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mercredi 27 mai 2020

Bob le farceur

La pochette a, elle aussi, un air de déjà vu
Peut-être avez-vous appris que Bob Dylan, prix Nobel, vient de sortit trois "nouveaux" titres en avant-première de son futur album.
False prophet, est un blues de bon aloi : voix traînante, éraillée à souhait et guitares avenantes.
À ce stade là, on n'y voit qu'un seul problème : ça ressemble un peu, beaucoup, passionnément, à un titre de Billy "The Kid" Emerson, obscur (et pas uniquement par sa couleur de peau) pianiste et chanteur de chez Sun Records, tout de même un peu connu pour avoir été le compositeur de Red Hot, titre dont Billy Lee Riley a donné, pour le coup, une version nettement supérieure à l'original et aussi avoir écrit If it rain it pours, repris par le King lui-même.
Les artistes noirs n'étaient pas légion chez Sun, même si les frontières entre musique "de Blancs" et "de Noirs" étaient bien plus poreuses que ce qui en a été dit ensuite.


Pour illustrer notre propos, If loving is believing, enregistré le 11 janvier 1954 aux légendaires studios du 706 Union Av. (Memphis, Tenessee)

 

Après, ce qu'on en dit... il y a des choses tellement pires que d'être pompé par le Zim'. Le plus drôle est que Billy Emerson (93 ans) est toujours vivant. Que peut-il bien penser d'être ainsi pillé par un jeunot de 79 balais ?
On tient cette affaire de Greil Marcus qui lui-même la sait par un certain Mr Moon, qui lui-même...

mardi 19 mai 2020

Terroristes et casseurs (6) Weather Underground, le ver était dans le fruit

You don’t need a weatherman to know which way the wind blows

Bob Dylan (Subterranean homesick blues)

Dernièrement, on vous causait de la guerre du Viêt-nam. Aujourd'hui on va s'intéresser à une de ses conséquences, l'histoire des Weathermen.
À l'origine, un groupe d'étudiants d'un syndicat gauchiste, le SDS (Students for Democratic Society) font éclater ledit syndicat, jusqu'alors plutôt orienté aux côté de la lutte des droits civiques et contre la guerre en cours, lors de son congrès de juin 1969.
Le SDS se scinde donc en deux tendances, le Progresive Labour Party, groupe léniniste orthodoxe, et le Revolutionary Youth Movement, anti impérialiste et proche des Black Panthers.
Au cours du congrès, un des manifestes diffusés par un groupe dissident avait pour titre le vers de Bob Dylan ci-dessus, "Pas besoin d'un météorologue pour savoir d'où souffle le vent" et appelait à la création de groupes clandestins armés. Ce groupe sera désormais connu comme les Weathermen ou Weather underground.



La première apparition publique de ces jeunes gens en colère furent les Journées de la rage de Chicago du 8 au 11 octobre 1969.
Originellement, l'idée, toute blanquiste, de créer un foyer de guerre (sociale, celle-ci) dans la troisième ville des États-Unis, un Woodstock de l'émeute qui ferait trembler Babylone sur ses bases.
Comme c'était à prévoir, le soulèvement espéré ne se traduisit que par l'affluence de quelques centaines de jeunes gens chauffés à blanc, décidés à affronter les autorités à n'importe quel prix. Et malgré leur déception, on a pu voir des groupes d'insurgés et d'insurgées (présence féminine qui fut, bien entendu, mise en exergue par la presse) charger les flics pendant trois jours et appliquer à la lettre la sage consigne des énervés du MC5 : Kick out the jam, motherfuckers ! (Foutez tout en l'air, enculés !)



Deux mois plus tard, 300 personnes environ tenaient le fameux "Conseil de guerre de Flint" où furent décidées la mise à mort du SDS et la plongée dans la clandestinité d'un noyau d'activistes. Qui n'allaient rien initier : entre éclatement des cellules familiales, irruption de la (encore) contre-culture, émeutes récurrentes, les campus universitaire avaient connu, cette année là, 41 sabotages à l'explosif. Les USA, un total de 934 dixit le FBI.
Au mois, de mars suivant, l'explosion accidentelle d'un atelier clandestin de bombes à Greewich Village (New York) tue trois membres du groupe, en blesse deux autres et accélère la disparition des autres de la scène publique.
L'action originellement planifiée était un attentat dans un bal d'officiers.
Traumatisés par la mort de leurs camarades et à l'instar de leurs homologues britanniques de la Angry Brigade les Weathermen vont mener une campagne prolongée de sabotages à l'explosif visant uniquement des locaux administratifs (Capitole), militaires (Pentagone, casernes...), pénaux, judiciaires, universitaires (MIT) ou industriels liés à la guerre en évitant systématiquement de faire la moindre victime, quitte à prévenir presse et pompiers afin de faire évacuer les lieux visés.
Dispersés sur l'ensemble du territoire, faisant paraître un journal clandestin, Prairie Fire, les membres du groupe arrivent à se dissimuler comme des fourmis au sein des communautés, ghettos ou banlieues plus cossues et à ne pratiquement jamais être infiltrés par un FBI qui les traque sans merci.

Bernardine Dohrn, fondatrice du WU, jamais capturée. Elle s'est rendue en 1980
Seule action "mercenaire"sous-traitée par les Weathermen contre espèces : l'évasion de Timothy Leary, surnommé le "Pape du LSD" pour le compte de la Confrérie de l'amour éternel.
La fin progressive de la guerre au Viêt-Nam a orienté le groupe sur des positions moins anti-impérialistes et plus lutte des classes.
En 1976, Prairie Fire Organizing Comittee, faux nez du WU, organise une AG à Boston en y invitant des groupes de militants noirs, amérindiens, portoricains, chicanos, antifascistes, etc.
À partir de 1977, divers membres du groupe émergent progressivement de l'ombre. Ronald Reagan décrétera une première amnistie en 1981.
Toutefois plusieurs militants et militantes ont persiste dans l'illégalité. Certains sont restés en cavale jusqu'à leur mort, comme John Jacobs, d'autre ont été arrêtés depuis, quelques-unes graciés par Clinton (Linda Evans et Susan Rosenberg) d'autres, tel David Gilbert, moisissent encore en taule à cette heure.
On peut trouver à cette page l'impressionnante liste des actions du groupe que l'État n'a jamais défait militairement.

Bande annonce du documentaire de Bill Siegel et Sam Green, The Weather Underground.

dimanche 2 février 2020

Les grèves d'Harlan County



Le comté d'Harlan (Kentucky) est logé dans les bassins miniers des Appalaches.
De 1931 à 1939, une série de grèves, les Harlan county war, vont voir s'y produire la mort d'un nombre indéterminé de mineurs et de flics, une douzaine d'occupation des bourgades par l'armée fédérale ou la Garde nationale, l'émergence d'un syndicat teigneux ainsi qu'une chanson promise à une belle postérité.

En 1931, sous prétexte de Grande dépression, l'Association patronale des mines de réduire les salaires de 10% et de virer, au passage les mineurs membres du syndicat traditionnel UMW (united Mine Workers).
Dans cette région où la vie ne vaut pas grand chose, l'immense majorité des travailleurs part en grève sauvage avec dynamite et bagages. S'ils sont 6 000 à bloquer les puits, quelques centaines de jaunes persistent à tenter de forcer les piquets.
Dans un premier temps, les grévistes doivent affronter les vigiles des compagnies minières qui se permettent légalement d'intervenir hors des murs des entreprises. Face aux corrections infligées à ces vigilantes, un autre acteur intervient dans le conflit, le shériff J.H. Blair qui ne fait aucun mystère de son allégeance au patronat minier ni de sa haine des "rouges".
Outre la chasse aux grévistes, le brave homme se charge d'escorter des briseurs de grèves amenés par camions entiers. Le 5 mai 1931, c'est la "bataille d'Evarts" au cours de laquelle les mineurs prennent ces véhicules de "renards" en embuscade à l'arme automatique. Quatre flics et jaunes ne s'en rélèveront jamais.
Grévistes Blair Mountain (1921)

Trouille des autorités due au souvenir de la grève de Blair Mountain (1921) dans la partie virginienne des Appalaches, au cours de laquelle 10 000 mineurs du UMW, noirs, blancs, immigrés récents avaient affronté les milices patronales en armes et où l'armée fédérale avait été dépêchée pour bombarder les grévistes au canon ? Toujours est-il que le Kentucky envoie la Garde nationale qui gaze copieusement les piquets et le shériff déclare l'état d'urgence.
Face aux baïonnettes, la grève de 1931 échoue.

Un épisode restera dans les mémoires. Une nuit, les tueurs du shériff Blair font irruption au domicile de Sam Reece, éminent membre du UMW, dans l'intention de l'assassiner. Prévenu de cette descente, Reece évite le lynchage en se trouvant planqué hors de chez lui. Les sbires ne trouvent donc rien de mieux à se mettre sous la dent que de ravager son domicile et tourmenter sa femme, Florence, et ses enfants durant des heures.
Loin d'être terrorisée, Florence Reece écrit aussi sec une chanson (en collant ses paroles sur l'hymne baptiste Lay the Lily low) qui deviendra un classique* des chants prolétaires américains puis anglais ou australiens : Which side are you on ? Elle sera également l'hymne officieux du UMW.
Ici par les Almanac Singers ( Woody Guthrie, Pete Seeger, Josh White, Cisco Houston, Lee Hays...)


Le comté d'Harlan verra des grèves armées se multiplier durant toute la décennie avec l'irruption d'un syndicat plus combatif, le NMU (National Miners' Union) d'obédience communiste, et les troupes occupent la région en 1932, 1935 et 1939.
En 1973, au cours d'une nouvelle grève, Florence Reece est filmée dans le documentaire de Barbara Kopple, Harlan County, USA, où elle chante dans une AG (j'ai écrit ça dans les années trente...).



Piquet de grève face aux jaunes, 1973


On finit sur un hommage de Bob Dylan à la Dame de Harlan dans Desolation row (1965)
Everybody's shouting, "Which side are you on?!" 
And Ezra Pound and T.S. Eliot fighting in the captain's tower...




* De Pete Seeger à Billy Braggs, d'Ella Jenkins aux Dropckick Murphys, plus d'une quarantaine de versions recensées. 

mardi 2 janvier 2018

Janvier et le temps qu'il fait

It's a hard rain that has fallen (New Orleans 2005)
Quand on n'a rien à se raconter, on parle de la pluie et du beau temps. Il paraît que l'abject personnage qui joue au con à Washington confond climat et météo. Et on n'aura plus d'eau d'arrosage car il n'a pas plu à la bonne saison. Que le nucléaire nous sauverait du réchauffement. Ben tiens... Que les tempêtes vont se multiplier, voyez l'Iran. Promis, je ne fous plus un pied dehors sans un ciré, etc.
Au vu du temps squatté par le temps qu'il fait, à venir et malgré les pressions atmosphériques, l'Herbe Tendre du 8 janvier (ben oui, vous ne pensiez tout de même pas que...) s'attaquera donc à ce sujet fourre-tout.
Rencard à 17h30 sur le 92.2 de Canal Sud.
Pour patienter, quelques considérations météorologique d'un pas encore nobélisé en 1963.