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lundi 14 juin 2021

Un hymne ouvrier asturien

 

Profitons de la sortie du livre d'Ignacio Díaz pour nous arrêter sur l'autre hymne asturien, l'officieux. Autre parce que comme toute province, cette contrée possède un hymne officiel qui vante ses jolis paysages et qui fut d'ailleurs écrit par un compositeur cubain. Passons.
En el pozu María Luisa est devenu à la fois le chant de ralliement des mineurs et la chanson asturienne par excellence, celle qui est reprise dans toutes les fêtes et manifestations. 

Le puits María Luisa est situé dans un des principaux bastions ouvrier, sur la commune de Langreo. L'extraction du charbon était destinée à alimenter les hauts fourneaux de l'entreprise métallurgiste Duro Felguera, que les ouvriers occupèrent en octobre 1934 pour y construire des véhicules blindés au service de la révolution. 
Sa construction dura de 1918 jusqu'en 1943. 
Si cette mine est passée à l'histoire, c'est par la faute d'un coup de grisou qui la ravagea le 14 juillet 1949, tuant 17 ouvriers.
Ce massacre industriel passa en chanson en détournant un cantique dédiée à la patronne des mineurs Santa Barbara bendita. 
Un mineur maculé de sang, tête fracassée et chemise en lambeaux y témoigne de l'accident à sa femme qu'il appelle du diminutif affectueux Maruxina (Coccinelle en asturien). Outre la description de la catastrophe, il y est souvent rajouté des couplets insultants patrons, actionnaires et contremaîtres. 
Contrairement à la légende, cet air est donc tout à fait postérieur à la Guerre civile.
Il existe des milliers de versions de ce classique des jours de barricades. Celle-ci est du groupe asturien Nuberu, illustrée des riches heures du prolétariat local, en particulier de la marche sur Madrid de 2012 (les flics de la capitale en conservent  un cuisant souvenir).  

Curieusement, il existe plusieurs variants bretons de cet hymne, dont une reprise par Gilles Servat ainsi qu'une autre évoquant une grève d'ouvrières sardinières sur laquelle on reviendra.

On se quitte sur un authentique air d'octobre 1934.

 



jeudi 16 juillet 2015

Dirty old town en français ?


Non, ce n'est pas une chanson irlandaise !

Salford, Lancashire

Cherchez pas du côté de Cork ou de Derry, ce morceau mélancolique fut écrit par Ewan Mc Coll en 1949 en "hommage" à sa ville d'origine.
Noire, triste, industrielle : Salford, Lancashire, à deux pas de Manchester.
Évidemment, les autorités  locales toussèrent un peu (on tousse pas mal dans le Lancashire) à l'évocation de leur "sale vieille ville".
Même si toute la région la désignait déjà comme telle.

À l'origine, ce titre ne servait que d'interlude dans un spectacle de MacColl, intitulé Landscape with Chimneys (paysage avec cheminées). 

 

Avec Peggy Seeger




Et puis, un autre groupe de Salford, The Spinners, le reprend en 1964 et la vague de la Folk va populariser la chanson.
Il ne restait plus aux Dubliners (comme leur nom l'indique) qu'à la reprendre dans les années 70 et aux Pogues d'en faire un tube mondial, en 1985, pour qu'une bonne partie de la planète s'imagine qu'on cause là de Dublin.  

On s'envoie donc l'original





Et en français, donc ?
De nombreux interprètes, dont Catherine Ringer, y ont laissé quelques plumes.
Mais c'est le barde Breton Gilles Servat qui a osé une traduction dans son album de reprises trads' irlandaises "Sur les quais de Dublin" en 1996.
Malgré un certain côté raté (faut le faire pour la foirer celle-là !) cette version, chantée en duo avec Ronnie Drew garde un côté attachant... à la longue.
Jugez-en :