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samedi 30 août 2025

Désolation

 


Résumons l'affaire : le 10 septembre le pays est censé être paralysé suite à un appel d'on ne sait qui (ou parfois trop bien). Les journaleux qui font normalement silence dans ces cas en ont rajouté durant tout ce mois d'août. Frustrés d'avoir raté le train jaune des gilets, les récupérateurs divers et avariés sont déjà sur les rangs sans même réaliser à quel point leur présence seule fait office de repoussoir. 
Certes, on n'est jamais à l'abri d'une divine surprise et ce serait trop con de ne pas attiser les braises. Quitte, pour une fois, à tenter d'être là où on ne nous attend pas.
Pour désamorcer, la crise annoncée le ravi de Bétharam se suicide politiquement remplissant à merveille son rôle de fusible. Son honneur s'appelle certainement fidélité (point Godwin, on sait).
Par ailleurs, les syndicats qui font tout pour ne surtout pas déranger ont appelé à la grève... le 18 !
Alors oui, on se méfie des prédictions soi-disant auto-réalisatrice et il y aura des fafs, des pénibles, des staliniens divers, des complotistes, mais que voulez-vous, face à ce monde lamentable, il faut bien commencer (continuer ?) quelque part.
À bientôt donc sur les barrages.

Quant aux gesticulations politico-syndicales :

vendredi 30 mai 2025

Enfumage

 

Délinquants de bas étage

Il est assez croquignolet de constater que la même semaine où est officiellement rétabli l'usage de pesticides jamais éradiqués, où on reprend l'autorisation des méga bassines, où on apprend que l'absurde autoroute Toulouse-Castres va repartir de plus belle, la plus urgente tâche de notre ministre de la santé soit de traquer les fumeurs en plein air que ce soit sur les plages, dans les parcs et jardins ou à proximité des établissements scolaires (c'est beau comme du Churchill en 1940). Vous allez voir que les mômes finiront par s'en griller une dans les chiottes de leurs écoles, comme dans les films en noir et blanc.
Ah oui, nos petits génies suppriment aussi les ZFE pour pas pénaliser les pôvres. Et curieusement, l'augmentation du prix des clopes ne réserve toujours pas le cancer aux hautes sphères de la société car ces cons de gueux n'entendent toujours pas perdre leurs honteuses manies. 
Certes, il existe de multiples sujets tellement plus cruciaux et tragiques.
Mais avouez que dans le genre foutage de gueule et bonne conscience à deux balles, ça se pose un peu là...  
Le mot mascarade est encore faible. 
Enfin, ça aurait pu être pire, au lieu de naître en Absurdie on aurait pu voir le jour, je sais pas moi, au hasard à Gaza ou dans un camp réservé aux Sahraouis. 
Allez, honneur aux Dames :




mercredi 12 mars 2025

Manu got his gun

 


Parfois, une citation vaut mieux qu'un long argumentaire :

« Si les haines, les mensonges de guerre, les instincts de la brute lâchée sous le casque et le masque déforment à nouveau le visage humain, il nous appartient de n’y point céder. De ne consentir à aucun aveuglement. De n’avoir en les pires jours que le souci essentiel de sauver ce que tout homme peut sauver par ses propres moyens de l’intelligence, de la dignité, de la vérité, de la solidarité des hommes… D’opposer un calme refus aux abdications de la pensée, aux fureurs fratricides, à la vaste conjuration des profiteurs de catastrophes. Cette ferme décision, si elle ne suffit pas à nous sauver du canon, nous dégage du moins de la complicité avec les seigneurs de la guerre. »
Victor Serge, 1938

Allez, une note optimiste pour la route



vendredi 28 février 2025

Retour vers le futur (Travail)

 


Je n'avais jamais mangé
De langouste ni de crabe royal du Kamtchaka
(...)
Six jours sur sept de travail depuis trois semaines
à des horaires de nuit
Je m'estime dans mon droit de manger à ma faim
sur mon lieu de travail
Et d'emporter ce que mes poches peuvent à la maison
(...) 
J'ai beau n'être qu'un petit ouvrier
c'est bon
J'ai compris la technique
J'ai vu les horaires les planques et les moyens de sortir les trucs

Deux langoustes donc
Juste faites en rentrant hier avec un riz basmati
tiède et de la mayo maison
C'est pas mal la langouste

Je vole rien
C'est rien que de la réappropriation ouvrière
Tout le monde le fait

Joseph Ponthus À la ligne 
 

L'indispensable Béranger

 

Et une adaptation de l'auteur cité par Michel Cloup

mardi 18 février 2025

Retour vers le futur (famille)

 


Ma mère se fichait un fichu de laine sur les épaules et nous partions à la recherche du volage, de marchande de vin* en marchand de vin. À notre vue, incarnation réussie de la désolation, il devenait hargneux. Les appels à ses sentiments profonds, la douceur insistante: "Viens donc, mon p'tit homme..." restaient sans effet visible. Il redressait sa courte taille et renâclait de sa voix transformée, craquante.
Le ton du colloque changeait, montant du blanc de la pâleur au rouge du courroux. Elle lui demandait s'il n'avait pas honte de se soûler la gueule pendant que son pauvre gosse crevait de faim.
L'ingénieux chantage. 
Moi, le pauvre gosse, j'étais passé ouvertement dans le camp maternel et mes petits yeux se chargeaient de blâme. (...)
Tout piteux, mon père bafouillait des "ben alors" ou des "mince alors". Il n'y comprenait rien et nous rentrions en cortège.
La revanche se jouait à la maison. Ma mère recevait des coups durs dans sa belle figure. Son p'tit homme, raffermi, lui lançait, en faisant cela, des mots orduriers
, des mots courts qui, après avoir servi d'insulte, venaient se placer dans la mémoire.
La chambre était traversée de clameurs.
Calmé ou lassé, mon père sortait. Il s'en allait gueuler dans les rues voisines, tout seul, le feu au ventre. On dit de ces gens qu'ils ont le vin mauvais.
Maman, les chichis défaits et pendants, geignait longuement, ployée contre le bois du lit.
- Ce n'est rien mon petit, disait-elle en tamponnant son visage bouffi et rougi. Elle me souriait et découvrait des gencives saignantes, presque édentées sur le devant.
Tous les jours, dans notre logement, il y eut des disputes, des luttes. La rue suivait l'affaire avec intérêt et les commerçants me considéraient d'un oeil compatissant.
J'étais devenu l'enfant-martyr du quartier. 
Henri Calet La belle lurette.


* À ceusses prompts à dénoncer une culture de boomer, prière de remplacer "marchand de vin" par dealer, le jaja par la coke et "la rue" par les réseaux sociaux. Puisqu'il faut tout préciser. 

jeudi 13 février 2025

Retour vers le futur (Patrie)

 

Gosses tziganes, Rivesaltes, 1941

J'ai trouvé asile en France, reprit Papski. De grandes écoles m'y ont ouvert leurs portes, des confrères, inconnus de la veille, leurs bras. Pourtant, non, je n'aime pas ce pays.
Peut-être est-ce qu'à mes yeux d'astronome il s'étale trop complaisamment sous son maigre ciel cartésien. Peut-être est-ce sa gloriole de coquette sur le tard. Ou le ressentiment peut-être, parce que sous le faux nez d'un humanisme de façade la xénophobie s'y donne à coeur joie. 
Vous voyez, je ne sais pas au juste. toujours est-il que, écoles et confrères nonobstant, j'ai été raflé à l'égal de milliers et de milliers de mes semblables. Puis, avec la débâcle, les camps français sont devenus des antichambres de la mort. 

Jean Malaquais. Planète sans visa.
 

mardi 7 janvier 2025

Au suivant !

 


Illustration en hommage au Tenancier et à l'ami L. qui nous apprirent une des rares bonnes nouvelles de cette période bourrique. Comme quoi, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui...

C'est pas nous qu'on le dit, c'est la Grande.


mardi 2 juillet 2024

La débacle


À qui la faute ?

Aux infâmes médias de l'abject Bolloré (parce qu'Hersant c'était le bon temps, peut-être ?) ? Aux renoncements successifs de la gauche depuis quarante ans ? Que dis-je, au fait qu'elle ait joué son rôle historique en encadrant, gérant, mentant, trahissant ? À la grande trouille régulièrement cultivée ? Au petit marquis qui déclencha le chaos après avoir fait tabasser les GJ, les opposants aux bassines, les manifestants contre la réforme des retraites et bousillé toute idée de solidarité en bon héritier de la Thatcher ? À un pays profondément raciste depuis toujours, même si ça ne concerne réellement qu'une minorité de salauds ? Au bourrage de crâne d'une bourgeoisie qui nous refait sa variation du "plutôt Hitler que le front popu" (et c'est reparti comme en quarante) ? À un prolétariat brisé, émietté, méprisé et finalement courtisé par une bande d'ultra libéraux tendance matraque ? Qui lui chiera dessus à la moindre occase. À la militarisation successive des sociétés ? Au contrôle généralisé ? À l'isolement apporté par le numérique et son monde qui zombifie des pans entiers de la population ? À la bêtise de ceux et celles qui ont renié la guerre de classe ? À la contre-révolution culturelle menée depuis les années 1970 par la "nouvelle droite" (club de l'Horloge, etc.) ? À la fascination du pognon qui balaya tout sentiment simplement humain ? À la lâcheté et au conformisme ? À la guerre de tous contre tous ? À Sarkozy qui fit du Le Pen ? À Hollande qui fit du Le Pen ? À Macron qui ne fit que du Le Pen ? Au mépris de classe  chaque jour plus affiché, plus obscène ? À la stupidité et à la morgue des soi-disant progressistes qui ne sont qu'une frange de la bourgeoisie se croyant éclairée ? Au désespoir qui devient nihilisme ?
À tout cela assurément. Et j'en oublie.
Mais, la seule chose certaine, c'est qu'on a beaucoup perdu.


lundi 24 juin 2024

Ça va mieux en le disant

 

Militant républicain avec ses potes dédiabolisés


Quand l’extrême droite progresse chez les gens ordinaires, 
c’est d’abord sur elle-même que la gauche devrait s’interroger.

George Orwell 

On leur explosera la gueule
car elle est pleine de vide.
Linton Kwesi Johnson


jeudi 13 juin 2024

Quoi de neuf ? Un Front pop'

 

Tu peux toujours rêver, Woody, va falloir un accessoire plus calibré


Lorsqu’on dit Front populaire, cela évoque spontanément des foules aux poings levés et des progrès sociaux massifs, les riches heures du prolétariat. Sauf qu’à y regarder de plus près…


Si l’unité des courants de gauche s’est bien faite à la base et contre les partis face au danger fasciste (et oui) de 1934 ce sont les ordres de Staline, changeant brutalement de politique, qui ont permis au PCF de rejoindre une alliance électorale de gauche. 

Et si le patronat fut obligé de lâcher du lest (semaine de 40h, congés payés, etc.) ce n’a été que grâce à une vague de grèves spontanées qui avait paralysé le pays. Les prolos avaient débordé un gouvernement obligé de suivre bon gré mal gré. 

Côté bilan, ce ne fut guère brillant : pas de vote des femmes qui attendront après la guerre qui arrivait, politique coloniale intacte, répression des manifestations (la police tue 6 manifestants à Clichy 16 mars 1937) arrêt rapide des réformes et abandon du Front populaire espagnol à son sort et aux armées fascistes. 

`

Gouvernement Front populaire espagnol qui, de son côté, n’avait rien fait pour empêcher le putsch des militaires réactionnaires et dont l’échec initial, en juillet 1936, n’a été dû qu’à l’action des ouvriers et paysans armés parmi lesquels une majorité d’anarchistes. 


Les Espagnols auront 40 années de dictature sanguinaire pour méditer sur la solidarité des gouvernements de gauche.

Le souvenir doré du Front populaire a été surtout la conséquence de ce qui a suivi : un gouvernement radical menant une politique de droite dure, une déculottée totale suivie d’une occupation et de Vichy, de quoi se dire qu’effectivement c’était mieux avant !

L’expérience électorale du Front populaire a été renouvelée au Chili en 1970 (UP) amenant le socialiste Allende au pouvoir. Malgré ses proclamations marxistes, celui-ci ne mena pas les réformes sociales prévues (nationalisations mises à part) et surtout refusa d’armer des milices populaires, faisant confiance à une armée qui allait l’assassiner en 1973. 

Les Chiliens hériteront de 27 ans de dictature pour méditer sur la capacité de la gauche à défendre le peuple. 

Et nous vous laissons donc méditer sur l’efficacité des alliances de gauche à nous amener vers un avenir radieux.

Notre salut ne viendra que de nous-mêmes et de nos combats, jamais de partis gestionnaires prêts à s'allier tout en se haïssant.

PS : L'affiche ci-dessus est une saloperie cagoularde française de 1936, fake new d'époque.

Place publique : Des fois que certains aient des doutes, on hait les fascistes présentables ou pas. On estime juste ne pas avoir de leçons d'anti-fascisme à recevoir de la part de crétins (au mieux) qui sont tout aussi responsables de la situation que ce gouvernement de brutes.


samedi 25 mai 2024

Vous reprendrez bien une guerre coloniale ?

 

Voisins vigilants, Nouméa mai 2024

On le savait depuis l'irruption fracassante d'un certain Alexandre Benalla : nous sommes gouvernés par des brutes.
La suite des pathétiques quinquennats du Marquis n'a fait que confirmer cet état de choses.
Mais là, ils ont fait très très fort.
Quelle dose de morgue et de suffisance faut-il posséder pour avoir réussi à rallumer la guerre en Nouvelle Calédonie là où tous les connaisseurs et surtout le simple bon sens prédisaient la catastrophe ?
Quelle dose de mauvaise foi faut-il charrier pour ne même pas reconnaître le fait colonial sur la Kanaky (par ailleurs explicitement cité par l'État dans les accords de Matignon ou de Nouméa) ?
Combien de tonnes mépris trimballe-t-on quand on ose voir derrière une situation insurrectionnelle la main de ... l'Azerbaïdjan ! (À quand nos frontières menacées par l'Albanie ?)
Quel degré d'aveuglement possède un roitelet qui débarque en exigeant de l'ordre après avoir soi-même foutu le feu ?
Tout cela se paiera fatalement.
On craint juste que ce soient encore les mêmes qui morflent d'ici là.
En attendant, on envoie la troupe. Pour changer....

De l'utilisation judicieuse des BMW sur le Caillou
 
 

Et un vieux fantôme qui hante les îles.
 

Renouer le dialogue qu'ils disaient.


lundi 25 mars 2024

Un an déjà !

 


Communiqué n°7 : Un an après

Le 25 mars à Sainte-Soline ne sera jamais un anniversaire que l’on célèbre. Loin d’une victoire politique, cette date rappelle plutôt le carnage que l’Etat français a perpétré à l’encontre de celles et ceux qui avaient fait le choix de lutter. 
 
Mais certains récents événements nous ont permis de nous réjouir et de fêter ça ensemble. Le S, après un échec d’opération due à une infection en octobre dernier, a été de nouveau opéré. L’objectif de l’opération (cranioplastie) était de reconstituer la boite crânienne percutée par la grenade.
 
Tout s’est bien déroulé et le S a de nouveau un crâne opérationnel ! C’est une étape-clé dans son processus de reconstruction qui a été franchie. Il continue à récupérer chaque jour des aptitudes, au prix d’efforts de rééducation importants. De lourdes séquelles persistent, mais sa détermination et la solidarité qui la nourrit nous renforce dans ce qu’on a défendu depuis le début : le refus de s’écraser. Preuve s’il en fallait qu’il ne faut jamais rien lâcher, quelle que soit la force des puissants. En être ici un an après la tentative de meurtre, ça donne l’impression de sortir vainqueur d’une défaite !
    
À l’heure des bilans, que tirer de Sainte-Soline ? La manifestation du 25 mars 2023 a été l’occasion pour nombre d’entre nous de participer à un élan collectif puissant autour du refus en acte de céder, ne serait-ce qu’un pouce de terrain, aux intérêts capitalistes, ici contre un projet d’accaparement de l’eau au profit d’une industrie agraire faiseuse de cancers, de pauvres et de sécheresses. Tandis que certaines fractions politiques ont fait de la lutte contre les grands projets un programme à long terme pour la constitution d’un camp social-démocrate que nous gerbons, nous y avons participé principalement pour ce que ce moment représentait : une reprise d’initiative en faveur de la force collective. 
 
En effet, fort du succès de la première manifestation, le deuxième acte de Sainte-Soline avait la particularité de faire écho à ce qu’il se passait dans la rue alors. Le mouvement contre la réforme des retraites avait connu un regain d’intensité après le 49.3 et les manifestations de rue, inondées de gaz lacrymogènes, s’échappaient peu à peu du nuage soporifique que les directions syndicales avaient installé depuis le mois de janvier. 
Sainte-Soline s’est transformé en enjeu symbolique et un symbole se défend souvent au canon. L’Etat ne voulait pas perdre la bassine, parce qu’il ne voulait pas perdre la face. S’en est suivie la démonstration d’un corps militaire surarmé, qui avait pour instruction de mutiler les corps et les esprits, dans un affrontement asymétrique, en rase campagne, depuis une position en hauteur. Notre camarade a échappé à la mort grâce à la détermination de celles et ceux qui l’ont protégé et soigné, sous le regard goguenard des militaires. Nous n’oublierons pas.
 
Depuis mars 2023, rien n’a cessé. Les démonstrations de force se sont succédé. Tout est symbole. L’Etat impose la terreur partout où il passe et convoque le pire pour nous convaincre de lui laisser le champ libre. Nous ne pourrons pas ici énumérer toutes les personnes, dans les cités ouvrières principalement, à qui la police a enlevé la vie depuis mars 2023. Les révoltes après l’assassinat à bout portant de Nahel ont reçu comme réponse immédiate la puissance de feu des équipes tactiques de la flicaille. Au lendemain des assauts des jeunes prolétaires contre les blindés et les fusils à pompe, l’Etat n’avait qu’un mot à la bouche : la discipline contre les prolétaires, jeunes et moins jeunes. Il veut une population aux ordres, pour que la classe se tienne sage. Il ne parle que de guerre prochaine et de sécurité, à grand renfort de coups de communication patriotiques, de financement du SNU et de répression tous azimuts. À entendre ses représentants, échapper au destin funèbre dont nous sommes témoins en plusieurs endroits du monde ne tiendrait qu’à notre soumission aux ordres.
 
Aujourd’hui, difficile de parler de la terreur d’Etat sans évoquer le massacre au grand jour des Palestiniens par l’Etat israélien. Pour rédiger ce communiqué, nous avons beaucoup discuté de la manière, et même de la pertinence, de lier dans un seul texte, un retour sur Sainte-Soline avec la colère sourde qui nous tient quand nous portons notre regard sur cet épisode et sur d’autres, constitutifs d’une situation internationale terrifiante. 
Il ne s’agit pas de comparer ces situations pour produire des équivalences, mais d’essayer de les lire à partir d’une même lunette, celle de la gestion prévisionnelle de notre répression. Le génocide des Palestiniens de Gaza signale aux prolétaires du monde entier ce que les gouvernants sont capables de faire, en chœur, pour le maintien de leur classe. C’est une blessure mondiale qui nous renvoie à notre impuissance.
 
Voilà le sale boulot des Etats : ils savent que, par leurs ravages et leurs carnages, ils produisent des traumatismes et s’en frottent les mains. Ils nous veulent saisis d’effroi et savent profiter de ce moment pour avancer encore, toujours plus, pour leur profit et vers notre écrasement. 
 
Mais ce monde n’est pas réductible à leurs calculs glacés. Nous qui sommes des milliards, nous les exploités, avons aussi un langage qui nous est propre et s’invente au gré des luttes. Il parle de solidarité, de force collective et de victoires, y compris dans les moments les plus sombres de leur Histoire comme aujourd’hui. Il permet aussi de désigner un horizon : celui d’une révolution mondiale, seule visée suffisamment ambitieuse pour gagner la puissance de libération nécessaire à la mise en PLS de ce monde de merde !
 
On ne lâchera pas l’affaire. 
 
Les camarades du S
 
PS : 
Après les épreuves traversées, nous souhaitons produire un bilan des Camarades du S pour paver le chemin de la résistance aux répressions qui jalonneront nos luttes. Pour y parvenir, nous serions intéressés par des retours critiques de la part de ceux et celles qui ont suivi et participé, de près ou de loin, à cette initiative. 
Vous pouvez envoyer tout témoignage, texte, réflexion ou analyse en ce sens à l’adresse      « s.informations@proton.me ».


lundi 19 février 2024

Les assasins de la mémoire

 

Femmes du groupe Marta, Marseile, 1945.

 

Ils sont incorrigibles ! Après Sarkozy honorant Guy Mocquet, voilà-t-il pas qu'un président dont le gouvernement mène la chasse les étrangers, passe des lois abjectes, réduit les conditions de travail et de chômage en bouillie, pose un tapis rouge à des fafs même pas repentis, laisse l'Arménie se faire dépecer et j'en passe s'en va panthéoniser le résistant arménien communiste Missak Manouchian et sa compagne pour qu'il y en ait pour tout le monde.

Mais qui croient-ils tromper ces minables ?
 
Rappelons qu'entre les Juifs de diverses origines, les Roumains, les Italiens, les Espagnols de l'armée en déroute, tous enfermés comme étrangers pernicieux et indésirables dès 1939, et même quelques Français entrés dans ses rangs, les FTP MOI étaient une belle bande métèques pas vraiment propres sur eux selon les critères de cette époque.

La preuve, comme l'écrivit sous forme d'aveu le patriote professionnel Aragon, "onze ans, que cela passe vite, onze ans".
Tu l'as dit bouffi ! Onze ans durant lesquels un parti sur une ligne nationaliste et cocardière avait "francisé" les actions des FTP de la MOI pour les redistribuer à des petits gars dont le nom fleurait plus la Bretagne ou la Bourgogne.
Et ce, que ce soit à Paris (groupe dit "Manouchian") Toulouse (35ème brigade dite "Marcel Langer") Marseille (groupe Marat) ou la région lyonnaise (groupe Carmagnole).
Alors pour des internationalistes, se faire récupérer tour à tour par la France, les volte faces du parti et désormais une bande de minables managers, voilà qui fait un peu beaucoup.
Nous crachons sur vos calculs, messieurs.
Ce qui n'empêche de réécouter la grande Monique
  

 

Et de partager ce film de MOsco de 1985 dont le PCF tenta d'interdire alors la diffusion télévisée. 
Faut dire qu'il y a là quelques approximations mais qu'est ce qu'on a aimé ces vieux !
Et puis, le film de Guédiguian était vraiment trop raté.

jeudi 15 février 2024

Une chanson d'Albert Londres

 

 
Le très fameux grand reporter Albert Londres, dont le métier, selon ses dires était de "porter la plume dans la plaie",commit, outre un nombre impressionnant de reportages plus d'une vingtaine de livres tirés de ses pérégrinations.
 Il semble qu'une de ses expériences les plus marquantes fut son séjour au bagne de Cayenne en 1923 et 1927.
Certes, ce n'était pas la première plongée dans l'univers de la misère carcérale (les Bat d'Af en 1925) mais le degré de sadisme institutionnel rencontré en Guyane le rendit fervent abolitionniste de cet enfer républicain. 
Le bagne n'est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C'est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c'est tout, et les morceaux vont où ils peuvent. (Au Bagne, 1923)
Une autre rencontre fondamentale pour lui, fut celle du forçat Eugène Dieudonné, condamné pour appartenance à la Bande à Bonnot, ce que tous les autres anarchistes avaient farouchement nié, y compris au pied de l'échafaud ou avant de tomber sous les balles. 
En 1928, il écrivit L'homme qui s'évada en son honneur et fit campagne pour la grâce d'un des rares bagnards ayant réussi son échappée.
Utilisant tous les moyens à sa portée, le journaliste écrivit même une chanson qui sortit en 1928, interprétée par Lucienne Boyer, artiste alors fort en vogue (même si ce fut édité par Columbia).
Elle fut fort à propos, intitulée La Belle :

Évadé en 1926, amnistié suite à cette campagne de presse, Dieudonné témoigna à son tour dans son ouvrage, La vie des forçats, en 1930 et joua son propre rôle dans un film du surréaliste Brunius en 1934 (Autour d'une évasion).
Achevons cet hommage à un honnête journaliste par une version nettement plus contemporaine prise en charge par les inévitables Parabellum. Bientôt 10 ans que tu es parti, Schultz, c'est fou ce que le temps passe !

mercredi 24 janvier 2024

Du côté de l'élite

 

"Je suis toujours été en faveur de l'IVG"
 
Gérard Larcher, président du Sénat,* entendu hier à la radio.

* Ce qui laisse supposer qu'il est allé un peu au-delà du certoche.
 

vendredi 22 décembre 2023

Surprenante reprise de Serge Lama

 

La colère selon Paul Strand

L'actualité étant trop dégueulasse, on s'est payé une tranche de nostalgie d'un monde disparu et certainement pas meilleur.
Avant de se prendre pour Napoléon et devenir une sorte d'incarnation du beauf giscardien Serge Lama avait écumé les cabarets de la rive gauche et ouvert pour Barbara, Brassens ou marcel Amont.
Plutôt que de chanson réaliste, on qualifiera son cas d'auteur de chansons populistes au sens où on l'entendait avant que le mot ne fut mis à toutes les sauces. Ce qui a donné le pire comme, parfois, le meilleur.
Prenons le cas de Les glycines (1973), co-écrite avec Yves Gilbert et apparue sur le 33 tour Je suis malade.
Le cadre en est un monde paysan à l'agonie où la seule promotion sociale consiste à se barrer chez la classe ouvrière. C'était aussi le temps où Gilles Servat chantait On manque toujours de prolétaires. S'ils avaient su...
Rajoutons à ce tendre tableau la misère sexuelle, un soupçon d'inceste entre cousin cousine et les mots qui ne sortent pas, on comprend qu'à l'époque une partie du public adopta cette chanson pathétique au croisement de la chronique sociale et du misérabilisme.
Fin de l'explication de texte.
Quelle ne fut pas notre surprise de retrouver ce morceau interprété par un groupe de punk confidentiel des années 1990, 10 Petits indiens. D'abord signés chez Island, puis Boucherie prod. Isabelle Voisin, Frédéric Cormier, Philippe le Bour, Papi et tougoudoum ont commis trois albums entre 1992 et 1996. 
Il semble qu'ils se soient reformés depuis mais on avoue notre ignorance.
En tout cas, ils auront fait swinguer Lama.
 

dimanche 3 décembre 2023

Nguyen Tan Tai-Luc (1958-2023)


D'accord, il a eu des côtés très très peu sympathiques avec des fréquentations ambigües pour ne pas dire, plus. On peut pas passer l'éponge là-dessus.
N'empêche qu'avec la disparition de l'âme de La Souris Déglinguée, c'est une page du rock français qui se tourne et (encore) une partie de notre jeunesse qui se fait la malle.
Avec ce groupe de lycéens, créé en 1976, par Tai- Luc, Jean-Pierre, Hervé et Terkadec (harmonica), on a tenu le parfait mélange d'énergie punk et rockabilly, mâtiné d'une pincée de Oï chantant des chroniques sociales ras du trottoir. 
On tenait enfin des Clash de chez nous, à la sauce Kebra meets la bande à Kruel dotés une crédibilité en béton armé.

  

Et puis, c'est vrai, on en a eu un peu classe de devoir se cogner avec une bande de nazillons à quasiment chaque apparition du groupe. Marre aussi de paroles trop souvent confuses.
Restent de beaux moments et le plaisir des deux premières impeccables galettes : La Souris Déglinguée et Une cause à rallier.
Ce sont aussi eux qui prendront NTM en première partie à l'Olympia, marquant le passage de relais musical de l'époque.
Tai-Luc continuait à jouer (un album solo assez raté, juke-box, en 2007)
Il donnait également des cours à l'Inalco et avait un stand de bouquiniste sur les quais de Seine.
Que la terre te soit légère, gars.
Un rappel des débuts.

   



samedi 22 juillet 2023

Bassines ou cuvettes ?

 

Le lieutenant Morel en famille et en vacances

Voici l'histoire pas très banale du lieutenant des gardes mobiles Xavier Morel qui risqua sa peau le 25 avril dernier à Ste Soline.
Pris sous un feu roulant de cailloux, le malheureux officier invoqua très fort les mânes de son grand-oncle tombé en défendant l'Occident et la Banque d'Indochine dans la cuvette de Dien Bien Phu (1954). Non, l'histoire n'avait pas le droit de se répéter même en tragi-comédie !
Aussi le lieutenant ordonna à sa compagnie d'ouvrir le feu de toutes la puissance de ses cougars, LBD et autres grenades assourdissantes, offensives ou bean bags.
L'ennemi s'appelait-il Serge, Mickael, Alix ? Peu importe, pour cette fois l'occident (et la FNSEA) étaient sauvés.
Ce conte absurde pour illustrer, le dernier né des Nuclear Boogie (avec Bogmallow, Marc et Alex) vibrant hommage à la tradition St Cyrienne.
Sur ce bonnes vacances sous contrôle des CRS maîtres-nageurs.

dimanche 18 juin 2023

Quelques mots de Serge

 

Toulouse 1er mai 2023  

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des Etats !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

lundi 5 juin 2023

L'été sera punk

 


Deux mois après la manif contre les méga-bassines à Sainte-Soline, on sort une compil’ de soutien à Serge et Micka, tous deux tombés dans le coma suite aux affrontements avec la police lors de celle-ci.
https://pasuneminutedesilence.bandcamp.com.
Une compil’ histoire de ne pas laisser le temps nous faire accepter ou oublier les mutilé.e.s et les blessé.e.s de la guerre sociale, de ne pas laisser les proches seul.e.s avec les galères de thune, de partager des idées et de filer de la niak aux personnes qui continuent à lutter contre ce monde d’exploitation.
Dans ces moments, c’est aussi la solidarité qui fait notre force, qui peut nous permettre d’encaisser les coups, de faire face à la peur et de tenir sur la durée. D'ailleurs elle ne s’est pas faite attendre et pas
mal d’actions ont eu lieu dans différents pays. Chacun.e.s selon les moyens qui leur semblaient adéquats, mais toujours sans concession avec l’État et ses aspirants… 
On rentre donc dans la danse à notre manière. Avec cette compil’ de punk. Parce qu’une partie de notre politisation, de notre rébellion et de notre refus du système est issue de cette culture et que nous
continuons à voir dans ce mouvement un vecteur de contestation sociale et d’entraide. Un endroit d’auto-éducation face à ce monde qui aurait voulu nous voir abrutis par les rêves de réussite sociale qu’il nous fait miroiter et dociles en échange de cet argent qu’il a rendunécessaire à notre vie quotidienne.
Pas une minute de silence,  les sales gosses ne se taisent pas face aux coups durs donnés par l’État.
Rien n’est fini, mais tout commence...
Force aux rebelles du monde marchand.

 

Si vous souhaitez filer un peu de soutien, nous vous encourageons à le faire directement sur la cagnotte mise en place par les camarades du S., afin d'éviter d'en filer une partie importante en frais divers (Bandcamp, PayPal).
La version cassette et CD devrait arriver vers le 15 juin. Si ça vous dit, il est possible de la commander dès à présent en nous contactant directement (contact: cybergod@stonehengerecords.com). Elle vous sera envoyée directement dès qu'on les aura entre nos mains.