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lundi 27 mars 2023

Ils veulent nous tuer

 

Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades de S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible ...

(Dont acte)

 



vendredi 24 mars 2023

Sa majesté la foule

Ici, même les mémés aiment la castagne


De notre correspondant

Toulouse, 23 mars 2023, 6h30 du matin. Des barrages filtrants ou enflammés sont en place aux entrées Sud, Ouest, Nord (à l'est rien de nouveau). Mention spéciale au barrage enflammé sur le périphérique ouest qui provoqua le plus monstrueux embouteillage de l'année. 

L'intervention de la BAC sur la zone industrielle de Sesquières, au nord, a tout de même abouti sur une quinzaine d'arrestations. Ce qui est un peu cher payé. Ambiance...
Dans la région, les barrages sont en place à Auch, Montauban, Albi, Tarbes, Foix.....
 
16h30, la tête de la manifestation partie de St Cyprien à 15h (30 000 selon les flics, 100 000 selon la CGT) arrive en plein centre-ville à la place Jeanne d'Arc. 
Cette tête de cortège est formée de non syndiqués, reste de GJ, jeunes et vieux gens en noir et tout ce qui refuse de défiler derrière un SO en général.
Présence policière massive et les pelotons de la BAc viennent coller aux manifestants.
À l'entrée de la rue Denfert-Rochereau tombent première grenades destinées à diviser ce groupe de tête de la manif syndicale. C'est là que le miracle se produit : au lieu de se disperser sous les gaz, sa majesté la foule (King mob chez les Brits) réplique, s'enflamme, se bat, se défait pour se reformer derrière les poulets, se fluidifie, élève des barricades, chante, se marre, abat les pauvres vitrines des banques, agences immobilières et d'intérim. Pendant trois heures, les boulevards toulousains seront un incessant jeu de chat et souris avec deux escadrons de CRS munis de deux canons à eau, effectuant des aller/retours Jaurés / Arnaud Bernard sans arriver à disperser qui que ce soit vu que les rues alentour flambent et que SM la foule les attaque régulièrement dans le dos. 
La scène du jour : un groupe d'une douzaine de baqueux charge au kiosque de presse de Jeanne d'Arc pour appréhender un gars. Toute la rue à leur droite fait demi-tour pour leur tomber dessus à bras raccourci, à coup de projectiles, de tabourets de bar, de parasols et les cow-boys fuient en emportant deux blessés chez eux. Sous le regard, 100 mètres plus loin, d'une escouade de CRS qui ne lève pas le petit doigt pour secourir des collègues qu'ils haïssent cordialement.
Notons pour les crétins ou francs salauds faisant la différence entre bons et mauvais manifestants qu'il y a là des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des lycéens, des chasubles syndicales, des fainéants, des travailleurs, en somme un bon nombre de lapins ayant décidé de devenir chasseurs, pour voir l'effet que ça fait.
À part les boulevards, les troubles s'étendent au secteur Capitole, Esquirol, Saint Pierre, Matabiau. 
Pause musicale avec tube immortel et en play-back (1978)

 


Les graffitis fleurissent.
(La foule triomphera, Consommez local, bouffez vos flics, 1312, etc.)

Le côté rigolard s'exprime dans les chants, les slogans : Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau ! Ou on voit des milliers de gens reculer face à une charge en chantant On vous a niqué ! avant de se reformer au cul de la charge. Une rumeur court sur les grévistes d'Enedis ayant coupé le jus sur les quartiers concernés et, de ce fait, les caméras de surveillance. Qu'en est-il vraiment, on va pas tarder à être fixés. À la tombée de la nuit, la ville est illuminée de brasiers. Dans la pénombre d'un éclairage public déficient, entre deux incendies, des jeunes gens dansent au son d'un accordéon sur une place libérée. Bilan de la journée : la peur, cette sainte trouille par laquelle on prétend tenir la foule s'est envolée. On dirait même qu'elle a sauté dans la tranchée d'en face.

Comme un printemps avec un millier de 19 juillet. Esprit du feu, ne nous abandonne jamais !

 


 

lundi 6 avril 2020

Variations confinées


Allez puisque aujourd'hui les nouvelles ne sont pas QUE mauvaises : baisse (provisoire ?) des morts et des hospitalisations en Italie, Espagne et France, manifestation à Berlin, premier ministre britannique à l'hosto, armée espagnole conspuée au Pays Basque, on va enfin se permettre un peu d'auto apitoiement sur notre "prison*" qui est loin d'être un royaume.
En italien, le confinement a été beaucoup employé dans la période pendant la double décennie 1922, 1943. Il consistait à isoler les individus déplaisant au Duce et à sa clique dans des endroits hostiles et, si possible, paumés après une bonne tournée d'huile de ricin.
En anglais, le solitary confinment fut d'abord une punition pratiquée par les quakers consistant à boycotter un membre de la communauté en guise de châtiment. Par extension, le terme est devenu une torture carcérale classique, la mise à l'écart d'un prisonnier privé de tout contacts humains.
Il est devenu au figuré symbole la solitude urbaine et sociale.

The Members fut un groupe formé en 1976 à Camberley (banlieue londonienne). Ses membres les plus stables de leur grande période furent Gary Baker et JC Caroll à la guitare, Chris Payne à la basse, Adrian Lillywhite (le frangin du producteur punk) à la batterie et Nicky Tesco (Marcel Monop' en français) au chant et aux paroles. On l'a croisé depuis dans un film de Kaurismäki.
Forçats du circuit des pubs de la capitale, ils ont accédé à la force du poignet à une place d'honneur en deuxième division du punk rock, comprenez, ces mecs qui ne seront jamais des stars ni ne feront du fric mais pour qui tous les amateurs ont estime et affection.
En 1979, un peu tardivement donc, sort leur album historique At Chelsea night club qui se clôt par ce qui aurait pu être un tube : Solitary confinment, histoire d'un prolo venu d'une cité de banlieue, attiré par les lumières de la capitale où il n'a trouvé qu'une solitude virant à la claustration.


L'isolement moral menant logiquement à la misère sociale, un autre combo de banlieusards, férus de Clash et de Ramones, le power trio Newton Neurotics donna une nouvelle jeunesse à la chanson sous le règne de bloody fuckin' Thathcher en narrant la misère du chômeur immigré dans la grande ville pour des nèfles.
Ça s'appela donc Living with unemployment (sur le live de 1987, Kickstarting a backfire nation) 



À son tour repris, ces dernières années par les skins antifascistes et Gallois de Oppressed dans une version un peu plus Oï. La boucle est bouclée.



* n'exagérons rien, on a une pensée pour les "vrais" taulards qui peuvent toujours courir dans leur cellule.