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vendredi 9 mars 2018

Prévert au cabaret et en rap


Prix mis à part et œufs au comptoir ayant tendance à disparaître, ce texte de Jacques Prévert, La grasse matinée, issu de Paroles, 1945, temps de famine et de tickets de rationnement, reste d'une actualité seulement ignorée par les hypocrite ou le fan-club présidentiel (qui sont souvent les mêmes).
On le connaît généralement par une de ses toutes premières interprètes, déjà d'avant-guerre, Marianne Oswald


Il a été récemment repris en hip-hop dans le disque Prévert le Rap par Floral & Muda (Instrus de Boeuf) du collectif Les chevals hongrois.
S'il y en a encore qui doutent que le rap est aussi de la "chanson française", vous pouvez télécharger l'ensemble du disque, ainsi qu'un autre consacré à Robert Desnos, sur leur site .

lundi 19 octobre 2015

Marcel Aymé et Marianne Oswald

Deuxième article signé Marcel Aymé et envoyé par les bons soins de l'ami Wroblewski.
Comme le précédent, c'est de 1934, juste avant que le déroutant Marcel n'aille s'enticher de Mussolini et de ses expéditions africaines (si, si, quel Con !).

JEU DE MASSACRE
Je suis allé, l'autre soir au cabaret des Noctambules entendre Marianne Oswald, cette artiste juive dont le répertoire et la personne même ont été l'objet, il n'y a pas bien longtemps, de manifestations véhémentes allant du sifflet à roulette aux articles de presse les plus haineux. Ce n'est pas du tout mon affaire d'apprécier le talent d'une vedette, d'autres s'y entendent beaucoup mieux que moi. Il me semble simplement, et je le dis en passant, que si ses détracteurs voulaient bien faire leur examen de conscience, c'est à dire un effort d'imagination, ils conviendraient sans peine que le genre choisi par Marianne Oswald (...) est fort au dessous d'elle et que seuls seraient dignes de son génie certains grands rôles de la tragédie grecque et du théâtre élisabéthain en attendant que son extraordinaire personnalité (...) fasse surgir quelque dramaturge inconnu.
En voyant son image d'Atride aux yeux brûlés, sa silhouette de gargouille, ses gestes d'ombre chinoise, on oublie le thème du moment pour songer aux réalisations de demain. 
Marianne Oswald, si ses conseillers ne l'égarent pas sur la voie du Grand-Guignol, est sans doute, une chance unique pour le théâtre, notre vraie chance de n'y aller plus seulement pour y bailler d'ennui (...) 
Pour l'instant, elle se trouve (...) récitant le monologue sur des tréteaux de guinguette et le miracle est qu'elle réussisse à émouvoir le spectateur, à troubler une salle avec le mince prétexte de ces chansons et de ces petits morceaux cousus de gros fil qui laissent trop paraître la distance entre l'artiste et la pauvreté du genre et qui fournissent aux grincheux quelques raisons de la critiquer. (...)
Je n'avais pas encore entendu le fameux Jeu de massacre qui valut dernièrement à Marianne Oswald d'être expulsée de Suisse et qui inspire encore à quelques chroniqueurs français des cris d'effroi et de colère. Je m'attendais à quelque chant révolutionnaire altéré du sang des bourgeois, gonflé de menaces et d'invectives, giflant l'auditoire de la misère des claque-dents et de l'impudence des ventres dorés. Pour que la Suisse se fut sentie menacée dans son équilibre par une simple voix de femme, il fallait un chant atroce, d'une violence à rendre intenable la situation du délégué de l'Union Sovietique à Genève. de couplet en couplet, j'attendais l'explosion, l'appel forcené à la vengeance, j'en fus pour mes frais.
Je n'en croyais pas mes oreilles. Il s'agissait bonnement d'une partie de jeu de massacre à la foire aux pains d'épice et le couplet final, le plus subversif, celui qui, vraisemblablement, fit trembler de peur le gouvernement helvétique, était quelque chose comme "Boum sur la mariée ! Boum sur le notaire ! Boum sur le général ! Boum sur monsieur le maire!..." Pas plus.
L'écrivain le plus officiel, le plus monoclé, le plus chéri des salons bien pensants, celui dont la moustache cirée projette son ombre austère sur le haut col de porcelaine blanche s'est sûrement permis des audaces plus corsées dans ce qu'il appelle ses péchés de jeunesse et il ne serait même pas surprenant qu'il écrivît encore un pareil morceau pour la récréation de ses petits-enfants. 
Il faut vraiment avoir un sens aiguisé du symbole pour voir se profiler le spectre de la révolution dans des couplets aussi anodins. autant dire qu'il faut être poète et d'avant-garde.
Marianne Oswald ne voudra-t-elle pas chanter une complainte sur la peine de ces âmes délicates et tourmentées qui voient en elle la grande prêtresse des rouges offrandes et qu'une chanson de poupée suffit à effrayer ?

 La chansonnette en question. On l'avait envoyée dans l'émission "Méchanceté 2"

Oswald à l'époque (si, si, juré)


mercredi 23 septembre 2015

Parenthèse d'actualité : procès à Toulouse

Il y a 4 ans démarrait une longue histoire comme la justice sait les mener, faite d’enquêtes interminables, de détentions, de contrôles judiciaires... le 29 Septembre prochain aura peut-être lieu la fin de "l’Affaire de Labège".
Petit rappel historique et appel à la solidarité !

Affaire de Labège : épilogue ?

Rassemblement de soutien devant le TGI de Toulouse, le mardi 29 septembre de 12h à 14h

Tout commence par un week-end agité en mai 2011. A l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Lavaur, à 40 km à l’Est de Toulouse, les prisonniers décident de ne plus courber l’échine face aux surveillants de l’Administration Pénitentiaire et aux éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Des insultes en tout genre, le saccage d’une dizaine de cellules et sept départs de feu amènent l’Administration Pénitentiaire à qualifier la situation de « mutinerie ».
Face à cette « rébellion généralisée », les Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS), seules forces habilitées à intervenir sur le terrain carcéral, écrasent les détenus récalcitrants et prennent possession de la prison. S’en suit une grève d’éducateurs, dénonçant leurs conditions de travail, réclamant plus de moyens pour plus de bâton, défendant coûte que coûte leur corporation, comme n’importe quel maton.
Mais, à l’extérieur de la prison, la nouvelle tourne. Tandis que des personnes solidaires décident alors d’organiser le soutien, de se rendre à la prison pour rencontrer les familles de détenus, de convoquer à des réunions d’information au sujet des EPM et de la Justice des Mineurs, d’autres, le 5 juillet 2011, s’invitent dans les locaux de la direction régionale de la PJJ dans la commune de Labège, tagguent les murs et déversent du lisier, certainement pour rappeler à quel point leur travail pue la merde.



Durant quatre mois d’enquête, les services de la gendarmerie vont s’intéresser à ce qu’ils appellent « la mouvance ultragauche ». Après une opération coup de poing dans sept lieux de vie toulousains, l’enquête aboutit à la mise en examen de cinq personnes puis la mise en détention provisoire de quatre d’entre elles, la dernière étant placée sous contrôle judiciaire. Après deux à trois mois de détention, les inculpé.e.s ressortent sous contrôle judiciaire et ce, jusqu’à la clôture de l’instruction, en septembre 2014. Aujourd’hui, ces cinq personnes passent en procès pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences et des dégradations », « violences en réunion » et « dégradation en réunion ». Toutes nient leur participation à cette action.
Si nous appelons à un rassemblement devant le Tribunal ce mardi 29 septembre de 12h à 14h, ce n’est pas pour dénoncer une Justice disproportionnée. La Justice n’est ni disproportionnée, ni aveugle. Elle est l’outil nécessaire au maintien de l’ordre social et réprime celles et ceux qui ont décidé de déroger aux règles du jeu capitaliste ou de s’organiser contre elles. Si nous appelons à ce rassemblement, c’est pour partager avec le maximum de monde notre refus de l’isolement judiciaire et notre critique du système répressif, un système répressif qui sévit partout où les prolétaires disent merde à leur misère, des personnes fichées pour leurs activités subversives aux détenus qui foutent le feu à leur cellule en passant par les réfugiés enfermés sous prétexte qu’ils resquillent les frontières.
Venez nombreuses et nombreux pour discuter, chanter et manger devant ce charmant TGI de Toulouse à 12H, mardi 29 septembre.
Comité de soutien 

Une chanson de Patrick Denain qui évoque "La petite Roquette" (prison pour mineurs 1830-1899). Chanson anonyme de 1906.

jeudi 9 avril 2015

Marianne Oswald


Sarah, Alice Bloch est née en 1901 à Sarreguemines (Lorraine), alors ville allemande. Elle était fille d'un couple de juifs polonais exilés. À seize ans, orpheline, elle se retrouve en pension à Munich avant de migrer  "après s'être fait trancher la gorge" (opérer d'un goitre thyroïdien) à Berlin où elle monte sur les planches, décidée à devenir tout de même chanteuse.

En 1931, Berlin se peuplant de croix gammées, elle déménage à Paris où elle popularisera l'Opéra de quat' sous.
 Là, elle chante Kurt Weill et Bertolt Brecht (Opéra de Quat' sous) avec un certain succès partout où elle passe.
Elle enregistre quatorze 78 tours entre 1932 et 1937.
Au Bœuf sur le toit, elle introduit dans son tour de chant les techniques de l'expressionnisme allemand. Elle séduit par sa diction particulière, son « parlé-chanté » brechtien, avec accent mosellan, une voix tour à tour brute et tendre.
Premier disque (auteur : André Mauprey)
 

Elle chante Brecht, Cocteau, Prévert et même des chansons d'Henri-Georges Clouzot.  
Elle chante  la misère, les amours raté, le désespoir, la vie tragique, la mort, le suicide et même la chasse à l'enfant. Elle sera donc complètement décalée en première partie de Charles Trénet.
Les patriotes professionnels la qualifient tour à tour de sale juive, de bolchéviste, de sale boche.

                     Du Prévert 1935

En 38, elle entame une carrière d'actrice dans Le petit chose de Maurice Cloche avec Arletty.
Entre 1940 et 1946, elle s'exile aux États-Unis où elle se produit dans les cabarets et à la radio (parfois en anglais).
De retour à Paris, on la retrouve dans une série d'émissions à la radio, présentées par Cocteau, Camus, Seghers, Ribemont-Dessaignes et Gaston Bonheur, sous le titre de Le retour de Marianne Oswald où elle chante et récite des textes d'Apollinaire, d'Éluard, de Prévert et de Jean Nohain mais son style commence à être dépassé.
Elle repart de nouveau au cinéma, dans Les Amants de Vérone (1949) dans Le Guérisseur (1954), Notre-Dame de paris (1954), Montparnasse et Sans famille (1958).
Elle se consacre ensuite à la production d'émissions télévisées et radio pour enfants sur Paris Inter (Terre des Enfants dans l'émission les Beaux Jeudis de Maurice Pauliac).
Elle meurt en 1985.

 Sa biographie est titrée "Je n'ai pas appris à vivre."