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lundi 15 mars 2021

La semaine des assassins

Surprenant à quel point, à l'occasion de son cent-cinquantenaire, la Commune de Paris fait recette et pas uniquement dans la presse de gauche et bien pensante. Ça prend même des airs d'enterrement qui ne sont pas sans nous rappeler d'autres commémoration d'il y a plus de trente ans, en 1989. 
Il semble que comme, par exemple, George Orwell, cette révolution écrasée serve de consolation à bien des bons bourgeois démocrates. 
Faut-il rappeler que ce sont parfois les mêmes qui adulent Jules Ferry, Gambetta, voire Clemenceau, qui viennent aujourd'hui verser une larme de crocodile sur le mur des Fédérés ?
Et que c'est bien la République qui écrasa la Sociale avec tout son savoir-faire.  
Mais journalistes policiers vomissant leur eau-forte et récupérateurs grouillent comme un tas de verrues sur la cadavre des vaincus (merci pour les images, Eugène).
Rappelons une réalité vue par un témoin :
Les gens du quartier commencent à sortir, ils vont prendre connaissance de ce qui se passe dehors. Ils reviennent avec des récits épouvantables. La berge du fleuve est parsemée de cadavres, les rues aussi. Dans certaines cours, des corps morts sont amoncelés. On emporte les carcasses par charretées pour les enfouir dans des fosses profondes qu'on recouvre de chaux vive. Ailleurs, on les asperge de pétrole  puis on les brûle. On a vu des convois de dix à douze omnibus remplis de débris humains.
Un ami qui nous apporte des renseignements montre les semelles de ses bottines imprégnées de sang.
Des deux côtés de la Seine, un filet rouge coule le long des berge.
Elisée Reclus La Commune de Paris au jour le jour (27 mai) 
 cité par Michèle Audin dans La semaine sanglante (Libertalia)

 Puisqu'on paraphrasait Pottier, son Jean Misère par Mouloudji (1971)


jeudi 18 janvier 2018

Évacuation prochaine de la ZAD ?



Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant (Tacite)
Ils ont fait un désert et appellent ça la paix.

Du moins c'était ce qui était prévu, dans la grande tradition nationale.
Et puis, ils ont arrêté les frais, balancé un gros nonosse à un ministre de l'écologie dévalué, un autre à Vinci, dont la taille est à évaluer. Et roulé une dernière fois des mécaniques avant de s'éloigner la queue entre les jambes.
Une petite chanson de Marc André d'après un texte du collectif de la Roche-sur-Yon et une musique de qui vous savez. En honneur à la tronche tirée par l'ex président de région :



Allez savoir pourquoi, les rodomontades finales du ministre de l'intérieur qui rêve de rendre quelques hectares à l'autorité de l'État et de la SAFER inspirent quelques associations d'idées. Du Eugène Pottier en rapport avec l'authentique affiche ci-dessus.



jeudi 20 avril 2017

À vos calepins


L'Herbe Tendre a cinq ans. En conséquence, l'Herbe Tendre aimerait partager un verre pour fêter ça. D'ailleurs, l'Herbe Tendre ne voit pas ce qu'il y aurait de plus passionnant à faire ce jour là. À moins que...
L'Herbe Tendre aime les bals musettes, le rockabilly, le folk transnistrien et les lampions. Car l'Herbe Tendre est souvent d'un passéisme crasseux.
L'Herbe Tendre donne rendez-vous aux aminches. L'Herbe Tendre fera donc des crêpes. L'Herbe Tendre veut guincher en attendant la mort. L'Herbe Tendre aime la valse, le be-bop et le pogo. Si l'Herbe Tendre ne peut pas danser, elle ne veut pas faire partie de votre révolution. L'Herbe Tendre vomit les tièdes. Certes, l'Herbe Tendre est parfois cuistre mais jamais vulgaire. L'Herbe Tendre a invité ses potes muzicos. Et a une riche sélection de disques.Vous n'aurez donc aucune excuse de ne pas venir agiter votre séant en rythme et partager un verre avant de repartir pour cinq années de deuil.
On vous attend donc le 7 mai 2017 dès 16h à l'Atelier Idéal (i.e. La Chapelle) au 36 rue Danièle Casanova (Métro Canal du Midi ou Compans-Cafarelli) 31000 Toulouse.

On peut aussi amener à grignoter.
Et on tâchera de ne pas démériter face à Helzapoppin


Et comme un bonheur n'arrive jamais seul l'émission de mai de l'Herbe Tendre se fera le lendemain, lundi 8 mai à l'heure habituelle (canalsud.net ou 92.2).
Le thème, d'actualité, sera Lendemains qui chantent et qui déchantent

Afin de mieux préciser notre propos, une chanson de ce bon vieil Eugène Pottier (auteur d'un tube immortel) qui décrit l'état des lieux que nous balaierons dans tous les sens du terme. 
Ça s'appelle L'antropophage (clic) ici interprété par une troupe de caf' conc', l' Œil du Silence (Olivier Copin, Aurélia Marceau et Christophe Seval) dans un spectacle entièrement consacré au père Ugène.
Extrait :  
Je suis la vieille anthropophage
Travestie en société ;
Les deux masques de mon visage
Sont : Famille et Propriété.
L’homme parqué dans mon repaire
Manque à ses destins triomphants ;
Je le tiens, j’ai mangé ton père
Et je mangerai tes enfants !‎


Et puis, de beaux lendemains illustrés par le tube en question par Oyoun Al Kalam. "Il n'est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun..."
Un chaleureux salut aux camarades de Tunisie et d'ailleurs.  
 

dimanche 4 octobre 2015

Marcel Aymé, les chansons et les faits divers


Le camarade Wroblewski nous communique :
Je suis tombés sur deux articles de Marcel Aymé en annexe de ses romans dans
la Pleïade (...) 


Ces deux articles n'ont rien de transcendant, mais ils sont amusants, ont un charme désuet (tout en gardant une grande part d'actualité : par exemple la chanson crétinisante qui n'a cessé de proliférer jusqu'à nos jours, avec des moyens bien supérieurs à la TSF et au cinéma), et surtout ils évoquent des personnages déjà entendus sur DLHT : Béranger, Marianne Oswald*, et puis un certain Jules, un certain Octave, un certain Raymond... des poteaux quoi.

 En ce qui concerne le père Marcel, on se contentera de rajouter cette anecdote :
à un président de la République voulant lui remettre la Légion d'honneur, il écrivit : « Je vous laisse à vos plaisirs élyséens. Votre Légion d'honneur, vous pouvez vous la carrer dans le train. »

CHANSONS
Notre siècle est décidément celui de l'image (...), la chanson n'illustre plus, comme autrefois, les grands faits divers. 
Avant les perfectionnements du cinéma et de la reproduction phonographique, il n'y avait pas de crime un peu important, d'escroquerie de haut vol, qui ne fussent mis en couplet. Le drame de Chatou, les chèques de Panama, le coffre-fort de Thérèse Humbert et tant d'autres affaires excitèrent, à l'époque la verve satirique ou l'imagination des chansonniers. Pour ma part, je me souviens d'avoir entendu célébrer, sur l'air de La valse brune, les exploits de Bonnot, Garnier, Raymond la science et les autres :
La terrible bande
Laisse un frisson de légende
Et tout Paris se demande... 
Mais j'ai oublié la suite qui valait peut-être mieux que le début.Comme on le voit, ces rimes étaient confortables et le ton des premiers vers à la hauteur de l'épopée. Le temps avait probablement manqué pour composer une mélodie originale et on avait adapté les paroles à un air connu.
c'est que le public d'alors était exigeant, il le pressait de pouvoir fredonner son indignation ou sa pitié. Un beau crime, un beau scandale qui ne fussent pas accompagnés d'un refrain étaient, pour lui, comme une cérémonie sans Marseillaise.
Concert du Bonnot's Band, 1911

La vérité, ou ce qui en tient lieu habituellement ne lui suffisait pas, il voulait pouvoir en disposer à tout instant. La chanson comblait précisément ce qui reste vacant aujourd'hui.
elle est, en effet, un moyen d'information beaucoup plus sûr que la presse et la TSF. Les journaux renseignent avec plus d'abondance mais ils ne sollicitent guère la réflexion que dans l'instant où on les lit. La chanson a sur eux cet avantage d'être toujours présente à la mémoire, ou au moins disponible.
Elle résume encore un événement deux ans après qu'il s'est produit et, dans les meilleurs cas, en restitue l'atmosphère. La complainte de Fualdès en est un exemple fameux : elle a permis que le souvenir d'un assassinat crapuleux mais, après tout assez banal, traverse tout un siècle.


Le proverbe qui dit qu'en France tout finit par des chansons est une ânerie, comme la plupart des proverbes. 
Au temps où il avait cours, les chansons empêchaient, au contraire, l'oubli de se faire trop vite sur une affaire scandaleuse.
La presse n'osait pas étouffer un scandale avec une discrétion trop précipitée alors que le public en avait encore les échos en écoutant les chanteurs de rues ; les consciences mal assurées sentaient une certaine résistance, d'ailleurs illusoire, chez les naïfs qui reprenaient au refrain et la tentation de les plumer était moins pressante. Le fait est qu'à l'époque où on chantai encore, les grands krachs étaient plus espacés qu'aujourd'hui. Ainsi, la chanson, en dépit d'une injuste réputation de légèreté fut-elle comme l'auxiliaire de la vertu.

Une chanson d'Eugène Pottier par Trois Lignes de Bling  


Le grand Krach. 

Elle était même bien souvent, au lieu d'une fin, un commencement. Au cours du XIXème siècle, la chanson a joué un rôle de premier ordre dans l'avènement et la débâcle de divers régimes qui se sont suc cédés en France. Les couplets de Béranger ont eu plus d'efficacité que les discours les plus habiles et c'est une mauvaise chanson qui a contribué à pousser Napoléon III à la présidence de la république. Et peut-être qu'à l'occasion de l'affaire Stavisky, un couplet habile et violent, chanté sur un air endiablé, aurait réussi à émouvoir l'opinion publique. Mais c'est bien improbable et d'ailleurs, le public est lui-même trop compromis dans cette saleté pour qu'une chanson lui rende le sentiment de la pudeur. et puis la chanson est morte et enterrée.
Chanson de Paul Burani et Antonin Louis (interprétée par Francesca Soleville) célébrant la chute de Napoléon III

Pourtant, il existe bien des chansonniers qui chantent dans les cabarets, sur la scène des petits théâtres spécialisés. Ils ne se font pas même faute de chansonner l'actualité et certains savent être mordants.
Malheureusement, ils font trop de bons mots qui sont difficilement transportables ; leurs saillies n'intéressent qu'un public restreint. Il leur manque la simplicité, la conviction naïve qui assuraient autrefois le succès des refrains populaires. Les chansons qui charmaient les foules avant la guerre ressemblaient beaucoup à des images d'Épinal, elles avaient les mêmes couleurs franches, un peu criardes. Les paroles étaient banales, souvent maladroites mais l'intention était sûre et le public avait beaucoup de bonne volonté. 
Il en a encore, la preuve en est qu'il accueille avec faveur les romances d'amour. Hélas ! Pauvres romances, triste sirop de cinéma ! Quand on pense que c'est avec ça que les mères bercent aujourd'hui leurs marmots, on se demande à quel degré d'abrutissement sera réduite la génération 1950. On voudrait croire que ces fadaises passeront de mode. Malheureusement, elles ont des moyens de s'imposer qui leur assurent à peu près l'impunité.
Ce sont le cinéma parlant, le phonographe et la radiophonie qui leur ont permis de concurrencer la chanson populaire et d'en venir finalement à bout. On ne peut rien contre ces puissances, il n'y a qu'à reprendre au refrain.   

* Pour Marianne Oswald, on publiera très prochainement l'autre article.
Comme l'indique l'allusion brûlante à Stavisky, cet article est daté du 24 janvier 1934. 

lundi 18 février 2013

Les auteurs de la Commune de Paris (2) Eugéne Pottier

Traqué, il écrit l'Internationale


Eugène Edme Pottier (1816- 1887), fils d'ouvrier, fut d'abord emballeur, puis commis-papetier et dessinateur sur étoffes. Il composa sa première chanson à 14 ans, elle s'intitulait Vive la liberté ! Mais celle qui le fit connaître en 1840 était Il est bien temps que chacun ait sa part.
Il combattit sur les barricades en février et juin 1848 et fut réduit au silence sous l'Empire.
Il monta alors une importante maison d'impression sur étoffes tout en restant fidèle à ses idées. Il adhéra à la première Internationale en 1870.
Durant le siège, il appartint au Comité central républicain des Vingts arrondissements et fut adjudant au 181ème bataillon de la Garde Nationale qui combattit à Champigny.
Le 16 avril, le IIème arrondissement l'envoya siéger au Conseil de la Commune où il appartint à la commission des Services publics. Il fut également élu à la commission exécutive de la Fédération des Artistes.
C'est en juin 1871, que caché dans Paris et recherché par les versaillais il écrivit l'Internationale dont Pierre Degeyter composa la musique en 1888. 
 

 
Réfugié en Angleterre puis aux États-Unis, il gagna sa vie comme dessinateur. Le quatrième conseil de guerre le condamna à mort par contumace le 17 mai 1873.
Durant son exil, il écrivit de nombreuses chansons puis rentra en France après l'amnistie de 1880, malade, à demi paralysé et vécut dès lors dans la misère.
En 1883, Gustave Nadaud publia un premier recueil de ses chansons sous le titre Quel est le fou?
En 1887, l'année de sa mort, en parut un autre, Chants révolutionnaires, préfacé par Rochefort (ex communard et future crapule antisémite)
Le 8 novembre 1887, ses obsèques donnèrent lieu à une grande manifestation où la police chargea pour faire disparaitre les drapeaux rouges.
Les œuvres complètes de Pottier ont été réunies et préfacées par P. Brochon chez Maspéro en 1966. Inutile de rajouter que cette édition est devenue introuvable.