
Depuis, malgré l'évidence de la confection d'un coupable, Peltier, passé en tabac en prison et placé à l'isolement croupit encore en cellule malgré des promesses de révision et de grâce restant désespérément vaines.
On a longtemps avancé l'hypothèse que la révision de son cas aurait mis à jour les magouilles du FBI et les assassinats de membres de l'AIM sur la réserve. Il semble surtout que de nos jours, cette suite de manœuvres déboucherait que sur un scandale lointain et refroidi et qu'à l'instar de bien d'autres Peltier n'est qu'un déchet oublié dans un cul de basses-fosses. 
Son cas est le sujet de nombreuses chansons, en voici deux. 
Un reggae par Little Steven (aka Steve Van Zandt, vieux complice de Springsteen)

 

Et le Freedom de Rage against the Machine, les énervés de Los Angeles ne pouvaient éviter ce cas.

 

Et comme contrairement à Peltier, l'histoire cavale toujours, ces dernières années la réserve toute proche de Standing Rock a été un champ d'affrontement ces dernières années contre la construction d'un oléoduc de près de 2000 kilomètres censée la découper comme au sabre de cavalerie. Aux dernières nouvelles, le projet est abandonné.

Une vue de la vie quotidienne sous le règne de Donald Trump



      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Acronyme on ne peut mieux trouvé. En argot, Goon signifie, brute, mercenaire ou... milice patronale.

** Deux films narrent ces événements, un documentaire de Michael Apted, Incident at Oglala (1992) et une fiction du même réalisateur et de la même année, Thunderheart. 

En souvenir de Joseph Ponthus, parti le 24 février.

samedi 12 septembre 2020

Frederick "Toots" Hibbert : 1942-2020

De tous les pionniers du reggae et du ska, Frederick Hibberts aka Toots, emporté hier par la saloperie de l'année à l'hôpital de Kingston, fut pour nous le plus flamboyant. Il suffit de revoir la courte séquence du film The harder they come (1972) dans laquelle, avec son trio vocal, the Maytals, ils y interprétaient Sweet and dandy au studio de ce vieil arnaqueur de Leslie Kong pour en être convaincu.


Dernier rejeton d'une fratrie de sept, éduqué au gospel à l'église de Clarendon, ayant pratiqué la boxe à un niveau fort respectable, Toots monte the Maytals avec Raleigh Gordon et Jerry Matthias en 1961 avant de sortir leur premier single, Bam Bam, l'année suivante. En 1966, il va moisir un an et demi en taule pour possession le marijuana (la bonne blague!). Numéro d'écrou, 54-46.


Il se dit qu'il aurait été le premier à employer le mot reggae" dans Do the reggay. Si on n'en sait rien, on est certain que son album Funky Kingston (1976) est un mélange parfait de reggae, de ska de soul, de rythm'n blues et qu'il n'a pas pris une ride depuis.
Assurément une grande voix.


Et devinez ce qu'ont repris les Clash et les Specials ?


lundi 6 juillet 2020

La dernière des Vanneaux



Et bien voilà. Après plus de huit ans d'émissions radiophoniques, d'abord dans la chanson en français avec l'herbe Tendre puis dans le n'importe quoi de partout des Vanneaux, on a décidé de raccrocher.
Avec une pensée émue et reconnaissante pour tous ceux et celles qui se sont succédés au micros de Canal Sud les mardis puis les lundis.
Et comme il était question de liberté :
Georges Auric            À nous la liberté
The Vip's                     I wanna be free
Stinky Toys                 Free from love
Bérurier Noir              Vivre libre ou mourir
Sebastyen & Marta     Hidegen figna kastelek
Pete Seeger                 Freiheit
Tappa Zukie                 Tribute to Steve Biko
Die Schnitter                Abenteuer
Joe Jackson                   Harder they come
La Brigade                    Libérez
Anonymes                     Ithemba Edinalo Inkululeko
Mikel Laboa                  Txoria txori
Pelagia                           Lubia bratci, lubia
Judith Reyes                  Cancion del guerillero
Bakaka Band                  Gobonimada jira
Ennio Morriconne          The beggars march
Surghjenti                      A me patria
J. Higelin                        Le fil à la patte du caméleon
Samuel Hobo                 Freeedom song
The Byrds                      Chimes of freedom

Les amateurs d'archives nous retrouveront sur un bête clic.

Les Vanneaux disparaissent, Ennio Morricone aussi. Finalement, peu de musiciens contemporains nous auront autant touché. Arrivederci maestro !
Et puisqu'il n'y pas de liberté sans révolution, même au cinéma, le thème de La Bataille d'Alger par John Zorn.

 

           
Et un dernier coup de La Souris Déglinguée, juste parce qu'on a un coup de nostalgie de notre rayah.



dimanche 7 juin 2020

L'insurrection qui court

Les Black Riders dans le centre de Houston
Il est parfois un assassinat de trop. Pour quoi celui-ci et pas un autre ? Nul ne saura le dire avec certitude et nul ne saurait donc prédire quelle iniquité est susceptible de soulever les foules. Amateurs de charognes, passez votre chemin...
Pourquoi, le tabassage de Rodney King a-t-il ravagé Los Angeles en 1992, pourquoi le suicide de Mohamed Bouazizi, a-t-il déclenché la révolution tunisienne de décembre 2010, pourquoi l'électrocution de Zyed Benna et de Moussa Traoré a-t-elle enflammé la France d'octobre 2005, pourquoi eux et pas d'autres ? Et pourquoi le meurtre de George Floyd a-t-il embrassé les États-Unis ? Pourquoi était-ce à lui de passer du statut d'une victime de plus sur la liste à celui de symbole ?
 On ne peut qu'affirmer qu'il est des gouttes de sang qui font déborder la coupe. Et qu'il n'est certainement pas innocent que ce crime ait eu un tel retentissement dans le cadre d'une crise sanitaire qui est essentiellement marquée par un massacre des plus fragiles, des mesures autoritaires généralisées et une guerre aux pauvres pendant et après (sic) le passage de l'épidémie.
Au temps du totalitarisme, technologique ou pas, du victimisme communautaire, voire concurrentiel, les rues de plus de 140 villes des USA se sont retrouvées aux mains de Noirs, Blancs, Latinos, Asiatiques et autres êtres humains qui ont pris la justice en main. Et ce mouvement a fait tâche d'huile  partout où, appelons-les des prolos, sont confrontés au racisme et à un appareil d'État armé.

Ce n'est sans doute pas un hasard si les derniers mots du malheureux George Floyd sont devenus un cri de ralliement pour ceux qui trouvent ce monde de plus en plus irrespirable.
On a même eu la joie de voir cette obscénité humaine de président parvenir à se mettre à dos à la fois une partie de son électorat évangéliste après son exhibition de la Bible et une part de ses militaires pour avoir joué à la guéguerre civile.
Et on est désolé, Gil, il semble que de nos jours, la Révolution sera filmée et même archi filmée. On va finir par s'y faire.

 
Alors, on n'ose trop rêver car tout est en ordre de marche pour éteindre l'incendie : la justice qui rectifie le tir, les artistes qui performent, les sportifs qui crachent au bassinet, les potentats locaux dans la grande scène du 2, le candidat centriste en rassembleur de la Nation et tous les habituels intermédiaires, récupérateurs ou négociateurs autoproclamés qui y vont de leurs simagrées.
Mais tout de même on va pas bouder, merci pour ce beau moment de dignité, camarades.

Rappelons aux connards racistes ce superbe graffiti vu à Brixton, en 1984 en réponse à une Thathcher qui qualifiait les troubles d'alors "d'émeutes raciales" : There is no race but the rat race*.

*

*Intraduisible, Le "Rat race" étant la course à l'ascension sociale.


mercredi 29 avril 2020

Un virus jusqu'ici inconnu des services de police

Dispensaire de test C19 de la préfecture
Il faut que ce qu'on appelle la police soit une chose bien terrible, disait plaisamment Mme de ..., puisque les Anglais aiment mieux les voleurs et les assassins, et que les Turcs aiment mieux la peste.
 Chamfort

Ces derniers jours de mai, animés par une saine émulation vis à vis de leurs congénères du 93, les policiers toulousains ont tabassé un gars qui sortait d'hôpital psychiatrique (plus exactement, se sont fait surprendre et filmer à tabasser, c'est à dire que là, on le sait) et blessé un homme dans le quartier de Croix-Daurade. Nos vaillants sergots ont également placé en garde à vue une femme ayant accroché à sa fenêtre une banderole libellée Macronavirus, à quand la fin ? Sur injonction d'un procureur dénué du sens de l'humour, il est vrai. 
La BAC de St Denis n'a qu'à bien se tenir pour revenir au score.

Et la fièvre monte dans le quartier en attendant l'heure de la sortie. 
Ici The Cramps



La sortie, parlons-en ! Les cyniques incapables qui nous gouvernent vont donc convertir notre ausweis de déplacement de 1 à 100 kilomètres* et interdisent tout rassemblement de plus de 10 personnes.
Par contre, vous pouvez toujours renvoyer vos mômes à l'école pour mieux aller au turbin. Enfin, de ce qu'on a compris de ce charabia. Et pratiquement, démerdez-vous !
À combien d'ordres, d'injonctions absurdes immergées quelques mesures de bon sens allons-nous nous soumettre ? Quel est le degré d'obéissance collective ?

Vous étonnez donc pas si les gamins ramènent une belle fièvre à la maison.
(Lee Perry et ses Upsetters chanté par Susan Cadogan)



Les locaux de la radio étant encore désertés, l'émission du 4 mai sera une rediffusion malheureusement toujours d'actualité : Tout le monde kiffe la police.

* Toulousains, Toulousaines, voici la carte de la zone nono à partir du 11 mai

Au vu de ce document, vous constaterez :
- que l'invasion foireuse d'octobre 1944 est vengée : le Val d'Aran est annexée à l'Espagne, pardon, à la Catalogne.
- et que vous n'être pas prêts de retrouver tranquillement la tata de Ste Livrade sur Lot ou le cousin de Lafranquie (voir cartes).

lundi 16 mars 2020

Villes fantômes

L'industrie du tourisme survivra-t-elle ?
Message reçu ce dimanche d'un ami de Madrid

Nous voilà immergés dans une apocalypse de film de zombie. Dés lundi ce sera l'état d'alerte (je crois qu'en Gaule, vous dites "état d'urgence") avec confinement total : 48 million de personnes prisonnières à domicile. On ne pourra sortir que pour acheter de la bouffe, des médicaments et quelques autres petites choses (entre autre travailler ou aller chez le coiffeur manière d'ajouter une pointe de surréalisme à cette guerre invisible). (...)

Jusqu'à lundi on regardait les Italiens avec empathie, un peu comme quand il se passe un truc au village d'à côté et qu'on se demande si on sera pas un peu éclaboussé...
Mais mardi, ils ont annoncé la fermeture des écoles et mercredi, j'ai pris le gosse avec moi au boulot, pour ne pas exposer les grands-parents à la menace fantôme. Jeudi, ils ont fermé tous les lieux culturels et nous ont ordonné de passer au télé-travail (trois fois rien à faire en ce qui me concerne, ou plutôt rien, car tout sera fermé et sans programmation jusqu'à dieu sait quand), vendredi, ils ont enfin ordonné la fermeture des bars (on a bien pris une dernière pour la route) et aujourd'hui ils ont interdit les parcs et le monde extérieur en général. Ce matin je suis descendu avec le môme faire un tour en vélo jusqu'à un très joli cimetière près de chez nous (un endroit parfait, on y a croisé deux chats et aucun chrétien), finalement, c'est pas mal de vivre dans un quartier entouré de ce genre de sites. (..)
À la base, j'ai pensé me casser dans les Pyrénées pour passer ma quarantaine au vert et à l'air frais mais, va te faire foutre : l'armée bloque les routes. Je te jure, c'est comme un film, vous allez flipper.
Ça ressemble de plus en plus au plus court chemin vers une dictature globale, c'est une vraie expérience en temps réel. Je veux dire, ce sera ça ou le retour à l'âge des cavernes. (...)
Une forte accolade et des baisers, bordel de merde !

Et bien cher ami et camarade, nous y sommes nous aussi ou peu s'en faut.
Les rues se vident et que pas mal de gens se font la malle (pour aller où? Mystère). Et comme on ne supporte pas l'enfermement, on a siffloté Ghost Town des Specials pendant une bonne partie de la journée. Sans arriver à reproduire correctement le trombone de Rico Rodriguez. Il s'agit là d'une ville où les clubs ont fermé, les groupes ne jouent plus et ou on a la nostalgie du temps où nous chantions et dansions.
Certes, cette chanson date de 1981, sous le règne de la grande inspiratrice de notre glorieux Guide, Margareth T., qui avait alors prié les Brits d'abandonner leurs habitudes d'assistés. Le résultat ne se fit pas attendre. Entre autre pour près de trois million de chômeurs.

 

"Comme tous les grands disques sur l'effondrement social, cette chanson paraissait  à la fois craindre la catastrophe et s'en délecter" Dorian Lynskey. 

jeudi 28 novembre 2019

Érotisme primitif : Montaigne

 
Titien, 1560


L'usage et l'interest du mariage touche nostre race, bien loing pardelà nous. Pourtant me plaist cette façon, qu'on le conduise plustost par main tierce, que par les propres : et par le sens d'autruy, que par le sien : Tout cecy, combien à l'opposite des conventions amoureuses ? Aussi est-ce une espèce d'inceste, d'aller employer à ce parentage vénérable et sacré, les efforts et les extravagances de la licence amoureuse, comme il me semble avoir dict ailleurs : Il faut (dit Aristote) toucher sa femme prudemment et sévèrement, de peur qu'en la chatouillant trop lascivement, le plaisir ne la face sortir hors des gons de raison. Ce qu'il dit pour la conscience, les médecins le disent pour la santé. Qu'un plaisir excessivement chaud, voluptueux, et assidu, altère la semence, et empesche la conception. Disent d'autre part, qu'à une congression languissante, comme celle là est de sa nature : pour la remplir d'une juste et fertile chaleur, il s'y faut présenter rarement, et à notables intervalles.

Montaigne, Essais III, 5 
(Merci à Orlando de Rudder pour le tuyau)

Un sonnet de François de Malherbe pour enfoncer le clou 


lundi 18 novembre 2019

Et Thatcher tomba ( jusqu'où il ne faut pas aller trop loin)


Personne n'est indétrônable, pas même une Dame de Fer. Et personne ne devrait ignorer l'histoire et manifester à ce point son mépris au point de ressusciter un impôt qui, six siècles auparavant avait ravagé le royaume d'Angleterre et sa capitale.
En 1989, il semblait que Margareth Thatcher ait maté les quartiers remuants, les mineurs, les dockers, les chômeurs, les cheminots, les écoles publiques, les républicains irlandais et, au passage, quelques traîneurs de sabre argentins. Continuant sa marche royale d'un libéralisme décomplexé, voilà-t-il pas qu'elle réinvente un impôt maudit, la Poll tax (capitation) consistant à frapper chaque sujet de sa gracieuse majesté sans distinction de revenu. En gros, un gentlemen châtelain aura à régler la même somme que son jardinier. Mieux, si le propriétaire du manoir Tudor de 20 chambres paie une part, le gardien du manoir dans son trois pièces avec son épouse et quatre gosses, paie six parts.
Ressusciter ? Et oui, en 1380, en pleine guerre de Cent ans, le parlement de Richard II (qui a 15 ans) leva une poll tax dans tout le royaume qui augmente la dîme de 65%.
Serfs, artisans, métayers, soldats entre deux chevauchées, empoignent des armes et se révoltent dans le Sud et les Midlands. Chauffés à blanc par les sermons égalitaristes du prêtre John Ball, menés par le paysan et ex-soldat Wat Tyler, les rebelles incendient châteaux, abbayes, demeures de riches bourgeois, de baillis, de nobles, de shériffs en exigeant la suppression de la taxe et l'affranchissement des serfs. En 1381 plus de 60 000 révoltés envahissent Londres. Rejoints par la plèbe urbaine, ils pillent les palais, ouvrent les prisons et décapitent quelques parasites.
Décidé à imposer ses réformes au Roi, Wat Tyler interdit le pillage et, le 14 juin, rencontre un souverain quelque peu anxieux, assiégé qu'il est dans sa tour de Londres.
Le commandant insurgé exige l'abolition du servage, de la poll tax et du privilège de chasse et de pêche pour la noblesse. Sachant que le grand capitaine Robert Knolles est en train de lever des troupes en catastrophe, le roi transige et promet une réponse pour le lendemain.
Lors de cette nouvelle rencontre, Wat Tyler, d'abord insulté par la suite du roi est assassiné par le Lord Maire, William Wallworth.
Il ne reste plus au roi qu'à convaincre les insurgés que Wat a tenté de l'agresser, qu'il est du côté de son peuple et qu'il donnera satisfera naturellement leurs revendications. Convaincus par leur royal protecteur, les vilains se retirent de Londres pour être aussitôt massacrés par l'armée de Knolles. Deux mois de tueries s'ensuivent, John Ball est à la fois pendu et écartelé et on oublie les abolitions promises pour quelques siècles.
Un parmi les nombreux* témoignages musicaux de cette mémoire vive parmi tant d'autres : le groupe folk-rock Fairport Convention et son Wat Tyler (1985)



Mais, c'est bien connu, les Tories n'aiment pas la musique, enfin pas celle-là.
Retour en 1989 et à cet impôt inique. Manière de tester l'affaire, les Écossais sont mis à contribution pour un an. La levée de boucliers de cette région où les habitants foutent purement et simplement les baillis (agents assermentés) à la porte aurait due mettre la puce à l'oreille d'un gouvernement qui étend pourtant la taxe à l'ensemble du Royaume-Uni en mars 1990.
Les écossais de Exploited avaient pourtant averti : Don't pay the Poll tax




Des manifestations spontanées, hors de tout contrôle syndical, éclatent aussi sec devant toutes les mairies du pays, du Nord au Sud. Le 8 mars, les troubles touchent Londres, particulièrement les quartiers de Southwark, Hillington, Islington, Lambeth (Brixton), et Hackney où les flics doivent battre en retraite et les magasins saccagés par les gueux.
Fort de sa morgue et de sa majorité parlementaire, le gouvernement entend faire passer la loi le 31 mars quel qu'en soit le prix.

Et ce qui devait arriver finit par arriver : le 30 mars environ 200 000 manifestants occupent les beaux quartiers du centre de Londres, les flics sont pourchassés devant le 10 Downing street et la foule occupe Trafalgar Square.
Entre charges de cavalerie et contre-charges de la foule boutiques de luxe, pubs de yuppies, concessionnaires de voitures de sport sont incendiés. Officiellement, on recense 400 blessés dont... 300 policiers !
Tout ça sans la moindre aide d'internet qui n'en est qu'à ses balbutiements.
Le lendemain, le centre-ville londonien offre un paysage comparable au Paris de début décembre 2018.

 Les bâtiments de la capitale sont couverts d'affiches dénonçant l'impôt et promettant une digne correction à tout agent recenseur.
Thatcher n'entend pas céder et, entre deux appels à la délation, la presse se fait un plaisir de publier les photos des émeutiers qui y allaient souvent à visage découvert.
Le 20 octobre Brixton est ravagé par une nouvelle manifestation, la foule tente de briser les portes de la prison où se trouvent de nombreux émeutiers de mars.
Et le 22 octobre, inénarrable Thatcher, dont la majorité tory commence à sérieusement s'inquiéter de son futur électoral, se voit obligée de démissionner.
Le 21 mars 1991, le gouvernement de John Major enterre définitivement la poll tax.
Anglais, encore un effort pour être républicains !
Français, encore un effort pour apprendre de l'histoire et virer un gouvernement au service des riches !
Au rayon, célébrons la victoire, ce vieux Mod de Steve Marriott (ex Small Faces) nous livrait alors un Poll tax blues tout à fait de circonstance



Et comme à Brixton, tout terminait par du ragga, Apache y allait aussi de sa danse :

* Wat Tyler est, par exemple, le nom d'un groupe punk anarchisant drôlatique et surréaliste actif de 1986 à 2002.



mardi 5 novembre 2019

Les Vanneaux ont chanté les bas-fonds

Mulberry Street 1888
Il fallait s'y attendre, on a beaucoup insisté sur les déviants et autres délinquants issus des quartiers pourris. Ce qui nous donne, pour cette fois, cettee honorable liste :
Monique Morelli                  Merci bien
Villi Tokarev                        New Yorkstie taksist'
The Fugs                              Slum goddess
Casey                                    Sac de sucre
Jimmy Rogers                       Blue yodel N°9
Chicho Sanchez                    Los tres amigos
Cto Cedron                           Los ladrones
Karen Dalton                        Katy cruel
Annie Cordy                          Le bal des voyous
Yannis Ivannides                   Toutoi oi meastoi
Ami Flammer                         Avremi
Vlad. Vissottski                     Pesnya pro stakacha
Les 4 Barbus                         À Biribi
J. Greco                                 Jenny des pirates
Y. Montand                            Rue St Vincent
The Wailers                           Rude Boy
Ruben Blades                        Sicarios
The Masonics                        Where's Johnny Moped now ?


Tout étant balancé sur le site de la radio, ça peut se télécharger ou simplement s'écouter sur un bête clic.

Un classique de Desmond Dekker : Shanty town (bidonville de Kingston) utilisé dans le film Harder they come (1972) qui fit connaître le reggae au monde.

 

Ainsi qu'un tumbao' argentin par Los Fabulosos Cadillacs, qui narre un sombre règlement de compte entre DES flics et UN truand : Manuel Santillán, El León, de 1992.



lundi 28 octobre 2019

Actualités ibéro-américaine

Lorsque le blindé ne fait plus peur
Encore une semaine riche d'émotions populaires. Si de Hong-Kong à Alger, de Quito à Beyrouth, de Bagdad à Barcelone, un fantôme court le monde, c'est bien celui de l'émeute qui ne demande qu'à devenir révolution.
Si le mois dernier on a eu une pensée émue pour les camarades de La Victoria à Santiago du Chili, on était d'imaginer que le pays entier allait s'enflammer suite à une augmentation de trop. Manifestations monstres, état d'urgence, blindés dans les rues, plus de 80 cas de torture documentés dans les commissariats, il y a dans l'air comme une revanche de l'histoire. Et comme le disent les insurgés "Le problème n'est pas 30 centimes d'augmentation mais 30 ans de pouvoir de merde" (et encore, il en manque).
En hommage aux gens du Sud, ce déjà vieux rap du Chilien Pizko MC au titre tout à fait évocateur. Molotov en mano.


Dans un autre style de mémoire collective, cette reprise à Victor Jara vendredi dernier devant la Bibliothèque Nationale. El derecho a vivir... joué à 200 guitares au moins.


Et tant qu'on y est, évoquons ce non événement qu'est le déménagement de la charogne de Los Caidos cette semaine à Madrid.


Españoles….
Franco ha vuelto ! Semblent dire des poignées de réactionnaires rendant hommage à celui qui passa sa vie à trahir tout ce qui pouvait lui faire de l'ombre. À ces tristes nostalgiques du Vive la mort et en souvenir de l'ultime promenade, nous dédions cette aimable ballade des madrilènes Los Toreros muertos : Soy Falangista (Y me voy de excursión).





lundi 4 mars 2019

La Guerre froide des Vanneaux

1969, États-Unis, certains mettent une mauvaise volonté flagrante à partir au casse-pipe du Vietnam
Évidemment, le sujet était bien trop vaste pour notre heure et demie.
Surtout si on prend en compte que cette période correspond à l'âge d'or de l'industrie du disque, du moins en Occident.
Ainsi a-t-on a balayé
Générique                                       Radio Truman
Golden Gate Quartet                       Stalin wasn't stallin'
Extrait du show de Bob Hope & Irvin Berlin
Paul Robeson                                   Plain song
Mark Benes                                     Les Russes veulent-ils la guerre ?
Michaelis Genitsaris                        Aris Velouchiatis
Lolita Sevilla                                    Americanos !
The Kavaliers                                   Get that communist, Joe
Harry Choates                                  Korea, here we come
Vladimir Vissotski                            Tot kotryne strielai
Roosevelt Sykes                               Sputnik baby
Jackie Dolls & his pickled peppers  When they drop the atomic bomb
Rory Gallagher                                 Philby
The Ramones                                    Havana affair
Miss X                                               Christine
Creedence Clearwater                     Fortunate son
Anonyme                                           Invasores do Angola
Luis Mejia Godoy                              Que es el FAL ?
The Beatles                                       Back in USSR
Tom Lehrer                                       So long mom
Nena                                                 99 luftballonen
The Clash                                          Ivan meets GI Joe

Cette émission peut s'écouter, voire se télécharger en cliquant là.

Et en souvenir du fameux match SS 20 vs Pershing, une du dub poet britannique Linton Kwesi Johnson




lundi 10 décembre 2018

Beau comme du Kurosawa (Acte 4)

Pont des Amidonniers, samedi 8 décembre
ON A REÇU
Ça partait pourtant très très mal.
Pendant que dès l'ouverture, le Décathlon connaissait son Black friday (rayon casques de vélos et skate et lunettes de ski et plongée) les gardes mobiles (GM) occupaient le haut de la rue Rémusat depuis 9h.
À 10h, plusieurs équipes de la BAC patrouillaient à Jeanne d'Arc (épicentre de l'émeute du 1 décembre) fouillaient déjà les sacs et palpaient les "suspects". Rappelons que l'appel à J. d'Arc était pour 13h.
À 13h : déception. La manif maigrelette est entièrement maquée par la gôche traditionnelle et syndicale qui ne voit aucun inconvénient à être cernée de flics et dont la protestation consiste à se mettre à genoux mains sur la tête à l'image des mômes de Mantes-la-Jolie. Abject. S'ils jouent à terroriser des gamins, il est de la responsabilité des "adultes" de ne pas, de ne plus, prendre une pose de victimes. Z'êtes définitivement largués, bureaucrates.

Bref, cette manif se dirige vers Arnaud Bernard où est censée se trouver la manif "climat" mais où on a la bonne surprise de retrouver deux mille Gilets Jaunes plus "plébéiens", prols et plus équipés (et qui viennent parfois de loin (fin fond du Quercy, toute le Hte Garonne, etc.) Coté symbolique des cordons de GM tentent d'empêcher la jonction des deux groupes et se font dégager "en douceur".

Moment statique et hésitant. 

Et les "climatiques " et autres militants partent vers Compans / St Cyprien entraînant une partie de la manif alors qu'une autre ne voit pas pourquoi on irait se perdre là-bas et pas vers le centre-ville (sa magie de Noël). Les GM commencent à pousser au bouclier le millier du rond-point d'AB alors que la tête de la manif "officielle" atteignant la station de métro Compans-Cafarelli se fait... copieusement grenader par les flics massé dans toutes les rues à droite (vers le centre, donc). 
Comme dès qu'il s'agit de rosser les cognes tout le monde se réconcilie, la manif aura donc désormais deux rythmes : une avant-garde autiste qui marche vers le pont des Catalans et St Cyp et une arrière-garde qui combat les schmidts avec les moyens du bord sur un des seuls boulevards où il n'y a pas un putain de chantier ! Grenades, reculs, contre-attaques, grenades etc. et les premiers blessés. Ainsi jusqu'à la place Héraklés.
C'est sur le pont des Amidonniers que les contre-attaques reprennent de la vigueur et vont enfin durer. Enfin de quoi bloquer les rues et quelques incendies sous les tirs des GM postés au canal de Brienne. La manif est alors complètement mixte écolos / GJ / lycéens¹ / étudiants / ruraux / urbains...

Parenthèse esthétique : quiconque a aimé Ran ou Kagemusha n'a pu qu'être frappé par cette foule plus ou moins jaune affrontant les hommes en noir sous les nuages et sur ce pont : on l'aurait cru filmé par Akira Kurosawa mais en plus beau : c'était enfin vrai.

Infos arrivant sur les (quelques) portables présents : pendant que ça fritte aux Amidonniers, il y aurait des affrontements entre François Verdier / Wilson et autour de Jeanne d'Arc.

À partir de là (il est 16h30 environ) vont exister plusieurs fronts.

Un bon millier de GJ / lycéens / divers vont occuper la place du Capitole. Face à face tendu avec des GM venus du côté Donjon qui, ayant ordre de ne pas grenader sur le marché de Noël et les terrasses de luxe vont mener quelques charges mollassonnes face à des gens qui ne reculent plus. Hélico au-dessus de la foule. Résultat, malgré leur équipement, ils finissent par reculer jusqu'au métro Capitole, laissant la place aux mains des insurgés dans une ambiance tout à fait joyeuse.

Au même moment, la grosse manif a passé le pont des Catalans et grâce à la rénovation urbaine il y a enfin de quoi se mettre sous la dent. L’îlot en chantier face aux Abattoirs est désossé et finit en barricades et projectiles. Incendies.

Parenthèse en hommage : les équipes de Street medics (secouristes) ont fait un boulot formidable. Précisons pour avoir échangé avec eux que ce sont tous des travailleurs de la santé (internes, pompiers, infirmiers) , qu'ils refusent de soigner les keufs qui sont assez bien pris en charge comme ça ("je veux bien lui pisser dessus pour désinfecter" dixit un medic) et qu'ils avaient ouvert une infirmerie dans un appartement pour que les blessés ne se fassent pas ramasser. À 17h, ils en comptaient plus de 40 (tête, mains, jambes). Chapeau à eux et elles !

La nuit est tombée. Rive gauche, l'émeute, rejointe par les lascars des cités, va osciller entre St Cyp / Patte d'Oie / Arènes pour revenir rue de la République après 20h.

Rive droite, des groupes épars bordélisent mais moins que le 1 décembre, les magasins sont fermés, plus rien à foutre des courses de fin d'année.

Chose vue vers 19h : une vingtaine de GJ, tendance darons / daronnes bloquent tranquilou une voie des allées Jean Jaurès. Six bagnoles de flics déboulent, gazent, la BAC tabasse copieusement et les duls repartent en laissant tout le monde à terre. Peut-être en embarquant un mec, tout le monde, n'a pas vu la même chose selon où il était. Ce passage à tabac n'était que frustration, rage et sauvagerie impuissante. Combien d'autres saloperies ailleurs ?
Alors question de base : si, ce 8 décembre, où brûlaient Bordeaux, Toulouse, Marseille, St Étienne, Le Puy, etc toutes les forces de l'ordre étaient mobilisées, il reste quoi ? Les paras ? La Légion ? Pourquoi ne pas faire appel à Blackwater ?


Saluts d'une ville qui redevient vivable.

ps : Dans la nuit de vendredi, grosse émeute à Athènes. Les révoltés se mettent au gilet jaune (ce qui est stupide, de nuit d'ailleurs, ça fait une belle cible). En Serbie et en Irak, les manifestants contre la vie chère enfilent des gilets. Comme disait ce réac d'Audiard (père) "Depuis qu'en France, on a appris la liberté aux autres en trucidant la moitié de l'Europe, on peut plus s'en empêcher". On plaisante, bien entendu.
ps politique : Bien entendu qu'il y a là-dedans des fafs. L'ironie serait qu'après avoir été les "crétins utiles du Capital", ils deviennent les idiots utiles à la Sociale. Mais nous en sommes loin. Quoique tout va si vite de nos jours. À commencer par la joie qu'ont de parfaits inconnus à se parler ou s'entre-aider. 


¹ Lycéens qui sont partis en manif sauvage à Toulouse lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi...