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mercredi 15 avril 2020

Berthe Sylva s'arrache à la cambrousse

Dernière photo connue de Berthie
Puisque la saison est à l'auto-critique et que l'exemple vient de haut nous nous joignons au chœur des faux-culs.
Contrairement à ce que nous avions écrit là Berthe Faquet alias Sylva n'a pas commis que des chansons lacrymales. Anticipant de près d'un siècle la grande migration des urbains venus apporter leurs miasmes et autres postillons dans les campagnes, elle a chanté la fuite, loin de la capitale et de ses fêtes.
Même si la délurée ne crache pas sur une dernière tournée pour la route.
Adieu Paris, paroles de Lucien Boyer (1939).


Notre distingué lectorat aura, bien entendu, reconnu l'air de Adios muchachos, un des plus populaires tango du monde, écrit en 1927 par Julio César Sanders (musique) et par le poète argentin César Vedani qui avait improvisé ces quelques paroles sur un coin de table.
Détail piquant, la dictature militaire argentine de 1943 ayant prétendu éradiquer le lunfardo, cet argot des bas-fonds de Buenos Aires qui donnait une mauvaise image du pays, il avait fallu amputer, caviarder, les paroles. Ce qui n'a duré qu'un temps car tout le monde connaissait les originales par cœur.
Originellement enregistré par Agustin Magaldi, cette complainte du gars qui prend congé de ses potes de bringue et, au passage, de la vie fut "mondialisée" par l'inévitable Carlos Gardel.
Quitte à créer un incident diplomatique avec l'Uruguay qui le revendique, le petit Charles Romuald Gardès serait né à Toulouse en 1890. Ne reculant devant aucune attraction  touristique, la ville a même posé une plaque sur la maison où sa maman aveyronnaise aurait vécu avant d'émigrer à Buenos Aires deux ans plus tard.
La suite est connue : le petit voyou d'Almagro devint une idole internationale donnant ses lettres de noblesse à cette musique de bouges. Comme on dit couramment là-bas depuis sa mort à Medellin en 1935, il chante de mieux en mieux chaque année.




lundi 23 septembre 2019

Berthe Sylva, sortez les tire-jus !


Voici une chanteuse réaliste, gloire de l'entre-deux guerres, dont la spécialité était d'arracher des larmes au public tout en vivant une vie de joyeuse luronne. Du moins tant qu'elle l'a pu.
Née Berthe Faquet en 1885 à côté de Brest (ou, selon d'autres sources, dans le Lot-et-Garonne), fille d'un marin et d'une couturière, elle aurait été placée comme femme de chambre dès son enfance et aurait eu un gosse à 16 ans. Du moins, c'est ce qu'elle racontait à la presse. On sort les mouchoir.
Elle aurait fait ses débuts vers 1908 au Casino de Montmartre puis à celui de Montparnasse. En 1916, son premier succès est un morceau de Vincent Scotto, La tourneuse d'obus. Elle fait aussi des galas pour les poilus.
Enregistrement de 1913, Mon vieux pataud (Le Peltier, Valsien) ici avec des images du film Ni vu, ni connu ( Yves Robert, 1958 )

 

Sa grande renommée arrive au milieu des années 20 en devenant permanente du Caveau de la République et en passant régulièrement en direct sur les ondes de Radio Tour Eiffel. En 1928, c'est la gloire avec Les roses blanches (Pothier, Raiter) puis Le raccommodeur de faïence (Decoq, Soler) vendu à 200 000 exemplaires, fait incroyable vu le peu de radios et de gramophones existant alors, sans parler des disquaires.
Elle tourne alors avec Fred Gouin, le chanteur aux 450 78 tours, avec qui elle a une relation amoureuse passionnée et passablement arrosée. 
Parfois comparée à la grande Fréhel, son répertoire, essentiellement éploré, prête aujourd'hui plutôt au sourire.
Elle est pourtant encore présente dans la mémoire collective avec (outre Les Roses) Ferme tes jolis yeux (en duo avec Gouin) La légende des flots bleus et ce chef d’œuvre du pathétique flamboyant qu'est Du gris (Bénech, Dumont, 1925) en général faussement attribué à... Fréhel !


Élue "chanteuse préférée des jeunes filles" en 1936, elle se réfugie à Marseille en 1940. Elle y meurt l'année suivante rongée par le vin et la misère. Sa maison de disque se contentera de financer les obsèques au cimetière Saint-Pierre. Et un Fred Gouin inconsolable d'aller déposer sur sa tombe une immense gerbe de roses blanches.
Le plus étonnant est que ses enregistrements remastérisés continuent à se vendre tout à fait honorablement.
Vous pouvez remiser les mouchoirs.