Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles

lundi 13 avril 2020

Tranche de vie (en temps de guerre)


Maréchal Ducono se page avec méfiance,
Il rêve à la rebiffe et il crie au charron
Car il se sent déja loquedu et marron
Pour avoir arnaqué le populo de France.
S’il peut en écraser, s’étant rempli la panse,
En tant que maréchal à maousse ration,
Peut-il être à la bonne, ayant dans le croupion
Le pronostic des fumerons perdant patience ?
À la péter les vieux et les mignards calenchent,
Les durs bossent à cran et se brossent le manche:
Maréchal Ducono continue à pioncer.
C’est tarte, je t’écoute, à quarante-trois berges,
De se savoir vomi comme fiotte et faux derge
Mais tant pis pour son fade, il aurait dû clamser

D'après Robert Desnos (l'âge ayant dû être adapté)



Ambiance grippe "espagnole" 1919.  L'histoire ne se répète pas. Paraît-il...

dimanche 12 janvier 2020

Wieder streik !


La grève continue. Et les manifestations où ça cavale aussi.
En hommage aux camarades cheminots et traminots. Une petite vidéo en allemand d'une de leurs dernières grèves.
Croyez-pas ce qu'on vous rabâche, les conflits sociaux existent bien outre-Rhin. 


Et en yiddish, alors ?
En 1910, les ouvriers et de l'horlogerie de New-York, majoritairement juifs récemment immigrés, déclenchent la "Grande révolte": huit semaines de grève. Parallèlement, 20 000 travailleuses de la confection leur emboîtent le pas.
On écrit "travailleuses" car les protagonistes de cette shirtwaist strike étaient à 70% des femmes juives ou italiennes dont la plupart n'avaient pas 20 ans.
De cette lutte ouvrière demeure Der zig fun di klokmeyers (la lutte des horlogers) paroles de Morris Rund (lui-même membre du syndicat des boulangers). La musique est reprise du refrain américain populaire Take a Car.

dimanche 24 mars 2019

Guerre des paysans et immondes récupérations


Omnia sunt communia (Tout est à tous)

Thomas Müntzer


En 1524 et 1525, un territoire correspondant actuellement à l'Allemagne, la Tchéquie, la Suisse, l'Autriche, le Jura, l'Alsace et la Lorraine est le théâtre d'une formidable révolte de paysans contre leurs seigneurs et leur clergé.
Des milliers de châteaux et de couvents brûlent.
La zone de l'insurrection correspond peu ou prou à la zone d'influence de l'Empire Germanique et donc, à celle d'une autre rébellion initiée par Martin Luther contre l'église de Rome. Dans une société dominée par l'idée de Dieu, son agitation contre la corruption du clergé, ses taxes abusives, son monopole du savoir en latin va contribuer à allumer la mèche de la Guerre Sociale.
Luther prendra ensuite bien soin de se ranger du côté des princes et des barons contre les paysans et artisans en qui il ne voit que des brutes égoïstes à écraser.
Avec la participation du prédicateur égalitariste Thomas Müntzer, les différentes bandes paysannes élaborent une plate-forme en 12 articles à présenter aux nobles et au clergé. Si ceux-ci renoncent à leur condition privilégiée, ils pourront intégrer la communauté.
À titre d'exemple voici les 12 points des insurgés lorrains reprenant les revendications des paysans allemands d'une manière plus claire, plus concise.

Article 1 L'évangile doit être prêché selon la vérité et non selon l'intérêt des seigneurs et prêtres.
Art. 2 Nous ne payerons plus de dîmes, ni grandes, ni petites.
Art. 3 L'intérêt sur les terres sera réduit à cinq pour cent.
Art. 4 Toutes les eaux doivent être libres.
Art. 5 Les forêts redeviendront à la commune.
Art. 6 Le gibier sera libre.
Art. 7 Il n'y aura plus de serfs.
Art. 8 Nous prendrons nous-mêmes nos autorités, prendrons pour souverain qui bon nous semblera.
Art. 9 Nous serons jugés par nos pairs.
Art. 10 Nos baillis seront élus et déposés par nous.
Art. 11 Nous ne payerons plus de frais de décès.
Art. 12 Toutes les terres communales que nos seigneurs se sont appropriés rentreront à la commune. 

D'abord empêtrés dans des querelles internes et les guerres d'Italie, les nobles après avoir feint de négocier vont rapidement former des alliances, se faire financer par les évêchés, rapatrier des armées de mercenaires lansquenets et écraser les armées du Bundschuh (le soulier, emblème des révoltés) sur les champs de bataille avant de déchaîner une répression sadique destinée à marquer les esprits pour les siècles à venir.


Outre le fait que beaucoup de ces insurgés avaient eu quelques connaissances militaires, plusieurs petits nobles ou chevaliers étaient passés du côté des paysans. La quasi totalité les trahirent au moment opportun, à l'instar du fameux Götz von Berlichingen, dit Main de fer, avant tout soucieux de sa propre gloire, qui abandonne sa Bande Blanche avant la bataille. Ce qui n'empêchera pas Goethe ou Sartre de le célébrer.
Gravure de Urs Graf

Outre un génial stratège, l'ex-douanier Michael Gaismar en Carinthie, un des seuls chefs de guerre qui resta jusqu'à la fin fidèle à la cause fut l'irréprochable chevalier Florian Geyer, chef de la Bande Noire, assassiné par ses pairs.
Bien entendu, les insurgés furent immédiatement calomniés par l'histoire officielle, protestante ou catholique.
Pour la postérité, Engels écrivit La guerre des paysans en Allemagne en 1850 où il établit une filiation avec l'insurrection échouée de 1848.
Le régime de RDA se fera une joie d'enrôler la figure de Thomas Müntzer dans son régime bureaucratique.
Mais c'est certainement le malheureux Florian Geyer qui eut le plus triste sort. Honoré par les romantiques, il fut récupéré par les nazis, toujours en manque de mythes, qui donnèrent son nom à leur 8ème division waffen-SS.

Côté musique, Thomas Müntzer, lui-même écrivit plusieurs hymnes et cantiques. On peut en retrouver certains dans cette émission de France Musique à la vérité historique approximative (n'y affirme-t-on pas que Müntzer se prenait pour le Christ ?)
D'autres chanson nous sont parvenues, entres autres par le groupe Die Schnitter (le Moissonneur). Ici Des Geyers schwarzer Haufen en hommage et souvenir du chevalier Florian Geyer et sa Bande Noire.
Sur l'image de la vidéo, tirée d'une gravure d'époque, le combattant porte la bannière Freiheit (Liberté) du Bundschuh.
Rien à voir avec des saloperies nazies, donc.


 
Cette histoire, racontée à la pelle, est largement tirée du formidable livre de Maurice Pianzola Thomas Munzer ou la Guerre des Paysans (1958) réédité il y a trois ans par la maison d'édition suisse Héros-limite.

samedi 14 juillet 2018

Magny chante Rilke


Rilke avec Balthus et Baladine Klossowska, sa mère

Je ne suis pas de ceux que l'amour console. Il en va bien ainsi. Qu'est-ce, en effet, qui me serait plus inutile à la fin qu'une vie consolée ? (Rainer Maria Rilke)
 
Grand merci au Moine Bleu qui publia cette superbe version du poème de Rainer Maria Rilke, Ernste Stunde, par une Colette Magny, sur ce coup là, parfaite.
Que dire d'autre ? On en a de la buée plein les yeux.


 

L'original en allemand, juste parce que toute langue est belle.


dimanche 4 juin 2017

Du Fascisme

Le monde humain est actuellement divisé en deux : d'un côté ceux qui luttent pour le fascisme, de l'autre ceux qui luttent contre. D'un point de vue empirique , tout est clair. Mais ma soif de connaissance, ma curiosité m'ont poussé, pour la plus grande gloire de la science, à chercher à savoir en quoi consiste exactement cette pomme de discorde.
Voici le résultat partiel de mes recherches :
Les fascistes sont racistes et ne permettent pas aux Juifs de se laver ou manger avec les Aryens.
Les antifascistes ne sont pas racistes et ne permettent pas aux Noirs de se laver ou manger avec des Blancs. (...)
Les fascistes mettent les antifascistes dans des camps de concentration.
Les antifascistes mettent les antifascistes dans des camps de concentration.
Les fascistes ne permettent pas les grèves.
Les antifascistes viennent à bout des grèves à coups de fusil.
Les fascistes contrôlent directement les industries.
Les antifascistes contrôlent indirectement les industries.
Les fascistes peuvent vivre dans les pays antifascistes.
Les antifascistes ne peuvent vivre dans les pays fascistes ni dans certains pays antifascistes.
Max Aub. Manuscrit Corbeau (écrit au camp du Vernet en 1941)

 

Hannes Wader, on en avait causé dans le temps.

jeudi 16 février 2017

Éva, sensuelle censurée


Elle est née à Berlin, en 1943, d'une mère lituanienne et d'un père russe et a commencé à chanter dans le groupe jazz de son lycée.
À 18 ans, partie étudier à Paris, elle y découvre les chanteurs et chanteuses en vogue sur la rive gauche : Brel, Barbara, Anne Sylvestre et Georges Moustaki, etc. La Polka des mandibules, cabaret alors fort actif, l'accueille à ses débuts.
En 1964, elle joue en première partie de Georges Brassens lors de son fameux concert à Bobino et sort son premier album qui lui vaut le Grand Prix du premier disque.

On a aujourd'hui quelque peine à y croire mais ça se produisait pourtant couramment dans la France corsetée de De Gaulle : elle a durablement écopé d'une interdiction d'antenne à cause de sa voix grave à la «sensualité trop évocatrice» (dixit la commission de censure).
Eva a principalement chanté des titres de Barbara, Anne Sylvestre, Charles Dumont ou Maxime Leforestier.
Un titre de 1965, Les enchaînés, une adaptation de Unchained melodie où elle s'essaie à reprendre les Platters.


Depuis 1965, elle a sorti 17 albums.
Sur son tout dernier, «À Marlene", sorti en 2005 au Québec, elle interprète en français, en anglais et en allemand un choix de chansons de Marlène Dietrich. Elle réside d'ailleurs à Québec où elle connaît encore un certain succès et se consacre également à la peinture.
Ce site internet lui est consacré. 
Un autre de ses titres pacifistes des années soixante, tiré du même EP que le précédent :  Moi, la fille en noir.

lundi 28 mars 2016

Laya Raki, pin-up d'outre Rhin


Danseuse et actrice allemande des années 50 et 60, Laya Raki s'appelle en réalité Brunehilde Marie Joerns (si !)
Elle est née à Calvoerde en Allemagne le 27 Juillet 1927.  Son petit air oriental lui vient de sa mère, indonésienne de l'île de Java.
La jeune Brunehilde a entamé une carrière d’acrobate en 1938. 
Mais, politique oblige, cette année n'était pas vraiment bien choisie pour monter un cirque ambulant, même si son pays natal allait très vite décider de partir en tournée dans toute l'Europe. 

Elle s'est donc rabattue sur une formation de ballet classique avant de connaître une certaine gloire au grand et au petit écran dans des rôles d'ondulante exotique. On la trouve ainsi en danseuse gitane dans The Adventures Of Quentin Durvard de Richard Thorpe en 1955 ou au côté de Robert Taylor dans Savage Pampas, de Hugo Fregonese en 1966.
La raison pour laquelle nous nous attardons sur la cas de cette pin-up est qu'en parallèle à ses gentils navets et autres calendriers, elle s'était lancée dans la chanson comment dire... séductrice ? Sexy-des-années-60 ? Écrire érotique serait largement exagéré et coquine un chouïa désuet. 
Son 45 tour "Oh Johnny" fut tout de même interdit par le tribunal de Nuremberg au motif que son gémissement extatique imitait un coït (si !).
On va faire l'amour est l'exemple d'une tentative désespérée de la dame pour être reconnue à l'international.
Manque de bol, tout le monde n'a pas eu la chance, ou la malchance c'est selon, d'avoir un Gainsbourg comme compositeur et producteur. Il y avait, de fait, chez notre Loreleï, comme une certaine pesanteur...




Bon ben, manque de bol, la pièce maîtresse ayant été supprimée, voilà le fameux Johnny, faute de mieux. C'était 15 ans avant Nina Hagen...