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mardi 13 novembre 2018

Joie du wallon

Goguettiers par Daumier
À l'origine, un air qui fit les beaux jours des goguettes du XIXème siècle, ces ancêtres des café-concerts, puis des cabarets et précurseurs au sein desquels des chansonniers chroniquaient la vie sociale.
On en a passé une version par Armand Mestral, datant du Siège de Paris, en août 2015
Autre exemple d'un des multiples recyclages de la même mélodie, La complainte du Charlot de La Courtille par Nenesse et Totor, extrait du cd Goualantes de la Vilette et d'ailleurs (l'Insomniaque).
Or, un docte lecteur, Michel Davesnes, nous a récemment signalé : L'air qui sert de support à cette chanson a beaucoup servi, semble-t-il. Au départ, il s'agit de "Te souviens-tu*", qui illustre l'épopée napoléonienne. Plus proche de nous, l'air a été repris du côté de Charleroi, en Belgique, et ça a donné "Lolote", chantée ici par le grand Julos Beaucarne.

  

Cette gaillarde interprétation, issue d'un traditionnel wallon, nous a tellement réjouie qu'on vous en donne une transcription : 

Au bour del Sambre et pierdu din l'fumière Voyez Couillet eyet s'clotchi crayeu C'est là que d'meure em' matante Dorothée L'veuve dem' mononq Adrien du Crosteu. A s'nieuve méson nos avons fait ribote Diminche passé tout in pindant l'cramya.
Pou l'premier coup c'est là qu'dj'ai vu Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Gniavet drolà les pu gaies du villadge In fait d'coumères on n'avou qu'à schwési On a r'ciné à l'omb' padzou l'fouilladge Au mitan d'ell' cour padzou l'gros cherigi Em bonne matante a d'ell bière in bouteye C'n'est nin l'faro qu'est jamais si bon qu'ça.
Din s'chique Lolotte aste si bi vermeille Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Y dalet mieux, les pinses s'tintent rimplies Djan l'blanchisseu tinguelle es violon Y dit z'éfants nos avons çi des filles Qui n'demandes fonk qu'a danser l'rigodon Mais qué plési, qué Lolotte est contenne Après l'quadrille on boute en' mazurka. Dj'ai triané in serrant s'main dins l'mienne... Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
V'là l'swer venu pour dinser chacun s'presse El violonneux raclout aveuc ardeur L'bière comme l'amour vos faisou tourner l'tiesse Vin nom d'en chique dji nadjou din l'bonheur Mais l'pa Lolotte in viyant qu'dji l'imbrasse D'un coup d'chabot m'fait plondgi din l'puria.
El coumère s'inceurt eyet mi dji m'ramasse Ciel qué coup d'pid sintez comme em cœur bat (bis) 
Dji m'sovéré du cramia d'em matante Dji crwé bi qu'jai l' croupion mitant desmis Dji prind des bains à l'vapeur d'yau boullante Grignant des dints tous les coups qu'dji m'achi Mais quind j'devrou s'quetter m'dernière culotte Pour m'apougny aveu s'man eyet s'pa.
Putot mori que d'véqui sin Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis)

* Te souviens-tu ? est effectivement une chanson de nostalgie napoléonienne datant de l'immédiate Restauration. Paroles Émile Debraux, musique Joseph-Denis Doche 

dimanche 19 août 2018

Julos Beaucarne


Avouons-le, à l'adolescence on ne le goûtait guère, tant son attitude pleine de bons sentiments nous paraissait mollassonne. Toutefois, il y avait cette Lettre à Kissinger, glaçante, (Herbe Tendre du 6/09/ 2016) et puis ce fait-divers sordide de 1975, lorsque sa compagne, Loulou, fut assassinée par un dingue et où, en réponse, il publia une autre lettre ouverte dénonçant une société qui fabrique des meurtriers. Voici au moins un anar pacifiste conséquent.
La chanson pour Loulou
 
 

Et puis, en y revenant, on découvre quelques charmes à Jules "Julos" Beaucarne (1936 Écaussines, Belgique) poète, conteur et chanteur en wallon et français.
Écolo rétif aux technologies, qu'on peut qualifier de mystique dans sa foi en l'amour humain, il est aussi l'unique membre du FLO (Front de Libération de l'Oreille).
Depuis 1967, il a enregistré une trentaine de disques, mélanges de monologues et de chansons en refusant de lécher les pompes des médias et en éditant ses revues (Le Quotidien du campagnard, le Front de Libération des Arbres Fruitiers...).
Ce qui lui a laissé le temps d'effectuer pas mal de tournées au Québec. Ou d'être sculpteur. Ou d'interpréter un vieux ou un Sdf dans des films de Podalydès et de Pascal Thomas. Ou d'être nommé chevalier par le roi, pour services rendus à la culture wallonne (drôle d'idée, tout de même, d'accepter ce genre de breloques).



Un homme fidèle à ses convictions, en somme. Pour finir, Si la Garonne avait voulu de Gustave Nadaud, gasconnade déconnante où, à la fin, il susurre la chanson Se canto, complainte pyrénéenne par excellence.