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jeudi 25 avril 2024

Du passé et du tourisme de masse

 

Ce qui ne se visite plus

Cédons exceptionnellement au lamentable exhibitionnisme des réseaux sociaux en donnant quelques conclusions sur un récent déplacement.
Il sera ici question de le province de Biscaye (en local, Bizkaia) vue comme symbole de la manière dont le spectacle (au sens situ du terme) étend sa griffe sur toute terre immergée.
Déjà, la capitale, Bilbao. On a déjà évoqué le sort de l'ex forteresse ouvrière, les chantiers navals Euskalduna qui ont dû céder la place, non pas comme on l'avait abusivement écrit au très bourgeois musée Guggenheim mais à un immonde palais des congrès, manière d'effacer une bonne fois pour toutes l'histoire du peuple travailleur.  

Toutefois le Guggenheim et son monde ont parfaitement rempli leur office.
Ainsi, quelle n'a pas été notre surprise et tristesse de constater que l'embouchure du Nervion se voit encombrée par des paquebots de croisière déversant des milliers de consommateurs sur la ville.
Et, comme ailleurs, spéculation et Rbnb ont fait leur oeuvre. Ainsi, la région côtière est-elle constellée de protestations contre les conséquences de la soi-disant culture et l'augmentation de 30 % du tourisme.
Mais le plus beau reste à venir.
Tout près de la pointe du cap Matxixako, entre Bermeo et Bakio, se trouve un charmant îlot, le Gaztelugatxe, relié à la terre ferme par une antique chaussée régulièrement submergée. Un ermitage du IXème siècle orne le rocher. Il fut un temps où il suffisait de prendre un duvet (les nuits sont fraîches) pour passer une nuit dans ce cadre magnifique. Mais depuis que les petits génies de la série Game of Thrones ont eu l'idée de tourner dans ce charmant paysage, il faut compter entre quatre et cinq mois d'attente, en réservant par le net, pour avoir l'insigne avantage de s'entasser sur le lieu du tournage.
On sait bien que c'est partout pareil mais on ne peut s'empêcher d'une bouffée de nostalgie du temps où ces terres regorgeaient de prolos rebelles ou de délinquants énervés.


Allons faire un tour à l'intérieur des terres. À Gernika où le Condor passa (milesker Pott).
Depuis Picasso, chacun sait que ce bourg fut rasé par l'aviation nazie le 26 avril 1937.
Ce qui est nouveau est qu'après une relative (très relative) discrétion sur ce massacre, il est devenu ce qu'il faut, hélas, bien nommer l'argument principal de l'attraction touristique locale.
Le "Condor tour" comprend des reproductions du tableau de Picasso, des photos d'époques du désastre disséminées dans le centre-ville, un inévitable mémorial, des abris anti-aériens (Sans dec', y'avait des abris à Gernika ???) et une superbe statue de gudaris (soldats basques) dans le plus pur style réaliste socialiste.


Comprenons-nous, on n'a rien contre la mémoire historique, bien au contraire.
Mais transformer une ville moyenne en nécropole touristique ne comporte-t'il pas une certaine part d'obscénité ?
En tout cas, de quoi rendre furieux l'office de tourisme de Durango, ville distante d'une grosse trentaine de kilomètres. Durango fut, elle aussi, copieusement bombardée par l'aviation fasciste mais, manque de bol, n'étant ni siège de réunion historique ni sujet d'une peinture célèbre, désolé les gars, va falloir trouver autre chose pour attirer le chaland !
Comme tout n'est pas négatif, le moment comique est venu de la campagne des élections régionales. Certains partis utilisent encore des bagnoles munies de haut-parleurs pour balancer leur propagande. C'est lorsqu'on croise simultanément un cirque en tournée usant du même dispositif qu'on est devenu franchement hilare. 
Jamais l'expression "cirque électoral" n'avait mieux justifié son existence.

dimanche 18 juin 2023

Quelques mots de Serge

 

Toulouse 1er mai 2023  

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des Etats !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

lundi 30 janvier 2023

Alors, comme ça l'Europe voit les Français qui ne veulent plus bosser avec stupéfaction ?

 

Estimé monsieur le patron,
je t'envoie cette lettre  
parce que j'ai été ouvrier pour toi, à la tuilerie.
J'ai bossé pour toi et ça ne m'a pas réussi. 
Je t'ai donné ma santé et ma jeunesse. 
Une vie perdue à cavaler après des factures.
Et j'ai mal aux reins
Qui ont sué tes millions.
 
Toujours à faire la même chose
pour suivre ma destinée toute tracée.
Et ce n'était pas marrant.
Même si je m'en rends compte bien tard, 
C'est le boulot qui m'a fait ça.
Je n'en suis pas satisfait et je voulais que tu le saches.
Et j'ai mal aux reins
Mes douleurs, tes millions.  
La Polla Records (1991) du LP Los Jubilados (Les retraités)

dimanche 17 octobre 2021

Tranche de vie (christianophobe)

J’apprécie le parc du Singe Charli. C’est le territoire de mon enfance et de mon adolescence. J’y ai fumé mes premières clopes, maté mes premières revues pornos, bu mes premiers litrons… À l’époque, il s’appelait encore parc du Généralissime1. Je me souviens quand on a emménagé Charli, dans un recoin du jardin. Et quand on l’a enlevé. Charli était enfermé dans une grande cage. Il devint célèbre dans tout Jamerdana parce qu’il se masturbait sans aucun pudeur devant tout le monde, comme par vengeance contre l’enfermement. Il aimait bien aussi voler des lunettes et mordre les enfants. Et il fumait. Nous-autres, les gamins, on lui passait des Fortunas (ce singe sybarite n’appréciait que les blondes) et il se les liquidait en deux ou trois bouffées anxieuses. Parfois, il les fumait tout en les réduisant en morceaux. Il disparut subitement, du jour au lendemain, sans que personne ne donne la moindre explication. Mais il était clair qu’il avait été victime d’une purge idéologique.

Quelques années plus tard, quand la municipalité proposa la béatification du fondateur de l’université catholique de Jamerdana, nous, les punks, avons alors exigé celle du singe Charli qui, à notre avis, avait été bien plus utile à la cité. C’était au temps des campagnes d’apostasie et processions athées2. Je me souviens qu’au cours d’une de ces processions, nous avons croisé la vraie, en pleine semaine sainte, et qu’une confrérie nous a attaqué à coup de cierges géants et de crucifix pendant que nous bombardions de canettes le passage de la Dolorosa, argumentant que c’était la meilleure manière d’adorer une Vierge dotée d’un pareil nom. (...)

En ce qui concerne le parc, quelques années plus tard on a changé son nom, il est passé de Généralissime à Constitution même si personne, en ville, ne l’a jamais appelé comme ça et que tout le monde le connaît comme parc du singe Charli avec plus de dévotion que pour n'importe quel saint.

Patxi Izurzun Tratado de Hortografia

 

1Francisco Franco

2Dans les années 1980, de nombreux charivaris anti-cléricaux furent organisés dans les villes basques. Affiche ci-dessus

vendredi 13 août 2021

Tranche de vie (alimentaire)


Ce matin je suis allé faire les courses. Je hais les courses. Par dessus tout le moment de passer en caisse. Les caisses de supermarchés sont le plus parfait résumé du capitalisme : nous on y fait la queue, on place sur le tapis roulant des blancs de poulet, des préservatifs, des canettes de bière, il n’y a pas de temps à perdre, faut sortir les cartes bancaires, la carte d’identité, la carte de fidélité… et la caisse enregistreuse fait cling cling, au suivant, la fête ne s’achève jamais, c’est le blues des codes barres, hey, presse-toi, y’en a qui attendent, hey, tranquille, laisse-moi trente secondes, laisse-moi choper le sac et mettre les congelés là où ils n’aplatiront pas le pain de mie.



Je hais le supermarché. Le niveau de violence d’un film de Tarentino n’arrive pas à la cheville de la scène où quelqu'un compare les étiquettes des barquettes de viande dans les allées afin d’acheter la moins chère, de la pire qualité, celle qui va le tuer à petit feu, lui obstruer les artères et celles de ses gosses parce qu’il ne peux rien te payer de mieux, de plus sain. Nous les pauvres, mourons en un holocauste lent et silencieux que nous finançons au passage. Morts de froid dans nos domiciles qu’on ne chauffe pas. Rendus barjots par des maladies mentales que la sécurité sociale ne couvre pas…
Patxi Irurzun Tratado de Hortografia
(Una novela sobre el Rock Radical Vasco) 
 

mercredi 3 mars 2021

Lettre à mon colonel

 

À l'ex lieutenant-colonel de la Bénémérite Antonio Tejero 

Permettez que je vous appelle mon colonel
 
Voilà maintenant quarante années que vous vous couvrîtes de ridicule en déboulant dans la Chambre des Cortés avec votre escouade, le 23 février 1981.
Voilà quarante ans que vous avez tenu votre pauvre rôle dans une tragi-comédie dont on ne vous avait pas communiqué le dénouement.
Après votre pathétique position dans la conspiration Galaxia en novembre 1978, qu'aviez-vous en tête pour jouer le rôle de l'idiot utile et servir non seulement à sauver la démocratie mais à la plus gigantesque entreprise de blanchiment que l'Espagne ait connu lors de ces quatre dernières décennies ?
On ne parle pas là, des rares députés pris en otage sous les caméras de télévision qui ont refusé de se coucher comme le sénile général Gutiérrez Melado (votre supérieur hiérarchique) cette vieille crapule stalinienne de Santiago Carillo qui savait passer devant le peloton d'exécution si votre putsch d'opérette réussissait ni du premier ministre, ex-franquiste, méprisé par tous et reconverti en bâtisseur de la démocratie, Adolfo Suárez
.  
Non, on fait bien allusion au véritable coup d'État qui s'abritait derrière vos poses de matamore et que vous avez saboté en balançant des rafales en direct à une heure de grande écoute et en jouant au fasciste intransigeant. 
Car le problème des documents déclassifiés est qu'on sait aujourd'hui que votre fanfaronnade devait servir à amener au pouvoir le général Alfonso Armada avec une bande d'ex-ministres conseillers du roi (Luis María Ansón, Villar Mir, Pérez de Bricio) de financiers (Valls Taberner, Escámez, Carvajal) et de patrons (Silva Muñoz, Rosell) liste non exhaustive.
Mais il a fallu que, comme votre collègue, cette baderne de général Milans del Bosch qui fit sortir ses blindés dans les rues de Valence, vous jouiez au forcené.
Et envoyiez paître le général Armada qui avait tout ficelé et qui restera le grand perdant de la farce. Alors, on vit le roi en grand uniforme apparaître en sauveur de la démocratie et redonner une virginité miraculeuse (Virgen del Pilar, ora pro nobis) à sa dynastie.
 
 
Et vous êtes resté comme un con au milieu d'un hémicycle dévalué.
Car vous êtes un con, mon colonel, terriblement con, au point d'aller porter le tricorne pour les autres, oh pas trop longtemps : treize ans de taule.
Il ne restait plus qu'à appeler un écrivaillon à la rescousse pour avaliser l'histoire officielle et glorifier les politicards nommés plus haut. 
Tout ça pour un scandale refroidi dont maintenant tout le monde se fout...
Et maintenant, vous pouvez toujours aller manifester, avec d'autres couillons de votre espèce, pour empêcher le transfert de la charogne qui vous tint lieu d'inspiration.
Mais dormez tranquille, vous avez pas mal d'héritiers dans la péninsule, et pas seulement chez VOX. 
Mon colonel, je vous crache à la gueule.
 
Et comme tout finit par des chansons, Juan palacios, Tanguillo del golpe.

jeudi 5 décembre 2019

Belle journée en perspective

Banalité de base : le problème n'est pas le 5 mais bien le 6 et le 7 ainsi que le 9, etc.



Tract récolté sur le très recommandable site Lisez véloce :

Les foies jaunes
Le père Ubu de la C.G.T et le bureaucrate-en-chef de Force Ouvrière se dégonflent déjà. Ces bons syndicalistes ont l’audace d’annoncer, quelques jours avant la grande grève du 5 décembre, qu’ils sont prêts à tout annuler au moindre geste du gouvernement. Beaux joueurs, Martinez et Veyrier ne tentent pas le plus petit bluff. Ils n’essaient même pas de se donner un air d’intransigeance pour peser sur les négociations. On les voit à plat ventre avant les premiers coups. Ce très mauvais poker est incompréhensible pour ceux qui s’imaginent encore qu’ils veulent gagner la partie.
Si les syndicats vont à la bataille, c’est uniquement poussés par la base, elle-même chauffée par le courage des Gilets Jaunes. C’est une concession faite pour tenter de reprendre la main sur le conflit social, qui s’est manifesté pendant une année entière hors de leur orbite — ce qui est en soi une humiliation. Les foies jaunes n’ont qu’une seule peur : que la majorité des travailleurs suive le mauvais exemple d’une contestation incontrôlée qui prenne acte de leur anéantissement.
Une fois que les centrales syndicales estimeront avoir retrouvé leur assise, à grand renfort de grèves et de manifestations symboliques, elles feront tout pour empêcher la victoire du mouvement. Les bureaucrates préfèrent cent fois un échec de la contestation à une réussite qui leur échappe. Or, on a vu avec les Gilets Jaunes qu’il faut un conflit violent et hors de contrôle pour obtenir la moindre concession du gouvernement Macron, voire le seul ralentissement de ses destructions. Il n’y aura de réussite que si elle échappe aux syndicats. Ils espèrent donc échouer.
Voilà pourquoi, depuis le début, les bureaucrates sont effrayés par l’enthousiasme que la grève suscite. Voilà pourquoi ils ont fait le choix de ce fameux 5 décembre, quinze jours avant les vacances de Noël, pour être certains que le mouvement soit coupé dans son élan et se réduise à un tour de manège. Voilà comment s’expliquent leurs déclarations conciliantes avant même le début du conflit. Le sabotage a déjà commencé : ils veulent faire de la lutte un enfant mort-né.
Il faut donner vie à leur cauchemar. Ce n’est pas encore la fièvre révolutionnaire, mais tout le monde sent que la température monte. Si l’autonomie des Gilets Jaunes rencontrait la grève, elle deviendrait sauvage.

lundi 25 novembre 2019

Décembre chez les sectes

Evangelistis vulgaris

Ils sont arrivés. Ils avaient la Bible et nous, nous avions la terre. Ils nous ont dit "fermez les yeux et priez". Et quand nous avons ouvert les yeux, ils avaient la terre et nous, nous avions la Bible. 
 Jomo Kenyatta.


Ça commence mal car la citation ci-dessus ne peut s'appliquer qu'à un type de secte très particulière, celles qui ont réussi à se hisser au rang de religion officielle. Mais alors, que reste-t-il pour les croyants marginaux, illuminés, charismatiques, adorateurs d'idoles plus ou moins exotiques, millénaristes inconsolables, croisés déboussolés, pèlerins écolos ?
C'est ce que les Vanneaux de passage tâcheront de découvrir, le lundi 2 décembre à 17h30 sur les ondes de Canal Sud.
Demandez l'programme... du médiéval, du pervers, du crédule, du bizarre, de l'escroc. Tout ce qu'on aime !

En 1984, La Polla Record, keupons de Salvatierra, adressaient un avertissement sans frais aux gourous venus parfois de leur lointain Himalaya pour résoudre tous nos problèmes : un bon coup de pied dans leurs parties sensibles en guise de salaire.


dimanche 28 avril 2019

Avant le premier mai, le 30 avril


Depuis 1978, en Hegoalde [Pays basque sud] sous l'égide de la nouvelle légalité démocratique, les manifestations ouvrières du 1er mai occupent de nouveau la rue. (...) Pourtant, au fur et à mesure des années, la participation baisse de moitié. Cette marche se convertit en compétition entre syndicats : il ne s'agit plus que de compter le nombre de travailleurs rassemblés sous chaque banderole. (...)
Pour remettre un peu d'ambiance, [en pleine reconversion industrielle] une série d'explosions vient rappeler que cette journée n'est pas un jour férié de plus arraché au calendrier du travail, qu'elle doit retrouver sa fonction de confrontation anticapitaliste. (...)
La deuxième initiative est l'instauration de la nuit précédant le premier mai, celle du 30 avril comme date, non plus des luttes ouvrières mais du sabotage. Revendiquer l'idée d'affrontement est une critique pratique de la fonction pacificatrice des syndicats (...) Violence, de fait distincte de celle pratiquée par l'illégalisme de masse (comme la destruction collective en fin de manifs d'infrastructures rejetées par la population) ou de celle des groupes armés qui exige une spécialisation technique pour la maintenance ou préparation du matériel. Dans cette optique, le sabotage se fonde sur l'usage de la violence contre des objets, non contre des personnes.


Jtxo Estebarranz Guerre à l'État 
(luttes autonomes et expériences alternatives au Pays basque 1982-1992)
Libertalia

Cancion de cuna (Berceuse) de La Polla Record (1984)




samedi 15 septembre 2018

Retour à la radio

Cliché de Federico Patellani (1950)
D'un côté, à la longue, on se trouvait un peu à l'étroit dans la dite "chanson française". D'un autre côté, on aime bien squatter les ondes pour donner à ouïr de la zizique en agréable compagnie.
L'idée fut de remonter un programme basé sur des grands thèmes et ouvert à toute musique de partout (garage rock péruvien, salsa canadienne, tango finlandais, punk saoudien, kletzmer bolivien, musique de films togolais, flûte sibérienne que sais-je encore). D'aller chercher des thèmes, chansons, hymnes, rigolos, décalés, sensuels de derrière les fagots reliés au sujet en évitant toute facilité ou vulgarité. Sans exclure de chansons en français, d'ailleurs.
Dit en termes mystiques ne s'agit donc pas d'une résurrection mais d'une réincarnation. 
Est-ce vaguement prétentieux ? On verra bien...
Comme il s'agira de couvrir bien des territoires, ce programme s'appellera donc Les vanneaux de passage. Pourquoi cet aimable volatile à crête ? Sans doute en mémoire du sacrifice de quelques-uns dans la disparition d'un grand capitaine d'industrie (terme désuet de l'ancien monde utilisé pour qualifier un gros patron).
Le redémarrage de l'émission se tiendra le lundi 1 octobre à 17h30 sur le 92.2 et canalsud.net.
La première se penchera sur une profession qui, marins et soldats mis à part, fut et reste certainement une des plus chantées partout dans le monde : les mineurs.
Qu'on illustre ici par cette vidéo : Obrero de La Polla Record en mémoire aux 65 disparus de Pasta de Conchos (Coahuila, Mexique) en février 2006.




mercredi 22 août 2018

Notre belle jeunesse


C’étaient ces temps froids et sauvages qui ont emporté mon frangin en moins de temps qu’il n’en faut pour télécharger un film sur l’émule. On a dispersé ses cendres à l’embouchure du Pagasarri et on a observé les courants d’air les dégueuler au loin, même si je reste persuadé qu’une partie a filé directos dans mon estomac. Des fois, il me fait tellement mal que je n’ai plus le moindre doute à ce sujet.
Ça aurait pu arriver n’importe comment, en s’envoyant un cocktail de pneumonie et de tuberculose avec de la poudre de ciment au lieu de la pâtissière, avec une fixette sortie d’une fosse septique ou shooté par le train de Plencia sans pouvoir virer son survêtement des rails. Mais c’est le virus qui l’a niqué. Bien avant que les virus ne se propagent par envois d’e-mails et n’aillent effacer les dossiers de ton disque dur. La Bête, comme on l’appelait. Après, on lui a donné d’autres noms : VIH, Sida, syndrome d’immunodéficience. Toujours cette vieille histoire de noms à la con qu’on donne à cette bonne vieille mort.
Il est entré chez nous quand personne ne s’y attendait, comme ces casses-couilles de Jéhovah qui viennent dans l’après-midi te brouter les burnes avec la parole de Dieu. C’était avant que les téléphones ne perdent leur cordon torsadé pour se retrouver à se balader dans les poches des gens. Avant que Tata Wikipedia n’ait réponse à tout. Et ni les marchandises étalées au marché, ni Informe Semanal, ni Sa Majesté le Roi dans son discours de vœux de bonne année ne nous ont expliqué pourquoi on devait crever si jeunes et si beaux.

 
C’est dans ces eaux-là qu’on a monté le groupe. On n’avait aucune technique musicale, mais on y mettait une furie qui effrayait les pires Rambos du quartier. Rien à voir avec aujourd’hui où tout est devenu pédanterie. Je me souviens de nos premiers accords : une bombe de rage prête à exploser ! Une vitesse vertigineuse pour traverser la vie. On a commencé dans la cave de la vieille à Bataka. Son grand-père élevait des lapins là-dedans, mais les voisins avaient porté le pet parce que ça schlinguait velu dans l’entrée. Le syndic avait donc exigé que le vieux tue ses bestiaux. Ce qui fut fait. On le croisait, errant sans but dans les rues, morne, avec un air de lapin, jusqu’à ce que la prostate l’emporte. À moins que ça n’ait été la myxomatose.
On a donc dû nettoyer la merde laissée par les grandes oreilles et en quelques semaines, on l’a remplacée par notre propre merde. (...)




Pelukas passait au local pour jouer de temps en temps. Il avait des paroles zengagées et il voulait nous faire passer du côté du Émélénevé* mais on lui riait au nez. On était des délinquants, rejetons de travailleurs immigrés et on vivait dans des quartiers à l’esthétique toute soviétique, dans des cubes aux murs épais comme du papier à rouler. L’alcool, les humiliations, le pointage au chômage, la reconversion industrielle, les aides sociales et de la drepou dans les veines, voilà la réalité. L’été, on partait en Estremadura où on nous appelait « les Basques » et à Bilbao, nous n’étions que des Estrémègnes, bref, des parias où qu’on aille. Vraiment rien à envier aux familles déstructurées d’aujourd’hui.

Josu Arteaga Les Rats de Biscaye (2015)
L'intégralité du texte est à lire 
* Mouvement de Libération National Basque 

dimanche 14 mai 2017

Autonomie ouvrière (cinoche du dimanche)

Classe ouvrière courtoise (Asturies 2012)
Vu la médiocrité de la vie politique, revenons un peu à nos racines.
Ce film est sorti il y a déjà une dizaine d'années mais on pense qu'il peut encore servir.
Il est consacré aux luttes ouvrières menées en marge des syndicats et des partis politiques dans l’Espagne des années 70.

Langue : Espagnol, sous-titré français
traduction/adaptation : Pif & Hercule
Durée : 74 minutes
Un film de : Falconetti Peña et Orsini Zegri
Avec : Pepe Rovira, Clemente, Speedy Gonzalez, Marcelo, Attila, Paco, Jesse James, Jésus, Juan Carlos Bourbon d’Espagne, Chema, Peter Fonda, El Kabra, Des éléphants, Toni, Marga, Santi, et quelques autres.
Musique : La Polla Record.



1973 / 1982 en territoire espagnol.
Après 40 ans de dictature, voici venu le temps de la transition démocratique, plus connue comme « transaction démocratique ».
Ils étaient ouvriers, dockers, tourneurs, dynamiteurs à Barcelone, Vitoria ou Bilbao. Tous faisaient partie de ce mouvement diffus, sans porte-parole ni dirigeants autre que les assemblées d’usines ou de quartiers. Tous rejetaient le patronat, les syndicats, le capitalisme. Certains étaient armés, d’autres pas, mais tous défendaient l’autonomie ouvrière.
En 1976, l’Espagne était en flamme et « Il fallait les écraser (...) car c’étaient des minis soviets » (Manuel Fraga Iribarne, ministre de l’intérieur)
La démocratie s’en est donc chargée.
Mais l’histoire cavale encore...

mardi 3 mai 2016

Émission de mai : L'Herbe Tendre aime le travail

IWW Lawrence 1912

Une émission qui commence par quelques banalités de base et s'achève sur un air agricole...
Yves Jamait                             Y'en a qui
Fretliner                                  L'usine
Jean Bertola                            16 tonnes
René Binamé                           La vie s'écoule
Boris Vian                               Calypso blues
Marc Ogeret                            Le chant des ouvriers
Eddy Mitchell                          Société anonyme
Petra Pied de biche                 Bonniche
Tribal Moustachol                  À la moutouelle
Les Naufragés                        Moi j'suis parti
Serge Reggiani                       Le souffleur
Chez là                                    L'heure de la sortie
Les Escrocs                            Assedic
Loic Lantoine                         Le jour où les cigares...
La Chiffonie                            Avoine

Cette ode à l'effort se trouve sur le site de Canal Sud

Et en prime, une chouette reprise de Béranger par Sanseverino





Et une comptine dans laquelle sept nains butent un patron

samedi 2 janvier 2016

Janvier : le sport c'est la santé

Entraînement de l'équipe de France de relais 4x100 mètres avant les olympiades de 68
On n'échappera pas aux bonnes résolutions, donc cette année, on commence par se mettre au sport. Et comme disait le baron Pierre de Coubertin : "Le jeune sportif se sent évidemment mieux préparer à partir à la guerre que ne le furent ses aînés. Et quand on est préparé à quelque chose, on le fait plus volontiers". Voilà qui ne pouvait mieux tomber.
Il sera donc question d'athlètes, de cyclistes, de dealers appelés "docteurs", de boxeurs, de pot belge, de demis de mêlée, de fair-play, de gymnastes, d'arrières droits, d'arbitres corrompus et de biens d'autres choses encore.
Tous en short le lundi 4 janvier à 18h sur les 92.2 de Radio Canal Sud.   

Et c'est encore une fois l'impeccable chorégraphie des Frères Jacques qui évoque les dieux du ring.

Et un hymne au beau sport venu d'outre-Pyrénées

lundi 27 octobre 2014

Alors, il leur a encore fallu du sang.

L'Etat Tue

Samedi 25 octobre 2014, les chiens de garde dépêchés par leurs maîtres pour garder un parking de chantier désert ont fait leur boulôt.
C'était à Sivens, sur la ZAD du Testet, dans le Tarn.
Tir direct ou indirect, on s'en fout.
Nous ne faisons pas de distinction entre usage "disproportionné" et usage "proportionné" de la force.
Nous savons juste "qu'aux mains de l'état, la force s'appelle droit".
Nous savons juste, qu'une fois encore, un des nôtres est tombé.
Et nous allons voir débouler récupérateurs, procureurs embarassés, professionnels de le non violence, charognards et autres...
Sachant que les morts, nos morts, si démocratiquement morts, ne seront vengés que par la chute de leurs assassins.







Communiqué du collectif "Tant qu'il y aura des bouilles"

Rémi est mort cette nuit entre 2h et 3h à proximité des gendarmes et des CRS positionnés sur le chantier du barrage de Sivens à Lisle sur Tarn.
Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès, au plus vite. Nous sommes sous le choc et présentons toutes nos condoléances à sa famille et amis-ies.
Ce soir, dimanche à 18h nous appelons à un rassemblement à Gaillac, place de la libération. Un second rassemblement est d’ores et déjà prévu ce lundi à 14h à Albi, devant la préfecture.

-Rassemblement demain lundi à la préfecture d’Albi à 14h
-Rassemblement demain lundi à la préfecture de Nantes à 18h
-Rassemblement demain lundi devant la préfecture de Gap  à 10h




mardi 1 avril 2014

Parenthèse d'actualité : changement de personnel


    Un fantôme hante les couloirs de Matignon, celui de Gustav Noske, social-démocrate musclé et grand fusilleur de spartakistes, qui n'hésitait pas à se définir lui-même comme un "chien sanguinaire".
A ta santé !

Illustration de George Grosz

Et comme notre nouveau sous-commandant parle parfaitement (et pour cause) castillan, nous lui dédions cette chansonette de La Polla Record sobrement intitulée "Tu étais un homme, te voilà flic".

vendredi 15 mars 2013

HABEMUS CARPETUM, 

(Cristianos a los leones)


    Bien que l'anticléricalisme soit rarement vulgaire, il sent souvent son libre penseur poussiéreux ou son notable franc-maçon radical du Midi, genre dont nous tâchons d'éviter la fréquentation.

    Mais là, on nous provoque : les dérniéres élections à Vaticanland, nous forcent à ressortir des archives désagréables comme cette photo où le jésuite Jorge Bergoglio donne l'absolution au serial killer galloné Jorge Videla au bon vieux temps de la guerre anti-subversive en Argentine.


    Et puis à exhumer cette chanson du Père Eugène (R.I.P.)

Les Eglises
Eugène Bizeau


D'énormes monuments où des gredins sinistres,
D'un dieu mort sur la croix se disent les ministres,
Dans l'imbécilité des foules à genoux
Trouveront trop longtemps de quoi beurrer leurs choux.
D'énormes monuments que l'astuce des cuistres
Déchirant en secret d'accusateurs registres,
Ne lavera jamais du sang versé partout
Quand "l'infâme" était reine et le prêtre tabou.
D'énormes monuments éclos dans le domaine,
Hélas! illimité, de la bêtise humaine...
D'énormes monuments, dont l'horreur des bûchers
Où flambaient des penseurs les dernières paroles,
Fait l'éclair de nos yeux menacer les coupoles
Et nos désirs vengeurs monter vers les clochers!...
Notes: Ce texte est extrait du recueil "Verrues Sociales" (Christian Pirot ed., Veretz, 1988)
E. Bizeau (1883-1989) fut vigneron, poète et chansonnier antimilitariste.


Et puis, puisque le Pape est hispaniste, une dernière pour la route (exceptionnellement en Castillan) ...