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dimanche 3 décembre 2023

Nguyen Tan Tai-Luc (1958-2023)


D'accord, il a eu des côtés très très peu sympathiques avec des fréquentations ambigües pour ne pas dire, plus. On peut pas passer l'éponge là-dessus.
N'empêche qu'avec la disparition de l'âme de La Souris Déglinguée, c'est une page du rock français qui se tourne et (encore) une partie de notre jeunesse qui se fait la malle.
Avec ce groupe de lycéens, créé en 1976, par Tai- Luc, Jean-Pierre, Hervé et Terkadec (harmonica), on a tenu le parfait mélange d'énergie punk et rockabilly, mâtiné d'une pincée de Oï chantant des chroniques sociales ras du trottoir. 
On tenait enfin des Clash de chez nous, à la sauce Kebra meets la bande à Kruel dotés une crédibilité en béton armé.

  

Et puis, c'est vrai, on en a eu un peu classe de devoir se cogner avec une bande de nazillons à quasiment chaque apparition du groupe. Marre aussi de paroles trop souvent confuses.
Restent de beaux moments et le plaisir des deux premières impeccables galettes : La Souris Déglinguée et Une cause à rallier.
Ce sont aussi eux qui prendront NTM en première partie à l'Olympia, marquant le passage de relais musical de l'époque.
Tai-Luc continuait à jouer (un album solo assez raté, juke-box, en 2007)
Il donnait également des cours à l'Inalco et avait un stand de bouquiniste sur les quais de Seine.
Que la terre te soit légère, gars.
Un rappel des débuts.

   



jeudi 19 novembre 2020

Suites polonaise


C'était il y a une trentaine d'années. Vautrés devant le magnétoscope, nous regardions le pachydermique film de David Lean, Docteur Jivago. Plus exactement, la scène de la manifestation de 1905 avec orchestre. Et l'amie Maria G. émit cette interrogation mémorables :
- Pourquoi les Popovs jouent-ils A las barricadas ?
- Parce qu'à la base, ça s'appelle La Varsovienne et que les Russes la chantaient aussi.
- M'enfin, c'est l'hymne de la CNT.
- Pas à l'origine. Varsovie n'est pas dans la péninsule ibérique, si je me souviens bien.
- Tu dis vraiment n'importe quoi ! C'est de chez nous, ça.
Si elle n'avait pas disparu, je crois qu'elle en serait encore persuadée. 
 
Examinons l'objet du délit.
Ce tube universel, Warszawianka serait né comme chant de révolte des internés anti tsaristes en 1893 et aurait été écrit par le poète Wacław Święcicki. À ne pas confondre avec la Varsovienne de 1831 qui se jouait sur l'air de la Marseillaise.
La chanson fut massivement entonnée par les révolutionnaires russes de 1905, puis de 1917, qui l'ont popularisée dans l'imaginaire des révoltés du Monde.
Ce qui fait que l'immortel pom pom popoom fut adapté dans différentes langues.
Contrairement à ce qu'affirme certaine encyclopédie en ligne, la version française ne vient pas des guérilleros espagnols de la Résistance. elle fut écrite par Stefan Priacel et Pierre Migennes. Et fut particulièrement populaire dans la mouvance communiste.
Une version par Catherine Ribeiro qui ne plaisante pas


Là où l'Histoire a de belles ironies et que l'amie Maria avait quelques raisons de sursauter, c'est lorsque cette scie, nationalisée en par les bolcheviques en URSS, fut adoptée par les anarchistes espagnols dans sa version écrite par Valeriano Orobón Fernández, publiée en 1933 dans la revue Tierra y Libertad
Ce qui en fit le chant de guerre de la CNT et son hymne officieux.


Donc, le chant résonna bien dans les maquis de France et aux barricades parisiennes. 
Et voilà encore une chanson partagée par des gens aux idées incompatibles. J'en connais même qui collectionnent les versions.
On avoue un faible pour celle qui ouvrait le deuxième maxi de La Souris Déglinguée en 1982. Sauvage plus que martiale, comme on aime, quoi.




lundi 6 juillet 2020

La dernière des Vanneaux



Et bien voilà. Après plus de huit ans d'émissions radiophoniques, d'abord dans la chanson en français avec l'herbe Tendre puis dans le n'importe quoi de partout des Vanneaux, on a décidé de raccrocher.
Avec une pensée émue et reconnaissante pour tous ceux et celles qui se sont succédés au micros de Canal Sud les mardis puis les lundis.
Et comme il était question de liberté :
Georges Auric            À nous la liberté
The Vip's                     I wanna be free
Stinky Toys                 Free from love
Bérurier Noir              Vivre libre ou mourir
Sebastyen & Marta     Hidegen figna kastelek
Pete Seeger                 Freiheit
Tappa Zukie                 Tribute to Steve Biko
Die Schnitter                Abenteuer
Joe Jackson                   Harder they come
La Brigade                    Libérez
Anonymes                     Ithemba Edinalo Inkululeko
Mikel Laboa                  Txoria txori
Pelagia                           Lubia bratci, lubia
Judith Reyes                  Cancion del guerillero
Bakaka Band                  Gobonimada jira
Ennio Morriconne          The beggars march
Surghjenti                      A me patria
J. Higelin                        Le fil à la patte du caméleon
Samuel Hobo                 Freeedom song
The Byrds                      Chimes of freedom

Les amateurs d'archives nous retrouveront sur un bête clic.

Les Vanneaux disparaissent, Ennio Morricone aussi. Finalement, peu de musiciens contemporains nous auront autant touché. Arrivederci maestro !
Et puisqu'il n'y pas de liberté sans révolution, même au cinéma, le thème de La Bataille d'Alger par John Zorn.

 

           
Et un dernier coup de La Souris Déglinguée, juste parce qu'on a un coup de nostalgie de notre rayah.



mercredi 19 décembre 2018

Corto Maltese était Polonais !

Allez, on souffle un peu...
La guerre civile qui suivit la révolution russe fit également rage dans une Sibérie au sens large. Nous entendons par là un territoire qui va de l'Oural à la Mandchourie et à la Mongolie, des lignes du Transsibérien aux steppes glacées, où s'affrontèrent des armées russes rouges, blanches, vertes, japonaises, tchèques, chinoises, bouriates et divers autres corps expéditionnaires.
Comme bien d'autres, notre découverte de ces événements a débuté par la BD d'Hugo Pratt : Corto Maltese en Sibérie.

"Roman graphique" (terme ô combien prétentieux) dans lequel apparaît la figure haute en couleur du Baron Fou ou Sanglant, Roman Ungern von Sternberg, aristocrate russe blanc descendant d'un chevalier teutonique qui, après avoir commandé sa "Division Sauvage" pour le compte des blancs, tenta de créer un empire basé sur un ordre militaire bouddhiste en Mongolie avant de finir livré par ses officiers aux rouges qui se firent un plaisir de le fusiller.

Si nous n'avions alors pas encore lu les fabuleux livres de Ferdynand Ossendowski, Bêtes, Hommes et Dieux et Asie fantôme, Pratt, lui, les avait à coup sûr attentivement décortiqués. Géologue et explorateur polonais (la Pologne faisant alors partie de l'empire russe) Ossendowski, envoyé par l'Académie des sciences, parcourut la Sibérie de 1901 à 1921. Socialiste, il prit part à la révolution de 1905 dans un soviet sibérien, fut condamné puis gracié avant de se retourner contre les bolcheviks en 1917 et d'entrer au service l'amiral Koltchak, chef suprême des blancs de l'Est. Or, dans son premier ouvrage, narrant sa fuite désespérée des bolcheviks dans une situation de déliquescence du camp contre-révolutionnaire, Ossendowski tombe, en Mongolie, dans les griffes du Baron Ungern.

Non seulement sa situation établit un parallèle avec celle de Corto Maltese mais, dans la BD, les échanges du Baron avec le héros de papier, y compris le passage des prédictions chamaniques, semblent calquées sur le récit du savant polonais.

Un exemple de la prose du baron cinglé :   
La grande guerre a prouvé que l'humanité doit s'élever vers un idéal toujours plus haut, mais elle a marqué l'accomplissement de l'antique malédiction que pressentirent le Christ, l'apôtre saint jean, Bouddha, les premiers martyrs chrétiens, Dante, Léonard de Vinci, Goethe, DostoÏevsky... La malédiction a fait reculer le progrès, nous a barré la route vers le divin. La révolution est une maladie contagieuse; l'Europe, en traitant avec Moscou s'est trompée elle-même comme elle a trompé les autres parties du monde. (...) Ce qui nous attend, c'est la famine, la destruction, la mort de la civilisation, de la gloire, de l'honneur, la mort des nations, la mort des peuples. 
Évidemment, si Corto détruit un canon japonais avant d'être relâché, Ossendowski finit par poursuivre sa route vers Vladivostok plus modestement, non sans nous avoir livré, au passage, les prophéties du Bouddha vivant. Il regagnera la Pologne en 1922 et y mourra en 1945, non sans avoir fait partie du gouvernement clandestin durant l'occupation sous la tutelle des nazis de Hans Frank.  
Avec leur goût prononcé pour la soldatesque perdue, la Souris Déglinguée ne pouvait se priver d'une allusion au Baron tragique et à ses trains. Cheval de fer est issu de leur huitième opus Tambour et soleil (1995).

 

Quant à Ferdynand Ossendowski, si vous ne l'avez pas encore lu, bande de veinards, on vous le recommande vivement. Ça vaut tous les romans d'aventure.


dimanche 14 octobre 2018

Peur sur la ville en chanson

Une intéressante émission d'Amaury Chardeau (Juke-box du 29 septembre dernier) consacrée à la trouille sociale engendrée par les bandes de jeunes.
Ça débute sur des faits-divers de 1959 au square Saint-Lambert dans le quinzième, ou à Bandol et ça remonte jusqu'aux fortifs peuplées d'Apaches.
Précisons que le blouson noir se revendiquant surréaliste du début n'est autre que l'écrivain René Fallet et que Vince Taylor n'a jamais été américain.



Dans le genre loubards de base, La Souris déglinguée, encore fréquentable à ses débuts. Et encore, ça se discute.





vendredi 27 mars 2015

Toulouses en chanson (4) : émeutes en ville

Bon d'accord, Robert Piazza (du Havre) n'a jamais chanté en français mais on a eu comme une envie d'évoquer l'épisode qui a conduit à ce fameux morceau de Little Bob Story.


Ceux qui se souviennent encore de l'organisateur KCP (ou KC Productions. Que les vrais noms de ces margoulins tombent dans l'oubli ! Comptez pas sur nous pour les rappeler ici) savent donc que ces deux fumiers possédaient le quasi monopole de l'organisation des concerts dans notre beau pays dans les années 1975-1980.
Leur Service d'Ordre était composé d'un heureux mélange de brutasses, improbables rejetons entre des affreux (les mercenaires à Bob Denard) et des Gardes mobiles. La courtoisie, en moins...
Du coup, le public de la bonne ville où "même les mémés aiment la castagne" décida purement et simplement d'enfoncer la ligne de tout groupe de vigiles présents aux portes des salles et d'auto-réduire les entrées à la modique somme de zéro franc (quitte à fabriquer de faux tickets à l'occase).
Et l'on vit les prestations de groupes aussi ravageurs que Ange, Chuck Berry, Status Quo, Magma ou Léo Ferré se transformer en batailles rangées avec la cavalerie arrivée en renfort sur la place Dupuy ou en bord de Garonne (ce qui valut plus d'un plongeon à certains).
En conséquence, tourneurs et autorités locales abandonnèrent la Ville Rose à son triste sort pour plus ou moins deux ans.
Ce qui fit la bonne fortune d'une discothèque gersoise, "Le Pied" et d'une autre tarnaise, "l'Enfer", situées toutes deux dans un rayon de 40 kilomètres de la pas encore métropole.

La période évoquée dans le fanzine Nineteen spécial Toulouse en 1985
(amis myopes,  on peut cliquer sur l'image)



Un concert à la Salle de la piscine Nakache, le 27 et 28 mars 1980 avec La Souris Déglinguée, Diesel, Lili Drop, les Stilettos et l'inévitable Little Bob Story, quelques fauteuils cassés au théâtre du Taur au cours de deux soirées (Stiff Little Fingers, Lipstick) puis le recyclage d'un cinéma kung-fu / western du quartier St Cyprien, l'Éden, marqueront la fin progressive de l'ostracisme.
Même si il a tout de même mieux valu avoir un blouson bien épais pour fréquenter les concerts de rock pendant un certain temps. mais ça, c'était plutôt pour des raisons de guerres tribales et c'est une autre histoire...



samedi 22 mars 2014

François Villon et la chanson

 

Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faiz et en dis


    On avait envisagé un temps de faire une émission sur Maître François et l'idée est toujours dans les cartons.
    En attendant, chers lecteurs, bien que nous ne soyons spécialiste de rien, ni de chanson, ni d'histoire, ni de poésie - comme vous le savez désormais - nous vous proposons un modeste voyage du côté du sieur de Montcorbier, au fil de nos découvertes.
    On suivra ainsi les détours parfois étonnants de la postérité du poëte-voyou-assassin.

* Riens ne hait que persévérance *
     
    On ne cachera pas avoir butté sur quelques pierres d'achoppement (ou quelques bornes du Pet au Diable), et sans doute la marche est trop élevée, mais bon, on a pris notre bâton de pèlerin pour battre les dottore, et notre coquille pour nous protéger des jeteurs de sort.
    Le chemin est vaguement tracé.... Quant à aller jusqu'à Saint-Jacques...

     On a déjà sollicité pas mal de potes pour nous éclairer sur des obscurités. Qu'ils soient d'ores et déjà vivement remerciés pour leurs tendres contributions.
     Ce blogue, comme à son habitude, reste ouvert à toutes suggestions, commentaires, rectifications... enfin, tout ce que vous jugerez nécessaire.

* Tant court chanson qu'elle est apprise *

(1) La souris déglinguée - Françoys Villon


   On commence par la plus récente trace du Pipeur dans la chanson.
   Où l'on reparle de La souris déglinguée, pour un titre d'un album à paraître cette année.
    Maître François n'aurait sans doute pas été fâché de cet hommage électrique, dans un style qui fut, un temps, la musique essentiellement populaire du XXème siècle...







vendredi 14 mars 2014

La Souris Déglinguée internationale 

Et oui, on a beau avoir une certaine tendresse pour la bande à Taï-Luc et son rock ras-du-bitume (deux disques irréprochables suivis d'une lente décadence en dents de scie) il a été parfois duraille de leur pardonner certaines sorties de leurs concerts vécues entre deux rangées de têtes de nœuds nazillons tellement contents de jouer aux gros bras qu'il fallait alors les persuader qu'on était plus nombreux et plus méchants qu'eux.
Ce qui n'est pas toujours évident...
En tout cas, avant de jouer aux français, les p'tits gars de la Place Clichy n'en rataient pas une.
La preuve, cette chanson de leurs débuts illustrée par des photos du concert historique* "Toulouse on the rock" à la piscine Nakache en 1980 (avec Little Bob, Diesel, Lili Drop et les Stilettos)
Ils reviendront y jouer en 82 avec Les Misérables, Wild Child et Camera Silens.
C'était deux ans avant que cette salle historique n'aille s'autodétruire plutôt que de recevoir un meeting du FN.
Souvenirs !


Petit rappel, lui aussi historique : Vu les bastons entre services d'ordre (en général de KCP) et amateurs de plaisirs gratuits qui tournèrent souvent à la bataille rangée du côté de la Halle aux Grains ou des berges de la Garonne pour des concerts dont plus personne n'avait rien à foutre (type Ange, Léo Ferré...), tout rassemblement de plus de deux guitares électriques fut interdit par arrêté préfectoral pendant trois ans à Toulouse. Ce qui fit la fortune d'une boite de nuit gersoise voisine. Et c'est un Little Bob Piazza tout émoustillé qui en écrivit l'immortel "Riot in Toulouse" sur son très recommandable "High Time".