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dimanche 19 mars 2023

Pierre-Jean, l'autre Béranger, sic transit gloria mundi

 

Intéressante émission de Jean-Noël Jeanneney, Concordance des temps du 4 mars 2023 consacrée au cas du chanteur le plus célébré de la première moitié du XIXème siècle, Pierre-Jean de Béranger.
Outre faire un résumé de cette gloire populaire du Caveau Moderne et des goguettes (on ne disait alors ni cabarets ni café concerts) ce programme pose une très captivante question : celle de la notoriété ainsi que de sa postérité.
Comment, en effet, un artiste auquel Stendhal, Chateaubriand, Sue, Dumas, Goethe et surtout la plèbe rendirent hommage de son vivant finit-il plus ou moins aux oubliettes ?
 
La réponse tient sûrement en deux raisons. Une est la cause défendue par ce poète, un république (matinée de patriotisme et de nostalgie bonapartiste) désirée sous la Restauration comme devant guérir tous les maux mais qui se révélera, après les fusillades de juin 1848, pour ce qu'elle fut : un banquet pour la bourgeoisie qui exploita sans vergogne le peuple travailleur. Cette évidence de la lutte des classes rendit bien des œuvres de Béranger caduques. 
L'autre raison découle de la première. Décédé au début du second empire, les funérailles de Béranger furent l'occasion d'une mise en spectacle, d'une récupération grossière par un régime déjà dévalué né sous les coups de sabres et de baïonnettes. De quoi vous flinguer une réputation !
Il n'est qu'à comparer avec d'autres enterrements plus tardifs telles celles de Victor Noir ou de Jules Vallès.     
Ceci posé, relativisons l'oubli dont souffrit le bonhomme, sa tombe fut longtemps le lieu d'un pèlerinage annuel, il fut mis en musique par Hector Berlioz, Franz Liszt ou Édouard Lalo après sa disparition. De même, plus récemment, il est encore chanté dans de nombreux spectacles et cabarets.
Une de ses interprètes "moderne" fut Germaine Montéro, ici dans Les cinq étages, métaphore du sort d'une femme et du temps qui s'enfuit vues par le biais d'un immeuble parisien.

mercredi 6 janvier 2021

On a chanté la Veuve

Le 9 octobre 1981, Robert "les Gros sourcils" priva notre beau pays de l'outil qui, comme la Tour Eiffel ou le camembert, lui assurait une notoriété mondiale. Rassurez-vous, les socialos mettront vite en fonction des Quartiers d'isolement, des peines incompressibles et tout un attirail destiné à faire miroiter une mort lente aux voyous et autres malfaisants. Pour mémoire, le regretté Giscard d'Estaing doté "d'une aversion profonde à la peine de mort" avait fait raccourcir trois personnes et au moins quatre autres attendaient la visite matinale du coiffeur au 10 mai 1981. 
Auparavant, l'immonde joujou des Deibler (bourreaux de père en fils de 1853 à 1939) avait excité les imaginaires, surtout lors d'une "Belle époque" où il s'agissait de vivre vite et de laisser un beau cadavre. 
Anatole Deibler (400 exécutions au compteur) et deux apaches de la bande de Béthune dont il se chargea.
 
Rappel historique : dans un souci d'humanisme, d'égalité, de sérénité et d'abolition des privilèges (seule la noblesse avait alors droit à la décapitation) l'Assemblée nationale adopta la guillotine le 6 octobre 1791. 
Contrairement à la légende, cette loi n'est pas l’œuvre de Joseph Ignace "appelez-moi docteur" Guillotin mais des députés Lepeltier et Saint Fargeau. Le bon docteur s'était contenté de suggérer pour accompagner les exécutions équitables un instrument déjà populaire dans les pays germaniques depuis le XVIème siècle, visant "à supprimer des souffrances inutiles".
Son engin fut rebaptisé du nom de son promoteur qui sera assez vite écœuré par l'utilisation industrielle qu'on lui trouvera. Contrairement à la légende, Guillotin mourut dans son lit à 75 ans.
Mais l'enthousiasme des patriotes se traduisait déjà en chansons, dont une qui dut ensuite inspirer le Père Léon, La guillotine permanente, tube de 1793, ici repris par Catherine Ribeiro dans un disque commémorant le bicentenaire de la Révolution.

L'image d'Épinal veut que la béquillarde ait tourné à plein rendement lors de la Terreur robespierriste. Certes, Samson (ça ne s'invente pas) exécuteur des basses œuvres n'a pas chômé, pas plus que les pauvres rémouleurs chargés d'aiguiser la bête. Mais, contrairement à bien d'autres symboles, la Restauration ne se débarrassa pas d'un engin si ingénieux et durant tout le XIXème, la bascule à Charlot ravagera le pays. A l'instar du bagne, on y passait pour un oui ou pour un non, en témoigne le fameux Derniers jours d'un condamné que Victor Hugo a mis trois années à oser signer de son vrai nom. C'était l'époque des complaintes criminelles.
Pour les grandes occasions, l'État préférait tout de même les canons chargés à la mitraille et la troupe qui chargeait pour calmer les ardeurs du populo.
Au tournant du siècle, vint la mode du voyou faubourien, mi-romantique, mi-épouvantail à bourgeois, qui trouva son accomplissement avec la figure de l'Apache* de la soi-disant Belle époque. Malgré l'opposition déclarée à la peine de mort du débonnaire président Armand Fallières, les exécutions en public restèrent encore le spectacle gratuit devant lequel on s'indignait, voire on se bastonnait avec les sergots (comme celle de Liabeuf en 1910) lorsqu'on ne se réjouissait pas du balcon en sablant le champagne.
C'était l'âge d'or des cabarets et des chants d'apaches. Devant un tel déferlement, on vous en pose deux, l'inévitable décrivant les derniers instants d'un voyou, écrite par Bruant, À la Roquette, ici par Bromure, des skins parisiens (2017).


 On ne saurait oublier l'impeccable Jacques Marchais dans son anthologie On a chanté les voyous un de nos disques de chevet, qui chanta une chanson de Desforges et Gueteville, créée par Reschal au cabaret l'Horloge, les confidences ironiques d'un futur guillotiné : Monte à regret
Ce qui n'est par ailleurs qu'un autre nom de la Veuve ou la rue de Limoges qui va de la taule à la place fatale.
Mais les beaux jours s'enfuient et le spectacle des exécutions au petit jour devient pénible à un public avide de happy ends avec l'arrivée du cinématographe.
 
Ainsi, vu le flou, le photographe qui prit le document ci-dessus devait être quelque peu ému ou frigorifié à l'occasion de l'ultime exécution publique, celle d'Eugène Weidmann, à l'aube du 17 juin 1939.
Désormais, on planquera les assassinats légaux derrière de hauts murs et la peine de mort se trimballera une réputation de plus en plus honteuse même si elle eut et a encore de chauds partisans. De 1968 à 1978, elle sera encore prononcée trois à quatre fois par an aux assiettes.
Mais on trouvait alors peu d'amateurs pour la braver ouvertement. et quelques indécrottables réacs pour la célébrer. Les années 1970 sont plutôt au chagrin et à la pitié.
On terminera donc ce tour d'horizon incomplet par un sympathique chanteur de variétoche, Julien Clerc, qui met en musique une chanson de Jean-Loup Dabadie en 1980, L'assassin assassiné.
 

 

* À creuser aux rubriques "Cabaret" ou "Bandits bien aimés" sur ce même blogue.

lundi 30 novembre 2020

Odes à l'immortel gang Kelly

Le gang Kelly a dédicacé une carte postale 

 
Parmi les bandits d'honneur haïs par les puissants et chéris par le peuple, un de ceux qui a eu la plus belle postérité est l'Australien Edward Kelly, dit Ned Kelly, descendant d'Irlandais déportés sur l'île, né en 1854 à Beveridge (Victoria) et exécuté en 1880 à Melbourne. 
Né au sein d'une fratrie de huit, Ned est un bon élève qui, à 10 ans, sauve un autre gamin de la noyade, action pour laquelle il recevra l'unique récompense de son existence : une ceinture qu'il portera jusqu'à sa mort. Son père, Red, ayant été condamné aux travaux forcés pour avoir été soupçonné d'un vol de veau, Ned abandonne l'école à 11 ans pour nourrir la famille.
Terre à coloniser par des bagnards, l'Australie est alors peuplée de fermiers crevant de faim, souvent Irlandais ou Écossais (que les autorités britanniques aiment à déporter) qu'on force à renier leur religion catholique et qui doivent survivre sous le joug d'une poignée de propriétaires protégés par une puissante police.  
Évidemment, ce contexte est propice à la prolifération de bandits ruraux vengeurs, les bushrangers, comme le gang de Jack Donahue, dit des strip-teaseuses, qui n'aimaient rien tant que laisser les riches à poil.  
À 16 ans, le jeune Ned écope de trois ans fermes pour recel d'une jument "empruntée" par un de ses amis. Ses petits frères Jim et Dan connaissent alors de semblables déboires. 
Mais ce qui scellera sa destinée fut une perquisition menée par le policier Alexander Fitzpatrick en 1878, qui au passage avait tenté d'abuser d'une jeune sœur et avait été remis à sa place par leur mère, Ellen, à coups de pelle. Ellen est emprisonnée avec son dernier bébé, quant au père, Red, sa santé précaire n'a pas résisté à son dernier séjour en taule. 
Poursuivis par des flics sanguinaires, le noyau du futur gang Kelly, Dan et Ned, rejoints par leurs amis Joe Byrne et Steve Hart, descendent les quatre policiers et entament leur carrière de hors-la-loi. 
 

Et c'est parti pour deux années de hold-up et de redistribution aux populations locales, les caissiers de certaines agences bancaires n'hésitant pas à trinquer avec des braqueurs qui se sapent pour l'occasion et réservent leurs tirs aux miliciens et autres flics au service des propriétaires. La bande de Ned se spécialise dans l'autodafé des prêts hypothécaires récoltés dans ces mêmes agences, à la grande joie des fermiers. 
À Jerilderie, après avoir emprisonné les policiers et pris une trentaine d'habitants en otage plus ou moins volontaires, Ned veut faire imprimer une proclamation de son cru destinée à protester contre les injustices du gouvernement et appelant à la révolte. Trahi par l'imprimeur local, il remet son manifeste à un otage sympathisant en le chargeant de la diffuser. 
Tous les parents et amis de la bande sont alors sous les verrous à titre préventif. 
Et comme dans toute bonne légende rurale, vint l'apothéose et la chute. Le 27 juin 1879, le gang occupe la ville de Glenrowan et se retranche dans l'hôtel en embarquant 70 personnes avec qui ils feront la fête dans la nuit. Ils savent qu'une armée de miliciens arrivent par le chemin de fer et ont préalablement saboté la voie ferrée afin que la troupe déraille en beauté.
Mais ils sont trahis par un instituteur qui affirme être de leur côté et qu'ils laissent naïvement rentrer chez lui. Le cafard va au devant du train pour éviter la catastrophe et les flics cernent la ville. 

Tels des chevaliers errants, nos quatre gaillards font alors face aux forces de l'ordre affublés d'armures artisanales pesant plus de 40 kilos et censées les rendre invulnérables.
Mauvaise pioche : empêtrés dans leur ferraille, Joe Byrne est touché à l'artère fémorale, Dan Kelly et Steve Hart, cernés, se tirent une balle dans la tête et Ned, blessé aux jambes set embarqué. Il restera une sacrée image de leur dernier combat. 
Malgré une pétition de 32 000 signatures réclamant sa grâce, Ned est pendu le 11 novembre 1880, non sans avoir lâché "Ainsi va la vie" en guise de derniers mots. 
Il devient ainsi le Robin des bois australien, défenseur des pauvres et à jamais chevauchant dans le bush. Impossible de compter le nombre de balades qui lui est consacré, en plus de celle de l'inévitable Johnny Cash, qu'on a passé dans l'émission de février 2019. De 1906 à 2019, il est aussi le héros de cinq films dont celui de Tony Richardson (1970) avec Mick Jagger dans le rôle principal. 
Quelques unes de ces rengaines pour la joie et la mémoire. 
La Ballad of the Kelly Gang, recycle la vieille chanson des rebelles irlandais At the rising of the moon.


 Le chanteur australien Lionel Long a consacré un disque aux bushrangers dont le plus célèbre d'entre eux.
 

 

Et le texan Waylon Jennings (1937-2002) y alla lui aussi de sa ritournelle

  

Cet article doit beaucoup au chouette chapitre Grandeur et chute des chevaliers du Bush, d'Émilien Bernard (Bandits & Brigands, l'Échappée 2020)

samedi 13 juin 2020

L'or par P'tit Louis

Favre, Garnier,Trochu, Ferry et Thiers livrant Paris à Bismarck
Une chanson du XIXème siècle, amputée de son septième couplet et interprétée en reggae par P'tit Louis dans le disque accompagnant l'ouvrage sur les goualantes de rues paru il y a deux ans chez l'Insomniaque.
Le passage entre parenthèse n'est pas repris ici. 
Au vu des cinq premiers couplets, elle conserve quelque actualité.

Pour écouter ou télécharger, il suffit de clique sur ce lien.

V
Car la police n'est plus abordable,
elle a le droit mêm' de vous insulter.
Si vous lui dites des choses désagréables,
Elle se dépêch' vite de vous coffrer.

VI
Parlons aussi de ces hommes politiques,
Ces mannequins qui changent de parti,
Qui pour de l'or  trahissent la République,
Ces gredins-là vendraient bien leur pays

(VII
Des maréchaux tels que monsieur Bazaine*,
Des généraux tels le Breton Trochu**,
Et d'autres noms dont je me rappelle
Qui pour de l'or à l'enn'mi se sont vendus.)

Cette chanson, en l'honneur des malfaiteurs qui l'interprétaient quand ils se réjouissaient, aurait été chantée pour la première fois au bal Colbus par les vidangeurs de la Vilette. D'après ceux-ci, c'est un des leurs collègues déporté à Cayenne en 1848 qui en serait l'auteur, lequel composa par la suite les deux dernières strophes suscitées par les événements de la guerre de 1870***.
La musique et les paroles de l'Or furent recueillies et arrangées par Gaston Blondelon et M. Marcel Labbé, l'affable éditeur bien connu, fit paraître cette chanson il y a moult années, avec six couplets au lieu de sept, le deuxième étant inédit.

Émile Chautard Goualantes de la Villette et d'ailleurs (l'insomniaque)

* Racaille militaire, maréchal d'empire. Rendit Metz aux Prussiens sans combattre en 1870 (Plutôt Guillaume que la République!).

** Racaille militaire, général très catholique. Livra Paris aux Prussiens en 1871 (Plutôt Bismarck que la Commune!)

*** Dont le dernier couplet "blanquiste" à la gloire de Raspail et Blanqui.

samedi 30 mars 2019

Complaintes criminelles


Le camarade Vlad nous signale une fort plaisante émission de Jean Lebrun, la Fabrique de l'Histoire du 28 mars (cliquer là), avec Jean-François Heintzen en invité.
On y apprend que les chansonniers de rues sur "papier timbré", qui obéissaient à quelques règles précises, connurent leur heure de gloire au XIX ème siècle pour sévir jusqu'au procès d'Oradour-sur-Glane.

Les complaintes criminelles pouvaient compter des dizaines de couplets. Chantées sur des timbres connus de tous, leur écho se prolongea très loin dans le temps. Ni l’apparition des journaux populaires à bas prix ni la Grande Guerre n’en vinrent à bout. Il fallut la victoire de la radio, actée pendant la Deuxième Guerre, pour qu’elles soient renvoyées au silence.



Approchez, approchez eu ouvrez grand vos esgourdes ! La complainte du bon pasteur, géniale parodie écrite par Albert Vidalie et chantée par Germaine Montéro.


jeudi 7 mars 2019

Les muscadins, nervis de la contre-révolution


Chaque époque a généré les Alexandre Benalla qu'elle pouvait.
La Révolution de 1789 étant une référence de ces derniers mois, allons faire un petit tour du côté d'un groupe de gros bras contre-révolutionnaires plutôt tombés dans l'oubli. 
Sans résumer toute une période riche en rebondissements (surtout dans la saison 1, 2 et 3) partons du 9 thermidor de l'an II (27 juillet 1794) date considérée comme la fin de la Terreur car marquée par la chute de Maximilien Robespierre (arrêté avec son frère Augustin, Le Bas, Couthon, Saint-Just, Dumas, etc.). Tout ce beau monde est guillotiné à la hâte dès le lendemain.

Une jeunesse dorée plus ou moins royaliste refait alors surface et tient même le haut du pavé à partir du mois de septembre.
Figure centrale, un curieux personnage comme seules les circonstances historiques exceptionnelles en ont le secret : le "journaliste" Louis Marie Stanislas Fréron.
Ci-devant Missionnaire de la Terreur, autrement dit envoyé par la Convention en 1793 pour mater de soi-disant insurrections royalistes ou girondines, Fréron avait planifié de grands massacres à Marseille et Toulon. Soupçonné de détournements de fonds, il doit ensuite comploter avec Fouché et Tallien pour précipiter la chute de Robespierre.
Lui qui avait fondé le journal l'Orateur du Peuple dans lequel écrivait son ami Marat, passe sans état d'âmes dans le camp réactionnaire et organise une bande de 3000 muscadins ou "collets noirs", selon une méthode qui sera reprise sous l'occupation pour monter "la Carlingue". Outre quelques commerçants ou clercs issus de la jeunesse dorée, il suffit de donner l'impunité à un bon nombre de costauds qu'on tire de prison pour mener une guerre privée contre les jacobins. En novembre, ce nouvel ami de l'ordre envoie même ses troupes ravager le club de ses anciens collègues. 

L'occupation principale de ces nervis munis de cannes plombées (appelées "pouvoir exécutif"), en basques queue de morues et culottes serrées est alors de tabasser tout ce qui ressemble de près ou de loin à un sans-culotte. En le forçant à entonner l'hymne de la réaction thermidorienne Le réveil du Peuple, censé remplacer la Marseillaise.


Autre code vestimentaire, les muscadins portaient des cheveux longs avec des tresses pour amortir les coups de gourdins ou de sabre récoltés dans les bagarres contre les sans-culottes. Ils exhibaient des vestes vertes, en souvenir du Comte d'Artois pourvues de 17 boutons de nacre en l'honneur de l'orphelin du Temple. Leur mot de passe est une allusion à ce dernier : « Combien huit et demi et huit et demi font-ils ? ».
 
Ils fréquentaient les bals des victimes, réservé à ceux qui affirmaient avoir perdu des parents à l’échafaud. On y dansait en habits de deuil et s'y saluait d’un coup sec de la tête, comme frappée du couperet de la guillotine.
Les insurrections de germinal et prairial (avril et mai 1795) seront un premier coup d'arrêt aux menées royalistes. L'émeute du 13 vendémiaire (5 octobre 1795) écrasée par un obscur général corse qui changeait lui aussi de camp comme de chemise achèvera les espoirs de restauration.
De la jeunesse dorée du directoire resteront des snobs Incroyables et Merveilleuses refusant d'employer la lettre R qui évoquait trop la Révolution. Le mot muscadin désignera un gandin réactionnaire durant tout le XIX ème siècle.
Quant à Fréron, cette girouette avait déjà abandonné l'extrême-droite pour devenir un modéré. Méprisé, déconsidéré par tous il finit exilé à Saint Domingue par ce même Bonaparte nommé Premier consul. Il y meurt de fièvre jaune dans le mois qui suit son arrivée.

mardi 13 novembre 2018

Joie du wallon

Goguettiers par Daumier
À l'origine, un air qui fit les beaux jours des goguettes du XIXème siècle, ces ancêtres des café-concerts, puis des cabarets et précurseurs au sein desquels des chansonniers chroniquaient la vie sociale.
On en a passé une version par Armand Mestral, datant du Siège de Paris, en août 2015
Autre exemple d'un des multiples recyclages de la même mélodie, La complainte du Charlot de La Courtille par Nenesse et Totor, extrait du cd Goualantes de la Vilette et d'ailleurs (l'Insomniaque).
Or, un docte lecteur, Michel Davesnes, nous a récemment signalé : L'air qui sert de support à cette chanson a beaucoup servi, semble-t-il. Au départ, il s'agit de "Te souviens-tu*", qui illustre l'épopée napoléonienne. Plus proche de nous, l'air a été repris du côté de Charleroi, en Belgique, et ça a donné "Lolote", chantée ici par le grand Julos Beaucarne.

  

Cette gaillarde interprétation, issue d'un traditionnel wallon, nous a tellement réjouie qu'on vous en donne une transcription : 

Au bour del Sambre et pierdu din l'fumière Voyez Couillet eyet s'clotchi crayeu C'est là que d'meure em' matante Dorothée L'veuve dem' mononq Adrien du Crosteu. A s'nieuve méson nos avons fait ribote Diminche passé tout in pindant l'cramya.
Pou l'premier coup c'est là qu'dj'ai vu Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Gniavet drolà les pu gaies du villadge In fait d'coumères on n'avou qu'à schwési On a r'ciné à l'omb' padzou l'fouilladge Au mitan d'ell' cour padzou l'gros cherigi Em bonne matante a d'ell bière in bouteye C'n'est nin l'faro qu'est jamais si bon qu'ça.
Din s'chique Lolotte aste si bi vermeille Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
Y dalet mieux, les pinses s'tintent rimplies Djan l'blanchisseu tinguelle es violon Y dit z'éfants nos avons çi des filles Qui n'demandes fonk qu'a danser l'rigodon Mais qué plési, qué Lolotte est contenne Après l'quadrille on boute en' mazurka. Dj'ai triané in serrant s'main dins l'mienne... Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis) 
V'là l'swer venu pour dinser chacun s'presse El violonneux raclout aveuc ardeur L'bière comme l'amour vos faisou tourner l'tiesse Vin nom d'en chique dji nadjou din l'bonheur Mais l'pa Lolotte in viyant qu'dji l'imbrasse D'un coup d'chabot m'fait plondgi din l'puria.
El coumère s'inceurt eyet mi dji m'ramasse Ciel qué coup d'pid sintez comme em cœur bat (bis) 
Dji m'sovéré du cramia d'em matante Dji crwé bi qu'jai l' croupion mitant desmis Dji prind des bains à l'vapeur d'yau boullante Grignant des dints tous les coups qu'dji m'achi Mais quind j'devrou s'quetter m'dernière culotte Pour m'apougny aveu s'man eyet s'pa.
Putot mori que d'véqui sin Lolotte Ri qu'd'y pinser sintez comme em cœur bat (bis)

* Te souviens-tu ? est effectivement une chanson de nostalgie napoléonienne datant de l'immédiate Restauration. Paroles Émile Debraux, musique Joseph-Denis Doche 

dimanche 16 octobre 2016

Copinage et vieilleries

Après la réédition, d'un étonnant bon goût de la part des éditions La Fabrique, du texte de Louis Chevalier, Montmartre du plaisir et du crime, voilà-t-il pas que les éditions l'Insomniaque nous gâtent à leur tour.
Partageant quelques préoccupations avec l'Herbe Tendre, ils ressortent ce texte méconnu d'Émile Chautard.
Tout le détail est ci-dessous, cliquez pour agrandir l'image si c'est peu lisible.
Et puis, à votre bon cœur, camaros, faîtes péter l'artiche !
Sinon, volez-le !

 
Et puisque y'aura 16 titres revisités de luxe par des voyous plus modernes, un petit classique de Bruant à charge des amis de la maison :

 

Et une version plus conventionnelle par une chanteuse qui excellait surtout dans les reprises

vendredi 17 juin 2016

Jacques Marchais chante Charles Cros


Une plaisante (re)découverte sur laquelle on tombe en fouinant suite à l'article sur Charles Cros.

Notre très cher Jacques Marchais  n'a pas fait que remporter plusieurs fois le grand prix de l'académie Charles Cros, il a aussi chanté le monsieur.
En l'occurrence, il s'agit du très moyenâgeux L'orgue (légende allemande) co-écrit par Frédéric Navarre et mis en musique par Louis Loréal.
Cette pièce se trouve sur le disque  Récital N°1 (BAM C 149) de 1965 qui comprend également des textes d'Apollinaire, Chaulot, Vaucaire, Aragon, etc...

La chanson avait déjà été interprétée par Damia en 1929.

mercredi 25 mai 2016

Du côté du Chat Noir (8) : Charles Cros


Charles Cros est né en 1842 à Fabrezan (11200) et mort en 1888 à Paris.
Et ne serait-ce que pour le tourne-disque, Charles, on t'aime !
Imaginez, ce petit gars de Lagrasse (antique et charmant village de l'Aude, aujourd'hui proie de cultureux fortunés) a inventé successivement le télégraphe automatique (1867), la photo couleur en trichromie (1869) et le paléophone (1877) prototype du phonographe que ce businessman d'Edison va aller breveter avant lui.
Ça, c'est le côté scientifique du bonhomme.
Le moustachu a aussi été membre des Vilains Bonhommes, des Hydropathes (d'Émile Goudeau et de son pote Maurice Mac Nab) et créé Cercle des Zutistes, tous éminents poètes.
Il a brûlé les planches du Chat Noir avec ses fameux monologues (le Hareng saur) et s'est révélé un sacré précurseur des surréalistes.
Extrait :
Je me distrais à voir à travers les carreaux
Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques
Où le bonheur est un suivi de six zéros.

Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques,
Les colonels et les receveurs généraux
De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques


Voici un autre de ses poèmes en guise d'avertissementAux imbéciles, ici chanté par Jean-Luc Debattice. (Suffit de cliquer sur le titre).

Et sa célèbre Berceuse par Juliette Gréco (1969, musique de Yani Spanos)


Charles Cros fut même chanté par Brigitte Bardot : Sidonie sur l'album Vie Privée (1962)

samedi 26 décembre 2015

Les Auvergnats de Paris

Bouscatel en uniforme
En plus de ravitailler Paris en pinard et en charbon, les Auvergnats l'ont aussi fait danser.
L'invention du mot "bal musette" vient d'ailleurs de la cornemuse du Cantal et de l'Aubrac, la cabrette. L'industrie du disque balbutiante va multiplier les 78 tours renvoyant ainsi les airs de balloche faire un tour dans leurs montagnes d'origine. Et racketter les musiciens en leur mettant la SACEM aux trousses.
Et il a suffit de marier cet instrument à l'accordéon des Italiens pour inventer une nouvelle musique : celle qui va régner à partir des années 20. 
Le tout, sous le regard de la statue du commandeur, Antoine Bouscatel, le "Jimi Hendrix de la cabrette".
Mais tenir un bal musette, c'était aussi vite entrer dans un certain "milieu". De limonadier, à barbeau il n'y a parfois qu'un pas.

C'est cette aventure que raconte cet excellent documentaire sonore de Péroline Barbet passé le 22 décembre dans "La fabrique de l'histoire" de France Culture avec les musiciens-chercheurs Jean-Francois Vrod, Eric Montbel et André Ricros, et Claude Dubois (historien), René Saget (musicien).

lundi 22 juin 2015

Le blues du travailleur : Gaston Couté et la Marine

 

Le port de Binic bien avant son fameux festival de rock

Mais quelle mouche a-t-elle piqué Gaston Couté, auteur des champs, de commettre une chanson de marins ?
Faut dire que question dur labeur, les pêcheurs de Morue au large des côtes américaines n'avaient rien à envier aux mineurs de fond ou aux ouvriers agricoles courbant l'échine sous le soleil d'août.
La version ici présente n'est pas la plus connue, celle de Marc Robine, mais une autre assez enlevée de Pierrot Noir sur un disque, assez original, de 2003.
Les Terr' Neuvas enregistré en juin 2003.

mercredi 20 mai 2015

Variations autour d'un sauveur

Pour en finir avec les images (Cerro de Los Angeles 28 juillet 1936)
Prenez un dieu, faites-en un homme. Ou l'inverse. Torturez-le à mort afin de racheter cette humanité qui n'avait rien demandé mais dont une fraction espérait un messie. Puis laissez cette idée devenir religion d'État avant de passer environ trois siècles à établir définitivement le statut dudit messie de manière indiscutable.
S'ensuivront quelques autres siècles de querelles théologiques, hérésies et autres massacres au sujet du divin enfant ou de sa génitrice.
Évidemment, notre héros, préfigurant la figure du prolétaire lors de son épisode terrestre, aura aussi servi de consolation, d'exemple ou de repoussoir à bon nombre d'idéologies.
Voila qui ne pouvait qu'exciter l'imagination des chansonniers.
Quelques exemples parmi tant d'autres :
Un texte de Jehan Rictus (encore un gars qu'a mal tourné, on y reviendra) dit par un Pierre Brasseur, impérial, comme toujours.


Du Gaston Couté par un Lavilliers débutant qui honorait ses classiques.


Et un Pierre Louki, vieux complice de Brassens, assez désabusé sur le disque "Vers bissextiles" (1996)



Lot de prophètes trouvé dans la poubelle d'un cimetière d'outre Pyrénées

Un amical salut au Moine Bleu

dimanche 10 mai 2015

Après la bataille

Les Anglais l'avaient compris depuis la guerre en dentelles : le sang marque moins sur un uniforme rouge...

Gaston Couté, poète des plaines et des forêts, ne  pouvait éviter d'évoquer les combats qui s'y déroulaient avec plus ou moins de régularité.
Mais, alors qu'en son temps la mode était à entonner le clairon de la revanche, il va plutôt s'attacher au sinistre paysage d'après l'explication virile. 
"Les ramasseux d'mort" est inspirée de la vision d'un champ de bataille de la guerre franco-prussienne de 1870, comme l'indiquent la présence du "moblot" et du bavarois, porteur d'un "casque à chenille".
Elle est ici chantée par Gérard Pierron et Hélène Maurice, le texte est dit par Bernard Meulien avec Marie Mazille (violon) Patrick Reboud (accordéon)


Tant qu'on y est, un autre classique du XIXème, dans un esprit voisin, interprété ici par Marc Ogeret :


Écrite par Gustave Nadaud, "le Soldat de Marsala" fut inspirée par 'l' Expédition des Mille', menée par Garibaldi de Sicile jusqu'en Calabre, en 1860, contre le royaume des Bourbons. Cette chanson fut interdite sous le second Empire, elle ne sera autorisée que sous la troisième République.
Ami d'Eugène Pottier et grand amateur de goguettes (ou de caveaux, comme on les appelait aussi) Nadaud a écrit des dizaines de chansons dont une bonne part nous sont parvenues interprétées par Brassens.

mercredi 19 novembre 2014

Lantoine chante Couté


Après avoir fait le parolier pour des habitués de ces pages, Allain Leprest et Jehan, le petit gars d'Armentières se lance au chant avec la Rue Kétanou ou fonde Mon côté Punk. Mais c'est en association avec le contrebassiste François Pierron, fils de Gérard, que Loïc Lantoine monte, en toute simplicité Les Loïc Lantoine.
Le duo deviendra quartet, puis quintet. S'ensuivent quatre albums sur lesquels le gars pose sa voix râpée sur ses textes souvent cafardeux. 
Amoureux de Norge, Henri Michaux, Bernard Dimey ou Supervielle, il reprend ici une chanson de Gaston Couté (sur l'album Tout est calme 2006) et en fait un blues déstructuré qui colle parfaitement à ce retour du fils maudit.



lundi 24 mars 2014

Parenthèse d'actualité : lendemains merdeux

Faut-il vraiment commenter cette chanson de 1889 ?
Au lieu d'aller voter,
Casse-leur la margoulette
Et tu pourras chanter
Georges-Ernest Boulanger, Jules Grévy, Sadi Carnot (qui au moins, mourut d'une manière irréprochable) ... L'histoire ne se répéte jamais ou seulement sous forme de parodie comme disait l'autre (en gros).


C'est du Marc Ogeret dans "Chansons contre" (Disque 33 tours, Vogue, CLVLX29)

vendredi 20 septembre 2013

Pierre-François LACENAIRE chansonnier


 "Vous avez la tête trop chaude et le cœur trop froid, Pierre-François. 

Et moi je crains les courants d'air !" 

Sublime réplique de Garance (Arletty) à Lacenaire (Marcel Herrand) concoctée par Prévert pour le film de Marcel Carné, Les enfants du paradis (1945)


Né le 20 décembre 1803 à Lyon et guillotiné trente trois ans plus tard à Paris, Pierre-François Lacenaire fut non seulement auteur de théâtre, assassin, poète, escroc, mais il écrivit aussi quelques chansons. 
On en trouve dans un  disque quelque peu décevant : Lacenaire enfin vengé de Fred de Fred (vous avez bien lu) d'après ses poésies (1992 Barclay Universal)
Marcel Herrand dans le film de Carné

Remis au goût du jour par les surréalistes, Prévert, les situs, Lacenaire ne fut pas vraiment un grand criminel. Un bon résumé de sa carrière est là.
Par contre, il transforma son ultime procès en joyeux foutoir, sa cellule en salon mondain et sa mort en grand spectacle. Ses aphorismes tels « J'arrive à la mort par une mauvaise route, j'y monte par un escalier… » nous son restés. Tout comme ses Mémoires atrocement censurées.
Extrait : " Quand j'étais enfant, j'étais déjà plus lucide que les autres. Ils ne me l'ont pas pardonné...Alors je suis rentré en moi-même...Je n'ai pas pu en sortir. Les imprudents ! Me laisser seul avec moi-même ! Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations !"
En 1836, Le Charivari publiera ses chansons.
Une parmi toutes est restée : "Pétition d'un voleur à un roi voisin" aussi nommée "Le Larron" par d'autres interprètes. Ce texte de 1833 est d'une actualité féroce. 
Voici donc deux versions du chef doeuvre
D'abord par Chiffonie (chansons de cabaret) et par les Modest Lovers (Garage rock toulousain)

jeudi 5 septembre 2013

Les auteurs de la Commune de Paris (4) LOUISE MICHEL (1830 - 1905)

Des comptines aux bombes


On ne va pas ici vous refaire la biographie de l'indispensable Louise qu'on peut consulter ici-même mais plutôt rendre hommage à ses talents, moins connus d'auteur de chansons.
Outre être une source d'inspiration pour Rimbaud, Jules Jouy, Michèle Bernard, Juliette, Louise Attaque ou les excellents Louise Mitchell, notre révolutionnaire débuta comme institutrice avant d'être sociétaire de l'Union des Poètes en 1862. 
Il semble qu'elle ait écrit quelques dizaines de comptines enfantines pour ses élèves, composé de nombreux poèmes, dont une partie a été perdue, et aurait même fait un opéra.
Seulement, voilà le Hic, pas moyen de retrouver ces premières chansons paraît-il assez politiquement "osées" en plein second empire.
A moins que quelqu'un n'ait une idée....

 Il est à noter que Louise signait ses poèmes Enjolras, qui est aussi le nom d'un personnage, étudiant républicain, intègre et révolutionnaire, que l'on retrouve dans Les misérables de Victor Hugo. Qui s'est inspiré de l'autre ? 
Hugo lui rendit, par ailleurs, hommage, à travers un poème, Viro major (Plus grande qu'un homme), qu'il écrivit après son procès, en 1871. Verlaine lui dédia Ballade en l'honneur de Louise Michel. Elle eut de grandes amitiés féminines, Marie Ferré, Charlotte Vauvelle ou masculines, Hugo, Jules Vallés, Théophile Ferré et même Clémenceau (première époque).

Pendant et après la Commune, elle continuera son activité d'écriture.
Un exemple de poésie écrite en prison :


Quand la foule, aujourd’hui muette,
Comme l’Océan grondera,
Et qu’à mourir elle sera prête,
La Commune se relèvera.
Nous reviendrons, foule sans nombre,
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons nous serrer les mains.

Les uns pâles, dans les suaires.
Les autres encore sanglants.
Les trous de balles dans leurs flancs.
La mort portera les bannières.
Le drapeau noir, crêpe de sang,
Et pourpre, fleurira la terre
Libre, sous le ciel flamboyant.

Mais sa chanson la plus connue, celle qui est reprise de nos jours par un bon nombre de chorales est sa Danse des bombes. Ecrite en avril 1871, en pleine insurrection parisienne, elle est ici dans sa version la plus populaire, mise en musique et interprétée par Michèle Bernard sur son disque "Cantate pour Louise Michel")

mardi 27 août 2013

GERMAINE MONTERO, la grande interprète (2)


Notre chère Germaine Heygel (Voir là article du 28 novembre) reprend ici une chouette chanson de ce géant que fut Pierre-Jean de Béranger (1780- 1857) sur lequel nous reviendrons plus en détail prochainement.
Ce Béranger là, bouffeur à bien des rateliers et loué par Goethe, Eugène Sue, Chateaubriand, entre autres,  semble avoir composé cette ode vers 1828.


Et ça reste tout à fait pertinent (même si personnellement aucun de mes potes n'a si mal tourné).



jeudi 25 juillet 2013

LES 4 BARBUS ET RAVACHOL


François Claudius Koënigstein (son père était d'origine néerlandaise), dit Ravachol (du nom de sa mère, Marie) est un combattant anarchiste né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond (Loire) guillotiné le 11 juillet 1892 à Montbrison. Ravachol était un ouvrier teinturier qui faisait vivre sa mère, sa soeur, son frère et s'occupera de son neveu. Très pauvre, il jouait le dimanche, pour pouvoir survivre, de l'accordéon dans des bals, à Saint-Étienne.  Il a fréquenté les milieux interlopes dès ses 8 ans.

François et ses mauvaises fréquentations

Ravachol sera arrêté pour avoir commis 3 crimes crapuleux en province et surtout pour avoir fait sauter à Paris la maison des magistrats chargés du procès de trois anarchistes (Descamps, Dardare et Léveillé furent passés à tabac par la police pour avoir manifesté avec le drapeau rouge à Levallois le premier mai 1891 suite à la tuerie de Fourmies) et de trois attentats à la dynamite contre des représentants de la justice.


 
Des méfaits de traîner au bistrot en sale compagnie

Ravachol sera exécuté le 11 juillet 1892, à  montbrison, par l'inévitable bourreau Louis Deibler. Il refuse l'assistance de l'aumônier et chante Le Père Duchêsne en allant vers la guillotine. Ses dernières paroles sont « Vive la ré… » au moment où le couperet tombe. Le télégramme partiellement chiffré de l'annonce de l'exécution le traduit par « Vive la république ! » Il semble plus juste de penser avec Jean Maitron que ses dernières paroles furent « Vive la révolution ! » 

Il resta après son exécution une légende, non seulement chez les anars mais pour tout le populo jusqu'à la belle époque. Il est par exemple fort cité par Amélie Hélie ( Casque d'Or, quoi! ) dans ses mémoires ( Chroniques du Paris apache (1902 -1905) Mercure de France 2008  


 EXTRAIT DU Disque "Chansons anarchistes"
 Paroles de Sébastien Faure, 1893. Chanté par les Quatre Barbus.



 Oui, je le répète : c'est la société qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer le société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes ; et votre œuvre, en s'attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n'est votre justice qui s'amoindrit à punir les effets. (extrait de la déclaration de Ravachol à son procès)