Le 12 octobre, jour anniversaire du débarquement du Christophe Colomb aux Bahamas, est commémoré en Espagne et en Amérique Latine sous la délicieuse appellation de Jour de la Race. Comme on le voit sur la photo, cette date n'a jamais été une occasion de réjouissance pour les autochtones du continent. Ainsi, le 12 octobre 1992, date du cincentenaire de la catastrophe, à l'appel de l'Alliance Nationale Indigène et Paysanne Emiliano Zapata (faux nez de la future Armée Zapatiste) plus de cinq mille indigènes, certains armés d'arcs et de flèches ont occupé les rues de la ville coloniale de San Cristobal de Las Casas (Chiapas) et tombé la statue de Diego de Mazariegos, conquistador local, reprenant à leur compte une tradition vieille comme les pharaons.
Quand le peuple n'aimait plus son petit Père
Car des bannissements de la Rome antique, s'accompagnant de l'effacement mémoriel du concerné à la guerre des iconoclastes de Byzance, des statues religieuses décapitées par les huguenots ou les sans culottes, aux manifestations de la déstalinisation, la coutume de mettre à bas ou gommer les mauvais souvenirs ou les ennemis du moment est vieille comme l'Histoire.
Ça peut même être l'occasion pour certains maires languedociens mégalomanes de redécorer leur ville.
On ne s'étonnera donc pas que quelques images d'esclavagistes ou de colonialistes notoires fassent les frais de l'actuelle vague de colère.
Tant qu'à faire dans le symbolique, on suppose juste que ça ne suffise guère à résoudre les problèmes qui ont généré cette situation. On n'efface pas les mémoires, même les plus dégueulasses reviennent toujours vous hanter, voyez en Espagne ou en Italie. Mais ça fait toujours plaisir de voir la statue de ce vieux criminel de Churchill pourrie comme elle le mérite.
Tout ce qui précède n'est qu'un prétexte à se repasser les Redskins à l'époque où ils conseillaient le déboulonnage.
Il nous est parfois arrivé de chanter dans les manifestations cet étrange slogan "Ils ont raison, bien qu'ils soient trotskystes" manière de se moquer gentiment du groupuscule de devant qui avait, à l'occasion, quelques intéressantes.
Puisqu'on semble s'installer dans la grève, ressortons ici deux "groupes" britanniques à tendance trotskystes .
Les éphémères Redskins de York (1982-1986) groupe de soul et rock monté par Chris Dean, Nick King et Martin Hugues pour propager la bonne parole auprès de la classe ouvrière (deux membres étaient carrément permanents du Socialist Worker Party). Ils eurent le bon goût de se séparer avant d'avoir à faire de déchirants choix de carrière.
Et puisque il semble que "Oui, on peut le faire!", leur It can be done (1986) avec une image VHS garantie pourrie.
Et ce trublion de Billy Bragg, autre ménestrel gauchiste adaptant un chant de grève américain de Florence Reece (écrite lors de la grève des mineurs de Harlan County, 1931) au conflit de 1985 qui fut et reste un haut fait et une terrible défaite des prolos britanniques. Which side are you on ? (T'es de quel bord, ta ?).
Depuis que quelques êtres humains se sont appropriés des terres que d'autres ont dû travailler à leur profit, il en est résulté un nombre d'intérêts contradictoires qui ont mené les second à se rebeller régulièrement contre les premiers. Et ce dans l'ensemble de la planète où a cours la propriété.
Depuis le souvenir sanglant de la Grande jacquerie de 1358, en pleine guerre de Cent ans, on a conservé ce nom pour les rébellions paysannes du monde entier.
La mémoire populaire en ayant gardé plus ou moins de traces, on a usé et abusé de cette appellation ces derniers temps.
Les Vanneaux du mois de mai creuseront cette mémoire chansonnière le lundi 6 mai à 17h30 sur les 92.2 de Canal Sud.
On y brûlera castels et récoltes. Qu'on se le dise.
En 1982 les Redskins, groupe trotskyste et néanmoins talentueux de York, chantent le souvenir des armées de paysans en marche.
Si elle n'est pas à proprement parler une chanson de jacquerie, Rebuscaores illustre le sort des journaliers d'Andalousie, corvéables à merci, en chômage récurrent, privés de terre et habitués de l'action directe, par le groupe de sévillanes rouges Gente del pueblo (décennie 1970)