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jeudi 17 mai 2018

DeVille du côté du bayou




Contrairement à ce ce que nous avons été nombreux à croire à l'origine, William Paul Borsey (1950-2009), alias Mink DeVille, devenu Willy DeVille ne fut aucunement originaire des bords du Mississippi.
Issu d'un mélange d'Irlandais, Basques et indiens Pequots, cet enfant du Connecticut s'en alla vivre à New York puis à San Francisco avant de monter son premier groupe de blues tout en proclamant, à qui voulait l'entendre, son amour pour Édith Piaf. .
Embringué dans la vague punk de 1976 en se produisant au CBGB, cet éminent dandy se retrouva à jouer une musique assez particulière dans ce contexte.
En fait, dans la grande tradition américaine, un mélange de blues, musique hispanique, caraïbe, cajun à l'instar de grands anciens comme Creedence Clearwater Revival.
En témoigne cette Mazurka (issue de l'excellent disque Le Chat bleu, enregistré à Paris en 1980) reprise d'une grande du zydeco, Queen Ida




Née en 1929 dans une famille de paysans musiciens du Lac Charles, d'abord cuisinière itinérante pour ouvriers agricoles, "Queen" Ida Lewis Guillory est une des premières femmes a devenir accordéoniste leader et chanteuse d'un groupe zydeco.
Sur les traces d'Allen Toussaint, de Fats Domino ou de Chuck Berry, elle entama sa carrière de musicienne professionnelle à la quarantaine tout en restant chauffeur d'autobus afin d'assurer les revenus nécessaires à élever ses enfants.
En 1975, elle fut couronnée "Reine de l'accordéon" au carnaval de la nouvelle Orléans.
On ne peut que costater, à l'écoute de cette vidéo sans image, à quel point le père Willy DeVille a collé à sa version de la Mazurka dont les paroles en français nous échappent encore un peu. Mais c'est ça qui donne tellement de charme à la chose.

vendredi 6 octobre 2017

Du rock dans le bayou

Osons une affirmation : si le rock n' roll vient sans conteste du blues, du rhythm 'n blues, plus précisément, depuis la mise à disposition des enregistrements des Lomax, père et fils, on sait que la musique populaire du sud des États-Unis qui a abouti à tout ça a marié des influences tant autochtones (la rythmique) que celtiques, germaniques (l'accordéon, le saxophone), africaines et bien entendu ce creuset que fut la musique cadienne ou cajun. D'aucun affirmeront péremptoirement que le cajun, qui dérivé en country and western, était l'apanage des Blancs là où le zydeco (ou zarico) celui des Noirs.
Comme toujours, les pauvres se fréquentant malgré tout ce qui entend les séparer, on rappellera que ce genre de classification est bien trop hâtive, les musiciens franchissant allégrement les genres et se mélangeant ou se pillant dès qu'ils en ont l'occasion. Et encore heureux. Et ceci est encore plus vrai dans ces contrées de bayou où de révoltes indiennes alliées aux esclaves marrons, d'ex français réfugiés au plus profond des marais, de cette ville de la musique, la Nouvelle Orléans, tour à tour espagnole, française américaine, chacun est allé faire sien la musique de "l'autre".
Il semble qu'une des chansons emblématiques du rock / rhythm and blues, Keep a knockin', issue des années 20, popularisée par Louis Jordan en 1939...

 

... immortalisée par Little Richard, l'autre King, la première grande folle du rock, celui qui rendait la vue aux aveugles, en 1957, en transformant ce blues en rock 'n roll (avec cette intro de batterie repompée dans Somethin' else et une ribambelle de morceaux) que tout le monde reprend depuis.



Il semble donc, disais-je, que cet éternel boogie soit issue d'un traditionnel cajun tout simplement nommé Tu peux cogner mais tu peux pas rentrer. On a beau fouiner, pas moyen de trouver un enregistrement suffisamment ancien pour venir confirmer cette thèse. Notre plaisir consistera donc à envoyer un autre maître du style, mister Clifton Chénier, en personne, qui illustre ici les racines de la musique du diable.




mercredi 16 novembre 2016

Sanseverino a adapté Papillon


Nos quelques lecteurs, lectrices, habitués, habituées, belges, belges, ont bien remarqué qu'il n'est pas dans nos habitudes de faire la pub pour un album récemment sorti.
Disons qu'après un an, ça fera un honorable temps de prescription.
Car, d'un point de vue chanson, l'adaptation par Sanseverino du livre d'Henri Charrière, "Papillon", en bluegrass, hillbilly, blues tout court et avec même un chouïa de musique amérindienne est une belle réussite.
Pour ce faire, Sanseverino s'est adjoint Christophe Cravero au violon alto, Christian Seguret à la mandoline et au violon, Jean-Marc Delon au banjo, Jidé Jouannic à la contrebasse,Lionel Suarez à l’accordéon et Xa Mesa aux percussions.
Dixit le chanteur : « J’ai écrit l’album dans l’ordre du livre et il s’écoute donc dans l’ordre de composition. Au départ, je savais seulement quel son je voulais entendre. C’est un karaoké littéraire » 
Extrait de la présentation du disque :
Ce n’est pas vraiment un truand, ce n’est pas vraiment un militant anarchiste. Mais c’est un sacré bonhomme, Papillon. Chez lui, la liberté compte plus que tout. Et quand on est bagnard, cela conduit à de folles aventures – les longs préparatifs, l’adrénaline de la fuite, l’ivresse d’échapper aux barreaux, la rage d’être repris, l’horreur de la punition, les préparatifs qui reprennent, une autre évasion (...) Car il faut l’avoir connu, le bagne de Cayenne ! La chaleur atroce dans les cellules étroites infestées de vermine, la férocité sadique des matons, la cruauté sans âme de l’administration pénitentiaire, la violence entre détenus, les maladies tropicales et surtout le désespoir, le désespoir des réprouvés qui ne reverront jamais la France qui les a rejetés pour toujours, le désespoir de ces hommes qu’un tribunal a condamnés à une sentence que la rumeur dit pire que la guillotine »
Une bande dessinée suivant le texte des chansons et réalisée par Sylvain Dorange et Cécile Richard est sortie parallèlement.

Deux mots sur le bouquin d'origine, sorti en 1968, vendu à des millions d'exemplaires et estampillé "Récit" par l'éditeur Robert Laffont.
Une adaptation cinématographique, de Franklin Schaffner en a été tirée en 1973, avec Steve Mc Queen et Dustin Hoffman. Gros succès également.
Réfugié au Vénézuela, suite à sa dernière évasion, Charrière a affirmé avoir écrit ce livre à la lecture de "l'Astragale" d'Albertine Sarrazin, livre qui eut lui aussi une renommée certaine. Deux ouvrages sont ensuite parus pour dénoncer les mensonges et la mythomanie de l'auteur. Ces deux livres sont l’œuvre d'un journaleux proche des flics, Georges Ménager, et d'un, tout autant, grand ami des flics et des barbouzes, Gérard de Villiers, ce qui rend a priori plus que méfiant quant à leurs intentions.
Ceci dit, l'éditeur qui avait dépêché un enquêteur à Cayenne, était parfaitement au courant des inexactitudes (pour le dire gentiment) contenues dans l'ouvrage. De plus, les connaisseurs de l'histoire du bagne ont reconnu que Charrière s'est attribué sans complexes quelques mésaventures parvenues à rien moins que Marius Jacob, René Belbenoît, Pierre Bougrat ou Eugène Dieudonné (celui qu'on embringuât dans la Bande à Bonnot).
Une belle trompette, donc !
C'est pourquoi on est reconnaissant à Sanseverino d'avoir surtitré son adaptation du qualificatif "Roman".

mardi 10 novembre 2015

Allen Toussaint a cassé sa pipe

Allen Toussaint est mort le 9 novembre dernier.

Né en 1938, il avait débuté au piano avec Dave Batholomew avant d'aller accompagner, excusez du peu, Fats Domino, Irma Thomas, Lee Dorsey, Dr John, Professor Longhair et bien entendu le légendaire groupe de funk de la New Orleans, The Meters (liste non exhaustive).

Il a également cotoyé le grandissime chanteur et auteur cajun Bobby Charles.
Ce qui explique, notre peine mise à part, sa présence sur ce blogue dans la rubrique "cajun".

Hommage à un grand pianiste, compositeur, chanteur et producteur de la New Orleans.
Un petit blues pour respecter la tradition.

 
Suivi d'un inévitable pour la route. So long, chap.

 

jeudi 24 juillet 2014

Un petit détour par le bayou (4)

ZYDECO

Vous en avez marre de voir l'interminable série "Treme" ? Ou vous voulez en savoir plus ?
Ladies and gentlemen, voici un documentaire de Nick Spitzer (1986) dans un anglais assez compréhensible où on retrouve une belle série de prolos de la zizique du Delta : Dolon Carriere, Armand Ardoin, Alphonse "Bois Sec" Ardoin, John Delafosse...
Du prol, du populaire, du mélange comme on les aime. 



lundi 2 juin 2014

Mama Rosin

Des Suisses qui font dans le cajun, et ça dépotte





Excellent concert (à partir du le troisième morceau où ça a vraiment décollé) vendredi 16 mai dernier à Toulouse. 
Les Genevois Robin Girod (guitares, banjo, chant), Cyril Yeterian (mélodeon, guitare, chant) et Xavier Bray (batterie, chant) poussent leur cajun 'n roll (musique de Louisiane à tendance crade et sautillante) autant inspiré par le Gun Club ou Bo Diddley que par le zydeco* le plus traditionnel, depuis 2007.
Ils ont également fondé le label "Moi, j'connais"
Cette vidéo déconnante, hommage aux Pine Leaf Boys de Lafayette, donne une petite idée de leur présence scénique.


* on va revenir sur l'origine du mot, déformation de "haricots".

mardi 13 mai 2014

Lendemains qui déchantent


GUEULE DE BOIS (avoir la)
  
    Malaise des lendemains d'ivresse. Syn : gueule d'acajou, capitonnée, cuirassée, de cuivre, G. d. B., en palissandre. On dit en se rasant qu'on rabote sa gueule de bois.

  • "- Moi j'ai un marteau-pilon dans le crâne !
         - Tu as la gueule de bois, c'est tout."
Ange Bastiani, Le grand embouteillage.

  • " J'me suis réveillé dans l'padoc du copain. Lui, il ronflait sur la descente de lit. J'avais la gueule en palissandre."
André Vers, Misère du matin.

Robert Giraud, L'argot des bistrots.


    Comme d'hab', on sait vu trop beau. Ce qui devait arriver, arriva.
Moralité : le compte est bon.
Plutôt que de poser un cautère sur une gueule de bois, on est aller voir dans  notre bibliothèque si y avait pas quelques pistes pour résoudre ce mal de tête croisé...
A coté du Giraud et du Bréviaire de la gueule de bois, on a trouvé ceci :
  


   Qui d'autre que le prince des hydropathes pouvait nous prodiguer quelques précieux conseils ?
On dit pas non plus qu'on va de suite repartir pour un Grand Métingue...

   Et puis, on est allé voir du côté du delta. "Passez moi le verre à carry on !" Nous, on voit pas mieux que la solution à Nathan Abshire.
 Mais on vous garanti pas non plus l'innocuité du breuvage vanté dans la vidéo...





lundi 28 avril 2014

Un petit détour par le bayou (3)

Madeleine

  
     Le delta du Mississipi passe aussi par Paname. Une version endiablée du classique cajun Madeleine par Los Carayos.
     Le "supergroupe" Los Carayos rassemblait la fine fleur de ce qu'on a pu appeler la scène rock alternatif parisienne. S'y produisait  :
- Schulz de Parabellum.
- Alain Wampas des Wampas, de la Mano Negra et des Happy Drivers.
- Manu Chao - qui a fait la carrière que l'on sait - des Hot Pants, futur de la Mano Negra.
- Antoine Chao, son frère - qui s'abîme désormais dans les délices de l'autogestion joyeuse - des Chihuahua, futur de la Mano.
- Quant au toujours pétulant Hadji-Lazaro,des Garçons Bouchers et Pigalle , ben, il continue son petit bonhomme de chemin ( Pigalle en tournée partout en France...).










Merci à Marie pour le tuyau !

dimanche 16 mars 2014

Un petit détour par le bayou (2)

Cajun visits



   On en causait avec les potes hier au soir entre deux rasades de mousse au sortir d'une bath soirée consacrée à Jeffrey Lee Pierce, le leader du Gun Club *. Le père Jeffrey en connaissait un rayon en musique populaire américaine et sans doute n'aurait-il pas lambiné pour aller se dégourdir les jambes et les esgourdes au son du fiddle du 'tit fer et de l'accordion.
    On avait eu la chance de voir y a quelques années cet émouvant documentaire de Yasha Aginsky au cinoche et on l'a retrouvé il y a peu sur ce chouette site qui ravira les amateurs de folk, de blues et de cajun (et que complétera avantageusement le research center).

   On pourra donc retrouver Cajun visits dans son intégralité ici même. Et des extraits ci dessous.









    * Soirée à l'occasion de la sortie du bouquin de Marc Sastre paru chez les toujours excellents  fondeurs de briques (présentation du livre, concert, DJ). A suivre prochainement à Bordeaux au salon du livre, ainsi qu'à Paris à la librairie Parallèles.



lundi 2 décembre 2013

Un petit détour par le bayou (1)   

 


  Cette série vous proposera de découvrir quelques titres et interprètes marquants de la musique cadienne. Pour l'inaugurer, nous vous proposons aujourd'hui une présentation succincte mais bien foutue qu'on a piqué à Bayou Prod. Et comme on vous sait un tantinet feignasse comme nozigues, Lectrice, Lecteur, Hannibal (copyright Le Moine Bleu ), nous vous avons agrémenté la lecture de quelques vidéos fort distrayantes que l'on doit à un certain St Brice's Day, notre archiviste  préféré du tube.




La Musique cajun

    Arrivés en Louisiane dans un dénuement quasi total *, les premiers immigrants Acadiens n'ont évidemment pas dans leurs maigres bagages d'instruments de musique, trop coûteux et trop fragiles pour supporter l'exode.
     Dans un premier temps, c'est donc a capella qu'ils pratiquent la musique, qu'il s'agisse des chants traditionnels, berceuses et chants à boire, ou des hymnes religieux du dimanche. Les danses sont rythmées à la voix, accompagnées de frappes des mains et de battements de pieds. A partir de 1780, des violons sont signalés dans des inventaires et il est probable qu'à cette époque, des veillées ont lieu, où l'on danse au son de cet instrument, aussi bien que l'on chante et que l'on conte des histoires. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle apparaissent les fais-do-do, des bals où les familles se réunissent au complet chez l'un ou chez l'autre, les jeunes enfants ou les bébés étant mis à dormir (faire do do) à l'écart, sous la surveillance d'une aïeule experte en berceuses et…trop vieille pour danser !… Les danses pratiquées à l'époque sont les rondes et contredanses, les reels, gigues, polkas, mazurkas, cotillons, galops, les one-steps et two-steps et la valse.
    C'est vers 1870 qu'intervient la première grande révolution dans la musique cajun avec l'introduction par les immigrants allemands de l'accordéon diatonique (bien qu'il semble que ce soit des noirs qui l'ait adopté en premier dès les années 1850, par l'intermédiaire de missionnaires blancs). Plus puissant que le violon, plus robuste et d'un usage plus facile, l'accordéon fait rapidement de nouveaux adeptes, mais, pour des raisons de tonalités, fait dans un premier temps mauvais ménage avec le violon. Ce n'est qu'après la Première Guerre mondiale que l'importation de nouveaux types d'accordéons accordés en mi ou en fa permettra des duos avec le violon, ce dernier se trouvant alors relégué dans un simple rôle d'accompagnement.




    Les années 1900 voient également l'apparition dans la musique cajun de la guitare espagnole, largement répandue au Mexique et au Texas, avec laquelle les premiers à se familiariser seront des soldats partis se battre à Cuba. Dans les années 1900-1920, la musique cajun connaît sa seconde révolution, conséquence de la première : sous l'influence grandissante de l'accordéon, le répertoire se limite dorénavant presque exclusivement aux valses et two-steps. On commence alors à mettre des paroles sur la musique de danse et des musiques sur les ballades autrefois a capella. Le triangle métallique, fabriqué à partir de pièces détachées de machines agricoles, devient un instrument rythmique à part entière de l'orchestre cajun. Non pourvus de micros, les chanteurs adoptent une voix criarde et aiguë pour couvrir le bruit des instruments et des danseurs. C'est à cette époque que l'on commence à construire de grandes salles de bals privées et que le fais-do-do perd peu à peu son statut de réunion strictement familiale. Le 27 avril 1928, Joseph Falcon (chant-accordéon) et son épouse Cléoma Falcon Bréaux ** (guitare) enregistrent pour Columbia le premier 78 tours de musique cajun à la Nouvelle-Orléans. Ce disque se vend tellement bien que Falcon, né dans une modeste famille de fermiers, peut abandonner son travail à la ferme paternelle et vivre de ses cachets de musicien.
    C'est au début des années 30 que la musique cajun va connaître sa troisième révolution. D'une part, le président Roosevelt, qui prône un certain interventionnisme sur la scène internationale, a besoin d'une nation unie et souhaite de ce fait éradiquer les particularismes culturels. Par ailleurs, la crise de 1929 ayant durement frappé la Louisiane, un vaste programme de modernisation y est réalisé, comprenant des constructions d'autoroutes, de ponts, de digues, d'usines, de ports et de raffineries. D'autre part, suite à la découverte de pétrole en Louisiane dès 1901, de nombreux yankees sont venus s'installer en Louisiane. Ces blancs arrogants et racistes, souvent originaires des Etats voisins, strictement anglophones, ne souhaitent pas s'intégrer à la culture cajun. Les cajuns, eux, également désireux d'améliorer leur niveau de vie grâce au pétrole, se voient progressivement contraints d'adopter la langue anglaise pour avoir accès au travail.




  Désormais citadins, propriétaires de maisons modernes, de voitures, de réfrigérateurs et de postes de radio, les cajuns et leur monoculture multicentenaire se voient envahis par la culture des autres Etats, notamment du Texas et de sa musique, le Western Swing, un mélange de Swing et de Country Music, qui va rapidement devenir à la mode dans le sud-ouest de la Louisiane.  Cette époque voit l'accordéon décliner rapidement au profit du violon et l'apparition de nombreux orchestres à cordes intégrant une batterie. La quatrième période marquante de la musique cajun commence dans l'immédiat après-guerre. Suite à la 2ème Guerre mondiale, les GI's ont soif d'amusement et ont besoin de retrouver leurs racines et la musique de leur enfance. Des bals et des fêtes sont à nouveau organisés et les accordéons ressortent rapidement des placards. Dès lors, les jours du Western Swing sont comptés. Par ailleurs, l'Amérique ayant à cette époque définitivement basculé dans la modernité, la télévision entre massivement dans les foyers US, au détriment des grands réseaux radiophoniques, qui laissent ainsi le champ libre aux petites radios de proximité, lesquelles réalisent vite qu'il peut être intéressant de séduire les communautés ethniques en programmant leur musique de prédilection. Les artistes locaux se mettent alors à enregistrer à profusion et une multitude de maisons de disques voient le jour en Louisiane. C'est aussi à cette époque que les Créoles noirs créent le style Zydeco en intégrant à la musique cajun des accents de blues et de jazz ***.
    Dans le même temps, de jeunes musiciens cajuns, désireux de s'ouvrir à un auditoire plus vaste et à un succès de plus grande ampleur, inventent le swamp-pop, un mélange de rock n' roll, de rockabilly et de rythm & blues, chanté le plus souvent en anglais sur des thèmes typiquement cajuns. Ce style est encore très prisé de nos jours.
    Les années soixante et leur vague de rock n' roll britannique, conduite par les Beatles, portent un rude coup au swamp-pop et aux autres genres en général. Paradoxalement, la musique cajun traditionnelle se sort plutôt bien de cette période : des musicologues venus effectuer des collectages en Louisiane poussent les organisateurs de festivals américains à programmer des artistes cajuns.
   C'est ainsi que Dewey Balfa se retrouve au festival de Newport en 1964, en compagnie de Joan Baez et Bob Dylan. C'est le signal de départ d'une nouvelle période pour la musique cajun.
    A partir de 1970, le rock n' roll perd de sa popularité un peu partout dans le monde. Inversement, une forte demande apparaît pour un retour aux musiques ethniques. La musique cajun n'échappe pas à ce mouvement et toute une génération redécouvre avec bonheur la musique de ses grands-parents, sous la houlette de jeunes musiciens comme Zachary Richard.
    Vers 1980 commence la dernière étape en date de la musique cajun, celle qui va finalement synthétiser près de 300 ans d'histoire, d'influences, d'assimilations et de métissage musical. La musique cajun prend alors de multiples directions et se teinte d'accents tantôt country, tantôt rock, reggae, rap, caraïbes, world, tex-mex ou jazz.
    Aujourd'hui, en Louisiane, des formations hyper traditionnelles côtoient des groupes rock dotés de solides sections basse-batterie. Toutes se réclament de la tradition francophone et cohabitent sans trop de problèmes. Finalement, la musique cajun est à l'image du peuple qui l'a créée : opiniâtre, dotée d'une étonnante faculté d'adaptation aux aléas de l'histoire et d'assimilation des autres cultures, mais surtout, fermement décidée à survivre, quoi qu'il arrive …




 Notes de l'Herbe : 

* Suite au Grand Dérangement .

** Nous reviendrons sur eux dans un prochain post...

*** Idem pour le Zydeco.