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samedi 8 octobre 2022

La Russie qu'on aime

 

Comme le montre la carte ci-dessus, les centres de recrutements de l'armée russe ont une fâcheuse tendance à l'auto-combustion. 
Outre le nombre de ceux qui en ont les moyens ou la possibilité de quitter le pays, il semble que les manifestations contre la guerre et la conscription se multiplient, particulièrement dans les régions asiatiques, grandes pourvoyeuses de chair à canon.
Manifestations très majoritairement formées de femmes, leurs copains, frangins, fistons, etc. risquant de filer directement à la caserne en cas d'arrestation. 
Même si on ne se fait guère d'illusions (on se souvient que le rappel du contingent en France, pour la guerre d'Algérie ne s'est pas passé en douceur mais que ça n'a jamais arrêté ladite guerre) il se pourrait que la position du barbouze en chef soit plus que fragilisée. Peut-être vient-il même de commettre une bourde monumentale. 
Dans cette course vers la mort, il est au moins réjouissant que deux des régimes les plus autoritaires et impérialistes de cette planète se retrouvent à vaciller sous la pression de la rue.
Et question réjouissance, on se fait un plaisir de mettre en lien ce passionnant entretien avec des camarades Russes.
En Iran comme en Russie, il est désormais clair que la solution viendra de ceux de l'intérieur. Et qu'il serait immonde de les laisser seuls face à leurs bourreaux.   
 
Une chanson anti-guerre du groupe punk Adaptatsiya, formé par Yermen Anti Erzhanov dans son Kazakhstan natal.

mardi 5 avril 2022

Chant macabre

 

Rue de Boutcha
Rue de Boutcha

Il y a trois chemins. Au premier, tu perds la vie ; au second, tu trouves la mort ; au troisième, par le fer et le feu tu périras... 

Comptine ukrainienne

mardi 29 mars 2022

Un caillou dans la botte

 

Une évidence : il n'y a rien de plus contre-révolutionnaire qu'une guerre entre États. Ceci posé, dans le cas de la guerre entre Russie et Ukraine (entamée en 2014, faut-il le rappeler) la position du défaitisme révolutionnaire est inopérante et complètement larguée. Désolé, camarades gauchistes, nous ne sommes pas en 1914 !
Évidemment, nous n'avons pas plus de sympathie pour le gentil Zelensky que pour le méchant Poutine. Ce qui leur fait une belle jambe à tous deux !
Pour l'instant,nous nous contenterons de laisser la parole à quelques-uns des premiers concernés. Au cas où certains n'aient pas encore pris connaissance de ce texte produit par des camarades acculés qui n'ont de choix qu'entre des solutions merdiques, on le remet en lien. Extrait: Nous considérons que les slogans « Dites non à la guerre » ou « La guerre des empires » sont inefficaces et populistes. Le mouvement anarchiste n’a aucune influence sur le processus, donc de telles déclarations ne changent rien du tout.
Et désolé, camarades anarchistes, malgré tous ces riches enseignements, nous ne sommes pas en guerre d'Espagne en 1936 ! Pas plus qu'il n'y aurait, pour l'instant disions-nous, quoi que ce soit de comparable à l'émergence d'un mouvement de type makhnoviste. 
Ceci dit, il existe quelques motifs de réjouissance.
Les cheminots biélorusses ont mis un beau bordel dans les lignes approvisionnant l'armée occupante.
Un chef mécanicien sabote le yatch de son patron, oligarque russe, aux Baléares.
Un citoyen irlandais enfonce le portail de l'ambassade russe de Dublin (on sait, même si ça sent le pari au pub du coin, le geste n'en reste pas moins beau).
Saboteurs de tous les pays, unissez-vous !


mardi 22 mars 2022

Le massacre du printemps


La seule idéologie qui reste, ou peut rester vivante en Russie, c’est le chauvinisme grand-russien. Le seul imaginaire qui garde une efficace historique, c’est l’imaginaire nationaliste — ou impérial. Cet imaginaire n’a pas besoin du Parti — sauf comme masque et, surtout, truchement de propagande et d’action, de pénétration internationale. Son porteur organique, c’est l’Armée. […] L’Armée est le seul secteur vraiment moderne de la société russe — et le seul secteur qui fonctionne effectivement. 

Cornelius Castoriadis Devant la guerre (1981)
Cité par Temps critiques
 
La limite des analyses lucides, comme celle ci-dessus, produite du temps de l'URSS encore puissante, est qu'elles ont très peu d'effet sur la réalité.
Quant aux chansons prophétiques venues d'une époque où certains pensaient qu'on jouait à se faire peur mais au cours de laquelle il fallait être un petit occidental bien hypocrite pour s'imaginer vivre dans un monde en paix...
Le père Béranger en 1970 (album Tranche de vie)

lundi 7 mars 2022

Vissotsky : le retour du soldat


Dans le cadre d'un nouvelle semaine d'effort de guerre à l'Est et avec une attention toute particulière au moral des troupes, voici un chanteur qui fut à la fois marginalisé par le pouvoir et massivement admiré par les sentimentaux, les poètes, les ivrognes, les désespérés, les indécrottables rieurs, les amoureux des mots, les humbles, les voleurs et pas mal d'autres, en Russie, pardon, en URSS, j'ai nommé l'indispensable Vladimir Vissotsky.
Car ce n'est pas tout d'arriver à se taper une guerre prolongée où on vous a envoyé avec trois jours de rations et un demi plein de gasoil, il faut aussi tâcher de ne pas rentrer au pays dans un sac, pardon dans un cercueil en zinc (merci Svletana).  Il s'agit donc de revenir à peu près intact, oh pas psychologiquement faut pas rêver, mais sur ses deux jambes serait déjà pas mal. 
C'est ce que narre notre tovaritch la Déprime dans La chanson d'un soldat, ou Солдатская, balade joyeuse de 1974 dont on ne résiste à vous envoyer la traduction. Bienvenue chez toi, vaillant conscrit !
Tant qu'on y est, on est estomaqué de constater à quel point un billet d'il y a huit ans est encore d'actualité.
Dans toutes les batailles du monde entier, j’ai peiné, j’ai rampé avec mon régiment.
Puis on m’a ramené chez moi, malade, défait, sur un train spécial du Service de Santé.
Et d’un camion on m’a déposé devant chez moi, juste devant la porte.
Je l’ai regardée. J’étais étonné, stupéfait: une drôle de fumée montait de la cheminée.
Les gens aux fenêtres évitaient mon regard et la maîtresse m’a reçu comme un étranger.
Elle ne m’a pas serré dans ses bras, en larmes, seulement le geste, puis elle est rentrée dedans.
Les chiens hurlaient et mordaient la chaîne alors que je fendais la foule là dedans;
j’ai trébuché sur quelque chose qui n’était pas à moi, puis j’ai tâté la porte. Je suis entré, si faible, à genoux. 
Le nouveau maître de la maison, à l’air sombre, était assis à table, à ma place de tous les jours.
Une femme était assise à son côté, et c’est pour ça, et c’est pour ça que les chiens aboyaient si fort.
Donc - j’ai pensé - pendant que je faisais mon devoir sous le feu, en me passant de toute pitié ou sagesse,
ce type-là avait tout déplacé, chez moi, il avait tout changé à sa façon, comme il voulait.

 

Et avant chaque assaut, nous priions Dieu que son feu de couverture ne rate pas le coup...
Mais ce coup, plus mortel, m’était lâché dans le dos et transperçait mon cœur comme la trahison.
Comme un paysan, j’ai fait de grandes révérences, j’ai fait appel à toute ma volonté pour murmurer:
«Pardonnez-moi ma faute, bon, je repars, c’est pas la maison juste, mes amis, c’est comme ça.» 
Je voulais dire ça: Que la paix et l’amour règnent chez vous, que vous ayez toujours du bon pain à cuire...
Mais lui, bon, il n’a levé pas même ses yeux comme si tout ce qui s’était passé était normal.
Le plancher, tout décapé, a branlé fort, mais je n’ai pas claqué la porte, comme autrefois.
Je suis parti. Les fenêtres se sont rouvertes et on m’a lancé de loin des regards coupables.
Traduction Riccardo Venturi

vendredi 25 février 2022

Invasion

Déjà en 1945, la propagande était obscène
 
Quand on entend une crapule prétexter une "dénazification" pour justifier son immonde guerre impérialiste, on hésite entre ricanements jaune et pleurs amers.
Parce qu'à propos de la guerre en cours en Ukraine, on n'a pas vraiment envie de rire.
Poutine est-il tombé dans le piège tendu par l'OTAN ou a-t-il damé le pion à cette organisation ? L'Ukraine est-elle une authentique nation ou une invention issue d'un micmac polono-lituanien et austro-hongrois mâtiné de russe ? À vrai dire, on s'en fout un peu. Tout ce qu'on constate est l'étendue d'un désastre annoncé. 
À part ces détails que sont les Ukrainiens et un certain nombre de chairs à canon russe l'autre grande victime sera la vérité. À commencer par ces idiots médiatiques qui osent mentionner "le retour de la guerre en Europe depuis la Seconde guerre mondiale" en oubliant au passage la longue agonie d'un pays nommé Yougoslavie. 
Disons que dans le genre propagande grossière, nostalgique comme on est, on préférait l'époque où les soviétiques nous la jouaient pacifistes, conformément à la ligne du parti. Хотят ли русские войны ? Autrement dit Les Russes veulent-ils la guerre (1961) musique d'Édouard Kolmanovski, paroles de Yevguéni Yevtouchenko.
En version sous-titrée pour le côté involontairement comique. Même si y'a vraiment pas de quoi... 
Notre affectueux salut aux Russes qui dénoncent cette "opération militaire".

lundi 31 janvier 2022

La guerre Froide d'antan (parenthèse d'actualité)

 

Cluster sous contrôle

Près de trente années après le naufrage de l'URSS où en sommes-nous ?
Autour de l'Ukraine, l'Otan et l'armée russe jouent à qui a la plus grosse division dans une mise en spectacle qu'aucun parc d'attraction n'a les moyens concurrencer.
La crise du Covid se double d'une crise géopolitique en attendant une éventuelle énième crise financière. La crise permanente comme gouvernance, en quelque sorte.
On a l'air de se moquer mais ce genre de gesticulation nous évoque irrésistiblement d'autres crises comme celle dite des "euromissiles" dans laquelle il s'agissait de saupoudrer l'ensemble du territoire européen de fusées balistiques destinées à réduire la région d'en face en poussière plus ou moins radioactives.
À l'époque où le "camp d'en face" en faisait rêver certains, le camarade Linton Kwesi Johnson résumait assez bien la querelle inter impérialistes par cette chanson tirée de son album Making history (1983) Di eagle an' di bear.
Pas grand chose de neuf depuis.

vendredi 5 juin 2020

Tranche de poésie : l'art de l'insulte


À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !
Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ?
Mange la vomissure du diable, toi et ton armée.
Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.
Toi, souillon de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, fouetteur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et de Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même,
Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul d'une jument, sabot de boucher, front pas baptisé !
Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous produit d'avorton ! Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !!
Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !

Signé le Kochovyj Ataman Ivan Sirko et toute l'armée zaporogue

À tous ceux qui s'imaginent que les situationnistes avaient atteint les sommets de l'insulte, ce petit rappel, écrit en 1676, par les cosaques au sultan Mehmed IV qui leur demandait alors benoîtement de se soumettre.
Ça peut toujours servir d'inspiration pour s'adresser à nos supérieurs respectifs.
En souvenir des zaporogues et de leur haine des souverains : Sloboda ili smrt !
Et en honneur aux makhnovistes...

vendredi 8 mai 2020

Un chant de partisans

 


- Eh bien, un jour les Allemands vont sans doute organiser le grand supplice des Juifs – elle est trop dure, la vie qu’ils font au pays d’Ukraine.
- Et que viennent faire les Juifs là-dedans ? demanda Voronnko.
- Ce qu’ils viennent faire là-dedans ? Mais c’est un des principes fondamentaux, répondit l’instituteur. Les fascistes ont créé un bagne européen, universel, et afin de maintenir les bagnards dans la soumission, ils ont dressé une énorme échelle d’oppression. Les Hollandais ont la vie plus dure que les Danois. Les Français vivent moins bien que les Hollandais : les Tchèques moins bien que les Français. La vie des Grecs, Serbes, et puis  Polonais est encore pire. Les Ukrainiens et les Russes sont placés encore plus bas. Ce sont là les degrés de l’échelle du bagne. Et à la base de cette énorme prison à multiples étages, c’est un précipice que les fascistes réservent aux Juifs. Leur sort est appelé à semer l’épouvante dans tout l’immense bagne européen, afin que le lot le plus terrible paraisse être un bonheur en comparaison de celui des Juifs. (…) C’est là une simple comptabilité de la sauvagerie, et non haine instinctive.
 Vassili Grossman Carnets de guerre



Une passionnante présentation par Christian Ingrao de son livre, La promesse de l'Est

 

lundi 1 mai 2017

Démarrer la journée avec Makhno

L'auteur pond un tube (1917)

Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité, créez-la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs.


Nous n’avons rien à ajouter à cette phrase, testament de la Makhnovchina, citée par le camarade Piotr Archinov.
Si ce n’est cette chanson qui, selon la légende, aurait été écrite par le batko lui-même en 1917 (se trouvant en taule, il avait un peu de temps libre). Si certains termes semblent obscurs, on en précise plus à cet article.


Idéal pour démarrer la journée en cette époque bourrique.


Orchestre (de percussions) makhnoviste

Et puisqu'on est chez les cosaques, un groupe de là-bas : "La horde anarchiste" :



Ainsi qu'un chant millénariste anonyme nous venant de France (1896 ?)



mercredi 21 mai 2014

Parenthèse d'actualité: que la guerre est jolie !

Vladimir Vyssotski - «Celui qui n'a pas tiré»

 

Un classique indispensable

On profite d'une pause médiatique et électorale (pouf ! pouf !) du match Russie / Ukraine pour vous envoyer le bon vieux tovaritch tristoune dans toute sa poésie. 

J'vous vends pas des salades, ce n'est pas la saison
J'voyais pas une parade, mais mon exécution.
D'où me vient ce destin, ce triste itinéraire ?
Je ne sais que trop bien, mais j'ai promis d'me taire.

Mon commandant a failli me sauver, mais
Mon crime n'est pas de ceux qui se rachètent
Le peloton obéit sans traîner
Mais y'en a un qui n'a pas pressé la gâchette
Mon sort est tout tordu, d'ennui en anicroche :
J'ai la langue bien pendue mais je n'ai pas de poche !
Et notre commissaire, — un zélé communiste —
M'a mis dans ses affaires, m'a inscrit sur sa liste.
Puis il dévoila les faits fracassants
Dans des chemises reliées et des pochettes
Tout le monde y était impuissant
Sauf le p'tit gars qui n'a pas pressé la gâchette.
La main tombe dans le vide, un « Feu ! » déchire l'air :
Cette salve sera mon guide vers l'aut' côté d'la terre.
Mais j'entends « Il respire, soignez-moi cette enflure !
On fusille pas deux fois, même quand y'a une bavure. »
Et le docteur n'en croyait pas ses yeux
Il retirait les balles, secouant la tête.
Et moi en douce, dans mon délire fiévreux,
J'parlais au gars qui n'a pas pressé la gâchette.
Je soignais mes blessures, les léchant comme un chien
Malgré ça populaire chez le genre féminin
De tous les hôpitaux où j'étais d'aventure
« Hé, viens, l'inachevé, c'est l'heure de la piqure »
Notre bataillon écrasait les Prusses
Et j'envoyais mon glucose en Crimée
Pour que la guerre soit un p'tit peu plus douce
Pour qui ? Bah celui qui n'a pas tiré
Buvant de la soucoupe mon thé parfois corsé
J'ai pu rejoindre nos troupes, vu que j'n'ai pas clamcé.
Mon commandant me dit « Prends ton fusil mon gars
Et cette bavure mon p'tit, Je crois que j'm'en plains pas »
J'me plaindrais pas non plus, mais en sanglots
Comme une baleine, je mugis dans le pré.
Un allemand a achevé l'boulot
En tuant celui qui n'a pas tiré.

Titre original : «Тот, который не стрелял» (Владимир Высоцкий, 1973)

mardi 4 mars 2014

Parenthèse d'actualité

Plaine, ô ma plaine (Warum Joe)

En attendant la (re ?) prise de Sébastopol, une chanson de 1984 par ces six zouaves sur lesquels on reviendra un de ces quatre.


mercredi 19 février 2014

Suite Ukrainienne

A l'heure où sur tout le territoire ukrainien les affrontements ont repris entre de soi-disant désireux de rejoindre l'Union Européenne et de soi-disant ploutocrates inféodés à la Mère Russie (la réalité est à coup sûr ailleurs) chaque cuistre médiatique y va de sa petite (mé)connaissance de l'histoire de l'Ukraine.
Il est piquant de constater qu'ils vont chercher comme références la Rada* (assemblée des cosaques), l'infâme Simon Pétlioura, président d'un éphémère directoire ukrainien en 1918-1920 et grand instigateur de pogroms anti-juifs** ou même à une pseudo autonomie accordée un temps par les nouveaux maîtres bolcheviks (je jure l'avoir entendu aujourd'hui même sur une station de la radio nationale !)
Evidemment, le paysan Nestor Makhno (1889-1934) est plus rarement cité.
Pour mémoire, cet anarchiste originaire de Goulaï-Polié, fut l'âme d'un soulèvement mené par l'Armée Insurectionnelle*** qui combattit coup sur coup les occupants Allemands, Autrichiens, nationalistes ukrainiens, pogromistes divers, armées blanches de Denikine puis Wrangel et furent finalement trahis par l'Armée Rouge de Trotsky qui les extermina non sans leur tailler par la suite une réputation calomnieuse d'antisémites**** pour la postérité.

Nestor et sa bande
 
On trouvera sur ce lien un très chouette documentaire d'Héléne Chatelain sur la postérité du Batko (Petit Père) à Goulaï-Polié après l'implosion de l'empire.
Mais revenons à la chanson :
Comme raconté dans cet article c'est en 1972 que Nestor Makhno est le héros d'une chanson écrite par Etienne Roda-Gil et interprétée par notre cher Jacques Marchais dans le disque "Pour en finir avec le travail"

A écouter cette chanson, on remarquera
- qu'il s'agit du détournement d'un chant communiste
- lui-même repompé sur un chant célébrant le cosaque Stenka Razine (1630-1671)
- et que ce chant a connu d'innombrables versions (Serge Utgé-Royo, Bérurier Noir, René Binamé, etc.)

On pourrait en rester là, mais là où ça devient rigolo, c'est que depuis quelques années notre cher Nestor Makhno a connu une gloire posthume et exponentielle auprès des musiciens les plus divers. Allez taper son nom sur les sites habituels pour voir.
Voici quelques exemples de versions en son honneur :
La plus marrante ( et quelque peu ridicule)
 

 
La plus casserole (admirez la mitrailleuse d'époque)



La plus folk juvénile (en Anglais ce coup-là)

Précisons, pour terminer, que contrairement à ce qu'affirme la rumeur,  la chanteuse Sophie Makhno, secrétaire d'Anne Sylvestre et de Barbara, n'a pas de lien de parenté avec Nestor Ivanovitch. Elle a choisi ce nom tout simplement par admiration pour notre cosaque préféré.

* Et pratiquement jamais la volnitza, assemblée du peuple, synonyme de "vie en liberté".
** Ce qui lui vaudra d'être exécuté à Paris, en 1926, par l'anarchiste Samuel Schwartzbard qui sera acquitté aux assises (Samuel Schwarzbard, Mémoires d'un anarchiste juif, préf. Michel Herman, Paris, éditions Syllepse, coll. Yiddishland, 2010)
*** Un manifeste de l'armée makhnoviste à cette adresse
**** Les troupes makhnovistes comptaient plusieurs bataillons exclusivement juifs. On se demande encore qu'est ce qui a pris à cette andouille de Joseph Kessel d'aller hurler avec les loups dans un roman abject.

Sur le sujet on peut toujours lire
"Les cosaques de la liberté" réédité en Nestor Makhno : le cosaque libertaire, 1888-1934 ou La Guerre civile en Ukraine, 1917-1921, Alexandre Skirda, Paris, Éd. de Paris,‎ 1999. 
Le formidable témoignage d'un makhnoviste :  La makhnovchtchina, Pierre Archinov, Spartacus, (2000)
Le larmoyant La révolution inconnue, de Voline Éditions Belfond, 1986, Éditions Tops-H. Trinquier, 2007
Ou si vous avez la chance de tomber sur la ressortie des mémoires de Makhno : Mémoires et écrits 1917- 1932, Ivréa 2010