Loin de Paris et de ses frasques, penchons-nous sur une ancienne gloire très locale. C'était du temps où les groupes de rock poussaient comme des champignons à l'ombre d'usines pas encore fermées pour cause de désindustrialisation générale. Et où, par conséquence, la bourgade de Fumel (Lot et Garonne), une des rares zones industrielles du Sud-Ouest, devint le rendez-vous obligatoire de tous les perfectos et bananes à plus de cent kilomètres à la ronde.
Le docu de Philo
La sidérurgie faisait alors vivre les quelques 10 000 habitants du coin et les gosses de prolos, eux-mêmes promis au monstre, se sont jetés sur la vague punk comme la vérole sur le bas-clergé. Outre des juke-box incroyablement fournis dans les bistrots du bled, l'éclosion de la scène fuméloise va avoir comme effet d'y faire venir jouer un grand nombre des (futurs) grands noms de la scène punk ou post punk anglo-saxonne. Contrairement à des villes bien plus renommées, là-bas, tout le monde avait vu jouer les Saints au moins trois fois. C'est dans ce contexte que trois potes, Pascal Batista (batterie), Bebeck Lacoste (guitare) et Philo Fournier (basse et chant) montent les Ablettes Masquées vers 1979, vite rebaptisées les Ablettes, du nom du poisson abondant dans les eaux du Lot. Comme ils l'ont eux-mêmes écrit dans leur dossier de presse fait main en 1980 : Copains d’école, ils refusent ensemble, de passer au presse-citron de l’usine. Sortie de secours : le rock’n’roll…
S'imposant par un évident talent scénique, ils passent rapidement d'un punk énervé (un 45 tour confidentiel : Spontanéité zéro / Un amour propre) à un rock plus mélodique, sans grande originalité mais qui lorgne du côté des Jam.
Établis à Toulouse, ils signent sur Réflexes, label local aux pochettes fluos, et font un carton en reprenant un titre de Claude Nougaro et Chico Buarque, Tu verras, début 1984.
Ici ils sont quatre (le dernier doit être Francis Albert)sur FR3, le 25 janvier 1984
Normalement, ce devait être le début de la gloire. Sauf que les gens de Réflexes préfèrent fumer les bénéfs que de gérer une distribution. Résultat, le disque passe en radio et est introuvable en magasin !
Une signature chez Polydor, un succès d'estime pour le 45 tour suivant, Jackie s'en fout, carrément pop, et un gros millier de concerts plus tard, nos poissons d'eau douce asphyxiés disparaîtront progressivement de la surface du rock.
Depuis, Pascal bosse en solo ou avec la comédienne Lo, Philo fait de la techno avec LMZ, le rock est devenu une musique de vieux et l'usine de Fumel a fini par fermer après avoir été rachetée une demi-douzaine de fois.
En 2018, il a fallu que les derniers ouvriers menacent de faire sauter le haut-fourneau pour toucher trois fifrelins.
Il nous reste toujours cet autre titre de nos working class héros, Fumel (calling ?).
À part établir un règlement, toujours en vigueur, pour la boxe dite "anglaise", John
Sholto Douglas de Queensberry fut le grand responsable de l'emprisonnement
d'un Oscar Wilde qui avait "dévergondé" son aristocrate de fils. Et à la poubelle, de l'histoire, donc.
Jack London, Joyce Carol Oates, Arthur Cravan, Leonard Gardner, Norman Mailer, "Hurricane" Carter... On n'en finirait plus de citer les écrivains fascinés par ce sport à nul autre pareil qui oscille entre élégance, brutalité, finesse et combat social pour émerger de la pauvreté.
Côté cinéma, des centaines de films parmi lesquels on a tant apprécié Fat City (La dernière chance) de Huston, 1972, The set-up (Nous avons gagné ce soir) de Wise, 1949, Raging Bull, de Scorcese, 1980, The harder they fall (Plus dure sera la chute) de Robson, 1956, Killer's kiss (Le baiser du tueur) de Kubrick, 1955...
Étant innombrables, on ne va donc pas se lancer dans un catalogue de chansons sur ce thème mais revenir aujourd'hui sur deux titres qui ont en commun le personnage du boxeur plutôt sonné. Quatre boules de cuir, par un Claude Nougaro en pleine inspiration et en répétition (1969).
Christophe Dettinger, boxeur et poète en actes, passe en procès aujourd'hui.
Et Quinzième round par Bernard Lavilliers tiré de son album Les Barbares (1976)
En 1993, JeHaN Cayrecastel monte à Paris. Il occupera trois ans d'affilée la scène du théâtre Montmartre-Galabru avec
uniquement des textes de Bernard Dimey.
Il en fait deux disques, Paroles de Dimey et Divin Dimey, en 1996 et 1998.
Claude Nougaro commente : La première fois que je l'ai entendu, il interprétait Bernard Dimey
et les mains encore chaudes de bravos, je me suis précipité vers sa
loge, de la reconnaissance plein les yeux. Dieu merci, la race
des grands interprètes, les Montand, les Piaf, les Mouloudji, n'est pas
éteinte. JeHaN s'avance sur la scène vivante de l'émotion et si le cœur
est le muscle de l'amour, ah ! que voilà un bel athlète !"
Ces deux-là s'offrent donc un duo sur cette jolie version de Si tu me payes un verre, mélancolique ode au bistrot du coin et à ses rencontres.
Que voulez-vous, on a toujours eu un faible pour les bars du lundi soir: on s'y voit entre habitués.
Je crois est une adaptation d'Imploracion negra, brésilienne d'Humberto Canto tirée du cinquième album de Claude Nougaro Petit taureau (1967).
Cette chanson était en face B du 45 tour Toulouse.
Elle est ici prétexte à une brève évocation de Maurice Vanderschueren (1929-2017) dit Maurice Vander, disparu en février dernier, grand clavier du jazz, qui inaugurait avec cet album des années de collaboration avec Nougaro.
Fils d’un modeste accordéoniste de Vitry-sur-Seine, Maurice Vander a étudié le piano à 8 ans, tâté de l’accordéon et est finalement revenu aux 88 touches (pianos et orgues). Freddy, son frère, accordéoniste
lui aussi, lui a fait découvrir le jazz en écoutant la radio d'après-guerre.
Avant sa rencontre avec Nougaro le "Coq" avait déjà enregistré avec Django Reinhardt en 1953.
Il était par ailleurs le père adoptif du batteur Christian Vander (Magma).
Né en 1937, Little Willie John (William Edward John, de son vrai nom) enregistra ce titre écrit par Otis Blackwell et Eddie Cooley en 1956.
Grand amateur, de country et de blues, Blackwell, encouragé par un autre forçat de la chanson, Doc Pomus, fut un des rares Noirs à avoir écrit pour des rockers blancs comme Jerry Lee Lewis ou Elvis Presley. On lui doit, entre autres perles Great balls of fire, Don't be cruel ou Daddy Rolling Stone, accompagnées d'un petit millier d'autres.
Son Fever créé par le jeune Little Willie John sera un tel succès dans le monde du rhythm 'n blues que plusieurs autres artistes en enregistreront quelques plagiats plus ou moins dissimulés comme Pneumonia de Joe tex (qui aurait écrit les paroles originales de Fever et les aurait revendues pour 300 dollars) ou She makes my blood run cold de ce filou de Ike Turner.
Mais le gamin turbulent qu'était Little Willie se fera souffler la renommée par une chanteuse de jazz de chez Capitol records qui reprendra le titre en 1958 en modifiant les paroles et le ton général. De fait, la plupart des auditeurs croiront que Fever est une création de Peggy Lee.
Rendons donc justice au premier chanteur qui, comme dans tout blues exemplaire, finira une vie de dégringolade en taule à 36 ans.
Propulsé par Peggy Lee, Fever connut plus de 200 reprises dans les langues les plus diverses.
Il semble qu'en français, la première adaptation, assez parodique et potache, fut de Boris Vian pour une chanteuse et actrice méconnue en France mais qui fera une belle carrière en Allemagne, Caterina Valenta.
Ça s'appelait 39 de fièvre :
Bien entendu, Claude Nougaro ne pouvait se contenter de cette version. Il signera une nouvelle adaptation en 1965 pour un 45 tour, Sing Sing song, qui inaugure sa fructueuse collaboration avec Maurice Vander.
"Docteur", ou comment passer du burlesque à la tragédie.
Le banquet des moines et des jésuites (Romeyn de Hogue, 1688)
Vous vous sentez mal remis de vos agapes Saint-sylvestriennes et des diverses nativités ?
Les galopins de l'Herbe Tendre ont donc décidé d'achever votre foie, votre rate, votre vésicule et vos deux intestins en en remettant une couche, en sauce.
Chaud devant :
Nino Ferrer Il baccalà
Gainsbourg Mambo miam miam
Prévert/ Mailloux L'autruche
Juliette Le festin de Juliette
Marc Aryan Les melons
Anne Sylvestre La vaisselle
Nonnes Troppo Frites moules
Si bémol et 4 demis Les vendangeurs
The Splinks Bilbès
Les Colocs Pouding à l'arsenic
Chorenslup Le régime
Pierre Perret Au Tord-boyaux
Plume Latraverse La marde
Fred Bongusto Spaghetti in Detroit
Retrouvez l'émission à cette adresse.
En supplément, la scène de l'énigme
Et Claude Nougaro qui simule une crise de misogynie.
Exceptionnellement, on va commencer par la reprise en français.
Depuis la fin des années cinquante, notre Claude local, pas encore statufié, n'aimait rien tant que d'aller picorer des standards du jazz, puis de bossa nova, pour y imprimer la marque de ses mots.
Comme le bonhomme s'associait à d'excellents musiciens (Maurice Vander, Eddy Louis, Michel Portal, Bernard Lubat, etc.) il se permit de reprendre sans complexe Louis Armstrong, Dave Brubeck, Charlie Mingus, Thelonious Monk Baden Powell, Chico Buarque, entre autres...
Cela a donné quelques pépites comme ce Sing Sing Song, inclus sur l'album Bidonville de 1965, archétype d'adaptation intelligente.
Ce morceau avait été écrit par le cornettiste Nat Adderley (1931, 2000) avec le titre "Work song", publié sur le premier disque solo de Oscar Brown Jr, en 1960.
Les paroles d'origines sont de JJ Johnson. Pour mémoire, une "Worksong" est un chant de taulards, généralement destiné à être repris en équipe pour ponctuer l'interminable journée de travaux forcés. Les Lomax, père et fils, en ont enregistré quelques splendides exemplaires dans les années 30 et 40.
Ici, la chanson relate la lamentation d'un petit gars, qui tout en ne niant jamais son crime, rêve de sortir de cet enfer de soleil, moustiques et matons tout en maudissant le juge qui l'a amené là.
Ce titre a été popularisé par Nina Simone, en 1961, sur l'album Forbidden fruits. Inutile d'épiloguer sur le talent de la dame, c'est enregistré ici en 1966 à l'émission de Merv Griffin.
Panem et circenses ! Rien de bien neuf depuis la rome antique pour occuper la plèbe.
Une heure de visite dans l'aliénation sportive, donc. Allez, assez d'efforts pour cette année...
Pour transpirer un bon coup, l'émission se trouve là.
Ivo Livi Battling Joe
Francesca Soleville 200 mètres
Poulycroc Victor le footbaliste
Jacques Monty Allez les Verts
Fréhel La môme catch-catch
Bobby Lapointe Fleur bleue contondante
JF Grabowski * Mauvezin zin zin
P Katerine Comme Jeannie Longo
Ludwig von 88 Louison Bobet
Les Poulidoors Pou, Pou, Pou
Serge Maret Le maillot à poix
Dick Annegarn Agostinho
Mano Negra Santa Maradona
Rémy Tarrier Il n'y aura pas de match retour
Et un petit crochet côté boxe :
* Et nos excuses à Nounours pour l'avoir bêtement appelé Jean-Michel au lieu de Jean-François. On t'en doit un, gros.
Un président chinois, qui se prenait pour un philosophe, affirmait "une étincelle peut mettre le feu à la plaine". C'est ce que nous allons tâcher de corroborer avec cette émission.
Havanes, mégots et bédos, usines, feux de joie ou de forêts, on tentera de faire un tour rapide de tout ce qui fume. Ce sera lundi 2 mars sur radio Canal sud à 18h.
En avant-première, la fumée de Nougaro qui se croit en plein Brésil
Il y a dix ans tout juste disparaissait Claude Nougaro.
Même si il n'y a pas que du bon dans la production du petit taureau, y a quand même quelques belles réussites.
Et là, il savait de quoi il causait.
Une version télé de 1964, où l'on verra pour le final, se radiner Sacha Distel et Jean Yanne.
Philippe Clay a lui aussi enregistré cette chanson. On entend très clairement ici - les saxs barytons en prime - que la musique est pompée à l'infernal I put a spell on you de Screamin' Jay Hawkins.
On trouve également sur la toile un scopitone fleuri de la version de Clay.