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vendredi 20 août 2021

Gabin en clodo

Honnête artisan du cinéma français d'après guerre, Gille Grangier (dont on vous recommande Le rouge est mis, Gas-oil, ou Le cave se rebiffe) fut dans les années soixante vilipendé par les jeunes gens prétentieux de na Nouvelle vague qui lui accolèrent, à lui comme à d'autres, le label infamant de "qualité française". Au moins, à l'époque, on savait insulter.
Si on a écrit "prétentieux" c'est d'abord parce que certains films de Grangier ont bien mieux passé l'épreuve du temps que ceux de la plupart de ses détracteurs. Et aussi parce que l'intérêt de ses films, comme ceux de Duvivier par exemple, est que le gars n'avait pas attendu Godard ou Truffaut pour aller tourner dans la rue.
Ce qui fait que grâce à lui, on peut voir la gueule qu'elle avait il y a soixante-dix ans.
Ainsi cette comédie de 1959, par ailleurs assez anecdotique, Archimède le clochard, est l'occase de passer des immeubles en construction de Maison-Alfort, à la plage de Cannes et surtout dans le ventre de Paris, autour des Halles.
Prétexte à nous envoyer cette séquence dans laquelle Gabin cabotine à souhaits. Les autres sont Albert Dinan, en patron de restau, Philippe Mareuil, en jeune con et Dary Cowl, en clodo.   

  
Une 'tite dernière pour la route avec Bernard Blier.

mercredi 14 octobre 2020

Watching you

Hommage à la Catalogne  

Y'a pas, on est gâtés : pour célébrer la publication de George Orwell dans la prestigieuse Pléiade et le passage de ses droits d'auteur dans le domaine public (mais quels radins chez Gallimard) notre Big Brother au petit pied nous annoncerait ce soir un couvre-feu.
Passons sur les déplorables problèmes de traduction des écrits du camarade Blair, causés par des considérations purement mercantiles et intéressons-nous au casse-tête que vont renconter les Kommandantür du Gross Paris et des métropoles.  
Rappelez-vous, au mois de mars, on nous a déjà fait le coup de "nous sommes en guerre". Et effectivement, on n'a pas été tout à fait déçus. En vrac, pénurie de vivres et de matériel, hausse des prix de certaines denrées menant à une forme de marché noir, sauf-conduit pour sortir de chez soi, passage à une "zone libre" distante de 100 kilomètres, occupation des rues par une armée de bleu vêtue, délation massive. Qui a dit que l'histoire ne se répétait point mais qu'elle bégayait, déjà?
Alors que sera notre vie en temps de couvre-feu ? La patrouille fera-t-elle d'abord preuve de pédagogie (novlangue usuelle) avant de tirer à vue ? Faudra-t-il aller au ravitaillement en rasant les murs ?
 

 
Voici donc et en avant-première, quelques recommandations aux noctambules prodiguées, en septembre 1940, par un artiste talentueux et drôlatique qui avait ses entrées chez les touristes régnant alors, j'ai nommé le très regretté Georges Guibourg dit Georgius.
 


 PS : bien entendu, cet article n'est que le fruit d'un mauvais esprit, qui plus est nostalgique. Aller soupçonner que le pouvoir profiterait d'une épidémie pour accentuer le contrôle social, franchement, mon cher, vous êtes à la limite du complotisme ! Allez, rendez-vous ce soir à 20h au cirque politico-médiatique.

dimanche 4 août 2019

Chanson du Quai des Brumes

Le film de Carné (1938) n'a qu'un rapport relatif au roman
Grâce à son adaptation cinématographique du duo Carné-Prévert (1938) Quai des Brumes est certainement le roman le plus connu de Pierre Mac Orlan.
Le cadre du livre n'a rien à voir avec Le Havre mais se déroule entre le Montmartre du Lapin Agile et la ville de Rouen, deux lieux ou l'auteur avait pas mal roulé sa bosse.
D'ailleurs, il paraît que c'est Max Jacob qui avait surnommé Frédé, tenancier du fameux cabaret "tavernier du Quai des brumes" en référence non pas à un quelconque dock mais à cette butte mal famée.
Quant à Jean Rabe, jeune sans-le-sou de l'année 1910, il emprunte pas mal de traits à un Mac Orlan qui vécut alors dans la dèche.
Tout cela est assez connu.
Mais, amoureux comme on l'est des chansons du Dumarchey, voilà-t-il pas qu'on vient à peine de réaliser qu'un de nos airs favori, Nelly, est également issu de ce bouquin de 1927.
À l'origine, elle est dans le roman une go-go girl, comme on ne disait pas encore, des salles de bal de Pigalle et Montmartre. Prostituée occasionnelle, elle accorde ses faveurs à Rabe avant de monter en grade et régner enfin sur la vie parisienne en soignant son cafard de l'époque du Lapin.
Plus modestement, la fille de la chanson (sortie en 1953 dans Chansons pour accordéon avec V. Marceau) ne gouverne que son bistrot à Rouen. Elle est le dernier souvenir d'un petit gars qui part au casse-pipe en 14. Voilà pourquoi on avait passé ce titre à l'époque dans l'émission sur racaille militaire.
C'était en 2013 et cette découverte mérite bien un rappel. Chanté par la Morelli.


vendredi 31 mai 2019

Gabin & Ferré à la radio


On ne connaissait pas. On a donc été plutôt surpris de croiser les deux monstres sacrés que sont Léo Ferré et Jean Gabin associés sur un enregistrement radiophonique de janvier 1951 réunis dans un disque publié à titre posthume en 2004.
De sacs et de cordes* était un feuilleton radiophonique conçu par Ferré qui lui donna l'occasion de conduire son premier orchestre symphonique, celui de l'ORTF.
Tout en déclarant ensuite "Gabin était entre deux pentes, là... Alors j'avais écrit ça, je ne sais pas pourquoi... Ou j'ai écrit ça en même temps sachant que Gabin accepterait de lire le texte et c'est passé une fois à la radio... Il y a combien de temps ?... C'était en quelle année ça ?... 1951 ! On ne le repasse pas souvent, hein ?" Ferré fait mine d'oublier qu'à l'époque, il n'était pas très côté.
Citation du site qui lui est consacré : Diffusé dans le cadre de l'émission Les Lundis de Paris, ce grand patchwork de poèmes, de chansons ou de mélodies déjà existantes ou en chantier, que Léo parvient à rendre cohérent par sa narration, tombe à point nommé pour "résoudre" l'apparente dispersion de son auteur, dont il procède et dont il témoigne, ne serait-ce que par son hétérogénéité génétique et l'enjeu d'écriture "cubiste" qui en découle. En permettant à Léo de prendre possession de ses moyens : musicien, prosateur, collagiste...
Voici L'esprit de famille
 

On trouve trop peu de trace de l’œuvre sur le ouèbe.
C'est d'autant plus regrettable que dans cette pièce en 31 parties, on retrouve aussi les Frères Jacques, Suzanne Girard, Claire Leclerc (on reviendra sur son cas) Leïla Ben Sedira, Léo Noël, Marek Sliven et le Choeur Raymond Saint-Paul.
Tous les textes sont de Ferré exceptés trois de François Villon (Frères humains) et de Jamblan (C'est la fille du pirate et Les Douze). Plusieurs titres seront ultérieurement chantés par le poète monégasque.
Un autre titre trouvable sous le titre trompeur de Sacs



Une singularité pour finir, un reprise par Breakestra sous le titre Burgundy Blues


* L'expression de sac et de cordes aurait qualifié des soldats pillant les villes, ce qui pouvait les conduire à la pendaison. On attribue également son origine au règne de Charles VI durant lequel les rebelles bourguignons auraient été jetés par dessus les ponts enfermés dans des sacs de toile clos par des cordes. Châtiment déjà fort prisé dans la Rome antique.

lundi 30 juillet 2018

Mort aux cons


Le pacha de Georges Lautner restera comme une série B relativement honorable qui connut quelques ennuis avec la censure pour cause de violence policière assumée.
Parmi les quelques scènes marquantes, on trouve l'enregistrement du Requiem pour un con (dans le film l'inspecteur « Albert, la galoche » est surnommé « l'empereur des cons ») par Serge Gainsbourg.
Appelé à la demande de Gabin, acteur et coproducteur du film, le Serge n'hésita pas à reprendre, une fois encore du Dvorjack, (en l'occurrence, le dernier mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde)


Jugée excessivement vulgaire par la censure, cette chanson se verra interdite d'ondes (on comptait cinq radios à l'époque) par la commission de censure. Ce qui lui attirera certainement sa renommée suite au 45 tour (Philips 370 617 F) qui comportait Psychasténie en face B.
Du coup, ce thème fut copieusement repris.
Les punks parisiens d'Oberkampf conclurent leur premier album de 1983, P.L.C., par cette aimable version :



Plus récent et plus inattendue, une version enregistrée à Sainte-Marie aux Mines le 10 juin 2006, par le trio dynamique Jacques Higelin, Daniel Darc et Rodolphe Burger.

mercredi 21 juin 2017

Un Tonton flingue Fréhel



Bernard Blier Ou Sont ils donc par vieuxsnock

 C'était au cours de l'émission de télé L'invité du dimanche du 15 février 1970. Max Favalelli y interviewait Michel Audiard, accompagné d'Annie Girardot et de Bernard Blier.
Et ce dernier s'y mit à chanter  "Où sont-ils donc ?", grand classique de Fréhel. Pour l'occase, Blier était accompagné au piano par Georges Van Parys.
Et pour le plaisir, on se repasse notre chère Marguerit Boulc'h évoquant cette même chanson dans Pépé le Moko de Julien Duvivier  (1937).
Dans les années trente, Fréhel, métamorphosée par l'alcool après une première descente aux enfers, a connu un regain de popularité grâce au cinéma. Elle apparaît dans 17 films avant 1940. 



On profite de l'occasion pour annonce que l'Herbe Tendre du 3 juillet ( à 17h30 sur le 92.2 fm ou canalsud.net) sera un entretien avec Philippe Mortimer, éditeur, traducteur et préfacier autour du livre d'Émile Chautard, "Goualantes de la Villette et d'ailleurs" (l'Insomniaque).

Ouaip, bof. Fastoche...

vendredi 30 décembre 2016

La chanson immortelle de Gabin


Pour terminer 2016, une des plus célèbres chansons du cinéma des années 30, séquence de la Belle équipe de (toujours lui) Julien Duvivier, sorti en septembre 1936.
On se souvient de l'argument du film : les tribulations de cinq chômeurs, dont un réfugié espagnol en instance d'expulsion, qui gagnent à la loterie et décident de s'associer pour monter une guinguette plutôt que d'aller le dépenser chacun pour leur compte.
Première particularité, trois des acteurs gardent leur véritable prénom dans ce film : Jeannot (Gabin), Charlot (Vanel) et Raymond "Tintin" (Aimos*) 
Métaphore du Front Populaire, ce film connut deux fins** : l'originale, voulue par Duvivier, dans laquelle la joyeuse bande s'étiole, puis se déchire jusqu'au meurtre et une optimiste dans laquelle nos gaillards voient leur rêve se réaliser, quitte à ressusciter un mort au passage!
Cette fin, montrée à l'époque, était si artificielle qu'elle doit avoir joué son rôle dans le flop du film à sa sortie.
Par contre, la chanson, écrite par Julien Duvivier et Maurice Yvain, interprétée par Gabin, ici suivi par Raymond Cordy et accompagné de l'orchestre musette de Pierrot Deprince est restée dans toutes les mémoires.

 
Une dernière remarque en ce qui concerne le cinéma et le Front Popu : ce film, tourné début 36, comprend un personnage espagnol. Il ne pouvait y avoir d'allusion à la guerre en cours pour cause de date de tournage. Par contre, les films qui suivront vont soigneusement éviter le sujet. Reflet de la lâcheté et de la trahison du gouvernement de Léon Blum ? Sans doute. Il existe toutefois quelques exceptions notables, dont le fabuleux "Hôtel du Nord" de Marcel Carné (1938)

* Tué sur les barricades lors de l'insurrection parisienne de 1944. 
** On n'en dira pas trop, tout le monde n'a pas vu le film. 

PS : Pierre Barouh est donc disparu le 28 décembre. On y reviendra.

mardi 25 octobre 2016

Montéro chez Duvivier, une complainte pour assassins


Malgré quelques comédies, Julien Duvivier (1896-1967) n'a jamais été un grand optimiste.
Mais avec ce film de 1956 on atteint des sommets de noirceur.
L'affaire tourne autour d'une manipulation montée contre un prospère restaurateur des Halles, propriétaire du Rendez-vous des Innocents*. Innocents, tu parles !
Cette belle humanité en prend pour son grade : Danièle Delorme en scorpion à face d'ange (elle est parfaite), Gabin en cinquantenaire courant la gisquette, Germaine Kerjean en mère fouettarde, Gérard Blain en jeunot idéaliste et naïf, Lucienne Bogaert en toxicomane abrutie, sans oublier une galerie de clients du restaurant entre goinfres, snobs, mandataires accapareurs, ricains incultes, vieux débris libidineux. Une bien belle image de ses contemporains : le seul à tirer son épingle du jeu est César, chien vengeur.
Amateurs de films cruels, à vos cassettes !
Comme on disait avant.


Comme Duvivier adorait saupoudrer ses films de chansons entêtantes (dans Pépé le Moko ou la Belle équipe, par exemple) il a écrit, pour l'occasion, une Complainte laissée à la voix de Germaine Montéro qui ouvre le film. Ce thème revient régulièrement, avec comme seule variante, une étonnante version triturée du Temps des cerises dans un moment particulièrement sordide.
Donc, La complainte des assassins, valse triste.

* Ouais, le cimetière des Innocents était situé par là au Moyen-Age. C'était certainement trop tentant pour Duvivier.

dimanche 3 mars 2013

Et encore et toujours Fréhel, ce coup-ci au cinéma (1936)



   Après s'être permis de nous faire rêver sur la Légion espagnole (La bandera 1935) ou de nous démontrer à quel point les femmes divisent les bons copains ( La belle équipe 1936), Julien Duvivier, qui n'en ratait pas une, nous livre un film glorifiant la pègre aux colonies : Pépé le Moko 1937.
Enfin, il sera tout de même beaucoup pardonné au futur réalisateur de Don Camillo pour au moins deux raisons :
- Son coup de génie post-guerre :  Panique en 1946 (avec Michel Simon)
- Et des séquences comme celle-ci qu'on avait promis de vous livrer lors de notre émission de janvier consacrée au cinéma

     Dont acte, il était plus que temps de tenir parole :