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vendredi 28 février 2025

Retour vers le futur (Travail)

 


Je n'avais jamais mangé
De langouste ni de crabe royal du Kamtchaka
(...)
Six jours sur sept de travail depuis trois semaines
à des horaires de nuit
Je m'estime dans mon droit de manger à ma faim
sur mon lieu de travail
Et d'emporter ce que mes poches peuvent à la maison
(...) 
J'ai beau n'être qu'un petit ouvrier
c'est bon
J'ai compris la technique
J'ai vu les horaires les planques et les moyens de sortir les trucs

Deux langoustes donc
Juste faites en rentrant hier avec un riz basmati
tiède et de la mayo maison
C'est pas mal la langouste

Je vole rien
C'est rien que de la réappropriation ouvrière
Tout le monde le fait

Joseph Ponthus À la ligne 
 

L'indispensable Béranger

 

Et une adaptation de l'auteur cité par Michel Cloup

dimanche 18 juin 2023

Quelques mots de Serge

 

Toulouse 1er mai 2023  

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des Etats !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

lundi 5 juin 2023

L'été sera punk

 


Deux mois après la manif contre les méga-bassines à Sainte-Soline, on sort une compil’ de soutien à Serge et Micka, tous deux tombés dans le coma suite aux affrontements avec la police lors de celle-ci.
https://pasuneminutedesilence.bandcamp.com.
Une compil’ histoire de ne pas laisser le temps nous faire accepter ou oublier les mutilé.e.s et les blessé.e.s de la guerre sociale, de ne pas laisser les proches seul.e.s avec les galères de thune, de partager des idées et de filer de la niak aux personnes qui continuent à lutter contre ce monde d’exploitation.
Dans ces moments, c’est aussi la solidarité qui fait notre force, qui peut nous permettre d’encaisser les coups, de faire face à la peur et de tenir sur la durée. D'ailleurs elle ne s’est pas faite attendre et pas
mal d’actions ont eu lieu dans différents pays. Chacun.e.s selon les moyens qui leur semblaient adéquats, mais toujours sans concession avec l’État et ses aspirants… 
On rentre donc dans la danse à notre manière. Avec cette compil’ de punk. Parce qu’une partie de notre politisation, de notre rébellion et de notre refus du système est issue de cette culture et que nous
continuons à voir dans ce mouvement un vecteur de contestation sociale et d’entraide. Un endroit d’auto-éducation face à ce monde qui aurait voulu nous voir abrutis par les rêves de réussite sociale qu’il nous fait miroiter et dociles en échange de cet argent qu’il a rendunécessaire à notre vie quotidienne.
Pas une minute de silence,  les sales gosses ne se taisent pas face aux coups durs donnés par l’État.
Rien n’est fini, mais tout commence...
Force aux rebelles du monde marchand.

 

Si vous souhaitez filer un peu de soutien, nous vous encourageons à le faire directement sur la cagnotte mise en place par les camarades du S., afin d'éviter d'en filer une partie importante en frais divers (Bandcamp, PayPal).
La version cassette et CD devrait arriver vers le 15 juin. Si ça vous dit, il est possible de la commander dès à présent en nous contactant directement (contact: cybergod@stonehengerecords.com). Elle vous sera envoyée directement dès qu'on les aura entre nos mains.
 

 

vendredi 24 mars 2023

Sa majesté la foule

Ici, même les mémés aiment la castagne


De notre correspondant

Toulouse, 23 mars 2023, 6h30 du matin. Des barrages filtrants ou enflammés sont en place aux entrées Sud, Ouest, Nord (à l'est rien de nouveau). Mention spéciale au barrage enflammé sur le périphérique ouest qui provoqua le plus monstrueux embouteillage de l'année. 

L'intervention de la BAC sur la zone industrielle de Sesquières, au nord, a tout de même abouti sur une quinzaine d'arrestations. Ce qui est un peu cher payé. Ambiance...
Dans la région, les barrages sont en place à Auch, Montauban, Albi, Tarbes, Foix.....
 
16h30, la tête de la manifestation partie de St Cyprien à 15h (30 000 selon les flics, 100 000 selon la CGT) arrive en plein centre-ville à la place Jeanne d'Arc. 
Cette tête de cortège est formée de non syndiqués, reste de GJ, jeunes et vieux gens en noir et tout ce qui refuse de défiler derrière un SO en général.
Présence policière massive et les pelotons de la BAc viennent coller aux manifestants.
À l'entrée de la rue Denfert-Rochereau tombent première grenades destinées à diviser ce groupe de tête de la manif syndicale. C'est là que le miracle se produit : au lieu de se disperser sous les gaz, sa majesté la foule (King mob chez les Brits) réplique, s'enflamme, se bat, se défait pour se reformer derrière les poulets, se fluidifie, élève des barricades, chante, se marre, abat les pauvres vitrines des banques, agences immobilières et d'intérim. Pendant trois heures, les boulevards toulousains seront un incessant jeu de chat et souris avec deux escadrons de CRS munis de deux canons à eau, effectuant des aller/retours Jaurés / Arnaud Bernard sans arriver à disperser qui que ce soit vu que les rues alentour flambent et que SM la foule les attaque régulièrement dans le dos. 
La scène du jour : un groupe d'une douzaine de baqueux charge au kiosque de presse de Jeanne d'Arc pour appréhender un gars. Toute la rue à leur droite fait demi-tour pour leur tomber dessus à bras raccourci, à coup de projectiles, de tabourets de bar, de parasols et les cow-boys fuient en emportant deux blessés chez eux. Sous le regard, 100 mètres plus loin, d'une escouade de CRS qui ne lève pas le petit doigt pour secourir des collègues qu'ils haïssent cordialement.
Notons pour les crétins ou francs salauds faisant la différence entre bons et mauvais manifestants qu'il y a là des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des lycéens, des chasubles syndicales, des fainéants, des travailleurs, en somme un bon nombre de lapins ayant décidé de devenir chasseurs, pour voir l'effet que ça fait.
À part les boulevards, les troubles s'étendent au secteur Capitole, Esquirol, Saint Pierre, Matabiau. 
Pause musicale avec tube immortel et en play-back (1978)

 


Les graffitis fleurissent.
(La foule triomphera, Consommez local, bouffez vos flics, 1312, etc.)

Le côté rigolard s'exprime dans les chants, les slogans : Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau ! Ou on voit des milliers de gens reculer face à une charge en chantant On vous a niqué ! avant de se reformer au cul de la charge. Une rumeur court sur les grévistes d'Enedis ayant coupé le jus sur les quartiers concernés et, de ce fait, les caméras de surveillance. Qu'en est-il vraiment, on va pas tarder à être fixés. À la tombée de la nuit, la ville est illuminée de brasiers. Dans la pénombre d'un éclairage public déficient, entre deux incendies, des jeunes gens dansent au son d'un accordéon sur une place libérée. Bilan de la journée : la peur, cette sainte trouille par laquelle on prétend tenir la foule s'est envolée. On dirait même qu'elle a sauté dans la tranchée d'en face.

Comme un printemps avec un millier de 19 juillet. Esprit du feu, ne nous abandonne jamais !

 


 

vendredi 17 mars 2023

Parenthèse d'actualité : pas possible d'être aussi mauvais

 

Quelque part en France 16 mars 2023 
 

Et puisque les minables qui nous gouvernent et  ceux qui prétendent nous canaliser se sont mis d'eux même au pied du mur, rêvons un peu avec cette interrogation des Ruts :  Who's gonna rule when the government 'll fall ?

lundi 6 février 2023

Réforme des retraites, mon œil !

 

Allez gars, plus que 5 ans au taf !

On vous l'avait dit et répété, que le "bon temps" des allocs c'était fini, bande de nazes.   
Mais il faut être singulièrement aveugle pour ne voir que l'infâme réforme des retraites, en cette saison.
Il y a eu une loi réduisant les droits des chômeurs comme peau des chagrins passée dans l'indifférence quasi générale.
Une loi sur l'immigration qui, outre sa démagogie et les drames humains qu'elle implique, créée une catégorie intermédiaire de régularisés provisoires au bon vouloir du patron.
Et une loi sur le logement qui fragilise encore locataires et squatteurs, redonnant du pouvoir aux proprios.
Vu comme ça, c'est beau comme une offensive qui partirait à la fois de Biélorussie et du Donbass. 
Y'a plus qu'à souhaiter que ça finisse tout aussi brillamment. 

Une ode au salariat de Béranger reprise par Sanseverino.

lundi 30 janvier 2023

Alors, comme ça l'Europe voit les Français qui ne veulent plus bosser avec stupéfaction ?

 

Estimé monsieur le patron,
je t'envoie cette lettre  
parce que j'ai été ouvrier pour toi, à la tuilerie.
J'ai bossé pour toi et ça ne m'a pas réussi. 
Je t'ai donné ma santé et ma jeunesse. 
Une vie perdue à cavaler après des factures.
Et j'ai mal aux reins
Qui ont sué tes millions.
 
Toujours à faire la même chose
pour suivre ma destinée toute tracée.
Et ce n'était pas marrant.
Même si je m'en rends compte bien tard, 
C'est le boulot qui m'a fait ça.
Je n'en suis pas satisfait et je voulais que tu le saches.
Et j'ai mal aux reins
Mes douleurs, tes millions.  
La Polla Records (1991) du LP Los Jubilados (Les retraités)

lundi 24 octobre 2022

Des rats qui courent

 

Comme on le voit sur le document ci-dessus, en avril 1981*, le riant quartier de Brixton, district de Lambeth, municipalité de Londres fut le théâtre d'un certain mécontentement qui passa vite aux actes directs.
Margareth Thatcher, qui n'en ratait pas une, déclara alors qu'il ne s'agissait que de Race riots (émeutes raciales).
Le quartier répliqua fièrement : un énorme graffiti sur l'avenue dite "la frontline", proclama There is no race but the rat race !  
 


Les camarades traducteurs de la brochure de l'époque, Like a summer with a thousand julys, en avaient donné une version approximative et fautive ainsi tournée "Il n'y pas de races, hors la race des rats." Raté, les copains ! 
Faut dire que le retour à l'envoyeur était pour ainsi dire intraduisible vu qu'en british "race" signifie à la fois "race" et "course" et qu'on causait bien là de la fameuse "course du rat".
Sorry, mate ? Tu ne sais point ce qu'est cette fameuse course ? ben, la course à l’échalote vers l’ascenseur social, une fuite en avant vers la promotion, le pouvoir...
À l'époque où un racialiste était forcément un simple raciste, le sens de la répartie des héritiers de King Mob fut savouré et applaudi à sa juste valeur.
The Specials avaient d'ailleurs re-popularisé cette expression, déjà utilisée par Bob Marley avec une vidéo qui parle d'elle-même.

 

* Mais aussi en 1977, 1985, 1987....

 



dimanche 14 août 2022

Un fossoyeur nommé Joe

 

Cette photo trouvée sur le blog de Mr Pop nous a fait creuser le sujet.
Contrairement à ce qu'aurait fait son collègue Malcolm Mc Laren, inventeur auto-revendiqué des Pistols, le trotskiste Bernie Rhodes, manager des Clash n'a jamais utilisé cette anecdote pour monter une légende et le premier intéressé, néanmoins pas avare en anecdotes souvent exagérées, ne s'en est guère vanté.
Et pourtant, ce mélancolique fossoyeur, employé municipal du cimetière de St Woolos à Newcastle n'est autre que John Graham Mellor, plus connu sous son nom de scène : Joe Strummer.
Un public amorphe

En 1973, le Joe, 21 ans, a déjà de la suite dans les idées : ayant rompu avec son milieu bourgeois (père diplomate, mère infirmière) il accepte tout boulot pour survivre dont celui-ci, à 15 livres la semaine, en attendant de connaître la gloire grâce à son premier groupe The Vultures. Ce qui signifie "Vautours" et colle donc à merveille avec le job du moment. Le groupe n'ira nulle part et notre Rastignac du rock déménage dans un squat londonien de Walterton Road pour monter un groupe de pub rock tout simplement nommé selon l'adresse du domicile : The 101er's.  

Qui se font une renommée dans les bistrots de la capitale, sortent un single (dont voici la face A) et se retrouvent avec une bande d'excités en première partie, The Sex Pistols, qui va changer la destinée du jeune homme.
Mais ça, c'est une autre histoire...

 

Achevons avec une anecdote, un autre personnage des débuts du punk anglais, Dave Vanian, des Damned, fut lui aussi fossoyeur à ses débuts. Il l'assuma beucoup plus volontiers en se mitonnant un look de Nosferatu. 
Une curiosité en hommage à la profession, un texte du jeune David Bowie de 1966.
 


samedi 19 mars 2022

Du côté des modernes

 

Éloignons-nous momentanément de la guerre, enfin de la pure et dure, pour revenir à notre doux pays.
Ainsi, le pass vaccinal a été suspendu (Pigé ? Sus-pen-du, peut resservir à tout moment) le masque tombe en désuétude, nous pouvons tous et toutes revenir consommer dans les boites de nuits et autres restaus et le télétravail n'est plus obligatoire pour ceux qui avaient encore le choix. 
Enfin, on va pouvoir retrouver ses collègues au turbin.
Il reste toutefois d'indécrottables cul-terreux rétifs au progrès.Sauf en ce qui concerne le fond musical.
Mesdames et messieurs, les Astaffort Mods. L'odyssée du putain d'espace du disque Sardines à l'huile aux pruneaux (2020).
  

mardi 28 décembre 2021

Working class man

On vient d'apprendre la disparition de Thomas Mensforth aka Mensi, dernier membre original des Angelic Upstarts, groupe pionnier de la Oi monté à 1977 à South Shields, qui, comme son nom ne l'indique pas, est située à deux pas de Newcastle (ses usines, ses chômeurs, ses putains de groupes des années 1960...).
On confesse n'avoir guère suivi la carrière des Upstarts ces dernières années, pas tant par désintérêt pour ces groupes brits qui s'éternisent en renouvelant sans cesse le personnel (après tout, les anglais ne connaissent pas le statut d'intermittent et faut bien bouffer entre deux chantiers au noir) mais par l'impression, certainement fausse, que ces gars avaient déjà dit tout ce qu'ils avaient à dire. Ce qui est un peu injuste.
Comme la page wiki de la bande est bien foutue, on va pas broder sur le fait que encore un combo formé après avoir vu les Clash (thanks Joe!) que ces gars étaient d'authentiques porte_voix de la classe ouvrière de l'époque et que leur premier 45 tour The Murder of Liddle Towers (Rough Trade) narrant le tabassage à mort d'un gars par la police leur valut un boycott et un  harcèlement flicard qui, en même temps, assura leur renommée.

Traités de "parvenus" par tout ce que que la scène skin comptait de pénibles et de fafs, ils furent signés par Jimmy Pursey (t'en veux du parvenu ?) alors directeur artistique chez Warner, ce qui leur permit de cracher leur haine de Thatcher et sa clique en grande pompes. 
Preuve, cette ballade issue de l'album Power of the press (1986) célébrant l'attentat le plus connement raté par l'IRA provisoire : Brighton bomb.

 
Depuis, les uns et les autres s'en sont allés et Mensi était resté l'âme du groupe. Cette saloperie d'épidémie a eu sa peau. Encore un peu de notre jeunesse qui fout le camp avec lui. Un dernier hommage à son côté folkeux avec Solidarity. 
Que la terre te soit légère. 

vendredi 19 novembre 2021

Le blues du travailleur : bullshit jobs

 

La photo ci-dessus, trouvée le blog de M. Pop 9, nous a irrésistiblement attiré l’œil. On s'est d'abord demandé quel était le curieux instrument dans lequel soufflait la gaillarde. Heureusement, il y a une légende jointe, en anglais, qui donne à peu près ceci : Mary Pierce, "tambourineuse vers le haut" qui gagnait 6 pences par semaine en tirant des pois secs sur les fenêtres afin de réveiller les gens qui devaient aller bosser (East London, années 1930).
Franchement, connaissiez-vous beaucoup de boulots plus merdiques qu'aller réveiller autrui les bombardant des petits pois ? 
Quoiqu'à notre commentaire en ce sens, l'intéressé répondit : Tu m’étonnes. Mais faut aussi reconnaître qu’à l’époque, y avait des turbins bien pires que d’faire la tournée des popotes avec une sarbacane — et aujourd’hui, quand je regarde les jeunots qui font du vélo avec un sac à dos cubique pleins de sushis industriels et de pizzas lourdingues…
Notre camarade lorrain étant dans le vrai, on avoue qu'il y a eu et existe encore des métiers ô combien plus pénibles. On nage juste avec ce boulot entre l'absurde et le loufoque. 
Ce qui nous a évoqué cette chanson du premier album des Clash reprise sur leur triple disque Sandinista ! (1980).
Après tout, à l'origine, elle avait été écrite pour prévenir les gosses.
 
 
Dans le genre chagrins stupides ou délirants, le petit commerce possède des variantes illimitées. Prenez ces vendeurs d'attrape-mouches.
 
Ou ceux de dentiers d'occasion (devaient être confortables en bouche, tiens).
 

Mais à évoquer ces allumeurs de réverbères et autres marchands d'Arlequins, offices d'un monde lui aussi disparu, on risque de glisser dans une nostalgie à tendance folklorique.
Il est donc temps de réitérer notre position vis à vis du salariat qui pour être théorique (ben oui, nous aussi on est allé gagner notre croûte) n'en est pas moins ferme.
On va l'illustrer par ce tube de Zoufris Maracas, groupe de variétoche des années 2010 à orientation poil à gratter.

vendredi 16 juillet 2021

Savoir terminer une révolution

 

Le canon de San Lazaro continuait de tonner (...)
Belarmino était hors de lui parce que ce canon semblait prouver que les ouvriers ne respectaient pas le pacte. Il décidé d'aller lui-même les mettre au pas, suivi d'un groupe de fidèles.
Le canon était servi par un artilleur de Trubia qui obéissait aux ordres d'un groupe de Mieres. Belarmino se dirigea vers lui.
- Mais vous n'avez pas reçu l'ordre de cessez-le-feu ?
- C'est qu'ils m'obligent. Je dois tirer de force.
- On va voir ça. Où est le chef de groupe ?
Le chef, un petit jeune trapu à la chemise déboutonnée et à l'air hostile apparut à la porte d'une maison voisine. Il avait le pistolet au poing et était escorté d'une demi-douzaine d'hommes armés. Belarmino l'interpella.
- Tu ne me reconnais pas, camarade ?
L'autre le regarda, un peu sombrement avant de répondre.
- Si, je sais que tu es Belarmino, celui de Sama.
- Pourquoi n'a-tu pas exigé le cessez-le-feu ? Le comité l'a exigé.
- Le comité, connais pas, répondit le mineur excité. Y'en a qui disent que les comités se sont enfuis, d'autres qu'ils négocient avec les militaires. Moi, j'en sais rien. Moi, c'est Peña qui m'a nommé ici et il ne m'a pas encore donné l'ordre d'abandonner.
- Nous autres on se rend pas, intervint un autre jeune en arme. S'ils veulent le canon, qu'ils viennent le chercher.
Belarmino Tomàs expliqua calmement dans quelles conditions la reddition avait été décidée. La lutte était perdue et il fallait éviter des représailles dans les foyers des bassins miniers. L'idée socialiste n'était pas vaincue et ils auraient l'occasion de retourner au combat en son nom. Mais y faire obstacle désormais ne ferait que nuire à la classe ouvrière.
Face à ses paroles, les révolutionnaires ont cédé.
- Mais on rend pas les fusils, hein ? Ça, à aucun prix.
 
Manuel Grossi Mier L'insurrection des Asturies
cité par Ignacio Diaz, Asturies 1934, une révolution sans chefs 
Belarmino Tomàs  

Germaine Montéro dans une chanson de Paul Lançois et Paul Arma (1934)

Et pour détendre l'ambiance, Cuenca minera (bassin minier) de Siniestro Total (1993)


jeudi 8 juillet 2021

Le blues de la travailleuse : la grève de Douarnenez 1924

 

 
À Douarnenez, à Concarneau, les hommes sont généralement marins et les femmes travaillaient aux ateliers de conditionnement des prises, principalement des sardines. On appelait d'ailleurs ces ouvrières des Penn Sardin
Travaillant jusqu'à 18h par jour, payées à la pièce, ces femmes déclenchèrent une série de grèves en 1905 pour exiger un paiement horaire. S'étendant à toutes les villes côtières, ce conflit se conclue par la victoire des ouvrières et la création du Syndicat des sardinières. 
En 1924, elles perçoivent entre 80 centimes et 1,30 franc de l’heure. Elles sont en poste plus de 70 heures par semaine et il n’existe aucune prise en compte du travail de nuit ou des heures supplémentaires.
Une grève réclamant une augmentation conséquente éclate en novembre 1924. Elle va durer 46 jours et, pour la première fois, les hommes se rangent derrière les ouvrières. Les marins entrent dans la danse et toute la côte est bientôt paralysée. Le maire communiste de Douarnenez, Daniel Le Flanchec, soutient le mouvement et organise des soupes populaires. Ce qui lui vaudra d'être destitué par l'État et la ville mise sous tutelle. Autre leader communiste, Charles Tillon, récemment sorti des geôles pour mutinerie se démène et connaît même quelques cuisants échecs en tentant d'étendre la grève à la côte basque et vendéenne.  
Malgré la violence des gendarmes mobiles et le recours massif à des jaunes, la ville est paralysée. Le Flanchec est même victime d'un attentat causé par des nervis du patronat.  
Les agriculteurs locaux ravitaillent les grévistes et des collectes sont organisées dans toute la France. Le ministre du Travail offre sa médiation.
Le 8 janvier 1925, les patrons finissent par cèder et les ouvrières gagnent 20 centimes d'augmentation. 
Ces ouvrières, réputées catholiques et soumises, ont foutu un beau bordel sur toute la côte et, comme on chantait pas mal dans les ateliers, voici la chanson la plus célèbre qui leur rend hommage, paroles écrite par Claude Michel (une femme) musique de Jean-Pierre Dovilliers : Penn Sardin.

 

Un autre air fort populaire fut Saluez, riches heureux, repris aux ouvriers de Carmaux lors des grèves de 1909 et 1910. Ici chantée par Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière

 

On retrouve cette histoire dans une chronique d'Aliette de Laleu sur France Musique.

À Bastien R.  

In memoriam

lundi 14 juin 2021

Un hymne ouvrier asturien

 

Profitons de la sortie du livre d'Ignacio Díaz pour nous arrêter sur l'autre hymne asturien, l'officieux. Autre parce que comme toute province, cette contrée possède un hymne officiel qui vante ses jolis paysages et qui fut d'ailleurs écrit par un compositeur cubain. Passons.
En el pozu María Luisa est devenu à la fois le chant de ralliement des mineurs et la chanson asturienne par excellence, celle qui est reprise dans toutes les fêtes et manifestations. 

Le puits María Luisa est situé dans un des principaux bastions ouvrier, sur la commune de Langreo. L'extraction du charbon était destinée à alimenter les hauts fourneaux de l'entreprise métallurgiste Duro Felguera, que les ouvriers occupèrent en octobre 1934 pour y construire des véhicules blindés au service de la révolution. 
Sa construction dura de 1918 jusqu'en 1943. 
Si cette mine est passée à l'histoire, c'est par la faute d'un coup de grisou qui la ravagea le 14 juillet 1949, tuant 17 ouvriers.
Ce massacre industriel passa en chanson en détournant un cantique dédiée à la patronne des mineurs Santa Barbara bendita. 
Un mineur maculé de sang, tête fracassée et chemise en lambeaux y témoigne de l'accident à sa femme qu'il appelle du diminutif affectueux Maruxina (Coccinelle en asturien). Outre la description de la catastrophe, il y est souvent rajouté des couplets insultants patrons, actionnaires et contremaîtres. 
Contrairement à la légende, cet air est donc tout à fait postérieur à la Guerre civile.
Il existe des milliers de versions de ce classique des jours de barricades. Celle-ci est du groupe asturien Nuberu, illustrée des riches heures du prolétariat local, en particulier de la marche sur Madrid de 2012 (les flics de la capitale en conservent  un cuisant souvenir).  

Curieusement, il existe plusieurs variants bretons de cet hymne, dont une reprise par Gilles Servat ainsi qu'une autre évoquant une grève d'ouvrières sardinières sur laquelle on reviendra.

On se quitte sur un authentique air d'octobre 1934.

 



vendredi 28 mai 2021

Révolution en mode mineur

 

Les armureries sont dévalisées et les vigiles des entreprises minières désarmés. Leur arsenal, ajouté à celui récupéré aux forces de l’ordre, passe aux mains des miliciens. Près de Mieres, à Santullano, les miliciens empêchent les travailleurs de lyncher José Cela, cacique local. Dans bien des bourgs, le peuple prend les mairies d’assaut et brûle les registres de propriété. À Nava, la maison d’un grand propriétaire et le presbytère sont incendiés. Plusieurs moines et prêtres particulièrement détestés sont exécutés par le peuple en armes.

«  Les détonations qui se propageaient de village en village et de vallée en vallée étaient le signe que la révolution s’étendait victorieusement dans toutes les Asturies, les enveloppant de son rouge brasier. » (Manuel Villar) 

La progression des révolutionnaires est irrésistible : ils fondent sur le dépôt de locomotives de La Argañosa, la caserne de la sécurité publique et la radio. Ils se battent dans le quartier historique autour de la mairie dont ils s’emparent finalement. Les dynamiteurs sont en avant-garde, suivis des fusiliers.

« … parmi les révolutionnaires, une catégorie doit passer à l’histoire de l’insurrection asturienne avec tous les honneurs : les dynamiteurs. Ils formaient l’avant-garde des colonnes insurgées devant lesquelles, juste à les sentir approcher, les forces de la réaction abandonnaient fréquemment leurs postes. Ils étaient vus comme des demi-dieux par le peuple ouvrier et comme des démons échappés du pandémonium par les bourgeois et autres ennemis de la révolution. Ils formaient un petit groupe qui, placé à l’avant des tirailleurs, ouvrait inexorablement la voie. Si quelques portes s’opposaient à l’avancée de la révolution, ils les faisaient voler en éclats, si c’étaient des murs, ils les abattaient, si c’étaient des hommes, ou ils se dispersaient pour laisser le champ libre aux insurgés ou ces derniers n’avaient plus qu’à passer sur leurs cadavres. » (N. Molins i Fábrega)

 
Mais comment en est-on arrivé là ? 
Nos valeureux mineurs implanteront-ils le communisme libertaire aux Asturies ?
L'Espagne suivra-t-elle ? Et que fait l'armée ? Et les anarchistes ? Et les socialistes ? Et qu'est devenu le pognon de la Banque d'Espagne d'Oviedo ?
La Commune des Asturies fut-elle la répétition générale de la guerre civile de 1936 ? Une geste antifasciste ? Unitaire ? Spontanée ?
Vous trouverez les réponses à ces questions et à bien d'autres dans l'ouvrage, entièrement subjectif, du camarade asturien Ignacio Díaz désormais disponible et édité par Smolny Asturies, 1934. Une révolution sans chefs. 
Ce sera distribué dans toutes les bonnes crémeries. Sinon exigez-le ! Ça sort le 11 juin


 
 

 

vendredi 21 mai 2021

Réal V Benoît, prolo québecois


Il est notoire que l'ouvrier a une espérance de vie plus limitée que bien d'autres catégories sociales (huissier, académicien, toubib...).
Il est des exceptions et l'ami François, du pays d'en face, nous signale un petit gars qui fait preuve d'une belle longévité malgré ses deux carrières.
Né en 1945 dans la région d'Abitibi-Témiscamingue (en Cri et Algonquin dans le texte) à l'ouest du Québec, Réal V. Benoît est un mineur de fond qui se lança dans la chanson au début des années 1970. 
Vite surnommé le "chanteur-mineur" (pourquoi pas le "mineur chantant" tant qu'on y est ?) le gars en a eu vite class de se produire sur scène en habit de travail à l'insistance de quelques producteurs et de se faire arnaquer par des labels véreux pour ses trois LP Voilà (1971), Revoilà (1972) et Pour le fun (1973). 
Chanteur de folk countrysant doté d'une conscience de classe à fleur de peau et au son fruste, il se fit une belle popularité avant de tout envoyer paître pour retourner dans les obscures galeries. Après avoir annoncé son départ sur scène, il resta anonyme vingt-cinq ans durant.
Un exemple de son art : Ça peut pas marcher.
 
 
Et le bonhomme refit une apparition en 2005 en artisan de la chanson, allant jusqu'à se produire avec un accompagnement enregistré. Depuis, il a sorti trois nouveaux disques et taille sa route en persistant à maudire l'arrogance des possédants et à s'adresser aux prolos.
Même si de nos jours, il faut parfois tout expliquer, comme dans ce Christ de pauvres. 

dimanche 11 avril 2021

Le fils père


C'était longtemps avant la loi Neuwirth et, à plus forte raison, la loi Weil.
Une moitié de la classe ouvrière était en butte aux affres d'une grossesse qui ferait sombrer un foyer dans la pauvreté alors qu'une partie de la bourgeoisie subissait les persécutions libidineuses de l'autre. Et il fallait placer les bâtards en nourrice.
Une chanson de 1924 prend ce problème de société à bras le corps. Musique de Pierre Chagnon, paroles de Georgius, celui-ci ne l'a jamais enregistrée, peut-être vu l'énormité du sujet. 
Heureusement, une réjouissante version de Michèle Bernard, enregistrée en 1983.  
Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux

mercredi 7 avril 2021

Et la Wallonie se souleva

La soldatesque tire à Roux

En 1886, une flambée insurrectionnelle se répand de Liège à Charleroi pendant près d'une semaine, résultat d'une rage confusément accumulée pendant des années. Ce mouvement obtiendra deux réponses . D'une part, une implacable répression étatique (la troupe charge, sabre, tire et tue; les magistrats ont la main lourde). D'autre part, l'encadrement politique et social par le tout jeune Parti Ouvrier Belge (futur Parti Socialiste), fondé l'année précédente. 

18 mars 1886, 15e anniversaire de la Commune de Paris. Une poignée d'anarchistes liégeois décide de commémorer l'événement par un meeting qui va déborder au-delà de leurs espérances.


Bien sûr, un tract ne produit pas un soulèvement, mais il peut comme ici en exprimer, en clarifier, en attiser les motivations. Les émeutes qui s'étendent pendant près d'une semaine depuis Liège jusqu'au bassin de Charleroi témoignent d'une colère qui grondait souterrainement. Le radicalisme des mots d'ordre, les destructions perpétrées sur l'appareil de production et sur les biens de leurs propriétaires (comme aux verreries Baudoux à Jumet), la violence des affrontements avec les forces de répression sont autant d'indices qui témoignent de la virulence de la flambée insurrectionnelle. Les autorités craignent même que la contagion ne gagne la troupe envoyée rétablir l'ordre. Le danger devenait en effet bien réel et que l'on passe ainsi de l'émeute et de l'insurrection au mouvement révolutionnaire. Cela ne s'est pas produit. L'histoire a des leçons à donner, pas à recevoir.

La répression n'a eu d'égale que la crainte éprouvée par les possédants. Dès le 24 mars, les sanctions pleuvent. presque toutes les peines prononcées atteignent le maximum. (...) Au lendemain des troubles de Liège, l'opinion conservatrice et le gouvernement, d'une seule voix, en avaient attribué la cause à des agitateurs, à un complot de l'étranger. alertées, les chancelleries n'en ont découvert aucune trace, si ce n'est des mouvements analogues en France, en Angleterre ou aux États-Unis d'Amérique (René Van Santbergen, La grève de 1886).

Le retour au travail, la mise au pas des prolétaires sous l'égide de leur représentants politiques ne se fera pas sans heurts. " Le POB voulait faire peur à la bourgeoisie en lui disant: Attention, je vais lâcher les chiens, mais la vraie peur du POB, c'était de devoir vraiment les lâcher " (Robert Devleeshouwer, cité par JP. Schreiber, in La Wallonie née de la Grève?, édition Labor, 1990). Et puisque régulièrement certains amnésiques accusent le Parti socialiste de trahison, voire même de chanter faux l'Internationale, il est bon de rappeler qu'il n'a résolument jamais rien fait d'autre. 

Comme cet article est tiré du site des René Binamé on leur laisse le dernier mot avec un tube écrit par un Wallon célèbre suivi d'une chanson ouvrière en dialecte wallon.