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vendredi 25 avril 2025

Le triste sort d'Héctor

 

Les personnages d'Héctor (à gauche dans le pneu) le recherchent encore

À l'heure où un obscène dirigeant argentin confesse sa nostalgie pour la dictature de Videla et de ses séides, rappelons un cas parmi plus de 30 000 autres qui donnera une idée de l'ambiance de l'époque. 
Héctor Germán Oesterheld était un pur Argentin (donc issu de père Allemand et de mère Basque) né en 1919. 
Il fut un des plus grands scénaristes de bande dessinée de ce pays si prolixe en 7ème art, en massacres et en militaires sanguinaires.
À l'époque où la BD était encore un genre mineur réservé aux gamins.
Ouvrons ici une parenthèse, loin de nous l'idée de faire dans la délation ambiante mais l'anecdote est plaisante : signalons que lorsque le jeune Hugo Pratt, Italien ayant fait ses armes au pays du tango, des grillades et des traîneurs de sabres débarqua faire carrière en Europe, il "oublia" de mentionner que ses oeuvres ( Sergent Kirk, Tigerconda, Ann de la Jungle, Fort Wheeling, Ernie Pike -auquel il donna la gueule d'Héctor-) étaient scénarisées par Oesterheld. Un certain manque d'élégance de la part du maestro ! C'est depuis réparé.
Mais outre son boulot avec Pratt, Héctor fut, entre autres choses fondateur de maisons d'éditions (Frontera) de magazines (Hora Cero), scénariste de l'unique biographie en BD de Che Guevarra sous la (déjà) dictature du général Onganía, en 1968, ouvrage censuré, de La Guerra de los Antartes, mettant en valeur ses idéaux montoneros (Péronistes de gauche pourchassés par... Péron et exterminés par les militaires) aussitôt interdit.
Avec deux de ses filles, Marina et Estela
Mais son oeuvre majeure est restée L'Éternaute, publiée en 1957 / 1958 avec un deuxième tome en 1976.
Cette pseudo science-fiction narrait une invasion de l'Argentine par des extra-terrestres qu'on ne voit quasiment jamais et qui s'attachent à faire disparaître toute velléité de résistance. 
Ça vous rappelle quelque chose ?
Visiblement, aux crevures australes galonnées aussi.
Mentionnons qu'avant la date officielle de l'ultime coup d'État dégénérant en dictature, en 1976, la situation argentine était déjà ultra-violente, avec des escadrons de la mort, dont la "triple A", qui seraient recyclés en organes officieux dans les années suivantes, et un mouvement de guérilla urbaine, ERP gauchistes ou Montoneros, qui tentait de rendre les coups.
Membre de l'appareil clandestin montonero, comme responsable presse, Héctor vit, lors des premières années du processus de réorganisation nationale (aimable euphémisme) disparaître assassinées ses quatre filles, Estela, Diana, Beatriz et Marina ainsi que ses gendres.
Séquestré à son tour dans les centres de tortures clandestins El Vesubio et El Sheraton, au lieu de simplement le martyriser avant de la balancer à la mer depuis un avion (chose courante) les ganaches sadiques s'étant mis en tête de lui faire réaliser une BD... à la gloire des forces armées, elles le conservèrent un temps.  
Ce qui sera un franc échec et débouchera sur la disparition d'Oesterheld dans le néant après janvier 1978, à presque 60 ans.
Ce scénariste spécialisé dans les ambiances ténébreuses peuplées de personnages luttant pour la justice sans tomber dans le manichéisme a connu le sort de ses créatures.
Depuis, il est devenu une référence, objet de nombreux hommages.
Ce qui doit lui faire une belle jambe au cas où...
Sa veuve, Elsa Sánchez, est logiquement mais vaillamment devenue une figure des Mères et Grands-mères de disparus (ou de la Place de Mai). 

Notre hommage pour terminer : nonobstant la terreur ambiante, il fut assez remarquable que le rocker argentin Charly García ait osé cette chanson en 1983 : Los Dinausorios, dans laquelle si tout le monde est susceptible de disparaître, ce sera aussi le cas des dinosaures (qui n'allaient pas tarder à tomber suite à une lamentable guerre des Malouines). Même si à cette heure, les dinosaures prospèrent un peu partout.


Le régime argentin était tellement entré en putréfaction en cette année 1983 que les punks los Violadores, s'essayaient eux à ce titre : Represión
 

Autre bel hommage : Héctor de Léo Henry (lui-même scénariste).

mercredi 12 mars 2025

Manu got his gun

 


Parfois, une citation vaut mieux qu'un long argumentaire :

« Si les haines, les mensonges de guerre, les instincts de la brute lâchée sous le casque et le masque déforment à nouveau le visage humain, il nous appartient de n’y point céder. De ne consentir à aucun aveuglement. De n’avoir en les pires jours que le souci essentiel de sauver ce que tout homme peut sauver par ses propres moyens de l’intelligence, de la dignité, de la vérité, de la solidarité des hommes… D’opposer un calme refus aux abdications de la pensée, aux fureurs fratricides, à la vaste conjuration des profiteurs de catastrophes. Cette ferme décision, si elle ne suffit pas à nous sauver du canon, nous dégage du moins de la complicité avec les seigneurs de la guerre. »
Victor Serge, 1938

Allez, une note optimiste pour la route



vendredi 28 février 2025

Retour vers le futur (Travail)

 


Je n'avais jamais mangé
De langouste ni de crabe royal du Kamtchaka
(...)
Six jours sur sept de travail depuis trois semaines
à des horaires de nuit
Je m'estime dans mon droit de manger à ma faim
sur mon lieu de travail
Et d'emporter ce que mes poches peuvent à la maison
(...) 
J'ai beau n'être qu'un petit ouvrier
c'est bon
J'ai compris la technique
J'ai vu les horaires les planques et les moyens de sortir les trucs

Deux langoustes donc
Juste faites en rentrant hier avec un riz basmati
tiède et de la mayo maison
C'est pas mal la langouste

Je vole rien
C'est rien que de la réappropriation ouvrière
Tout le monde le fait

Joseph Ponthus À la ligne 
 

L'indispensable Béranger

 

Et une adaptation de l'auteur cité par Michel Cloup

mardi 18 février 2025

Retour vers le futur (famille)

 


Ma mère se fichait un fichu de laine sur les épaules et nous partions à la recherche du volage, de marchande de vin* en marchand de vin. À notre vue, incarnation réussie de la désolation, il devenait hargneux. Les appels à ses sentiments profonds, la douceur insistante: "Viens donc, mon p'tit homme..." restaient sans effet visible. Il redressait sa courte taille et renâclait de sa voix transformée, craquante.
Le ton du colloque changeait, montant du blanc de la pâleur au rouge du courroux. Elle lui demandait s'il n'avait pas honte de se soûler la gueule pendant que son pauvre gosse crevait de faim.
L'ingénieux chantage. 
Moi, le pauvre gosse, j'étais passé ouvertement dans le camp maternel et mes petits yeux se chargeaient de blâme. (...)
Tout piteux, mon père bafouillait des "ben alors" ou des "mince alors". Il n'y comprenait rien et nous rentrions en cortège.
La revanche se jouait à la maison. Ma mère recevait des coups durs dans sa belle figure. Son p'tit homme, raffermi, lui lançait, en faisant cela, des mots orduriers
, des mots courts qui, après avoir servi d'insulte, venaient se placer dans la mémoire.
La chambre était traversée de clameurs.
Calmé ou lassé, mon père sortait. Il s'en allait gueuler dans les rues voisines, tout seul, le feu au ventre. On dit de ces gens qu'ils ont le vin mauvais.
Maman, les chichis défaits et pendants, geignait longuement, ployée contre le bois du lit.
- Ce n'est rien mon petit, disait-elle en tamponnant son visage bouffi et rougi. Elle me souriait et découvrait des gencives saignantes, presque édentées sur le devant.
Tous les jours, dans notre logement, il y eut des disputes, des luttes. La rue suivait l'affaire avec intérêt et les commerçants me considéraient d'un oeil compatissant.
J'étais devenu l'enfant-martyr du quartier. 
Henri Calet La belle lurette.


* À ceusses prompts à dénoncer une culture de boomer, prière de remplacer "marchand de vin" par dealer, le jaja par la coke et "la rue" par les réseaux sociaux. Puisqu'il faut tout préciser. 

jeudi 13 février 2025

Retour vers le futur (Patrie)

 

Gosses tziganes, Rivesaltes, 1941

J'ai trouvé asile en France, reprit Papski. De grandes écoles m'y ont ouvert leurs portes, des confrères, inconnus de la veille, leurs bras. Pourtant, non, je n'aime pas ce pays.
Peut-être est-ce qu'à mes yeux d'astronome il s'étale trop complaisamment sous son maigre ciel cartésien. Peut-être est-ce sa gloriole de coquette sur le tard. Ou le ressentiment peut-être, parce que sous le faux nez d'un humanisme de façade la xénophobie s'y donne à coeur joie. 
Vous voyez, je ne sais pas au juste. toujours est-il que, écoles et confrères nonobstant, j'ai été raflé à l'égal de milliers et de milliers de mes semblables. Puis, avec la débâcle, les camps français sont devenus des antichambres de la mort. 

Jean Malaquais. Planète sans visa.
 

mercredi 25 septembre 2024

Comrade George



 Il est très facile d’imaginer une classe moyenne financièrement poussée dans ses derniers retranchements et n’en demeurant pas moins farouchement hostile à la classe ouvrière : et vous avez là un parti fasciste tout trouvé.  
Le quai de Wigan

 

 Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. 

 L’idée que le Parlement n’a plus guère d’importance est à présent très répandue. Les électeurs sont conscients de n’exercer aucun contrôle sur les députés. 

Essais, articles, lettres 1943-1945

 

vendredi 28 juin 2024

Vers la guerre civile ?

 

Barcelone, juillet 1936 (A. Centelles)

Je n'avais jusqu'alors jamais remis l'Espagne en question. J'y avais accepté que, bien gras et bien riche, le gros bonnet contemplât tout d'un oeil vitreux au fond de son club alors qu'au marché des hommes se battaient pour quelques déchets, que d'aimables vierges de la haute vinssent à l'église en carrosse alors que des mendiantes accouchaient dans les coins des portes.
Naïf et dépourvu de sens critique, j'avais cru que les uns et les autres faisaient tout simplement partie du tableau et ne m'étais jamais posé la question de savoir si c'était juste ou injuste.
C'est sur le pont de Séville que j'eus pour la première fois conscience que le grabuge n'allait pas tarder. Je m'y étais arrêté vers minuit pour regarder le fleuve lorsqu'un jeune marin s'approcha de moi et, m'ayant salué d'un "Salut Johnny!" me demanda une cigarette. Crachant ce qu'il disait comme si ça lui faisait mal à la langue, il parlait l'anglais qu'il avait appris à bord d'un navire charbonnier de Cardiff.

- J'sais pas qui t'es, fit-il, mais si t'as envie d'voir du sang, t'as qu'à rester dans le coin... va y en avoir plein. 

Laurie Lee Un beau matin d'été



vendredi 28 juillet 2023

Jean-Patrick Manchette, le rock et l'imposture

 

 


Au théâtre, c'est avec une pièce rock que tu as fait tes débuts : Cache ta joie !
 
Ouiiiiii... on peut appeler ça une pièce rock. C'est Daniel Benoin de la Comédie de Saint-Étienne qui m'a demandé d'écrire une pièce qui devait intégrer un groupe de rock (Factory, ndr). Je suppose que c'est du hard rock. Je m'y perds un peu avec les dénominations qui ont surgi de toutes parts. (...)
Donc on m'a passé commande avec probablement l'idée que j'allais faire une pièce noire. Comme mes bouquins. Ce n'est pas du tout ce qui est venu. Sur le plan réaliste, ça appelait un texte sur les zonards. Or c'est un milieu que je ne connais pas. Je suis un écrivain presque quadragénaire, saperlotte. Ç'aurait été quasiment malsain, artificiel, faux. Infaisable en fait. J'ai donc écrit un truc sur la culture. Complètement irréaliste et burlesque. Sur la récupération d'un groupe de pauvres qui essaient de s'en sortir par le rock. Et qui, à la fin, effectivement s'en sortent, mais pratiquement morts, empaillés, momifiés. c'était assez curieux à écrire parce que je ne savais pas à l'avance comment l'équilibre allait se faire entre musique et texte. (...)
Finalement, c'était très intéressant de voir ces mecs, véritables zonards, en train de faire leur musique et tenir superbement tête au texte négatif écrit par un viel intellectuel de gauche.
 
Tu écris (...) une pièce rock, musique qui ne t'intéresse pas, n'est-on pas en droit, quelque part, de te qualifier de truqueur ?
 
Je ne crois pas qu'on puisse déduire de Cache ta joie ! que je m'intéresse au rock. C'est une pièce quasiment anti-rock, qui ne fonctionne bien justement  que parce que le rock, sur scène, discute avec le texte pour finalement l'emporter sur lui. Mais que je truque...oui.   

JP Manchette, interview de Serge Loupien dans Libération, 15 mars 1982. 
Derrière les lignes ennemies. Entretiens 1973-1993


 

En prime, une autre joyeuseté de la bande à Yves Matrat, tout droit sortis de Givors (69) à la fin des années 1970.

jeudi 5 janvier 2023

Une nouvelle tambour battant de Josu Arteaga

 

Allez, petite distraction de début d'année grâce au camarade Bidon Fumant dans son émission Un frisson dans la nuit du 16 décembre dernier, avec une nouvelle radiophonique de Josu Arteaga, La grosse caisse (parue, superbement illustrée par Matt Konture dans le Chéri Bibi n12).
Il y est question des mille et un usages du rock'n roll et de ses fondations : la batterie. 
Et ça peut se déguster ou télécharger à cette adresse.
On se permet juste de rappeler au distrait que le sieur Arteaga s'appelle Josu (se prononce Yochou) et pas José et que son ouvrage s'appelle Histoire universelle des hommes chats et pas la malédiction, ce qui serait d'ailleurs assez drôle.
Par contre, la magie du hasard fait que le premier morceau, celui de Wire, a été très heureusement repris par le groupe célèbre du bled de Josu, les RIP
Jugez-en donc : ceux de Londres en 1977

 

Et ceux d'Arrasate en 1987

 



jeudi 29 décembre 2022

Recherche des traces d'un chroniqueur disparu

Détective en 1957  (cliquer pour lire)

Toulousains, toulousaines et autres humains, avez-vous ouï du sieur André Dusastre, grand chroniquer de la vie locale ? Si oui, ce message par nous reçu et que nous nous faisons une joie de relayer est fait pour vous.
Si quiconque a des infos, nous ferons aussi tôt passer au camarade Maxou (JF Heintzen).
 
Bonjour. Je découvre ce site par un heureux hasard, en grattant le web à la traque de chansons, visiblement du genre de celles qui peuvent vous intéresser. Je lis que vous êtes implanté à Toulouse, donc je tente ma chance. 
Je bosse depuis quelques décennies sur les complaintes criminelles sur le territoire français. J'en ai déjà répertorié plus de 1250 entre 1870 et 1940 (https://complaintes.criminocorpus.org/), et je viens de pondre un pavé sur le sujet, Chanter le crime (https://www.bleu-autour.com/produit/chanter-le-crime/), mais je ne viens pas vers vous pour vendre ma soupe, c'est juste pour situer mes centres d'intérêt.

 Je traque depuis longtemps l'un des derniers chansonniers "de rue" écrivant des chansons sur les crimes du moment, les chantant et les vendant sous forme de feuilles ronéotypées. Il s'appelait André Dusastre, mort en 1960 à Toulouse, son lieu d'origine. Il a pas mal erré dans tout le sud-Ouest (Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Béziers, Perpignan, Montauban...) et a produit des centaines de chansons, en grande partie perdues. Je vous joins un article de Détective qui l'évoque en action dans les rues de Toulouse en 1954, avec photos. Je peux vous faire passer aussi des scans de quelques-unes de ses chansons (certaines sont à la BNF, car il faisait le dépôt légal de certains de ses textes).

Évidemment je recherche des personnes ayant pu le connaître (ou des collectionneurs de vieilleries musicales ayant des feuilles de chansons de sa main), voire - miracle - contacter sa fille, visiblement née après la guerre si l'on en croit l'article de Détective. Habitant loin de votre sud-ouest, j'ai déjà contacté des potes toulousains, dans le monde des musiques trad' et populaires, j'ai eu un échange avec Claude Sicre, mais cela n'a pas débouché. (Tu m'étonnes! Ndr) Si cela vous intéresse, d'une manière ou d'une autre, on peut en discuter.
Merci de m'avoir lu.

On peut retrouver Maxou sur France Musique à ce lien et à celui-ci. Et en supplément, une complainte drolatique sur un fait-divers qui ce coup là est un suicide. Le pendu de Maurice Mac Nab par Chantal Grimm.

jeudi 1 décembre 2022

Mort naturelle d'un anarchiste

 

Livrozet et Drolc

Serge Livrozet était d'une autre époque, pas meilleure ni pire, quasiment d'un autre monde.
Né en 1939 à Toulon de père inconnu et de mère prostituée ("je suis un authentique fils de pute!") il a un parcours de pauvre assez classique, de l'armée à une boite de pub, jusqu'à être victime d'un associé véreux. Qu'il cambriole en représailles. Et le cassement, quand on y a pris goût...
D'où un premier séjour à l'hôtel des gros verrous de 1961 à 1965.  
En sortant, devenu forain par obligation (merci le casier) il écrit, adhère à la CNT et occupe la Sorbonne en 1968. Il se refait gauler en fin de cette même année pour avoir repris le turbin afin de financer une maison d'édition révolutionnaire. 
Sorti en 1972, il cofonde, accompagné d'un parterre d'intellos en vogue, le CAP (Comité d'action des prisonniers) en pleine période d'émeutes carcérales. 
Son premier livre, De la prison à la révolte sort en 1973, préfacé par Foucault.
 Une nouvelle condamnation sera due à une remarque pleine de bon sens hurlée dans un tribunal : "Pourriture de justice française!". Phrase pour laquelle il se rétractera ensuite : " Je n’aurais pas dû dire pourriture de justice française... Mais pourriture de toutes les justices, la française, la russe, l’américaine, etc." 
S'ensuivent les luttes contre le QHS, la guillotine, etc. Et nous sommes un certain nombre a avoir été frappés par la lecture de son livre Hurle !
Ayant créé la maison d'édition Les Lettres libres en 1981, il est à nouveau arrêté en 1986 pour fausse monnaie. Acquitté mais ruiné en 1989, il zonera désormais entre ateliers solidaires et cinéma.
Le réalisateur Nicolas Drolc a d'ailleurs réalisé un documentaire sur sa personne en 2017, La mort se mérite, film qui n'a pas trouvé de distributeur et que nous faisons un plaisir d'envoyer ici. Commentaire de l'intéressé : "Qui a envie d'aller voir râler un vieux con ?" 

LA MORT SE MÉRITE from LES FILMS FURAX on Vimeo.

Il a écrit une quinzaine de bouquins et intervient dans quatre films.
Il est mort de maladie le 28 novembre dernier.
En guise d'hommage, qui de meilleur que Johnny Cash dans un classique joué à San Quentin dans l'inégalé Folsom prison blues.
 

 

Décidément, ce blogue vire à la rubrique nécrologique "Avis de décès". 

mardi 19 juillet 2022

Hommage à un grand acteur

 

Dans Dr Folamour (1964)
Here we go again ! Comme chantaient les mineurs britanniques quand il y en avaient encore.
Curieusement, il a été beaucoup question de Sterling Hayden dans les commentaires du billet précédent. Acteur d'abord cantonné dans des rôles de beau gosse qu'il méprise, puis protagoniste de chefs d’œuvres (The asphalt jungle, 1950, Johnny Guitar, 1954, The Killing, 1956, Dr. Strangelove, 1964, The Godfather, 1972, The long goodbye, 1973) pour ne citer que nos préférés, il fut aussi écrivain, navigateur, compagnon de route des partisans yougoslaves durant la guerre, cible du maccartysme. Il avait d'ailleurs balancé un nom devant la commission et, après y être revenu avec une pancarte disant Ne dites rien, ils sont ignobles, se punira pour ça toute sa vie durant.
Mais tout cela est bien mieux raconté par Philippe Garnier (auteur d'une biographie, "L'irrégulier") dans cette excellente émission
Si on revient sur le cas de notre balèze, c'est qu'a l'instar de quelques légendes du cinéma, il fut aussi célébré en chanson.
L'auteur de country, grand ami de Charles Bukowski (traduit en français par Garnier, la boucle est bouclée) Tom Russell lui écrivit un très bel hommage sur son disque Mesabi en 2011.
Début : Sterling Hayden sur une péniche à Amsterdam / voguant sur un de ces canaux hollandais / une bouteille de Johnny Walker entre les jambes / bourré mais articulant superbement. / Il disait " Oui, j'ai balancé quelqu'un / à la commission de Mc Carthy / Merde, vous n'avez pas idée / de ce que je me méprise pour ça / c'est peut-être pour ça qu'on picole, n'est ce pas ? "...
Ce très bel hommage débute bizarrement par une intro au oud :

 

Voilà pour la chanson. Manière d'être complet, le camarade Dar la cara nous a envoyé ce petit interview de 1983 qui en dit plus sur un homme attachant.

 

Sur ce, bon 86ème anniversaire de la révolution espagnole.



mercredi 11 mai 2022

La révolution asturienne au cinéma

 

Les lèvres serrées

LUNDI 16 MAI À 20H30 cinéma American Cosmograph (24 rue Montardy, Toulouse)

Projection unique suivie d’une rencontre avec le réalisateur Sergio Montero Fernandez, des membres du collectif Smolny, éditeurs notamment de l'ouvrage Asturies 1934, une révolution sans chefs, ainsi que PJ B., traducteur du livre.

La BO non sous-titrée. Le film l'est.
 

« Les meilleures "archives" du bassin minier des Asturies se trouvent dans ses cimetières. »

Il y a quelques années, Sergio – fils d’un mineur asturien – voyage à Buenos Aires. Il ne sait pas alors qu’en parallèle, il entame un autre voyage : celui de la mémoire. Là-bas, il découvre qu’un événement historique de répercussion mondiale a eu lieu dans sa région d’origine. On ne lui avait jamais rien raconté, dans aucune école ! Le jeune homme va passer d’un côté à l’autre de l’Océan en poursuivant l’ombre de cette révolution à laquelle il ne connaît rien, même si certains vieux de chez lui y font parfois allusion.

Espagne, octobre 1934. Face à la prise de pouvoir par la droite dure, la grève insurrectionnelle est déclenchée. Censée embraser tout le pays, elle échoue en Catalogne et est vite matée au Pays Basque. Mais dans les Asturies, la République socialiste est proclamée. Casernes et usines d’armement tombent les unes après les autres ; dans les bassins miniers, argent et propriété sont abolis. Cela va bien au-delà de l’antifascisme. Madrid envoie trente mille soldats, sous la coordination d’un certain général Franco, pour étouffer cette rébellion. Accompagnés de la flotte de guerre et de l’aviation, face à la résistance acharnée des ouvriers, ces militaires mettront plus de deux semaines à parvenir aux centres de la rébellion...


 

vendredi 6 mai 2022

Tranche de vie (hivernale)

 

Je cours frapper à la porte d'une isba. J'entre.

Il y a là des soldats russes. Prisonniers ? Non. Ils sont armés. Et ils ont l'étoile rouge sur leurs bonnets ! Moi, je tiens mon fusil. Pétrifié, je les regarde. Assis autour d'une table ils mangent. Ils se servent en puisant dans une soupière commune, avec une cuillère en bois. Et ils me regardent, la cuiller immobilisée à mi-chemin de la soupière. Je dis : « Mnié khocetsia iestj. » Il y a aussi des femmes. L'une d'elles prend une assiette, la remplit de lait et de millet à la soupière commune, avec une louche et me la tend. Je fais un pas en avant, j'accroche mon fusil à l'épaule et mange. Le temps n'existe plus. Les soldats russes me regardent. Les femmes me regardent. Les enfants me regardent. Personne ne souffle. Il n'y a que le bruit de ma cuillère dans mon assiette. Et de chacune de mes bouchées.

 « Spaziba », je dis en finissant.

La femme reprends l'assiette vide que je lui rends et répond simplement : « Pasa Usta »Les soldats russes me regardent sortir sans bouger. (...)
C'est comme ça que ça s'est passé. A y réfléchir, maintenant, je ne trouve pas que la chose ait été étrange, mais naturelle, de ce naturel qui a dû autrefois exister entre les hommes. La première surprise passée, tous mes gestes ont été naturels ; je n'éprouvais aucune crainte, ne sentais aucun désir de me défendre ou d'attaquer. C'était tellement simple. Et les russes étaient comme moi, je le sentais. Dans cette isba venait de se créer entre les soldats russes, les femmes, les enfants et moi, une harmonie qui n'avait rien d'une armistice. C'était quelque chose qui allait au-delà du respect que les animaux de la forêt ont les uns pour les autres. Pour une fois, les circonstances avaient amené des hommes à savoir rester des hommes. (...)

 Si cela s'est produit une fois, ça peut se reproduire. Je veux dire que cela peut se reproduire pour d'innombrables autres hommes et devenir une habitude de vivre.

Mario Rigoni Stern Le sergent dans la neige (1953)

jeudi 3 mars 2022

Tranche de vie (politico stratégique)

 

 
- Le voilà bien leur Front populaire, peste Dartmann en repoussant son assiette. Il faut le combattre bec et ongles.
- Oui mais comment ? Je demande. On va nous dire que le seul moyen efficace de combattre le fascisme, c'est l'armée unifiée.
- Mais ce n'est pas vrai ! proteste Dartmann. Les miliciens qui ont tenu au Jarama, c'était une armée unifiée ? Non. Les ouvriers qui ont combattu l'insurrection à Barcelone, c'était une armée régulière ? Non. Les unités internationales qui se sont formées au pied levé pour se lancer à l'assaut contre les fascistes au bout de deux semaines d'entraînement seulement, c'était...
- Tu sais que je connais tous ces arguments, Dartmann, et que je suis d'accord avec toi. Sur toute le ligne.
- Alors ?
- On peut disposer de tous les arguments irréfutables qu'on veut, mais si les gens ne veulent pas les entendre ? T'as pensé à ça un peu ?
- Et comment veux-tu convaincre les gens autrement que par des arguments ?
- Alors là, tu me poses une colle.
(...)
- On va perdre si ça continue comme ça, dit Dartmann en se donnant bonne contenance. Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce qui fait notre force, c'est l'ouvrier armé qui décide de ses propres méthodes de combat avec ses compagnons de travail ou de quartier, l'ouvrier armé qui sait qu'il est vraiment maître de son destin, l'ouvrier qui n'a pas peur de se lancer au combat parce qu'il est partie prenante des initiatives de combat. Et justement, ces républicains bourgeois ne sont pas aveugles. Ils veulent freiner toutes les initiatives ouvrières, détruire tous les acquis de la révolution et ils vont se servir de cette armée prétendument populaire pour le faire. Et les amis les plus fidèles des républicains bourgeois, c'est qui ?
- Les communistes.
- Et moi donc, suis-je un ami fidèle des républic...
- Les staliniens, je veux dire. 
- Exact. Les staliniens. 
David M. Thomas Un plat de sang andalou

Pour paraphraser l'écrivain Isaac Rosa, encore un putain de roman sur la guerre d'Espagne. Mais ce premier volet d'une trilogie incomplète (le troisième tome n'est toujours pas édité) écrit en français par un prolo gallois rescapé de la grande grève de 1984, recèle d'agréables surprises. À commencer par le cadre d'Almería, généralement ignoré.
Tout parallèle avec une situation présente ne serait qu'abusif.
Faute de mieux, un extrait musical du très moyen film de Vicente Aranda, Libertarias (1996) 

lundi 21 février 2022

Qui sont les Hommes chats ?

 

Le maire de l'époque a reçu de nombreux individus et plus de deux cents appels téléphoniques. Il parlait aux journalistes, aux policiers, à la Maria Teresa Campos¹, aux émissions de la télévision basque et au président de la communauté autonome de Navarre. À un tas de gens connus. Il s'est pas mal affaibli. Il ne dormait presque plus. Mangeait peu. Il était sempiternellement entouré d'étrangers et répondait à deux téléphones portables en même temps. Une chose chassant l'autre.

Qui l’eut cru ? On avait vécu avec un collectionneur. Mais celui-là ne s'était pas passionné pour les timbres ou pour les images de footballeurs. Il se contentait de nettoyer la contrée de tous ceux qui rôdaient autour de son troupeau. Il les tuait et leur tranchait les mains. Aux voleurs de bétail. Pour les conserver ensuite dans le sel. Nous, on pouvait l'entendre. On doit défendre sa propriété envers et contre tous. Mais du monde extérieur, on n'a reçu que de la merde et du venin. Ce n'était que sauvageries incompréhensibles pour les esprits comme il faut.

Qu'avec les mains, il se faisait des attouchements pas catholiques. Je ne sais quoi encore à propos de fétiches. Qu'il était complètement cinoque. Que pendant des décennies, il avait terrorisé toute la région. Qu'il était impossible que les autres n'aient rien suspecté. Qu'on avait encore peur de parler alors qu'il était mort. Qu'on était complices. Par ce qu'on s'était tus et qu'on n'avait pas voulu alerter qui que ce soit. Qu'on entravait l'enquête. Que nous vivions en pleine folie. Que vivre éloignés du monde avait fait de nous des misérables. Que si ça se trouve, c'était nous, ses propres voisins, qui avions mis le feu pour nous libérer de ce fou. Que nous représentions l'Espagne Noire. Que nous étions tous coupables. Et je ne sais combien d'autres conneries.
Josu Arteaga Histoire universelle des Hommes-chats (Nouveau Monde) 

L'auteur ne dédaigne pas taquiner la muse du rock et la mythologie du western spaghetti made in Spain.
Avec ses deux complices de la Banda del abuelo.

 

Un village enchâssé dans les brumes des montagnes basques, non loin de la frontière française. Qui se maintient à l'écart d'un monde qu'il méprise et qui l'agresse.

Un village dont plusieurs habitants sont décrits comme correspondants à un félin particulier. D'où leurs surnoms d'Hommes Chats.

Un village dont une bonne partie de la population, traditionnellement catholique, a choisi le camp des vainqueurs durant la guerre civile mais autour duquel des guérilleros anti-franquistes ont longtemps rodé.

Un village qui cache de terribles secrets. Outre les jalousies, rivalités ou haines qui se résolvent de façon tragique ou cocasse, une rumeur persistante fait état de cadavres aux mains coupées, on ne sait par qui ni pourquoi.

Jusqu'à ce que le brouillard se lève sur la scène des crimes. 
 

¹ Maria Teresa Campos : animatrice de différents talk-show de la télévision espagnole.

 

mardi 4 janvier 2022

Pinard à la coca et belle époque

 

Extraits de l'article d'Anne Steiner, La gueuse blanche de Montmartre paru dans la revue Brasero n°1.   

Les feuilles de coca continuent à être exportées vers l'Europe pour une utilisation qui relève plus de l'herboristerie que de l'industrie pharmaceutique. Elles entrent notamment dans la composition d'un breuvage aux usages à la fois médicaux et récréatifs : Le vin tonique Mariani à la coca du Pérou élaboré en 1863 par le fils d'un apothicaire de Bastia, étudiant en pharmacie à Paris et préparateur dans une officine du boulevard Saint-Germain. Il est commercialisé sous forme de bouteilles de 50 cl contenant 60g de feuilles de coca macérées dans du vin de Bordeaux et tire ses 14°. Les sportifs comme les chanteurs d'opéra chantent ses propriétés stimulantes. C'est à la fois un apéritif et un remède énergisant censé soigner la grippe, les affections nerveuses, l'anémie et même l'impuissance. (...)
Outre ses talents d'apothicaire, Mariani a le sens de "la réclame". (...) Son coup de maître reste l'Album Mariani qu'il fait éditer par Camille Flammarion en 1894.
 
Il contient les notices biographiques d'hommes et de femmes célèbres dans les domaines artistiques, politiques ou littéraires auxquels il demande une dédicace vantant les bienfaits de son tonique après leur en avoir fait parvenir quelques flacons. Chaque notice est accompagnée d'un portrait réalisé par un dessinateur de renom agrémenté de la fameuse dédicace en écriture manuscrite.
Le pape Léon XIII voisine avec Sarah Bernhardt, Émile Zola et Léon Bloy, entre autres. Et Mariani n'hésite pas à mettre à contribution l'anarchiste Louise Michel, laquelle affirme avec quelque malice que le vin Mariani fortifie la volonté et double l'énergie.
Tremblez bourgeois !
Entre 1894 et 1925, quatorze volumes contenant plus de mille notices seront publiés. (...)
Le vin Mariani, dont il se vend 10 millions de bouteilles par an, est commercialisé dans toute l'Europe et même aux États-Unis. Un pharmacien d'Atalanta, John Pemberton, réalise en 1885 une imitation qu'il nomme "vin français à la coca". Mais face à la montée du mouvement de tempérance dans la pays, il substitue bientôt à ce produit un sirop non alcoolisé à la feuille de coca et à la noix de cola mélangé à de l'eau gazeuse qui deviendra fameux sous le nom de Coca-Cola. 
Cependant, la cocaïne étant de plus en plus déceiée aux États-Unis, les feuilles de coca, pourtant inoffensives, seront elles aussi expurgées de la recette.
À vous, madame Fréhel

vendredi 12 novembre 2021

Aphorisme du jour


Celui qui promet des récompenses est souvent dans une profonde affliction.
Celui qui impose des châtiments est souvent en difficulté.
Celui qui est d'abort excessivement brutal et qui, ensuite, craint les masses représente le summum de la stupidité.
Sun Tzu L'Art de la guerre

dimanche 17 octobre 2021

Tranche de vie (christianophobe)

J’apprécie le parc du Singe Charli. C’est le territoire de mon enfance et de mon adolescence. J’y ai fumé mes premières clopes, maté mes premières revues pornos, bu mes premiers litrons… À l’époque, il s’appelait encore parc du Généralissime1. Je me souviens quand on a emménagé Charli, dans un recoin du jardin. Et quand on l’a enlevé. Charli était enfermé dans une grande cage. Il devint célèbre dans tout Jamerdana parce qu’il se masturbait sans aucun pudeur devant tout le monde, comme par vengeance contre l’enfermement. Il aimait bien aussi voler des lunettes et mordre les enfants. Et il fumait. Nous-autres, les gamins, on lui passait des Fortunas (ce singe sybarite n’appréciait que les blondes) et il se les liquidait en deux ou trois bouffées anxieuses. Parfois, il les fumait tout en les réduisant en morceaux. Il disparut subitement, du jour au lendemain, sans que personne ne donne la moindre explication. Mais il était clair qu’il avait été victime d’une purge idéologique.

Quelques années plus tard, quand la municipalité proposa la béatification du fondateur de l’université catholique de Jamerdana, nous, les punks, avons alors exigé celle du singe Charli qui, à notre avis, avait été bien plus utile à la cité. C’était au temps des campagnes d’apostasie et processions athées2. Je me souviens qu’au cours d’une de ces processions, nous avons croisé la vraie, en pleine semaine sainte, et qu’une confrérie nous a attaqué à coup de cierges géants et de crucifix pendant que nous bombardions de canettes le passage de la Dolorosa, argumentant que c’était la meilleure manière d’adorer une Vierge dotée d’un pareil nom. (...)

En ce qui concerne le parc, quelques années plus tard on a changé son nom, il est passé de Généralissime à Constitution même si personne, en ville, ne l’a jamais appelé comme ça et que tout le monde le connaît comme parc du singe Charli avec plus de dévotion que pour n'importe quel saint.

Patxi Izurzun Tratado de Hortografia

 

1Francisco Franco

2Dans les années 1980, de nombreux charivaris anti-cléricaux furent organisés dans les villes basques. Affiche ci-dessus

mercredi 29 septembre 2021

MAQUIS


Groupe "Roberto" sierra de Grenade, 1948
 
La mort est omniprésente. Maladies, affrontements avec les forces de l'ordre et dangerosité des actions économiques posent un cadre de vie hautement précaire. Le guérillero est un mélange d'audace, de courage et de fatalisme. Évoquant « Machado », Victorio Vicuña signale « Je me souviens qu'il se disait courageux, car il savait qu'il allait se faire tuer. Et que ça lui était bien égal que ça lui arrive aujourd'hui ou demain ». On le constate, la montagne n'est pas le lieu le plus approprié pour les lâches. Dans tous les témoignages des survivants, on rencontre une plus grande appréhension pour la blessure ou l'arrestation que pour la mort elle-même. La détention est particulièrement redoutée, la condition de prisonnier de guerre n'étant pas reconnue, son sort et sa vie dépendent alors exclusivement de l'attitude de ses gardiens. 
À partir de 1947, il est clair qu'être arrêté équivaut à une mort certaine précédée de tortures en tous genres induisant le risque de dénoncer ses compagnons et les agents de liaison. En connaissance de cause, de nombreux guérilleros préfèrent se suicider plutôt que de tomber aux mains de la Garde civile. Ou ils mènent une attaque désespérée en sachant que l'issue leur sera fatale.
 
Maquis. Histoire des guérillas anti-franquistes. Secundino Serrano.

Le livre de l'historien Secundino Serrano, étude complète et surprenante sur les maquis et la résistance active dans l'Espagne post-guerre civile sort enfin en français (édition Nouveau Monde). Cette petite vidéo* de 23 minutes présente plusieurs aspects de l'ouvrage. On peut trouver une version courte de 6 minutes à ce lien.

 

Et pour quelques traces laissées dans l'imaginaire populaire, un rap de Mala Fama en mémoire des deux derniers guérilleros de Cantabrie, Juanin  et Bedoya.

 

 

* Montage réalisé avec des extraits de Los ultimos guerilleros de José Vicente Viadel et Los del monte de Reyes Ramos.