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dimanche 9 mai 2021

Garcia Lorca, Leonard Cohen et le duende


Prenez un grand nom du flamenco, Enrique Morente (1942-2010) qui fit ses premières armes au quartier de l'Albaicin à Grenade. Adjoignez-lui des guitaristes virtuoses comme Tomatito ou Vicente Amigo et quelques percussionnistes méritants tel Tino di Geraldo. En guise de surprise du chef, rajoutez un groupe de rock, lui aussi grenadin, qu'on a qualifié de l'appellation fourre-tout "post-punk" à l'époque. 
Comme nous sommes entre Andalous de bonne compagnie, pourquoi ne pas mettre du Garcia Lorca en zizique ? Plus précisément des poèmes tirés du recueil  Poeta en Nueva York
Houps ! C'est alors que vous réalisez qu'un certain Leonard Cohen, qui a eu un certain succès, vous a devancé sur quelques titres.
Qu'à cela ne tienne, on enregistrera aussi des chansons du gars en les arrangeant à la sauce flamenca. 
Même qu'on appellera le disque Omega et que ce sera un bon coup de saton dans le monde assoupi des cantaores en cette année 1995.


Et que croyez-vous qu'il advint ? 
Une bonne partie de ce que la péninsule compte de critiques et d'aficionados (autre mot pour puristes pénibles) ont hurlé à la trahison, à la bâtardise, voire à la prostitution !
Et pourtant, vingt six ans plus tard cet album demeure une des plus beaux, un des plus sincères hommages rendu aux deux poètes, l'Andalou et le Canadien.
Il suffit d'écouter Este vals pour s'en convaincre.
 

 
Et de comparer avec la version de Cohen pour mémoire (ici en concert à donostia en 1988)


Pour mieux mesurer le talent de nos iconoclastes du Sud, une autre version du maestro (first we take) Manhattan nettement à l'avantage de nos chers grenadins.
 

 

 


 

mardi 2 février 2021

Pour García Lorca (et Marie)

(José Guadalupe Posada)

On a toujours professé le plus grand respect pour les traducteurs et traductrices qui se sont risqués à s'attaquer à l'immense Federico García Lorca. On en a fréquenté une, figure libertaire et féministe bien connue du Toulouse des années 1960 à 1990. Marie L., atteinte d'une poliomyélite, abritait un merveilleux cerveau dans un corps torturé. C'était du temps ou même les plus incorrigibles pacifistes n'hésitaient pas à donner des coups de main à des camarades plus agités ou énervés non sans le regard mélancolique de rigueur. 
Mais revenons à ce cher Federico, touche-à-tout de génie foudroyé par des ordures un 19 août de l'année 1936.
Prenons, une chanson en apparence toute simple : la Canción del jinete, enregistrée par Paco Ibañez  la première fois en 1965.
 
Les deux premiers couplets sont 

En la luna negra de los bandoleros,

cantan las espuelas.
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas. 
Ay, caballito negro, 
¿Dónde llevas tu jinete muerto? 
¿Dónde llevas tu jinete muerto? 

Las duras espuelas del bandido inmóvil

que perdió las riendas.
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Ay, caballito frío,
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
 
Ce qui pourrait donner
Sous la lune noire des brigands
chantent les éperons (x2)
Ô petit cheval noir
où mènes-tu ton cavalier mort ?
 
Les solides éperons du bandit immobile
qui a lâché les rènes (x2)
Ô petit cheval noir
quel parfum de fleur de couteau !
 
On vous laisse imaginer le nombre d'autres formulations jouables. 
Et on s'écoute une autre merveille du maestro, le Romance de la Guardia Civil española, en référence au Corps  vert qui terrorisa son Andalousie durant des décennies. 
Elle est interprétée ici par Vicente Pradal.
 
 
Il semblerait qu'on manque un peu de ciel bleu et de murs à la chaux blanche, ces temps-ci. Et d'un fino en terrasse.
n la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
Ay, caballito negro,
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
 
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Ay, caballito frío,
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
https://lyricstranslate.com
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
Ay, caballito negro,
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
 
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Ay, caballito frío,
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
https://lyricstranslate.com
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
En la luna negra de los bandoleros,
cantan las espuelas.
Ay, caballito negro,
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
¿Dónde llevas tu jinete muerto?
 
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Las duras espuelas del bandido inmóvil
que perdió las riendas.
Ay, caballito frío,
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
¡Qué perfume de flor de cuchillo!
https://lyricstranslate.com

lundi 25 mai 2020

Les Vanneaux de juin, petit tour en littérature

Écrivains notoires dont les journaux de confinement ont été refusés par les éditeurs
C'était au mois de février dernier, il y a longtemps.
Souhaitant exceptionnellement coller à l'actualité, les Vanneaux vous avaient concocté une émission du mois de mars consacrée aux épidémies.
Et puis est venu l'enfermement général. Notre studio s'est retrouvé inaccessible et, comme bien d'autres radios, nous en fûmes réduits à passer des rediffusions.
La porte s'est entrouverte et on s'est dit que nos distingués auditeurs en avaient certainement soupé des playlist et autres chansonnettes pandémiques.
Alors, comme ça fait longtemps qu'on use et abuse de poètes et écrivains mis en zizique, comme il y a des rapports plus que troubles entre auteurs de chansons et de romans et qu'il ne s'agit là que de tourner des mots, on reviendra pour un programme tout simplement consacré à la chose littéraire.

Ce sera le lundi 1er juin à 17h30 sur notre bon vieux 92.2fm ou le site de Canal Sud.
Tant qu'à faire dans l'écrivain reconnu, voici la Canción de Belisa de Federico García Lorca par Germaine Montéro





Et un poème  de Sergueï Essenine, de 1925, Tu ne m'aimes ni ne me plains par Alexeï Pokrovski.


dimanche 10 février 2019

Camarón

Le flamenco se chante avec des fautes d'orthographe.
Rancapino


Inutile de chercher des ressemblances entre ce fandango, grand succès du Cabrero, et Soy gitano, Rosa María, Canastera ou La Leyenda del tiempo. Paco de Lucía le résumait ainsi : « Si d’autres cantaores font appel à des thématiques sociales, la voix déchirante de Camarón évoque, à elle seule, toute la désolation de son peuple. »
Le Cabrero parque ses chèvres et se rend là où il doit jouer avec plusieurs heures d’avance. (...) Vêtu de noir, portant son foulard à la Clint Eastwood et chantant dans la voiture, il part dans des villages, conduit par Jeromo et aime prendre tranquillement son gazpacho, s’essuyer la bouche à son mouchoir et, s’il le faut, discuter avec les gens, puis, s’en aller sans se presser.  
Le cas de Camarón est tout autre mais Jeromo a su s’adapter aux deux.
Pour José, il a versé deux fois des larmes en vingt minutes. La première fois de peine, lorsqu’on lui a appris sa mort à la Feria de Séville, la deuxième, de joie, quand on lui a appris qu’il s’agissait d’une fausse rumeur.

Pachón ne pensait pas que Camarón appréciait réellement Lorca. Le producteur estime qu’on peut transmettre un profond sentiment même si le cantaor ne le saisit pas.
Il marchait à l’intuition. Dans le titre La leyenda del tiempo (« El sueño va sobre el tiempo flotando como un velero* ») Camarón demandait à Pachón « Mais qu’est ce que ça veut dire ? »
Et l’autre haussait les épaules car il n’avait pas, non plus, la moindre idée de la signification de ce poème.


La douleur d'un prince, une biographie de José Monge Cruz, à jamais Camarón de la Isla, plutôt centrée sur son entourage, par Francisco Peregil (Les Fondeurs de briques)


* Le songe file avec le temps / flottant comme un voilier.