Affichage des articles dont le libellé est Renaud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Renaud. Afficher tous les articles

mardi 17 juillet 2018

Nos régions ont du talent

ou passer ses vacances au rade

Laisse Béton de Renaud, ex-faux loubard des années 1970, a connu un nombre non négligeable de variantes et parodies.
Alors quelle que soit votre destination ou localisation du moment, voici deux aimables versions toutes droites issues de la tradition vernaculaire.

La première nous vient tout droit du nord de l'île d'Amour (2B) et est en charge du duo I Mantini ( Daniel Vincensini et José Oliva) avec participation de la bande d'humoristes locaux, I Kongoni. Ce fut, là-bas, le tube de l'été 2014.
Comment dire... venant, nous aussi, d'un certain Sud, on partage pas mal de leurs sentiments quant au tourisme.



La reprise suivante est du pur causer de Nancy (54).
On regrettera seulement que la personne qui envoya cette version des Amis d'Ta Femme ait cru bon d'y adjoindre les paroles.
C'est tellement plus chouette à déchiffrer à l'oreille.


samedi 5 décembre 2015

Toujours plus haut flotte notre drapeau !

J'ai vécu des moments inoubliables. Les espions, par exemple (...)
En Bulgarie, c'était vraiment quelque chose. (...)

J'ai été photographié... sous tous les angles. Je n'étais pas en forme ce jour-là. (...)
J'étais vraiment dans un mauvais jour - je ne cherche pas à m'excuser, il n'y a pas d'excuses, il faut toujours faire de son mieux "vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage" etc... Mais le métier, c'était du bois, mon vieux, du bois mort, j'étais tout seul, quoi.
Et huit jours après, deux Bulgares du genre vachards à moustache m'abordent dans la rue. (...) On entre dans un café, on prend place et ils m'exhibent leurs photos. La honte me monte au front. J'étais minable, vraiment minable. Et l'angle sous lequel ces salauds-là avaient pris la photo n'arrangeait pas les choses (...)
J'étais humilié. J'avais trente ans, c'était mon premier poste diplomatique, je représentais la France...Et ça ! Si j'avais su que j'avais des témoins, que j'allais passer à la postérité en tant que représentant de la France à l'étranger, j'aurais fait quelque chose de formidable, c'était pour mon pays, après tout, il y avait une réputation millénaire à soutenir, Jeanne d'Arc, Descartes, Pascal, tout ça. Et la môme ne faisait rien d'historique non plus. Sur la photo, on voyait son visage, elle se tenait là, à quatre pattes, la tête légèrement tournée vers moi avec l'air de se demander : "Mais qu'est ce qu'il fait, celui-là?" Quant à moi on aurait dit que je poussais une charrette.(...)


J'ai dit aux deux types : "Écoutez, c'est épouvantable. Je suis confus." Ils étaient contents. Il y en avait un qui se caressait la moustache d'un air méditatif et il ne se doutait même pas que je faisais le plus gros effort de ma vie pour ne pas lui cracher à la gueule. (...)
Finalement, le plus sévère des deux flicards me dit :"Avec un peu de bonne volonté de part et d'autre, on peut toujours arranger les choses." Je débordais de gratitude. "Formidable...Merci, merci...Tout ce que je vous demande, c'est de me donner encore une chance... Convoquer cette jeune personne ou, de préférence une autre un peu plus stimulante...Tenez, la fille de votre chef, le ministre de l'Intérieur, j'ai toujours eu envie de me la taper et si vous pouviez m'arranger ça...On déchire ces photos déshonorantes et on recommence. Je vous promet de faire beaucoup mieux. Je vous promet de faire glorieux, surtout si vous me permettez de mettre le drapeau tricolore dans un coin, ça m'a toujours fait un effet inouï, le drapeau tricolore, à ces moments-là, c'est même pour ça que je suis devenu gaulliste. (...) Si vous ne le faites pas pour moi, faites-le pour Rabelais, pour Madelon, pour Brantôme et pour Maurice Thorez." (...)
Les deux connards communistes me regardaient comme s'ils étaient tombés sur un antéchrist. Tout juste s'ils ne réclamaient pas au garçon de l'eau bénite. Je n'ai jamais pu blairer les puritains, jamais. Je leur sortais tout ça entre les dents, en les regardant devenir de plus en plus verts et avec une de ces envies de leur danser dessus, mon ami....
Romain Gary (La nuit sera calme



vendredi 3 mai 2013

Du côté du Chat Noir (3) Gaston Montéhus

Socialiste, antimilitariste, racaille patriote, gaulliste et bien des choses encore...

   Pour expliquer ce titre, voici l'introduction de sa notice sur "Du temps des cerises aux feuilles mortes" :
    Difficile à classer celui-là : les socialistes le réclament comme étant un des leurs mais aussi les anarchistes, les juifs, les communistes, les antimilitaristes, les syndicalistes, les pro-choix, les anticléricaux, les radicaux, les gauchistes et tout le prolétariat. Il lui est ainsi arrivé de se faire crever les pneus de sa voiture par les ouvriers du quartier où il chantait, son public étant, ce soir-là, composé de bourgeois.
    Ses chansons d'une lointaine actualité, de 1897 à circa 1928 sont presque toutes oubliées. La petite histoire a retenu "Gloire au 17e", "La grève des mères" et "La butte rouge". - Il en écrit pourtant plusieurs autres : une bonne centaine sinon plus, en majeure partie mises en musique par son camarade Raoul Chantegrelet.


    Gaston Mordachée Brunschwig  dit Montéhus est né peu après la Commune de Paris. Selon lui, son père Abraham Brunschwig aurait fait partie des insurgés mais aucune source ne permet de vérifier ces propos. Néanmoins, Montéhus a été élevé dans un contexte post-communard, ce qui explique son engagement politique. « Révolutionnaire cocardier » comme il aimait à se présenter lui-même.    Il commença à chanter en public à 12 ans, en 1884, une décennie avant le début de l'affaire Dreyfuss et publia sa première chanson (Au camarade du 153ème) en 1897. Il adopta alors son pseudonyme, plus facile à porter que son nom dans un contexte fort antisémite .
    Il se présenta à Châlons-sur-Marne aux élections législatives du 8 mars 1898, encore à Châlons-sur-Marne, sous l'étiquette "Républicain indépendant" et fut engagé à la fin de l'année 1901 aux Ambassadeurs (établissement du côté des Champs-Élysées) où son répertoire provoqua un scandale. Les hommes de Drumont distribuèrent des tracts contre "le juif Brunswick" qui "éructe des infamies à l'adresse des chefs de l'armée française", et provoquèrent des bagarres. Montéhus dut retourner dans les faubourgs mais qu'il était lancé, qu'il fut admis à la S.A.C.E.M. en 1904 en soumettant "Du pain ou du plomb" (thème imposé : "L'heure de l'Angelus aux champs") (sic) 
    Il devint presque mondialement connu, en 1907, avec son "Gloire au 17e" suite à la mutinerie de ce régiment ayant refusé de tirer sur les vignerons révoltés de Béziers (ce qui vaudra aux soldats un long séjour dans les Bat d'Af de Tunisie ainsi que la réorganisation géographique de l'armée française).

  Dans ses chansons au style vif, entraînant, Montéhus s'opposera donc au militarisme, à l'exploitation capitaliste, à la prostitution, à la misère, à l'hypocrisie religieuse, mais aussi à l'impôt sur le revenu :
Au lieu d'imposer l'travailleur qui enrichit l'gouvernement
Imposez plutôt les noceurs qui gaspillent tant d'argent 
    Il a également défendu la cause des femmes : La grève des Mères fut interdite par décision de justice en octobre 1905 et Montéhus condamné pour « incitation à l'avortement ».



    En 1907, il rachèta un café-conert à Paris, le renomme « Le Pilori de Montéhus », et y donna des spectacles engagés. Il y fit la conaissance de Lénine lors de l'exil de ce dernier en France et se mit à chanter en première partie de ses conférences, en 1911 .Lénine,ne tarissant pas d'éloges, lui demande de chanter pour les révolutionnaires russes. Refus de Montéhus.

    Ce qu'on ne veut généralement pas trop pas trop se rappeler, c'est qu'en 1914, lui, l'antimilitariste par excellence, composa des chansons pour l'emprunt de guerre, la victoire finale, l'union sacrée dont une célèbre "Lettre d'un socialo" sur - comble des combles -  l'air du Clairon de Déroulède :
 Certes cela est pénible
Quand on a le cœur sensible
De voir tomber les copains
Mais quand on est sous les armes
On n'doit pas verses de larmes
On accepte le destin.

   Et c'est pas fini,  Il s'est fait le chantre zélé de l'Union Sacrée et  chanta alors La Guerre finale détournement de L'Internationale :
Et maintenant tous à l'ouvrage
Amis, on ne meurt qu'une fois !.
   Dans une chanson à la gloire des troupes coloniales (version Y'a bon Banania) intitulée L'Arbi, ce patriote professionnel tint des propos où l'abject le dispute au raciste : 

Moi li sait bien, toi pas voulu guerre 
Toi, li Français, c'est kif kif le bon Dieu. 
Moi suis content voir Paris :  
J'suis content, c'est bézef bonno 

A couper cabêche aux sales Pruscots 
car eux, du tout, pas gentils 
As pas peur, as pas peur, Sidi 
Si Pruscots venir, moi coupe kiki.

    Durant ces quatre années de guerre, celui qui ne cessa de composer des chansons belliqueuses (La Dernière victime, La Voix des mourants, La Vision sanglante, Debout les Morts !, etc.) ne sera jamais mobilisé et ne connaîtra donc pas effectivement les horreurs du front. Par contre, sur la scène, à l'Olympia, il s'est montré blessé à la tête chantant des chansons bellicistes. À la fin de la guerre, en 1918, pour ses bons et loyaux services, cet hypocrite recevra donc la Croix de Guerre.

    Retournant sa veste, Il aura tenté de se racheter en composant en 1923 La butte Rouge qui fait référence à la butte de Bapaume, théâtre de violents combats sur le front de la Somme, durant l'offensive de l'été 1916 (et pas, contrairement à une erreur fréquente, la Commune, fort peu évoquée dans l'œuvre de Montéhus). Dans cette chanson, il s'en prit aux responsables du carnage



    Dans les années trente, il devint membre du SFIO puis du Front populaire - on se souvient de son "Vas-y Léon"  (Blum) - avant, en 1942, âgé de 70 ans, d'être contraint de porter l'étoile jaune. Durant la Seconde Guerre mondiale, il connut une vie particulièrement difficile, la SACEM, du fait de ses origines, ne lui payant plus ses droits d'auteur.
À la Libération, il créa "Le chant des gaullistes" et plusieurs drames dont "L'évadé de Büchenwald". En 1947, le ministre de la guerre, Paul Ramadier (grand cogneur de grévistes) lui remit la Légion d'honneur. - Pauvre, malade, oublié de tous, il s'éteint à Paris en 1952.

mardi 9 avril 2013

Bon débarras, charogne !

 



    L'herbe tendre ainsi que les mineurs du Yorkshire, les dockers de la Clyde, les habitants de Belfast et Derry, ceux de Brixton et Totthenham, les familles des bidasses envoyés crever dans les brûmes de l'Atlantique Sud, les gosses des écoles publiques à qui elle supprima le petit-déjeuner et on en oublie un paquet.
Ont la joie de vous faire part de la mort de Margareth Thatcher
Rempart du capital, gardienne de la décence bourgeoise, protectrice de la religion, de la morale, de la patrie et d'un dictateur chilien, fouet des prolétaires qu'ils soient Noirs, Blancs Irlandais ou même ...Anglais.

Let's have a drink about it !

   Il y  a donc fête ce week-end, et enjoignons nos fidèles lecteurs à se pointer du côté du square de Trafalgar pour célébrer l'évènement si par hasard ils se trouvaient de l'autre côté du channel...
La liste des festivités britanniques est ici. http://325.nostate.net/


l'occasion d'ouvrir notre rubrique traduction  :

A chanter ad libitum  sur l'air de He's a jolly good fellow

"We're all havin' a party when Maggie Thatcher dies..."

qu'on pourrait traduire par

"On ira tous faire la fête quand la mère Thatcher crèvera..."  




C'est aussi l'occasion de ressortir de nos cartons un morceau de Renaud Séchan que nous vous avions passé lors de notre émission sur la méchanceté.... non pas son classique un peu molasson mais un de ses tout premiers enregistrements.Pour ceux qui auraient raté l'émission...


    Ken Loach proposait hier de l'enterrer au moins-disant (faire jouer la concurrence de l'industrie des pompes funèbres), nous allons dans son sens et proposons carrément la décharge.