You don’t need a weatherman to know which way the wind blows
Bob Dylan (Subterranean homesick blues)
Dernièrement, on vous causait de la guerre du Viêt-nam. Aujourd'hui on va s'intéresser à une de ses conséquences, l'histoire des Weathermen.
À l'origine, un groupe d'étudiants d'un syndicat gauchiste, le SDS (Students for Democratic Society) font éclater ledit syndicat, jusqu'alors plutôt orienté aux côté de la lutte des droits civiques et contre la guerre en cours, lors de son congrès de juin 1969.
Le SDS se scinde donc en deux tendances, le Progresive Labour Party, groupe léniniste orthodoxe, et le Revolutionary Youth Movement, anti impérialiste et proche des Black Panthers.
Au cours du congrès, un des manifestes diffusés par un groupe dissident avait pour titre le vers de Bob Dylan ci-dessus, "Pas besoin d'un météorologue pour savoir d'où souffle le vent" et appelait à la création de groupes clandestins armés. Ce groupe sera désormais connu comme les Weathermen ou Weather underground.
La première apparition publique de ces jeunes gens en colère furent les Journées de la rage de Chicago du 8 au 11 octobre 1969.
Originellement, l'idée, toute blanquiste, de créer un foyer de guerre (sociale, celle-ci) dans la troisième ville des États-Unis, un Woodstock de l'émeute qui ferait trembler Babylone sur ses bases.
Comme c'était à prévoir, le soulèvement espéré ne se traduisit que par l'affluence de quelques centaines de jeunes gens chauffés à blanc, décidés à affronter les autorités à n'importe quel prix. Et malgré leur déception, on a pu voir des groupes d'insurgés et d'insurgées (présence féminine qui fut, bien entendu, mise en exergue par la presse) charger les flics pendant trois jours et appliquer à la lettre la sage consigne des énervés du MC5 : Kick out the jam, motherfuckers ! (Foutez tout en l'air, enculés !)
Deux mois plus tard, 300 personnes environ tenaient le fameux "Conseil de guerre de Flint" où furent décidées la mise à mort du SDS et la plongée dans la clandestinité d'un noyau d'activistes. Qui n'allaient rien initier : entre éclatement des cellules familiales, irruption de la (encore) contre-culture, émeutes récurrentes, les campus universitaire avaient connu, cette année là, 41 sabotages à l'explosif. Les USA, un total de 934 dixit le FBI.
Au mois, de mars suivant, l'explosion accidentelle d'un atelier clandestin de bombes à Greewich Village (New York) tue trois membres du groupe, en blesse deux autres et accélère la disparition des autres de la scène publique.
L'action originellement planifiée était un attentat dans un bal d'officiers.
Traumatisés par la mort de leurs camarades et à l'instar de leurs homologues britanniques de la Angry Brigade les Weathermen vont mener une campagne prolongée de sabotages à l'explosif visant uniquement des locaux administratifs (Capitole), militaires (Pentagone, casernes...), pénaux, judiciaires, universitaires (MIT) ou industriels liés à la guerre en évitant systématiquement de faire la moindre victime, quitte à prévenir presse et pompiers afin de faire évacuer les lieux visés.
Dispersés sur l'ensemble du territoire, faisant paraître un journal clandestin, Prairie Fire, les membres du groupe arrivent à se dissimuler comme des fourmis au sein des communautés, ghettos ou banlieues plus cossues et à ne pratiquement jamais être infiltrés par un FBI qui les traque sans merci.
Bernardine Dohrn, fondatrice du WU, jamais capturée. Elle s'est rendue en 1980 |
La fin progressive de la guerre au Viêt-Nam a orienté le groupe sur des positions moins anti-impérialistes et plus lutte des classes.
En 1976, Prairie Fire Organizing Comittee, faux nez du WU, organise une AG à Boston en y invitant des groupes de militants noirs, amérindiens, portoricains, chicanos, antifascistes, etc.
À partir de 1977, divers membres du groupe émergent progressivement de l'ombre. Ronald Reagan décrétera une première amnistie en 1981.
Toutefois plusieurs militants et militantes ont persiste dans l'illégalité. Certains sont restés en cavale jusqu'à leur mort, comme John Jacobs, d'autre ont été arrêtés depuis, quelques-unes graciés par Clinton (Linda Evans et Susan Rosenberg) d'autres, tel David Gilbert, moisissent encore en taule à cette heure.
On peut trouver à cette page l'impressionnante liste des actions du groupe que l'État n'a jamais défait militairement.
Bande annonce du documentaire de Bill Siegel et Sam Green, The Weather Underground.
David Gilbert étant tombé pour une action de la BLA (Black Liberation Army).
RépondreSupprimerPlus précisément pour un braco avec la BLA.
RépondreSupprimersuite à l'auto dissolution progressive de leur orga, plusieurs weathermen ont rejoint ou se sont associés d'autres groupes de façon plus ou moins occasionnelle.