De Gribouille on a écrit ailleurs que cette jeune fille scandaleuse à la carrière abrégée possédait voix rauque évoquant parfois Adamo.
Ça tombe bien, ils ont tous deux chantés la Mer du Nord et ses abords.
Juste qu'elle était bien moins rigolarde et trimballait sa nostalgie dans la "Reine des plages". La musique est de Ch. Fontane, les paroles de Gribouille, le 45 tour quatre titres sortit en 1968.
Chanson idéale pour temps gris.
Impossible de ne pas penser à l'autre chanson sur Ostende ni d'y voir comme un hommage à Comme à Ostende, chanté par Léo Ferré en 1960, repris ensuite par son auteur, persuadé de ne posséder qu'un timbre médiocre qui se décida tout de même à prendre le micro en 1970.
Voici donc la version de Jean-Roger Caussimon sur son premier album.
Les amateurs de plage et brouillard peuvent retrouver deux autres aimables versions en cliquant là.
Sur ce, on se casse quelque temps (en Belgique ?).
Il pleut sur la ville.
Ce qui nous renvoie immanquablement au classique créé par Léo Ferré en 1960, écrit par Jean-Roger Caussimon qui l'interpréta lui-même dans son premier album en 1970.
En 1996, c'était au tour d'Arno de s'attaquer à Comme à Ostende (1996)
Il avait été précédé par Catherine Sauvage en 1965.
Surnommé "Le tueur de bergers" ou "Jack l'éventreur du Sud-est", le vagabond Joseph Vacher (1869-1898), auquel on impute une trentaine de meurtres, serait certainement expulsé des mémoires, hormis celles de quelques amateurs de chroniques judiciaires ou de tueurs en série primitifs sans le film de Bertrand Tavernier Le juge et l'assassin (1976).
Rebaptisé Joseph Bouvier, pour l'occasion, Michel Galabru y trouve un de ses meilleurs rôles, glapissant des répliques tirées des lettres réellement écrites par Vacher lors de sa détention.
Né dans une famille misérable et mystique, sujet à des crises de folie, Vacher exclu d'une école religieuse pour "immoralité" restera traumatisé par une opération médicale. Sa période militaire ne fera que renforcer son sentiment de persécution, souvent bien réel.
Après avoir commis deux tentatives de suicide, une pour protester contre la décision de ne pas lui accorder du galon, l'autre après avoir tiré sur une cantinière ayant refusé de l'épouser (il en gardera un infection permanente à l'oreille droite) Vacher est réformé en 1893. Entre deux séjours en hospice, il sillonnera son errance de cadavre de jeunes gens.
Vacher et Fourquet
Arrêté pour outrage à la pudeur en Ardèche, Vacher tombe entre les mains du juge Émile Fourqet qui, entre flatteries et manipulation, parviendra à lui faire confesser une quinzaine de crimes.
Le procès de Vacher sera un champ de bataille d'experts aliénistes. Selon le docteur Bozonnet : « Le nommé Vacher, détenu, vingt-huit ans,
est atteint de débilité mentale, d’idées fixes voisines des idées de
persécutions, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une
otite suppurée et une paralysie faciale, consécutives à un coup de feu.
Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de
Vacher est très notablement diminuée. » Pour le docteur Lacassagne : « Vacher n'est pas aliéné. Il est absolument guéri et complètement responsable des crimes qu'il a commis et avoués. »
En conséquence, le forcené sera guillotiné le 31 décembre 1898.
Les mêmes vus par Tavernier
Le trait de génie de Tavernier et de son scénariste, Jean Aurenche, est d'avoir remis ces sordides fait-divers dans leur cadre historique, entre souvenir des massacres de la répression de la Commune et hystérie patriotique de désir de revanche. De traiter de crimes d'artisan avant les crimes de masse...
Comme souvent chez Tavernier, la bande-son est soignée. Un gag : l'air édifiant Sigismond le strasbourgeois est interprété par un ancien gorille de De Gaulle reconverti en ténor.
Jean-Roger Caussimon se charge des autres chansons dont La complainte de Bouvier l'éventreur.
et La Commune est en lutte qui achève le film sur une évocation des conflits ouvriers qui émaillèrent cette drôle de fin de siècle. Exécutée par Isabelle Huppert (Rose dans le film).
Stella Zelcer est née en 1950 à Paris. Elle a enregistré son premier disque à 13
ans. En tout, elle en a commis une quinzaine, entremaxis et LP
entre 1963 et 1968. Un de ses album est même sorti aux USA. Ses 44 chansons ont été enregistrées et écrites son jeune oncle Maurice Chorenslup, sur le cas duquel on reviendra à l'occasion.
Donnant un peu d'air frais décalé dans la niaiserie "yé-yé" de l'époque, elle parvient à placer quelques titres dans les hit parades. Mais, dixit elle-même, cette vie facile et superficielle de chanteuse à succès
n'était pas conforme à celle de musicienne qu'elle imaginait.
Elle met donc volontairement un terme à sa carrière solo en 1968 (comme par hasard). Elle a alors 17 ans.
Et entame une deuxième carrière : elle chante, joue du piano de
la guitare et de la flûte dans divers groupes.
En 1969, elle rencontre puis unit sa destinée à celle de Christian VANDER, leader provocateur et ambigu
du groupe MAGMA en cours de formation. Stella ZELCER est devenue Stella VANDER et œuvre dans l'ombre du groupe en s'occupant notamment... des
éclairages avant d'en devenir choriste permanente en 1972. Dès lors, il y aura
toujours des chœurs féminins dans MAGMA.
Ayant toujours trouvé ce groupe un peu emphatique, on vous le passe dans un extrait du film de Jean Yanne "Moi y'en a vouloir des sous" avec un Caussimon jubilant d'y jouer à l'évêque depuis "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
Cette chanson est tirée d'un fond de tiroir du label Saravah, de Pierre Barouh (cd "La cave à Saravah" Socadisc 834268)
En quelle circonstance Jacques Higelin enregistra-t-il cette parodie du "Temps du tango" ?
On l'ignore.
Mais s'il a entendu cette chute de studio de 1970, Jean-Roger a dû certainement se poiler...
Synopsis :
Afin d'écrire le scénario de son prochain film dans la plus grande tranquillité, Bernard Rougerie, cinéaste
déjà célèbre, loue, après bien des déboires, un appartement dans une cité H.L.M...
Il est invité dès
le premier soir par ses voisins, dont une jeune chômeuse, Anne, à
participer à une réunion de locataires. Par désœuvrement, par secrète
inclination pour Anne, Bernard se trouve pris dans l'engrenage de leurs
revendications légitimes face à des propriétaires voraces...
Ce n'est pas, à proprement parler, du grand Tavernier mais la chanson du générique est un coup majeur : Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, qui ne jouent pas dans le film, chantent en duo.
C'est là la plus réjouissante version qu'on ait jamais entendu du "Paris jadis"
de Jean-Roger Caussimon (on en trouvera une version là).
Nos deux cabots moustachus y mettent toute la gouaille et l'ironie requises en la circonstance.
Cette séquence a pas mal tourné sur divers blog mais comme y'a pas de mal à se faire du bien petit rappel :
Le Grenier de la mémoire est une émission d'archive et de Karine la Bail, tous les dimanches à 15h, sur France Culture.
Le 10 mai dernier, elle fouinait du côté de Jean-Roger Caussimon avec des archives des émissions d'Émile Nöel (1970), de Moussa Abadi (1971) et de Jean-Paul Papot (1972). Sans oublier un entretien avec Pierre Barouh datant de 1989.
Et un grand merci à George pour le lien.
Un film de Yvan Govar (1965) doté d'une distribution étonnante : Pierre Brasseur en flic (vraiment ?) cynique et fouineur, Michel Simon en balayeur toqué, Jean-Roger Caussimon et Catherine Sauvage en couple de grands bourgeois vicelards, sans oublier l'inoubliable Marcel Pérès en chef de gare.
L'argument est simple : une demi-douzaine de personnes attendent un train de nuit dans une gare autour de laquelle rode un maniaque tueur de femmes poursuivi par une horde de flics.
Tout ça donne un aimable suspense provincial qui se traîne quelque peu mais dont le sain principe est que personne n'est vraiment ce qu'il paraît être.
Accompagné de quelques mots d'auteurs de Dimey : " Depuis que les Allemands sont partis, il n'y a plus de savoir-vivre, plus de respect. Il ne nous reste rien." "Ah non. Il nous reste tout de même le satyre." Deux Heures a Tuerpar imineo
C'était le mois dernier sur la radiodiffusion nationale. On pourra notamment entendre des poèmes de Prévert, un documentaire sur Jean-Roger Caussimon et un entretien de Desjardins.
Au cours des interviews de Barouh, on apprendra que c'est lui qui amena Caussimon à poser sa voix sur ses propres textes (chose qu'il n'avait plus osé faire depuis ses très chouettes enregistrements au Lapin Agile ) grâce à son célèbre label Saravah. On lui doit aussi la découverte de Higelin, Fontaine et de la musique brésilienne (n'oublions pas le père Cendrars non plus...).
L'intégralité de la nuit révée ici.
On se sent un peu obligé de rajouter la version en spectacle des Frères Jacques pour ceux qui l'auraient ratée sur le tube...
Toute en économie de moyens, un léger jeu de lumière, un petit canon... quel talent !
En ce jour, irrémédiable, de fête de la musique, n'allez pas flâner n'importe où... Cela pourrait être fatal.
Après la version de Gainsbourg que nous avons passée lors de la dernière émission, voici deux variantes intéressantes de ce chef-d'oeuvre de Jean-Roger Caussimon qu'à peu près tout le monde -Ferré, Barbara, Léotard, les Frères Jacques, Catherine Ringer, Gainsbourg donc...- a chanté.
Une version de Philippe Clay que l'on peut retrouver ici .
Et une deuxième ci-dessous qui, je vous l'accorde, vaut surtout par la qualité des linogravures du sieur Blanpain.
Bien avant que l'homme-tronc du journal télévisé des années 70, Roger Jicquel, ne vienne ouvrir son torchon télévisuel avec sa fameuse phrase "La France a peur", avant que le nombre des victimes des crimes policiers n'aille dépasser le nombre des morts de la ratonnade du 17 octobre 1961, avant que les fachos et autres réacs ne deviennent électoralement respectables et alors que les ouvriers de France partaient en grève générale, l'excellent Jean-Roger Caussimon (1918 - 1985) fustigeait la beaufitude franchouillarde dans cette chanson.
Certes, le bougre ne fait pas dans la dentelle mais en parlant de mauvais goût, c'est pas lui qu'a commencé.