Affichage des articles dont le libellé est Francesca Solleville. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Francesca Solleville. Afficher tous les articles

mercredi 7 août 2019

Lutte des classes ? No sir, Fantômas !



Qui est plus maléfique, plus puissant, plus dévastateur, plus élégant que Mesrine, Ben Laden, Mussolini et Al Capone réunis ? Fantômas, bien entendu !
Inventé par Pierre Souvestre et Marcel Allain en 1910, les exploits de ce dandy empereur du crime se déclinèrent sur 12 000 pages en 32 volumes, devenant le héros le plus populaire de la soi-disant Belle-époque.
La fameuse affiche du film

Bénéficiant des derniers progrès techniques, l'odieux personnage fut aussitôt porté à l'écran par le grand Louis Feuillade en cinq opus dès 1913.
Contrairement à beaucoup d'autres, cette crapule survécut à la Grande guerre et à la mort de son créateur, Souvestre, emporté par une congestion pulmonaire en 1914.
Allain reprit la suite en solitaire, dans un style encore plus "déplorable" (jugement de Max Jacob) à partir de 1926.
Dès avant la colossale boucherie, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Max Jacob (qualifiant également ces romans de Nietsche pour bonniches) avaient déjà fondé la société des "Amis de Fantômas".
Désormais archétype du mal sans limite, enraciné dans la culture populaire, la chanson se fit écho de ses exploits.
L’inénarrable Robert Desnos écrivit La Complainte de Fantômas en 1933, année qui coïncide avec le procès du "réseau Fantômas" (espionnage dans les usines d'armement au profit de l'URSS). Exilé en France, Kurt Weill mit aussitôt cette complainte à l'ancienne (chronique et étalage de mauvaises actions) en musique pour Radio Paris. Hélas, il semble que Juve et Fandor courent encore après les enregistrements originaux, dérobés par une main maléfique.
Accompagnée par Jacques Loussier, Catherine Sauvage l'enregistra en 1961, conservant 13 couplets sur les 26 originaux. On peut retrouver cette plaisante interprétation .
Une version plus contemporaine dont la chanteuse n'est pas précisée se trouve sur Dailymotion.



On en dégotte encore une sur le net. Le chanteur possède un tonalité de parenté avec Guy Béart. Et pourtant on doute que ce soit lui.
Lectrices, lecteurs qui sont donc ces deux apologistes de la malversation ?



mardi 9 mai 2017

En mai, des lendemains qui (dé) chantent

George Grosz : Les piliers de la société.
Le 7 mai fut un bien bel anniversaire car il parvint à couvrir la rumeur d'une élection pathétique.

Grand merci à Léo et Éléonore, aux Lauren Bacalao, à Skin & Wire, aux Modest Lovers, aux Ex Tatas et à tous et toutes pour coups de mains et chaleur humaine.

Et c'est une équipe au grand complet qui se pencha dès le lendemain sur un futur radieux ou irradié, selon le cas.

Détail important, la technique nous ayant trahis, les moult occupants du studio n'avaient pas de son. Ce qui explique le côté décousu ou quelques variations sonores. L'ampli incriminé devrait prochainement revenir au bercail.

Voici malgré tout notre petit florilège de la chanson d'espoir et de désespoir :





OTH                                           Quelle sacrée revanche
Chorale Populaire de Paris       Au devant de la vie
Margueritte Bervoets                Lettre
Claude Channes                         Mao, Mao
Lise Médini                                Charognes
Maxime Le Forestier                 Honte à qui chante
ZEP                                            Sans la nommer
La Cliqua                                   Un dernier jour sur Terre
Fontaine / Arezki                       Le bonheur
Les Poppies                               Rien n'a changé
Les Wriggles                              Plouf !
Bulldozer                                   Oh yeah, oh no
Vanessa Hachloum                    Paris s'éveille
Markos Vamrakaris                  Premier ministre
Barbara                                     Les boutons dorés
Francesca Solleville                  On ne sera jamais vieux
Maître Gazonga                        Les jaloux saboteurs
Serge Reggiani                          Il suffirait de presque rien
Fabe                                           Changer le monde
CPP                                            La jeunesse 

Cette émission se retrouve sur le site de la radio.
Et puis, puisqu'il faut toujours revenir à la Commune de Paris, cette chanson de Jean-Baptiste Clément interprétée par Armand Mestral, Francesca Solleville et les Octaves sur le sort que nous réservent nos maîtres dès qu'ils se sentent un tant soit peu remis en cause.


Président français, cuvée 2017

dimanche 15 novembre 2015

Francesca en concert

Écœurés par le dernier massacre parisien en date  (le pire depuis octobre 1961) et par la réaction, pourtant tellement prévisible, des crapules qui nous gouvernent, on se contentera, pour l'instant et comme à chaque coup de cafard, de s'envoyer un peu de musique.
C'était pour l'émission télévisée "Gala de la fine fleur de la chanson française", du 2 mai 1968.
La suite dudit mois n'allait pas être triste.
On constate ici que même la télé de De Gaulle avait quelques bons moments. On pouvait y proférer des gros mots comme "Vietnam" ou y chanter les hauts faits d'une courtisane décatie.
 
Francesca Solleville est accompagnée par l'orchestre  de Jean-François Gaël, elle interprète trois chansons :
- "Lola, Lola", paroles de Michelle Senlis et Claude Delécluse, musique de Jacques Debronckart
- "Vietnam", paroles et musique d'Henri Gougaud
- "La fille des bois", paroles de Pierre Mac Orlan (parues dans le recueil "Mémoires en chansons", Gallimard, 1963), musique de Léo Ferré.



dimanche 4 octobre 2015

Marcel Aymé, les chansons et les faits divers


Le camarade Wroblewski nous communique :
Je suis tombés sur deux articles de Marcel Aymé en annexe de ses romans dans
la Pleïade (...) 


Ces deux articles n'ont rien de transcendant, mais ils sont amusants, ont un charme désuet (tout en gardant une grande part d'actualité : par exemple la chanson crétinisante qui n'a cessé de proliférer jusqu'à nos jours, avec des moyens bien supérieurs à la TSF et au cinéma), et surtout ils évoquent des personnages déjà entendus sur DLHT : Béranger, Marianne Oswald*, et puis un certain Jules, un certain Octave, un certain Raymond... des poteaux quoi.

 En ce qui concerne le père Marcel, on se contentera de rajouter cette anecdote :
à un président de la République voulant lui remettre la Légion d'honneur, il écrivit : « Je vous laisse à vos plaisirs élyséens. Votre Légion d'honneur, vous pouvez vous la carrer dans le train. »

CHANSONS
Notre siècle est décidément celui de l'image (...), la chanson n'illustre plus, comme autrefois, les grands faits divers. 
Avant les perfectionnements du cinéma et de la reproduction phonographique, il n'y avait pas de crime un peu important, d'escroquerie de haut vol, qui ne fussent mis en couplet. Le drame de Chatou, les chèques de Panama, le coffre-fort de Thérèse Humbert et tant d'autres affaires excitèrent, à l'époque la verve satirique ou l'imagination des chansonniers. Pour ma part, je me souviens d'avoir entendu célébrer, sur l'air de La valse brune, les exploits de Bonnot, Garnier, Raymond la science et les autres :
La terrible bande
Laisse un frisson de légende
Et tout Paris se demande... 
Mais j'ai oublié la suite qui valait peut-être mieux que le début.Comme on le voit, ces rimes étaient confortables et le ton des premiers vers à la hauteur de l'épopée. Le temps avait probablement manqué pour composer une mélodie originale et on avait adapté les paroles à un air connu.
c'est que le public d'alors était exigeant, il le pressait de pouvoir fredonner son indignation ou sa pitié. Un beau crime, un beau scandale qui ne fussent pas accompagnés d'un refrain étaient, pour lui, comme une cérémonie sans Marseillaise.
Concert du Bonnot's Band, 1911

La vérité, ou ce qui en tient lieu habituellement ne lui suffisait pas, il voulait pouvoir en disposer à tout instant. La chanson comblait précisément ce qui reste vacant aujourd'hui.
elle est, en effet, un moyen d'information beaucoup plus sûr que la presse et la TSF. Les journaux renseignent avec plus d'abondance mais ils ne sollicitent guère la réflexion que dans l'instant où on les lit. La chanson a sur eux cet avantage d'être toujours présente à la mémoire, ou au moins disponible.
Elle résume encore un événement deux ans après qu'il s'est produit et, dans les meilleurs cas, en restitue l'atmosphère. La complainte de Fualdès en est un exemple fameux : elle a permis que le souvenir d'un assassinat crapuleux mais, après tout assez banal, traverse tout un siècle.


Le proverbe qui dit qu'en France tout finit par des chansons est une ânerie, comme la plupart des proverbes. 
Au temps où il avait cours, les chansons empêchaient, au contraire, l'oubli de se faire trop vite sur une affaire scandaleuse.
La presse n'osait pas étouffer un scandale avec une discrétion trop précipitée alors que le public en avait encore les échos en écoutant les chanteurs de rues ; les consciences mal assurées sentaient une certaine résistance, d'ailleurs illusoire, chez les naïfs qui reprenaient au refrain et la tentation de les plumer était moins pressante. Le fait est qu'à l'époque où on chantai encore, les grands krachs étaient plus espacés qu'aujourd'hui. Ainsi, la chanson, en dépit d'une injuste réputation de légèreté fut-elle comme l'auxiliaire de la vertu.

Une chanson d'Eugène Pottier par Trois Lignes de Bling  


Le grand Krach. 

Elle était même bien souvent, au lieu d'une fin, un commencement. Au cours du XIXème siècle, la chanson a joué un rôle de premier ordre dans l'avènement et la débâcle de divers régimes qui se sont suc cédés en France. Les couplets de Béranger ont eu plus d'efficacité que les discours les plus habiles et c'est une mauvaise chanson qui a contribué à pousser Napoléon III à la présidence de la république. Et peut-être qu'à l'occasion de l'affaire Stavisky, un couplet habile et violent, chanté sur un air endiablé, aurait réussi à émouvoir l'opinion publique. Mais c'est bien improbable et d'ailleurs, le public est lui-même trop compromis dans cette saleté pour qu'une chanson lui rende le sentiment de la pudeur. et puis la chanson est morte et enterrée.
Chanson de Paul Burani et Antonin Louis (interprétée par Francesca Soleville) célébrant la chute de Napoléon III

Pourtant, il existe bien des chansonniers qui chantent dans les cabarets, sur la scène des petits théâtres spécialisés. Ils ne se font pas même faute de chansonner l'actualité et certains savent être mordants.
Malheureusement, ils font trop de bons mots qui sont difficilement transportables ; leurs saillies n'intéressent qu'un public restreint. Il leur manque la simplicité, la conviction naïve qui assuraient autrefois le succès des refrains populaires. Les chansons qui charmaient les foules avant la guerre ressemblaient beaucoup à des images d'Épinal, elles avaient les mêmes couleurs franches, un peu criardes. Les paroles étaient banales, souvent maladroites mais l'intention était sûre et le public avait beaucoup de bonne volonté. 
Il en a encore, la preuve en est qu'il accueille avec faveur les romances d'amour. Hélas ! Pauvres romances, triste sirop de cinéma ! Quand on pense que c'est avec ça que les mères bercent aujourd'hui leurs marmots, on se demande à quel degré d'abrutissement sera réduite la génération 1950. On voudrait croire que ces fadaises passeront de mode. Malheureusement, elles ont des moyens de s'imposer qui leur assurent à peu près l'impunité.
Ce sont le cinéma parlant, le phonographe et la radiophonie qui leur ont permis de concurrencer la chanson populaire et d'en venir finalement à bout. On ne peut rien contre ces puissances, il n'y a qu'à reprendre au refrain.   

* Pour Marianne Oswald, on publiera très prochainement l'autre article.
Comme l'indique l'allusion brûlante à Stavisky, cet article est daté du 24 janvier 1934. 

mercredi 27 août 2014

Replâtrage (Parenthèse d'actualité)

Deux dirigeants sociaux-démocrates (le maître et son valet)

Non, malgré les apparences, il ne s'agit pas de notre monarque en route vers le Mali et de son sous-commandant partant pour le congrès du Medef mais bien de Noske et Ebert, fossoyeurs de la révolution (traduction de la carte postale : "Notre avenir est à l'eau") .
Et puisque qu'on en est là, pourquoi ne pas rappeler cette chanson écrite (par Antonin Burani et Antonin Louis, interprétée ici par Francesca Soleville) juste avant la Commune de Paris et juste après la déculottée de Sedan. 
Il est des jours où le duo dynamique qui nous gouverne m'évoque furieusement le second empire. Allez savoir pourquoi...


Et pour conclure, les mêmes deux odieux prenant un bain de sang selon George Grosz.


mercredi 20 août 2014

Caillou


L'auteur et l'interprète

(...)
Ni pierre d'une bourse
Ni pierre d'un palais
Ni pierre d'une église
Ni pierre d'un tribunal

comme toi
pierre aventureuse
comme toi
qui peut-être est faîte
seulement pour une fronde
petite pierre


    Ce vieux coco de Leprest connaissait à coup sûr le beau texte de León Felipe mis en musique par Paco Ibanez.



así es mi vida,                                                                                                       
piedra,                                                                                                                          
como tú. Como tú,                                                                                                                
piedra pequeña;                                                                                                  
como tú,                                                                                                             
piedra ligera;                                                                                                 
como tú,                                                                                                         
canto que ruedas                                                                                           
por las veredas;                                                                                             
como tú,                                                                                                         
guijarro humilde de las carreteras;                                                              
como tú,                                                                                                         
que en días de tormenta
te hundes
en la tierra
y luego
centelleas
bajo los cascos,
bajo las ruedas; 
 como tú, que no sirves
 para ser ni piedra 
 de una lonja, 
 ni piedra de un palacio, 
 ni piedra de una iglesia,
 ni piedra de una audiencia;
 como tú, 
 piedra aventurera;
 como tú, 
 que tal vez estás hecha 
 sólo para una honda, 
 piedra pequeña


    J'suis caillou, donc, servi par la rocailleuse Solleville sur une musique de Gérard Pierron.
    Les cailloux naissent, là aussi, dans des frondes...