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Djilali, Kada, Hachemi, Lofti et les autres |
Le Raï (qu'on peut traduire à sa guise par point de vue, opinion, voire libre choix) n'était pas nouveau. Cette musique à mauvaise réputation, qui fut même un temps prohibée, serait née au début du siècle dans l'Oranie. Les copains de là-bas connaissaient déjà Reinette l'Oranaise ou Cheikha Remitti (moi-ça, patron !)
Du rock ou du rhythm'n blues en provenance d'Algérie ou du Maroc, quoique confidentiel, il y en avait plus que ce qu'on croit. Mais là, cette bande mélangeait allégrement tout ça et tapait directement dans des refrains obsédants fabriquant aussi sec des classiques.
Issus des Aigles Noirs et des Basiles, Lotfi Attar (génial guitariste), Mohamed Ghebbache, dit Kada (chant) remplacé ensuite par Djilali Armana (voix éteinte définitivement en 2010) Tarik Naïmi Chikhi (claviers), Kaddour Bouchentouf (percussions), Hachemi Djellouli (batterie, chant) et Mohamed Ghrici (basse) fondent Raïna Raï fin 1980 à Paris où ils galèrent en rupture de bled.
Et ça va aller assez vite pour eux. L'utilisation de deux titres de Hagda (en gros "c'est comme ça et pas autrement") par Claude Berri dans son film Tchao Pantin n'y fut pas pour rien.
Un autre coup de maître : Ya Zina
Contrairement à la ribambelle de Chebs (Khader, Mami, Hasni, Sahraoui, etc.) qui émergèrent dans ces années raï, Raïna était un vrai groupe, une formation plus proche d'un combo de rock classique que de ces chanteurs à musiciens variables. Et là où les synthés envahissaient la musique, eux restaient fidèles à leurs influences musicales des années 1970.
Revenu triomphalement en Algérie, le groupe se sépara en 1987 après avoir gravé deux albums avant de se reformer sous la houlette du producteur Rachid Baba Hamed. Mais quelles que soient les qualités de leur travail, la légende retient surtout leurs débuts et ce n'est pas un hasard si des groupes obscurs comme des groupes à succès (Orchestre National de Barbés, Gnawa Diffusion) ont toujours quelques une de leurs chansons à leur répertoire.
Taïla en concert :
Pas un hasard, non plus s'ils sont entrés de plein pieds dans la culture populaire algérienne comme on peut le constater dans cet extrait du très plaisant film de Karim Moussaoui, En attendant les hirondelles (2017) dans lequel malgré le play-back, on croit reconnaître l'inoxydable Lofti Attar sur la scène.