Quand il ne jouait pas encore le détective de Malet, Guy Marchand pouvait être marrant.
La preuve en est un extrait de son deuxième EP, L'Amoureux transi (EP RIVIERA 231.12) , la face B Tout en dansant la Rumba (novembre 1965) dans lequel il cabotine à souhait.
Allez, un peu de légèreté, c'est l'été.
Après une enfance passée chez les Indiens Blackfeet, Jalacy Hawkins (1929 - 2000), universellement connu comme "Jay le braillard", tenta d'abord sa chance sur les rings de boxe, comme guitariste de jazz, puis en chanteur fantaisiste dans les cabarets à soldats. En 1956, outre adopter une tenue loufoque entre vampire et cannibale, il révolutionne le blues en y collant un rythme de valse à trois temps et vitupère son I put a spell on you.
Même censuré en radio, le titre lui assure une belle renommée à l'étranger. Il sera ensuite repris par Nina Simone, Creedence Clearwater Revival, The Animals, Them, Buddy Guy, Brian Ferry, Natacha Atlas, Joe Cocker, Nick Cave, Marilyn Manson, Iggy Pop, etc, etc...
Ce qui donne à penser que le lascar savait parfaitement faire swinguer les droits d'auteur.
Mais une des reprises les plus inattendues est peut-être cette adaptation en français, chantée par Nicole Grisoni, alias Nicoletta, en 1967. En ces années, la dame s'essayait au blues et au gospel et ce grand séducteur de Guy Marchand lui avait mitonné ce Ça devait arriver qui n'a pas dû gonfler démesurément le portefeuille de notre Hawkins farceur.
On ne peut que déplorer de n'avoir pas eu la même jouée par le furieuxHector, digne variante locale du gueulard originel.
Pour se remettre de l'orgue, notre Sreamin' Jay au grand écran : cette séquence est tirée de Rage in Harlem, médiocre adaptation de la Reine des pommes du divin Chester Himes.
Contrairement à certain prix Nobel, il est des crooners qui vieillissent plutôt pas mal.
Même si on ne sait pas vraiment ce que vaut l'album Folk you (2015) signé par Guy Marchand et Kim Kapone (qui ça ?) mais on a fort apprécié cet extrait dans lequel le vieux séducteur s'essaye à un extrait de Ruy Blas. Pièce qu'il avait déjà interprété sur scène. Oui, il y a des moments où Victor Hugo est incomparable.
On retrouve dans ce clip Guy Marchand (chant), Olivier Dambezat et Alexandre Morier (guitares), Abdenour Notouri (contrebasse), Jean-Philip "Pee Wee" Steverlynck (violon et Samuel Bobin (batterie).
Longtemps avant de cabotiner en Nestor Burma, Guy Marchand, ex para de la guerre d'Algérie, clarinettiste et acteur de second rôle, sort ce 45 tours en 1965.
Il attendra encore quatre ans avant de réaliser son premier album sobrement intitulé "Je cherche une femme" ( pauv' malheureux, va !)
La version ici présentée est celle du scopitone de 1967. Vous inquiétez, pas le décor est naturel, il lui va si bien au teint !