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dimanche 26 janvier 2020

Exil

Tomislav Peternek (1957)
 
J'ai toujours trouvé faux le nom qu'on nous donnait : émigrants. 
Le mot veut dire expatriés ; mais nous 
ne sommes pas partis de notre gré 
Pour librement choisir une autre terre ; 
Nous n'avons pas quitté notre pays pour vivre ailleurs, 
toujours s'il se pouvait. 
Au contraire nous avons fui. Nous sommes expulsés, nous 
sommes des proscrits 
Et le pays qui nous reçut ne sera pas un foyer 
mais l'exil. 
(...) Chacun de nous marchant, 
Souliers déchirés dans la foule 
Dénonce la honte qui souille aujourd'hui notre terre. 
Mais nul d'entre nous ne restera ici. Le dernier mot 
N'est pas encore dit.

 Bertolt Brecht, Sur le sens du mot émigrant (extrait) 1937
 
Avec une introduction pareille, vous avez peut-être deviné que la prochaine édition des Vanneaux de passage portera sur le thème de l'exil.
Et avec ce que ça a pu être chanté, la programmation ne devrait point être trop laborieuse.
On se retrouvera le lundi 3 février à 17h30 sur 92.2 ou Canal sud.net.

Mojado (mouillé) est le nom donné à ceux qui ont traversé le Rio Grande pour aller récurer les chiottes des Gringos. C'est aussi le premier titre du premier album de la Maldita Vecindad y los hijos del quinto patio (1989).


Le sort commun de l'exilé ? Désolé du groupe Carte de Séjour, avant dernier morceau de leur album Rhorhomanie (1988)


mercredi 12 septembre 2018

Rachid Taha 1958 - 2018


On ne peut pas dire qu'il se soit économisé.
Né dans l'Oranais, arrivé en Alsace avec ses parents à l'âge de dix ans, ouvrier à l'usine Thermix à Lyon, puis fondateur du groupe Carte de séjour en 1981, personnage des pentes de la Croix-Rousse (il y tenait la boite de nuit Le refoulé) et de la Guillotière, Rachid Taha a entamé sa carrière solo en 1991 avec le renfort de l'ex Gong, Steve Hillage.
Il est mort dans la nuit du 11 au 12 septembre.
Avec lui, c'est encore une partie de notre jeunesse qui fout le camp.


Un petit extrait de journal de FR3 en 1982

lundi 25 janvier 2016

Carte de séjour, un certain gâchis


De Carte de Séjour, il ne reste malheureusement dans le souvenir de la plupart que le tube Douce France, fort mal tombé à l'époque d'un anti-racisme englouti par un pouvoir qui jouait à Machiavel dans le texte. Et la carrière de Rachid Taha, chanteur du groupe, qui s'ensuivit.
Et pourtant, voilà un groupe qui méritait mieux. D'abord, c'était un excellent groupe de scène, pour les avoir vus quelques fois, on peut en témoigner. Et puis, dans le genre pas facile à mettre en case, ces Lyonnais se posaient un peu là.
Certes, il y avait déjà eu une vague de chanteurs algériens qui avait constitué une véritable école sur le sol français. Des noms comme Slimane Azem, Dahmane el Harrachi, Aït Menguellet, Ahmed Soulimane, entre autres, étaient bien connus, il en reste un paquet de scopitones réalisés dans les années 60.
Mais cette culture restait confinée aux bistrots et familles maghrébines ou à ceux qui les fréquentaient, c'est à dire finalement pas grand monde.
Carte de Séjour seront sinon les premiers, du moins les plus populaires à fondre le raï algérien, le gnawi,  le rock qui était encore la musique des prolos et le reggae, alors celle des cités.  
En parallèle, des deux côtés de la Méditerranée, Raïna Raï, groupe mené par Lofti Attar, donnait ses lettres de noblesse au rock rebeu en ces mêmes années.
Repérés dès 1981, CDS auront un premier succès avec "Zoubida", reggae issu du premier maxi 45 tour, chanson dénonçant les mariages forcés.
Le légendaire dj londonien John Peel avait dressé l'oreille dès le 14 août 1982 à la BBC (excusez le son perrave, c'est un document)


Leur meilleur disque reste sans conteste " la Rhorhomanie" (1984) qui mêle arabe algérien, de banlieue et français.
Un exemple, cet allègre twist qui raconte le périple picaresque et commercial d'un petit gars qui va d'Alger à Lyon. Bleu de Marseille :


Momifiés par leur fausse bonne idée de reprise de Trénet "Douce France", Jack Langisés, propulsés symboles de-la-jeunesse-multiculturelle-qui-réussit-même-en-étant-rebeu tout en restant relativement incontrôlables, ils vont jeter l'éponge en 1990. Depuis Rachid Taha poursuit le chemin que l'on sait, collaborant régulièrement avec le producteur britannique Steve Hillage (ex membre de Gong, groupe hippie barré mais talentueux basé en France dans les années 70).

Le groupe original était formé de
Rachid Taha (chant), Mokhtar Amini (basse), Mohamed Amini (guitare), Jérome Savy (guitare), Brahim M'sahel (percus), Djamel Dif (batterie) et Jallal (oud et banjo).