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mardi 11 janvier 2022

Jesse James, populaire crapule

 

Jesse et Frank
 

L'Histoire joue parfois de drôles de tours à la postérité.
Ainsi, Jesse James, leader du gang James-Younger est-il devenu un des bandits les plus renommé des États-Unis, ce qui là-bas signifie un des plus chanté et des plus filmé. Et pourtant le bilan de ce "Robin des bois du Missouri" est loin d'être brillant. 
Fils de pasteur, deuxième d'un fratrie de trois, Jesse et son frère aîné Frank furent élevés dans une ambiance farouchement pro-sudiste. Bien avant le déclenchement de la guerre de Sécession, entre 1854 et 1861, deux états voisins, le Kansas et le Missouri connurent une série d'affrontements, de meurtres, d'émeutes, de fraudes électorales entre colons les peuplant ayant pour cause leur adhésion aux États-Unis et, de ce fait, la question d'y déterminer où l'esclavage était ou non légalisé. Même si la culture du coton y était inexistante, les colons sudistes du Missouri obtinrent dans un premier temps le statut d'état esclavagiste alors que le Kansas voisin et peuplé d'une forte minorité d'origine germanique était farouchement anti esclavagiste, favorisant les réseaux d'évasion vers le Nord (dit le "chemin de fer souterrain").    
Ayant grandi dans ces prémices de la Guerre civile, les frères James s'engagent chez les Sudistes dès que celle-ci est déclarée en avril 1861. 
Clement, Hendricks et Anderson

La ferme familiale étant ravagée par des irréguliers nordistes, James, à peine âgé de 16 ans va s'engager dans les troupes de William Quantrill, les bushwalkers, qui livrent une guérilla sans merci aux nordistes du Kansas qui répliquent avec d'autres francs-tireurs, les Red legs ou Jayhawkers. Et c'est parti pour deux années de massacres.     
C'est chez les écorcheurs de Quantrill que Jesse fait la connaissance de futurs associés tels "Bloody" Bill Anderson (collectionneur de scalps) Archie Clement ou Cole et Jim Younger tout en apprenant sur le tas ce qui assoira ensuite sa réputation. 
Le principal exploit de ces charmants jeunes gens sera le Massacre de Lawrence où après avoir occupé cette ville du Kansas, ils y exécutent 182 hommes et incendient 185 maisons. Inutile de préciser que dans cette guerre il n'y a pas de prisonniers et tout soldat nordiste capturé est assassiné. De même les soldats bleus se font un plaisir de pendre tout irrégulier du Sud sur lequel ils mettent la main. Le général fédéral Ewing fera même évacuer plus de 10 000 civils du territoire bordant la frontière du Missouri, rendant cette région désertique pour un bon moment. Traqués, harcelés, la bande de Quantrill s'en va piller le Texas, pourtant territoire confédéré. Puis,, vaincu, le Sud capitule.
Les soldats rebelles sont donc amnistiés sauf les irréguliers, ce qui est le cas de tous ces guérilleros. Qui n'ont aucun mal à se planquer dans le comté de Clay (Missouri) qui leur est acquis et où la haine du nordiste reste encore tenace jusqu'à nos jours. 
 
Dos au mur, les fugitifs du groupe Quantrill se reconvertissent dans les attaques de banques dès février 1866 avec celle de Liberty (60 000 dollars) Lexington (2000 dollars seulement) Richmond (trois citoyens tués et un bandit lynché), Russelville (1450 dollars) et Gallatin (500 ridicules dollars et un caissier flingué).
Bien entendu, s'en prendre aux banques n'est pas pour déplaire à une population de fermiers pressurés par ces agences. Le gang étend ses activités à l'Iowa et tâte du braquage ferroviaire, spécialité qui va les rendre à jamais célèbres. Et leur assurer une réputation de bandits d'honneur grâce à la stupidité et à la brutalité de l'Agence Pinkerton, chargée de les traquer qui assassinera le jeune John Younger (16ans) qui ne fait pas partie du gang, ainsi qu'Archie James, âgé de 8 ans et benjamin de la fratrie. On retrouvera des restes d'agents de la Pinkerton dans une auge à cochons.  
Cette légende dorée des James a été très vite fredonnée dans les campagnes. Les Lomax en ont tiré quelques enregistrements et même Woody Guthrie y est allé de son refrain.
 
 
Malgré une amnistie promise par plusieurs politiciens, le gang lance un raid sur le Minnesota et cette fois, tout va de travers. Le 7 septembre 1876, l'attaque de la banque de Northfield vire au désastre: les habitants tirent massivement sur la bande, deux outlaws sont tués et tous les autres plus ou moins gravement blessés. Divisés en deux groupes, le premier d'entre eux est ensuite exterminé tandis que les frères James s'enterrent un temps dans le Tennessee sous une fausse identité. Fin 1879, attaques de trains et de diligences reprennent. Mais règlements de compte (Jesse abat Ed Miller qui voulait quitter le gang) et chutes se multiplient simultanément au sein de la bande. Qui se trouve bientôt réduite aux frères James et aux frères Ford (Robert et Charlie) 
Le gouverneur du Missouri avait offert 10 000 dollars pour la capture ou la mort des concernés. Et comme dans toute belle histoire de bandit d'honneur c'est Bob Ford qui tiendra le rôle du dirty little coward qui tue Jesse James dans le dos alors qu'il époussette un tableau. Et ça donne une autre ballade avec en intro le début du film de Samel Fuller, J'ai tué Jesse James (1949). C'est Johnny Cash qui s'y colle.

 

Et comme dans toute bonne chanson de geste, les frères Ford ne profiteront guère de leur traîtrise : après avoir touché bien moins que prévu, Charlie se suicide en 1884 et Robert est tué dans un saloon en 1892 par un admirateur de Jesse James. Frank James, qui a négocié sa reddition, est acquitté à son procès et finira garde du corps du président Théodore Roosevelt. Bob Younger est mort en prison, Jim se suicide à sa sortie en 1902 et Cole devient prédicateur.
Une vraie histoire américaine !
Restent plus d'une quinzaine de films dont certains très recommandables, quelques BD (dont un excellent Lucky Luke) et un nombre effarant de chansons. Pas mal pour un petit gars somme toute plutôt sanguinaire. 
 

 

mercredi 13 mai 2020

Creedence, la guerre et une version ratée

Voir du pays et revenir dans un sac
Il fut un temps où faire du tourisme pouvait se révélait déjà périlleux, mais ça n'avait rien à voir avec quelques virus dévastateurs. Il fut aussi un temps où les guerres étaient autre chose que le fait de se confiner chez soi.
De 1964 à 1975, des centaines de milliers de jeunes états-uniens et  australiens, coréens du sud ou thaïlandais furent ainsi envoyés visiter le Viêt Nam pour faire rempart aux rouges quel qu'en soit le prix.

Visitez Saïgon et gagnez une bastos

On sait que ce pays ainsi que ces deux voisins, Cambodge et Laos furent ravagés et que cet affrontement entre super puissances par pions interposés laissa officiellement plus de 1 500 000 morts, dont quatre fois plus de nord vietnamiens ou de leurs alliés.
On sait également qu'en occident, cette boucherie provoqua une vague de contestation, particulièrement aux USA.
Particulièrement après 1966, date à laquelle le ministre de la guerre, Mac Namara, édicta son "projet des 100 000", destiné à vider les rues des jeunes prolos n'ayant peu ou pas fait d'études. Il suffisait donc de faire des études universitaires pour échapper à la jungle sous napalm. Ou bien de se mutiler ou d'être soutien de famille. D'où les énormes quantités de déserteurs qui se planquaient ou se trouvaient au Mexique, au Canada ou en Europe.
Comme il était évident, depuis l'offensive du Têt de 1968, que cette guerre ne serait pas gagnée ou alors à un prix exorbitant, la contestation anti-guerre gagna encore en ampleur aux États-Unis, de nombreuses chansons en témoignent.
Particulièrement efficace, le Fortunate son de Creedence Clearwater Revival.
Sortie en 1969, cette chanson fustige les va t'en guerre qui n'y vont surtout pas et les gosses de riches échappant au service militaire.
Immédiatement populaires, ces 2.20 minutes de rage ont beaucoup servi lors de multiples manifestations contre la guerre ou la classe dominante. Ici avec les paroles :


Reprise plus récente : où l'on voit Bruce Springsteen, lui-même, battu aux points par un John Fogerty qui fait étonnamment plus jeune que lui

 

Et pour sourire un peu avec le côté pathétique du personnage, voici la version en français par l'opportuniste de service, Johnny Hallyday.