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jeudi 11 juillet 2024

Un peu de poésie par Arletty

 

Arletty et un coquin (Hôtel du Nord)

Bon, maintenant que le fascisme est toujours à la porte en attendant d'occuper le séjour, que notre roitelet vient de s'octroyer deux ans de répit et que la chambre sera d'un centrisme affligeant (on parie ?) passons un peu à autre chose.
En 1934, déjà face à une extrême droite rampante et un Front pop' en gestation, que fabriquait notre chère Arletty ?
Elle chantait, ne vous en déplaise.
Et en outre elle se payait la fiole toutes ces bourgeoises qui soupiraient après les marlous (on ne disait pas "bad boys") sur une chanson signée Jean Neuburger (encore un mauvais français à coup sûr). 
Postmodernes divers et variées, avant de hurler sur ces paroles injurieuses et scandaleuses, songez deux minutes que c'est du second degré. Puisqu'il faut tout préciser.
Et dans le genre rions un peu avec le mépris de classe...  

dimanche 15 mai 2022

Poème d'amour de Gherasim Luca

 
Dans l'histoire, il n'y a pas que Cioran ou Ionesco comme Roumains écrivant dans la langue de Verlaine et BHL. Gherasim Luca (Salman Locker de son vrai nom) poète, communiste dans sa jeunesse, fit partie du groupe surréaliste roumain à la fin des années 1930. 
Définitivement installé à Paris, dans un modeste atelier, au cours des années 1950, il gagna l'admiration d'André Breton, de Paul Célan, de Victor Brauner, Jacques Hérold mais aussi de Deleuze et Guattari tout en se tenant volontairement écarté des fauves aux dents longues (selon son amie Linda Lê.
Si on en croit sa fiche Wiki, ce poète et plasticien qui se faisait un honneur de son statut d'apatride fut forcé de prendre la nationalité française à la fin des années 1980.
Le voici en 1989.

 Logiquement, ce partisan, de la gRÈVE / GÉNÉRALe / sans fin / ni commencement et de LA RÉVOLUTION / SANS PERSONNE / L’AMOUR / SANS / FIN (La Proie s'ombre, 1991) se suicide en 1994 puisqu'il avait le choix et qu'il n'y avait plus de place pour les poètes en ce monde.
Son poème le plus connu est certainement Prendre corps, ode à l'amour total repris ici par Arthur H dans L'or d'Éros, en 2014.

 

On nous signale cette version bien plus gainsbourienne (période Melody Nelson)

mardi 30 mars 2021

Topor s'amuse

 

De Roland Topor (1938-1997), on connaît essentiellement ses dessins, peintures, affiches de cinéma. On sait aussi qu'il fut décorateur, poète, grand satrape du collège de pataphysique. 
L'homme était aussi chansonnier à ses heures. Il est piquant de constater que lorsqu'on va faire un tour sur les plateformes les plus cotées, on trouve essentiellement de charmantes comptines pour enfants, gentiment surréalistes, qui datent pour la plupart de ses années de télévision de la décennie 1980 avec son complice Jean-Michel Ribes. 
Évidemment, le joyeux drille ne se contentait pas d'écrire pour les marmots. On trouve de ses œuvres disséminées de ci de là, mélange de tendresse et d'érotisme discret et de désespoir déconnant.
Comme ce Sous mes draps par un Robert Charlebois qui cherchait à prendre le virage youp la boum de la décade qui s'annonçait  (album Heureux en amour ? de 1981) 
 

Quelques-uns mettent ses poèmes en musique comme Pasquale d'Inca pour sa balade Topor vous salue bien issu du spectacle Topor d'attache.


Finalement, à part François Hadji-Lazaro qui lui consacra un disque, l'interprète la plus régulière de Topor fut l’excentrique chanteuse japonaise Megumi Satsu ici dans une mignonne ode à la masturbation polluée par les synthés à la mode et tout simplement titrée Je m'aime.

lundi 23 novembre 2020

Patachou sexualité et censure vintage


On glose à tort et à travers sur la liberté ces temps-ci et les crânes d’œufs qui sont censés faire l'opinion paraissent singulièrement obsédés par la liberté d'expression. Au point d'ériger n'importe quel crobard en symbole national, au point de se fixer sur un article de loi au sujet d'images de policiers en faisant mine de négliger le tombereau d'articles répressifs qui l'accompagnent. 
Vu qu'on vient d'exprimer ce qu'on en pense, on ne va pas en rajouter.
Rappelons qu'en ce qui concerne le couple infernal censure / liberté, on trouve quelques spécimen étonnants.
Ainsi, dans la prude France de 1959 et du soi-disant grand Homme qui venait de revenir au pouvoir grâce à un coup d'État, cette innocente et à peine coquine bluette, Les ratés de la Bagatelle, interprétée par la très respectée Patachou fut-elle dûment interdite de radio. Et ce pays se permet de donner des leçons.
Cachez ce refrain que je ne saurais voir.


samedi 18 avril 2020

Tranche de vie (mécanique)



- Vous réparer ?
- Oui frère. L'homme qui ne satisfait pas ces dames est une machine qui sait qu'elle est cassée mais ne peut pas être réparée faute de pouvoir s'examiner de l'extérieur. Je peux réparer n'importe quoi frère, n'importe quelle machine, tous les appareils que vous voudrez, mais j'ai besoin de regarder du dehors, de faire tourner dans mes mains, de les examiner pour comprendre comment elles fonctionnent. Ça, je ne peux le faire avec moi-même. J'ai essayé d'examiner ces dames, tenté de comprendre comment elles fonctionnaient mais j'en suis arrivé à me dire que ce n'étaient peut-être pas les dames qui étaient cassées, mais bien moi.
Je suis persuadé d'être capable de me réparer moi-même et il n'y a d'ailleurs que moi qui puisse le faire. Pourtant, la seule chose que je ne peux pas réparer c'est moi. Oui, frère. Et c'est bien dommage, ajouta Nekovar. J'aurais tant aimé me voir à l'écran.
- J'ai l'impression que dans cinq heures vous serez cassé pour de bon sans qu'aucune réparation ne puisse plus rien y faire, répliqua Mutz, et en disant ces mots à haute voix, il eut le pressentiment d'avoir scellé leur sort.

James Meek Un acte d'amour



Et pour accompagner ce texte, un petit film qui n'a rien à voir mais qui nous renvoie à notre condition de confinés malgré nous. Merci Pott'
La vie de village en temps d'épidémie. On peut foutre le nez dehors mais sans trop tirer sur la corde.

1km from Rezatova on Vimeo.


jeudi 28 novembre 2019

Érotisme primitif : Montaigne

 
Titien, 1560


L'usage et l'interest du mariage touche nostre race, bien loing pardelà nous. Pourtant me plaist cette façon, qu'on le conduise plustost par main tierce, que par les propres : et par le sens d'autruy, que par le sien : Tout cecy, combien à l'opposite des conventions amoureuses ? Aussi est-ce une espèce d'inceste, d'aller employer à ce parentage vénérable et sacré, les efforts et les extravagances de la licence amoureuse, comme il me semble avoir dict ailleurs : Il faut (dit Aristote) toucher sa femme prudemment et sévèrement, de peur qu'en la chatouillant trop lascivement, le plaisir ne la face sortir hors des gons de raison. Ce qu'il dit pour la conscience, les médecins le disent pour la santé. Qu'un plaisir excessivement chaud, voluptueux, et assidu, altère la semence, et empesche la conception. Disent d'autre part, qu'à une congression languissante, comme celle là est de sa nature : pour la remplir d'une juste et fertile chaleur, il s'y faut présenter rarement, et à notables intervalles.

Montaigne, Essais III, 5 
(Merci à Orlando de Rudder pour le tuyau)

Un sonnet de François de Malherbe pour enfoncer le clou 


mardi 13 août 2019

Mistinguett : érotisme primitif



Avec sa collègue Arletty et bien avant le Môme Piaf, Mistinguett fut une de ces hirondelles du faubourg à devenir une immense vedette de la France de l'entre-deux guerres. Couronnée "Reine du Music-hall", Colette écrivit d'elle qu'elle était propriété nationale.
Née Jeanne Florentine Bourgeois en 1875, issue d'une famille plus que modeste comme ne l'indique pas son patronyme, Miss Hélyett puis Mistinguett débuta au Trianon en 1894.
Malgré un physique particulier, un talent limité de danseuse et chanteuse, elle profita de sa suite de revues, pièces de théâtre et même petits films d'un cinématographe débutant pour imposer sa gouaille coquine et une paire de gambettes qu'on disait les plus belles du monde.

Partenaire de Maurice Chevalier* dès 1911 aux Folies Bergère, elle connut la gloire après 1917 aux côtés de Harry Pilcer, Georges Guétary ou un petit jeunot qui promettait, Jean Gabin.

Si on se souvient surtout de Mon homme, Ça c'est Paris ou C'est vrai, on apprécie particulièrement son Il m'a vue nue, de 1926 (Pearly / Chagnon) dans lequel on mêle allégrement du littéraire un peu cuistre ( La lune soudain vint s'exhiber, /
J'allais lui dire : "Ta bouche, Phoebé !" / Quand j'entendis près d'moi / Un cri d'émoi)
à une raillerie toute populaire ( Il m'a vue nue / Toute nue / Sans cache-truc ni soutien-machins / J'en ai rougi jusqu'aux vaccins) avec une gaillardise parfaitement explicite : Et je pensais / Il va me rejoindre bientôt / Pourvu qu'il ne perce pas mon incognito.


 

Comme quelques autres, la Miss se fera plus discrète après l'Occupation. Elle est morte en 1956 à 81 ans.

* Côté gaillardise anecdotique, ces deux-là ont vécu une grande histoire d'amour durant une décennie. Mobilisé en 14, le Maurice avait offert une copie de son sexe à sa belle pour qu'elle patiente en attendant l'armistice.

mardi 13 novembre 2018

Joie du wallon

Goguettiers par Daumier
À l'origine, un air qui fit les beaux jours des goguettes du XIXème siècle, ces ancêtres des café-concerts, puis des cabarets et précurseurs au sein desquels des chansonniers chroniquaient la vie sociale.
On en a passé une version par Armand Mestral, datant du Siège de Paris, en août 2015
Autre exemple d'un des multiples recyclages de la même mélodie, La complainte du Charlot de La Courtille par Nenesse et Totor, extrait du cd Goualantes de la Vilette et d'ailleurs (l'Insomniaque).
Or, un docte lecteur, Michel Davesnes, nous a récemment signalé : L'air qui sert de support à cette chanson a beaucoup servi, semble-t-il. Au départ, il s'agit de "Te souviens-tu*", qui illustre l'épopée napoléonienne. Plus proche de nous, l'air a été repris du côté de Charleroi, en Belgique, et ça a donné "Lolote", chantée ici par le grand Julos Beaucarne.

  

Cette gaillarde interprétation, issue d'un traditionnel wallon, nous a tellement réjouie qu'on vous en donne une transcription : 

Au bour del Sambre et pierdu din l'fumière Voyez Couillet eyet s'clotchi crayeu C'est là que d'meure em' matante Dorothée L'veuve dem' mononq Adrien du Crosteu. A s'nieuve méson nos avons fait ribote Diminche passé tout in pindant l'cramya.
Pou l'premier coup c'est là qu'dj'ai vu Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Gniavet drolà les pu gaies du villadge In fait d'coumères on n'avou qu'à schwési On a r'ciné à l'omb' padzou l'fouilladge Au mitan d'ell' cour padzou l'gros cherigi Em bonne matante a d'ell bière in bouteye C'n'est nin l'faro qu'est jamais si bon qu'ça.
Din s'chique Lolotte aste si bi vermeille Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Y dalet mieux, les pinses s'tintent rimplies Djan l'blanchisseu tinguelle es violon Y dit z'éfants nos avons çi des filles Qui n'demandes fonk qu'a danser l'rigodon Mais qué plési, qué Lolotte est contenne Après l'quadrille on boute en' mazurka. Dj'ai triané in serrant s'main dins l'mienne... Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
V'là l'swer venu pour dinser chacun s'presse El violonneux raclout aveuc ardeur L'bière comme l'amour vos faisou tourner l'tiesse Vin nom d'en chique dji nadjou din l'bonheur Mais l'pa Lolotte in viyant qu'dji l'imbrasse D'un coup d'chabot m'fait plondgi din l'puria.
El coumère s'inceurt eyet mi dji m'ramasse Ciel qué coup d'pid sintez comme em cœur bat (bis) 
Dji m'sovéré du cramia d'em matante Dji crwé bi qu'jai l' croupion mitant desmis Dji prind des bains à l'vapeur d'yau boullante Grignant des dints tous les coups qu'dji m'achi Mais quind j'devrou s'quetter m'dernière culotte Pour m'apougny aveu s'man eyet s'pa.
Putot mori que d'véqui sin Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis)

* Te souviens-tu ? est effectivement une chanson de nostalgie napoléonienne datant de l'immédiate Restauration. Paroles Émile Debraux, musique Joseph-Denis Doche 

jeudi 11 octobre 2018

Colette Renard, polissonne de la chanson

Dans Irma la Douce (1956)
Selon les sources, elle est née en 1924, Colette Lucie Ringet ou Raget (joies d'internet).
Fille de menuisier et de couturière, elle a étudié le violoncelle et d'abord vécu de petits boulots (vendeuse, tricoteuse, coiffeuse) avant de gagner un radio crochet et se lancer ainsi comme chanteuse réaliste.
Remarquée par Breffort, celui-ci lui offre le rôle phare dans la comédie musicale Irma la Douce qu'elle jouera de 1956 à 1967.
Puis, elle a assuré seule ses récitals en province, tournant avec une bagnole dans laquelle elle avait entassé sa sono, ses accessoires, nécessaire à maquillage, deux robes de scène...
Refusant le play-back, elle se fit plutôt rare à la télévision. Toutefois, une trentaine de disques, des concerts à l'Olympia ou à Bobino (comme avec Brassens en 1976) lui ont assuré un joli succès.
Mais sa renommée vint surtout de sa spécialité dans les chansons lestes ou paillardes, la plus célèbre restant Les nuits d'une demoiselle (dont il existe divers enregistrements de versions plus ou moins édulcorées).
Un autre classique des salles de garde : la Femme du roulier (1960).


Elle a joué plusieurs rôles au théâtre, au cinéma dans des films assez mineurs, ou dans des séries télévisées et fait un retour en chanson en 1997. enregistrant jusqu'en 2002.
Elle est morte d'une longue maladie, en octobre 2010, à 85 ans.
Un autre petit bijou de parodie : Ça c'est d'la musique (1958)

samedi 5 mai 2018

Un débutant au Lapin Agile

Public bienveillant (1953)
" Accordez tranquillement votre guitare. Détendez-vous. Dites-vous que vous allez, comme d'habitude, chanter devant des copains." Mais les apaisantes paroles d'Yves Mathieu n'étaient pas d'immense secours. "C'est de la panique que je sentais en lui. Il était tellement intimidé qu'il n'osait demander un verre d'eau. Je lui amenais une bouteille. Pourrait-il chanter ? Je me disais : si Grello l'a recommandé à Paulo, c'est qu'il a du talent. Je me rassurais...


Au Lapin, il n'y a ni micro, ni scène. On est seul devant le public que, d'un geste, on peut toucher tant il est proche. Brassens était livide. Il posa son pied sur un tabouret, plaqua quelques accords sur sa guitare et chanta Le Petit cheval de Paul Fort. De sa moustache mouillée par la transpiration qui coulait sur son visage sortait une voix blanche, bredouillante, sans articulation, souffle Yves Mathieu comme s'il revivait la scène. Le texte était incompréhensible. Le trac qui paralyse y allait de toute sa cruauté. J'avais mal pour cet homme que je ne connaissais pas il y a deux heures. Il m'attendrissait. Le public percevait cette panique. Bon enfant, il applaudissait, encourageait. N'a-t-on pas plus besoins de bravos dans la vie, que de sifflets ?
Ce fut encore Le Gorille, Les Bancs publics, Brave Margot. Voilà, c'était terminé. (...)
Il persévérera deux semaines. parfois, quand venait le moment où il devait chanter, la salle se vidait : l'heure était trop tardive et et il était difficile d'inverser l'ordre de passage des artistes. À la fois triste et soulagé, Brassens partait en lançant son "À demain!" (...)
Un matin, vers deux heures, Brassens fit part à Paulo de sa décision : il renonçait à interpréter lui-même ses chansons. "Il m'est impossible de surmonter le trac... Devant le public, je perds tous mes moyens. Je crois que je ne suis pas fait pour ça. Tant pis, je ferai chanter mes chansons par d'autres.'"

Louis Nucéra Les contes du Lapin Agile

Remarquons que, vingt ans plus tard, le gars avait appris à se détendre et à se marrer. 

samedi 28 avril 2018

Nico par Gainsbourg

Avant d'être égérie new-yorkaise et devenir une des voix du Velvet Underground, puis d'enregistrer six albums en solo, Christa Päffgen (1938-1988) mieux connue comme Nico, a été mannequin à quinze ans et actrice à vingt ans.
Enrôlée, en 1959, par Fellini dans sa Dolce Vita, la starlette aura la vedette d'un film de Jacques Poitrenaud, Strip-tease, de 1962.
Dans ce film plutôt anecdotique, elle interprète une allemande qui déserte sa troupe de danse pour devenir strip-teaseuse et faire la rencontre d'un gosse de riche dont elle devient la maîtresse. 
Afin de se venger d'une humiliation de la part du jeune con, elle remet une dernière séance d'effeuillage avant de retrouver le chemin de la danse. 
On a eu chaud, mais la morale est sauve.
Un extrait intéressant avec le pianiste Joe Turner et un petit jeune qui perçait dans le métier, à quatre mains.

 

Ainsi que la fameuse scène qui est l'occasion d'une chanson écrite par Gainsbourg arrangée par le pianiste de jazz Alain Goraguer. Celui-ci travailla aussi avec Boris Vian et Bobby Lapointe. Même si le Lucien se plagie vaguement avec cette démarque de L'Eau à la bouche, c'est l'occasion d'entendre la voix si particulière de la future chanteuse en second du Velvet.

lundi 12 mars 2018

Chanson enfantine et maisons closes

Le transport des Filles de joie à l'hôpital. Étienne Jaurat (1755)
On ne peut vraiment faire confiance à personne en ce bas monde.
Surtout pas à Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, duchesse de Menars, maîtresse en titre de Louis XV, brocardée dans les chansons de rue de son époque, dites poissonnades, dont le franc et direct Qu'une bâtarde de catin... 
Ou dans ce délicieux poème :
Par vos façons nobles et franches,
Iris, vous enchantez nos cœurs.
Sur nos pas vous semez des fleurs.
Mais ce sont des fleurs blanches.

C'est à dire, en termes choisis, des...maladies vénériennes !
On vous a déjà évoqué la haine populaire vis à vis de la marquise ici et .

Comme toute la cour de Versailles, la Dame se piquait d'écrire des vers et de les mettre en chansons. En 1757, elle commit une comptine qui passera à la postérité de la chanson enfantine.
Quelle ne fut pas notre stupéfaction de constater que cette bluette, Nous n'irons plus au bois, est une claire allusion à l'ordonnance de 1687 qui commandait, pour répondre à une vague de maladies honteuses et surtout sous l'influence du parti des dévots de la Maintenon, la fermeture des maisons closes à moins de deux lieux de Versailles. Les filles publiques surprises en compagnie de soldats pouvaient même avoir le nez et les oreilles tranchées.
Or, si on prend en compte les bordels de ce temps n'exhibaient point de lanternes rouges mais des branches de laurier, on comprend mieux la signification du "bois" vers lequel on n'iras plus.
Voilà ce que, depuis, on apprend depuis aux gosses.
Marquise, vous étiez gonflée !

Un rappel par Anne Sylvestre :


samedi 17 février 2018

Georgius et les archers




En 1916, Charles Guibourg, alias Georgius actualise une chanson de boulevard, c'est à dire de cocu, en chanson de cape et d'épée, c'est à dire héroïque.
La musique est de Léo Guy. Une première version fut gravée en 1922, une autre, un peu moins sourde, plus audible, ci-dessous en 1934.

Patrick Walberg a commenté " c'est cette marge infime entre l'excessif et l'inadmissible qui lui confère tout son pouvoir hilarant". (cité par Jean-Louis Calvet dans Cent ans de chansons françaises).
Le succès fut considérable et poussa l'auteur à écrire environ 1500 chansons.
Sans compter quelques petits tracas de carrière qu'on vous a narré dans l'article consacré au monsieur (en lien ici sur son nom).

vendredi 8 septembre 2017

Tailhade, un anarchiste de la chanson paillarde ?



Poète et pamphlétaire libertaire issu de la meilleure société, ami de Verlaine et d'Aristide Bruant, Laurent Tailhade est surtout resté dans les mémoires pour avoir perdu un œil dans un attentat commis par un autre anarchiste, celui de la bombe déposée (par Félix Fénéon ?) au restaurant Foyot. On était alors en pleine instruction de l'affaire Émile Henry, auteur, entre autre, de l'explosion de la rue des Bons-enfants, hécatombe de policiers qui fut popularisée par la chanson faussement attribuée à Raymond Callemin.
Ironie de l'histoire Tailhade s'était fait un renom pour avoir ainsi commenté l'attentat d'Augute Vaillant au palais Bourbon (1893) par la fameuse formule "Qu'importe de vagues humanités pour vu que le geste soit beau" !
Devenu œuf cassé de l'omelette, le poète ne garda aucune rancœur à l'individu responsable de l'attaque du restaurant Foyot. Il avait d'ailleurs récolté moult blessures au cours de la trentaine de duels menés contre ses adversaires, parmi lesquels Maurice Barrès.
Autre curiosité de sa renommée, on lui attribue, selon les versions, l'ensemble ou quelques couplets de la célébrissime chanson paillarde Les filles de Camaret.
Marié par sa famille à une bonne bourgeoise, Tailhade passait la belle saison à Camaret, occupant une chambre d'hôtel à trois, avec son épouse et un ami. La population avait donc créé une chanson ciblant la Dame. De son côté Tailhade traitait sans nuance les Bretons à la fois d'ivrognes et de grenouilles de bénitier.
Le 15 août 1903, il perturbe la procession locale en y déversant, depuis sa piaule, le contenu d'un pot de chambre. Notre libertaire provoque ainsi une émeute et seule l'arrivée des gendarmes l'empêche de finir balancé dans le port !
Talihade se serait donc vengé des Camaretois et de leur curé, Le Bras*, en créant ces quelques couplets qui rendront le petit port immortel dans les noces et banquets.

Toutefois, si on se réfère à un site fort documenté, celui de Xavier Hubaut consacré à la chanson paillarde, cette rengaine existait depuis belle lurette, elle daterait au moins de 1649.
La mélodie est, en mode mineur, une version du timbre de nombreuses chansons populaires.
Sa structure est fort simple : il s'agit de 4 vers de 7 pieds ; les deux premiers pouvant, ou pas, être bissés. Elle se termine par un vers de 3 syllabes répété 3 fois.
Dès 1649, on trouve dans le Chansonnier de Maurepas, des chansons construites sur ce modèle nommées Les rideaux de notre lit, (un couplet des Filles... commence ainsi) ou Jardinier, que vois-tu là ? ou bien encore du fort repris Air des Fraises. 
Dans le Manuscrit de Dallichamps (1713), est ajoutée une partition musicale et l'annotation de ce couplet :
Mon mary s'en est allé
À Vienne en Autriche
Il me défend de baiser
Moi qui ne m'en puis passer
Je triche (ter).
En 1726, on tombe dans Recueil de chansons sur différents sujets un complément :
Et le mien s'en est allé
À Châlons en Champagne,
Il m'a laissé sans argent,
Mais à mon contentement
J'en gagne (ter).

Les ajouts ou variantes de couplets se sont rajoutés régulièrement. Alexandre Dumas fait même allusion à cette bluette dans un article de 1854. 
Il semblerait donc que Laurent Tailhade se soit, au mieux, contenté d'adapter quelques couplets rancuniers visant spécifiquement les indigènes de la presqu'île de Crozon.
Une version de Pierre Perret pour conclure.

 

 * qui, dixit Tailhade, "mendie à domicile et quête en personne chez tous les baigneurs, accompagné d'une cinquantaine d'ivrognes qui stationnent devant les hôtels suspectés d'abriter des Parisiens".

samedi 20 mai 2017

Hommage au grand Charles

Photo de David "Chim" Seymour
Un grand coup de chapeau mou au Fou chantant de Narbonne, grand malaxeur de mots. À celui qui jouait de son homosexualité en l'intercalant dans ses calembours ("Je tâte André à la sortie du garage"), au chanteur symbole du swing de l'entre-deux guerres, d'abord avec Johnny Hess puis en solo, au zazou sosie du juif Harpo Marx, d'après le torchon "Je suis partout" (1944), même si, pour être juste, il faut bien avouer qu'il passa une occupation, somme toute, confortable. Bref, à l'increvable qui, né en 1913, donna son dernier concert en 1999, deux ans avant son décès. 
Un exemple de son génie, encore vivace, en 1955 

  

Un autre de 1951 (mais comment diable se donne-t-on de la joie avec une passoire ?)



Pour finir, un extrait d'une émission mythique :


dimanche 14 août 2016

Jean-Bernard de Libreville

Chaib Bouri, c'est son vrai nom, était mineur lorsqu'il a signé ses premiers contrats de chanteur.
Il n’a donc jamais choisi de s’appeler Jean-Bernard de Libreville, c’était une idée de Germinal Tenas, son premier producteur .
Il publie son premier album à 17 ans et malgré un certain succès d'estime dû à "La Juxtaposition 210 ", il n’a pas du tout connu ensuite la carrière que beaucoup lui promettaient.

Véritable B Traven, de la musique rock, psyché et free jazz, il va jouer a brouiller les pistes. Ainsi, il commet deux singles en 1971 puis deux autres en 1977 / 1978 sous les noms respectifs de Cyril Savine, puis Cyril tout court. Enfin, un autre 45 tour en 1987 signé par "Chaïb". 
S’il publiait en 1966 un album unique "10 minutes 30 secondes d’hyperno-music", son disque suivant sous le patronyme de Jean-Bernard de Libreville ne sortira de la cave dans laquelle il reposait que... 40 ans plus tard. Il se nomme tout connement "Allons-y gaiement" et n'est consacré qu'à l'activité sexuelle.
Un bon exemple de sa fantaisie prémonitoire : En chômage ! 


Jean Bernard de Libreville - en chômage - par aurebeorn

En cliquant ici vous aurez sa looongue biographie tirée de son site officiel (le pas périmé) sur lequel on trouve aussi ses poèmes, dessins, photos et autres joyeusetés. Vaut le détour ! 
Et voilà le titre phare de son tout nouvel album enregistré il y a quatre décennies :


Actuellement, Jean Bernard de Libreville prépare un nouvel album puisé dans une quantité impressionnante de travail musical inédit accumulé au fil des ans, pendant que les guerres continuent à faire des ravages sur la planète.
(extrait de sa bio)

lundi 20 juin 2016

La Croisade de Thomas Canonne


Dixit lui-même, Thomas Canonne chante des textes extraits de sa correspondance avec des prostituées, des chansons anciennement écrites pour le Théâtre des Cerises et des poèmes volés à des amis proches.
Avec une forte inclination pour l'humour noir, le grand-guignol, le rock et le pinard, le Groupe Électrogène s'interroge sur la nullité et la poésie de la chanson dite de variété.

Ça tombe bien, nous aussi....
Une petite vidéo, pas du tout vulgaire, pour un sourire du matin ou du soir.
C'est notre rubrique "Si Dieu existait, il faudrait le fusiller."

 
Thomas et son groupe Électrogène sont :  Thomas Canonne au chant, Ronan Drougard (basse), Hervé Launay (sax) Nicolas Mayer (percus) et Youen Migaud (guitare).

lundi 16 mai 2016

Le coquin Voltaire dans ses oeuvres

Tout ça pour finir en bifton
Outre être un des philosophes emblématiques du XVIIIème siècle François-Marie Arouet était un joyeux libidineux qui suivait l'exemple de ses prédécesseurs poètes. À l'instar de du Bellay, Marot ou Ronsard, il avait compris qu'un compliment bien troussé pouvait vous garantir un office cérémonieux au temple de Vénus. 
Curieusement, peu de chanteurs ont puisé dans ce fond galant. 
Un exception, cette Gaillardise interprétée par Ricet Barrier sur le disque "Furieusement heureux" (2006) dans lequel un empressé tente de convaincre la belle Aminthe de venir jouer à la bête à deux dos.

 
Un mystère demeure : il manque dans cette version chantée du sonnet de Voltaire un couplet, le dernier, celui de la réponse de la Belle à son impatient  :
Je voudrais bien, mon cher amant, 
Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment, 
On ne se connaît guère.
L’amour maîtrisant vos désirs, 
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs 
Ce qui vous donna l’être.

Hors de question pour la charmante d'aller héberger un polichinelle !

lundi 28 mars 2016

Laya Raki, pin-up d'outre Rhin


Danseuse et actrice allemande des années 50 et 60, Laya Raki s'appelle en réalité Brunehilde Marie Joerns (si !)
Elle est née à Calvoerde en Allemagne le 27 Juillet 1927.  Son petit air oriental lui vient de sa mère, indonésienne de l'île de Java.
La jeune Brunehilde a entamé une carrière d’acrobate en 1938. 
Mais, politique oblige, cette année n'était pas vraiment bien choisie pour monter un cirque ambulant, même si son pays natal allait très vite décider de partir en tournée dans toute l'Europe. 

Elle s'est donc rabattue sur une formation de ballet classique avant de connaître une certaine gloire au grand et au petit écran dans des rôles d'ondulante exotique. On la trouve ainsi en danseuse gitane dans The Adventures Of Quentin Durvard de Richard Thorpe en 1955 ou au côté de Robert Taylor dans Savage Pampas, de Hugo Fregonese en 1966.
La raison pour laquelle nous nous attardons sur la cas de cette pin-up est qu'en parallèle à ses gentils navets et autres calendriers, elle s'était lancée dans la chanson comment dire... séductrice ? Sexy-des-années-60 ? Écrire érotique serait largement exagéré et coquine un chouïa désuet. 
Son 45 tour "Oh Johnny" fut tout de même interdit par le tribunal de Nuremberg au motif que son gémissement extatique imitait un coït (si !).
On va faire l'amour est l'exemple d'une tentative désespérée de la dame pour être reconnue à l'international.
Manque de bol, tout le monde n'a pas eu la chance, ou la malchance c'est selon, d'avoir un Gainsbourg comme compositeur et producteur. Il y avait, de fait, chez notre Loreleï, comme une certaine pesanteur...




Bon ben, manque de bol, la pièce maîtresse ayant été supprimée, voilà le fameux Johnny, faute de mieux. C'était 15 ans avant Nina Hagen...

jeudi 14 janvier 2016

Simone Bartel chante Jean Anouilh

Simone au Photomaton
On vous a déjà dit ailleurs sur ce blog tout le bien qu'on pensait de Simone Bartel, chanteuse attachante, trois fois lauréate du prix Charles Cros et sans doute trop intransigeante pour avoir eu une carrière triomphante.
Laissons lui la parole :
Un jour, dans une librairie, je tombe sur les fables d'Anouilh... Je lis le bouquin dans le train et j'ai de suite idée de les interpréter. Je demande à mon mari Gérard Dournel qui répétait une pièce d'Anouilh (Becket ou l'honneur de dieu) et qui le connaissait bien, de lui poser la question...

Et c'est parti pour un 33 tour de textes du bonhomme qui sera intitulé "Chansons-bêtes" (DISQUES ARION, distribution exclusive CBS
AR 30 D 056 A)


Pour le reste, Anouilh raconte :
Pourquoi CHANSONS-BÊTES ? Parce que ce sont là des chansons et qu'il y est beaucoup question de bêtes - et qu’en somme, il fallait bien trouver un titre.
Un été où je n’écrivais pas de pièce - j’ai longtemps fait une pièce tous les étés, en toute naïveté, à la fois pour me faire plaisir (...), à la fois pour gagner ma vie. Un été, donc, où une volée de coups de bâtons, un peu plus sévère que d’habitude des critiques m’avait dégoûté de cette activité sportive, comme ces skieurs qui hésitent une saison ou deux après leur jambe cassée, je me suis mis un beau matin à écrire une fable... Un peu au hasard, parce que j’avais du papier blanc devant moi, qu’il faisait beau et que j’avais envie de chanter. Je crois bien que c’était La Jument, que Simone BARTEL interprète sur l’une des faces de ce disque.
A l’heure du bain, ma fable était faite et, comme cette matinée m’a paru heureuse, j’ai repris la même formule le lendemain matin, une fable avant le bain. Pendant quarante sept jours, durée de mes vacances... Le quarante-huitième jour, des répétitions me rappelant à Paris, je m’arrêtais. C’est comme cela que je suis devenu, je n’ai pas encore très bien compris pourquoi, l’auteur de quarante sept fables... Ces fables parurent d’abord en Suisse, parce que l’une d'elle, de caractère politique, risquait d’être mal interprétée par des gens qui voient des allusions partout, puis en France, au Livre de Poche, où l’édition s’écoula rapidement quoique, je dois le dire, dans l’indifférence générale de la presse et de la critique... C’était sans importance puisque je ne les avais écrites que pour un plaisir estival. Je m’empressais de les oublier comme le soleil, le vent sur les dunes et l’eau tiède de cet été là...

Et puis, un beau jour, Simone BARTEL, qui avait demandé à André GRASSI de mettre certaines d’entre elles en musique, vint m’en chanter quelques unes et c’est comme cela que j’ai appris que j’étais devenu un auteur de chansons, ce qui était la dernière chose que j’aurais imaginée.
André GRASSI avait mis tant de malice et tant d’esprit dans sa musique, Simone BARTEL, - moitié Damia, moitié Yvette Guilbert- tant de force et de talent, que j’ai été, je l’avoue naïvement, le premier auditeur ravi de ce disque.
 Je vous le dis en toute simplicité - d’abord parce que je m’y connais tout de même un peu, quoi qu’on dise, ensuite parce que ces paroles, écrites dans le songe heureux d’un été ne me semblent plus de moi, et surtout, parce que c’est leur très grand talent à tous les deux qui a tout fait.

Pour aujourd'hui, on se contentera d'un cha-cha-cha virtuose, "La mariée trop belle". Il n'a pas pris une ride. Tout le disque est écoutable à la page qui lui est consacrée sur le site dédié à Simone Bartel. C'est là qu'on a emprunté le texte de ce billet.



Si la chanson ne part pas, vous pouvez l'obtenir à cette adresse. 
 
Un gros merci au Lexomaniaque qui nous a fait connaître cette chanson sur ce site. Une mine de sons pas fréquents !
Et comme Tilidom patine et méprise les pauvres, vous pouvez retrouver la merveille (avec texte intégral) sur cette page du site mentionné ci-dessus.