Affichage des articles dont le libellé est Gaston Couté. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Gaston Couté. Afficher tous les articles

mardi 5 septembre 2017

En septembre, on décolonise

Riches heures de la colonisation (Diên Biên Phu, 1954)

Et c'est parti pour une heure trente de paysages lointains, de marsouins dépenaillés, de pistes chaotiques et d'instituteurs venant apporter les lumières à des gosses mal nourris, avec quelques mauvais esprits en prime.
L'exotisme du soir :
Bernard Meulien                    La Marseillaise des requins
De chez l'ogre                         Loup y es-tu ?
Lina Margy                             Sous le soleil du Maroc
Josephine Baker                      La petite Tonkinoise
Rosalie Dubois                        Han coolie !
LKDS                                       Dékolonisation
Granmoun Lélé                       Misié Koloni
Sacha Distel                            Mamadou
La Rumeur                              Premier matin de novembre
Thierry Freedom                     Nous sommes tous des fedayins
Nuclear Device                       Ouvéa
Grand Kalé                             Indépendance Cha cha
Raoul Petite                            Mamadou m'a dit
Raymond Lévesque                Bozo les culottes
Chjani Aghjalesi                     Catena

Cette haute œuvre de civilisation s'écoute ou se charge en cliquant ici.
La maison, ne reculant devant aucun sacrifice, vous offre une deuxième tournée de Bernard Meulien / Gaston Couté.

 

Et une idée de Wroblewski


Affiche de la contre exposition coloniale de 1931



samedi 23 juillet 2016

Jacques Florencie, pote des lettristes

Pas facile de trouver des traces tangibles de Jacques Florencie.
On sait que les lettristes, d'aucun affirment qu'il s'agit de Debord lui-même, avaient réalisé quelques affiches décalées pour annoncer ses passages au cabaret La Méthode.
Talentueux amoureux de Bruant et Couté certes, mais il semble bien que ce bon gars n'ait laissé que deux galettes auto-produites (Florencie chante Bruant et Couté FLO 001 et Florencie chante Gaston Couté FLO 002 en 1983) en guise de postérité discographique.
Et lorsqu'on recherche sur internet, on peut commander un cd en appelant un numéro de téléphone qui n'est... plus attribué depuis quelque temps !

Question biographie, on va donc se contenter de reproduire ici celle concoctée par Chantal Willmann, qui semble-t-il, l'a bien connu.
Et pour le disque, on a fini par mettre la main sur le 33 tour Bruant / Couté. Un énorme merci au passage à qui se reconnaîtra.
Une fois la galette numérisée, y'a plus qu'à admirer le talent du gars en vous envoyant ici-même cette (hélas!) rareté faite de textes méconnus ou inédits. 

Bio :
Jacques FLORENCIE, musicien, guitariste classique et flamenco, chanteur, compositeur de musique contemporaine, a débuté en public dès 1955 dans de nombreux cabarets rive gauche, le Cheval d'Or, le Manouche,le Mont Blanc, la Méthode, Chez Moineau,etc. Il y interprétait alors des auteurs comme Aristide Bruant, Léo Ferré, Apollinaire, Rimbaud Verlaine et Gaston Couté.
Il se sentait proche de Bruant, son arrière grand-mère ayant partagé avec ce dernier le même banc d'école à Courtenay. 

Par ailleurs, Flo avait tenu le rôle d'Aristide Bruant dans un film réalisé par FR3 et consacré à la vie de ce dernier.
Passionné des gens et de l'authenticité, Florencie s'était très vite intéressé au parcours  de Gaston Couté et à ses œuvres dont il appréciait les textes. 
Il en avait mis beaucoup  en musique et en avait encore d'autres en chantier, mais il n'a malheureusement  pas pu terminer.
C'était un amoureux de la langue française et en particulier de l'argot qu'il maniait avec brio, du patois et de l'accent qu'il avait naturellement, souvenirs de l'enfance. 
Il avait encore beaucoup de choses à écrire, à dire et à chanter, forme d'expression qui   pour lui, l'humaniste, était un acte d'amour.
Chantal Willmann

 Le disque FLO 001 ci-dessous est ici enregistré en deux fichiers
Face 1 : L'Aumône de la bonne fille (Couté, Florencie) La Chandeleur (Couté, Florencie) Saint Lazare (Bruant) Le Grelotteux (Bruant) La Julie jolie (Couté, Florencie) L'enfermée (Couté, Florencie)

 
Face 2 : Petit porcher (Couté, Florencie) À Saint-Ouen (Bruant) Place Maubert (Bruant) La complainte des trois roses (Couté, Florencie) Le Fossoyeur (Bruant) À La Bastoche (Bruant) La casseuse de sabots (Couté, Florencie) 


En attendant qu'on finisse de faire fonctionner ce bouzin, vous pouvez avoir la Face 1 sur ce lien et la Face 2 sur celui-ci. 
On tâche de faire mieux...

Extrait des notes de pochette de Raymond Cousse : La qualité première de la musique de Jacques Florencie est sa simplicité. Une simplicité voulue, étudiée, qu'il oppose aux ghettos culturels. (...) Parce qu'il refuse à la fois le show-business de la variété débile et le sectarisme d'une avant-garde prétentieuse, il se situe au confluent de musiques réputées irréconciliables. (...)
Ce parti pris de dépouillement, de refus des effets, nous le retrouvons dans le récital consacré à Bruant et Couté. (...)
Au total, il s'agit moins d'un spectacle au sens conventionnel du terme que d'une petite cérémonie dédiée à l'amitié, à la fraternité.  

jeudi 14 juillet 2016

Morelli chante Couté


Petit résumé lacunaire :
Monique Dubois (1923-1993) est née à Béthune.
après ses études, elle monte à Paris s'essayer au théâtre, puis à la chansonnette.
À partir de 1958, Monique, devenue entre-temps Morelli, et généralement accompagnée de son mari, l'accordéoniste Léo Léonardi, se met à chanter les poètes (Mac Orlan, Aragon, Villon, Carco, etc.).
En 1962, elle ouvre son propre cabaret Chez Ubu au 23 rue du Chevalier De-La-Barre sur la butte Montmartre. Jusqu'en 1969, elle y reçoit entre autres Brigitte Fontaine, Colette Magny, Brassens, Gérard Pierron, Antoine Blondin, Albert Vidalie, René Fallet... .
En 1969, elle fait la première partie des mythiques concerts de Brassens à Bobino.
Elle tâte de la télévision dans le Valmy d'Abel Gance (1967) en compagnie de Gainsbourg (en marquis de Sade) ou Lenny Escudéro (en simple brigadier) ainsi que dans le feuilleton Mandrin (1972) sur un scénario et des chansons originales d'Albert Vidalie..
En 1963, elle enregistre le disque, huit titres, Gaston Couté / Jehan Rictus (le Chant du Monde-LDX 74399) dont le titre ci-dessous est extrait.
Alors que dehors, on tresse ad nauseam des lauriers à l'armée, on ne résiste pas au plaisir d'envoyer cet extrait un jour de fête nationale.

Le Chant Du Monde ‎– LDX 74399

Couté/Morelli par N99

dimanche 14 février 2016

Émission spéciale : balade en Couté

C'était un 11 novembre froid et brumeux, comme il se doit en cette date anniversaire.
Eliott, Jules et Serge avaient rencard dans un coin de cambrousse détrempée avec Lucien, des éditions le Vent du Ch'min, dédiées, depuis longtemps déjà, à l’œuvre de Gaston Couté.
S'ensuivit une matinée de discussion dont voilà quelques extraits enregistrés.
On a donc demandé à Lucien comment ce collectif (dont l'intégrale des publications se trouve à cette adresse) s'est entièrement consacré à cette figure de la "belle époque". 
On y est aussi revenu sur l'enfance et la jeunesse du petit gars de Meung sur Loire, son arrivée et sa carrière à Paris, ses copains poètes, anars, marginaux dans l'ambiance des cabarets de l'époque et sa postérité en dents de scie (mort à 31 ans et enterré une deuxième fois par l'Union sacrée de la guerre 14-18).

Une émission de 109 minutes, saupoudrée de chansons ou de textes de l'auteur.
Ils sont interprétés, dans l'ordre par :
Gérard Pierron     La chanson du braconnier
Gérard Pierron     La Toinon
Bernard Meulien   M'sieur Imbu
Marc Robine         Petit poucet
Pierrot Noir          Le champ d'naviaux
Monique Morelli   Nos vingt ans
Marc Robine         Les mangeux de terre
Loic Lantoine        Jour de lessive
Édith Piaf              Va danser
Le Petit Crème      Sur la grand route

Comme Tilidom est en rade, on peut aller écouter et ou télécharger sur le site de Canal Sud. Faites tourner !



 

lundi 22 juin 2015

Le blues du travailleur : Gaston Couté et la Marine

 

Le port de Binic bien avant son fameux festival de rock

Mais quelle mouche a-t-elle piqué Gaston Couté, auteur des champs, de commettre une chanson de marins ?
Faut dire que question dur labeur, les pêcheurs de Morue au large des côtes américaines n'avaient rien à envier aux mineurs de fond ou aux ouvriers agricoles courbant l'échine sous le soleil d'août.
La version ici présente n'est pas la plus connue, celle de Marc Robine, mais une autre assez enlevée de Pierrot Noir sur un disque, assez original, de 2003.
Les Terr' Neuvas enregistré en juin 2003.

mercredi 20 mai 2015

Variations autour d'un sauveur

Pour en finir avec les images (Cerro de Los Angeles 28 juillet 1936)
Prenez un dieu, faites-en un homme. Ou l'inverse. Torturez-le à mort afin de racheter cette humanité qui n'avait rien demandé mais dont une fraction espérait un messie. Puis laissez cette idée devenir religion d'État avant de passer environ trois siècles à établir définitivement le statut dudit messie de manière indiscutable.
S'ensuivront quelques autres siècles de querelles théologiques, hérésies et autres massacres au sujet du divin enfant ou de sa génitrice.
Évidemment, notre héros, préfigurant la figure du prolétaire lors de son épisode terrestre, aura aussi servi de consolation, d'exemple ou de repoussoir à bon nombre d'idéologies.
Voila qui ne pouvait qu'exciter l'imagination des chansonniers.
Quelques exemples parmi tant d'autres :
Un texte de Jehan Rictus (encore un gars qu'a mal tourné, on y reviendra) dit par un Pierre Brasseur, impérial, comme toujours.


Du Gaston Couté par un Lavilliers débutant qui honorait ses classiques.


Et un Pierre Louki, vieux complice de Brassens, assez désabusé sur le disque "Vers bissextiles" (1996)



Lot de prophètes trouvé dans la poubelle d'un cimetière d'outre Pyrénées

Un amical salut au Moine Bleu

dimanche 10 mai 2015

Après la bataille

Les Anglais l'avaient compris depuis la guerre en dentelles : le sang marque moins sur un uniforme rouge...

Gaston Couté, poète des plaines et des forêts, ne  pouvait éviter d'évoquer les combats qui s'y déroulaient avec plus ou moins de régularité.
Mais, alors qu'en son temps la mode était à entonner le clairon de la revanche, il va plutôt s'attacher au sinistre paysage d'après l'explication virile. 
"Les ramasseux d'mort" est inspirée de la vision d'un champ de bataille de la guerre franco-prussienne de 1870, comme l'indiquent la présence du "moblot" et du bavarois, porteur d'un "casque à chenille".
Elle est ici chantée par Gérard Pierron et Hélène Maurice, le texte est dit par Bernard Meulien avec Marie Mazille (violon) Patrick Reboud (accordéon)


Tant qu'on y est, un autre classique du XIXème, dans un esprit voisin, interprété ici par Marc Ogeret :


Écrite par Gustave Nadaud, "le Soldat de Marsala" fut inspirée par 'l' Expédition des Mille', menée par Garibaldi de Sicile jusqu'en Calabre, en 1860, contre le royaume des Bourbons. Cette chanson fut interdite sous le second Empire, elle ne sera autorisée que sous la troisième République.
Ami d'Eugène Pottier et grand amateur de goguettes (ou de caveaux, comme on les appelait aussi) Nadaud a écrit des dizaines de chansons dont une bonne part nous sont parvenues interprétées par Brassens.

vendredi 24 avril 2015

Ceux du trimard

Livre, ô combien réjouissant, publié en 1928.

Autonome des lettres, le trimardeur Marc Richard, alias Stéphane (1870-1944), s'est payé le luxe d'inventer un langage. Son récit est un chamboulement linguistique quatre ans avant le Voyage de Louis-Ferdinand Céline.
On trouvera un bel article sur le sujet ici.

Son père mort en 1878 et ne supportant plus la tyrannie maternelle, Marc Stéphane se fait émanciper à l'adolescence, touche sa part d'héritage et quitte sa famille. Il parcourt la France à pied, devenant un chemineau parmi les coureurs de routes et autres trimardeurs, glanant ça et là expressions, anecdotes et personnages qu'il recyclera.
Après son service militaire, Marc Stéphane s'installe à Paris et publie à compte d'auteur en 1891 un recueil de poèmes "À toute volée".

C'est à 58 ans qu'il publie "Ceux du trimard". Entièrement écrit en argot de vagabonds à tendance picarde, ce bouquin rassemble les souvenirs décousus d'un vieux de la vieille sous lequel pointe l'auteur  
A ranger sur l'étagère des écrivains vagabonds entre Tom Kromer et Jean-Paul Clébert

 Un petit extrait pour mise en bouche :
 " Qu'est ce qu'un honnête homme ? Hein, je te prends sans verts, à ce coup pour l'définition ? Ben... te casses pas les méninges ilà-dessus, Batiss' te le va donner pour une fois et sans douleur, bon : un honnête homme, c'est un que les cognes ont pas ENCORE paumé sur le tas. Simp'ment." (...)
Et l'loi, qu'est ce que l'LOA, comme ils disent ceux qu'en ont plein le bec, sinon l'égoïsme collectif dressé contre l'individuel ? L'vacherie des repus qui s'efforce de prévenir l'révolte des vent' creux ?
Je dis prévenir, compagnon, et non pas apaiser, ce qui serait pas du tout l'même chose, faut pas confond'. Bon.
Toutefois, pour êt' équita', je dois ajouter que t'as qu'à remplir le vent' creux et le v'là qui passe de rif et d'autor dans l'catégorie des vent' pleins et qui crie, comme les aut' repus : l'lôa ! l'lôa ! Tu t'rends compte ? Bon."


L'auteur en journalier
En 1894, Marc Stéphane avait déjà pondu un roman autobiographique, sur sa courte expérience d'écrivain malchanceux et mal servi : L'Arriviste.

Puis, il a écrit une bonne douzaine d'ouvrages : contes, souvenirs, aphorismes, mémoires ou romans. 
Il a aussi rédigé un mémoire en défense de l'anarchiste Jean Grave, à l'époque du Procès des Trente.
Il a par la suite rompu avec le journal Le Libertaire, le jugeant trop doctrinaire.

À la fin de sa vie, il écrira également sur ses expérience de morphinomane ainsi que sur ses séjours en hôpital psychiatrique, à Saint-Anne.



Pour conclure, du Couté d'époque, patois de Sologne garanti.

mardi 2 décembre 2014

Décembre mystique et religieux


Un beau rêve de Luis  Buñuel (la voie lactée)

Évidemment, le sujet était trop vaste pour notre petite heure.
Merci donc et nos excuses à tous ceux qui nous ont envoyé des suggestions dont nous avons tâché de tenir compte mais qui furent trop nombreuses. 
Faudra en remettre une couche sur ce sujet inépuisable.
La messe du jour :

Brigitte Fontaine                Les dieux sont dingues
Les aboyeurs anonymes     Dieu est une part de pizza
Agnés Bihl                          L'enceinte vierge
Benoit Dayrat                      Le cantique païen
M. Favory, C.Blanc              La vierge éponyme
Gérard Pierron                   Le gâs qu'a perdu l'esprit
Bernard Dimey                    La crucifixion
Dick Annegarn                    Judas Iscarioth
Le GAM                               Attendez
René Binamé                       Odeur de sainteté
Jean Yanne                          Alleluyah garanti
Centre National des Alpes  La messe en Jean mineur

Le Saint esprit vient de déposer l'émission Dans le tabernacle habituel

En rabiot, encore du Couté par un Nanar tout jeune :


La maison ne reculant devant aucun sacrifice (rituel) un court extrait de l'émission du 6 janvier 69 dans laquelle Léo Ferré et Jacques Brel évoquent leur passé catholique. (courtoisie de George)

mercredi 19 novembre 2014

Lantoine chante Couté


Après avoir fait le parolier pour des habitués de ces pages, Allain Leprest et Jehan, le petit gars d'Armentières se lance au chant avec la Rue Kétanou ou fonde Mon côté Punk. Mais c'est en association avec le contrebassiste François Pierron, fils de Gérard, que Loïc Lantoine monte, en toute simplicité Les Loïc Lantoine.
Le duo deviendra quartet, puis quintet. S'ensuivent quatre albums sur lesquels le gars pose sa voix râpée sur ses textes souvent cafardeux. 
Amoureux de Norge, Henri Michaux, Bernard Dimey ou Supervielle, il reprend ici une chanson de Gaston Couté (sur l'album Tout est calme 2006) et en fait un blues déstructuré qui colle parfaitement à ce retour du fils maudit.



jeudi 7 novembre 2013

Encore du Couté

... et du meilleur.

LA PAYSANNE (premier supplément à l'émission sur la guerre de novembre 2013)

( Aux gars de Saint Ay)
 


Gaston Couté comptait dans son pays un fervent admirateur, Gustave Séjourné. Celui-ci devint maire de Saint Ay. et, peu porté sur les musiques et les flonflons militaires, il demanda au poète beauceron une marseillaise de sa façon. Ce fut La Paysanne (marseillaise fraternelle des gars de Saint Ay). Elle fut créée et inaugurée à Saint Ay le 14 juillet 1908.

La voilà chantée par Gérard Pierron

dimanche 7 juillet 2013

Du côté du Chat Noir (4)

Gaston Couté

Poète des anarchistes et des paysans


Couté (23 09 1880 Beaugency , Paris 28 06 1911) est le fils d'un meunier de Beaugency (Loiret). Il quitte l'école qu'il a cordialement détesté, bien avant le bachot pour se retrouver employé comme commis auxiliaire à la Recette générale des impôts d'Orléans avant de travailler pour un journal local, Le progrès du Loiret. Il commence là à publier ses poèmes, dont certains sont composés en patois beauceron, dans des feuilles locales et les fera entendre à une troupe d'artistes parisiens en tournée. Ayant reçu quelques encouragements, il se décide, en 1898, à monter à Paris alors qu'il a dix-huit ans.
Après quelques années de vaches très maigres, il obtient un certain succès dans les cabarets. 
 Jehan Rictus,  chansonnier et poète qui avait fondé sa poésie sur l'usage de la langue argotique, a été sensible à son talent et dit de lui : « ... Georges Oble et moi, nous nous trouvions incontestablement en présence d'un adolescent de génie qui, à ses dons extraordinaires, joignait déjà une technique des plus habiles et la connaissance approfondie du métier... »


"Admis à réciter des vers à Al Tarlane, il délaissa bientôt ce cabaret, où il se produisait gratuitement, pour l'Âne Rouge dont le patron, plus généreux, lui allouait en guise de salaire un café-crème quotidien. On ne devine que trop que fut l'existence du pauvre déraciné réduit à cette maigre pitance, à laquelle s'ajoutaient parfois les alcools corrosifs offerts par d'aimables spectateurs. Il subsista ainsi, pourtant, pendant un an, créant "Le champ de naviots", et tant d'œuvres d'une facture déjà puissante, cris de révolte d'une âme simple et droite se dressant face à la Société égoïste et veule pour laquelle "l'honneur quient [tient] dans l'carré d'papier d'un billet d'mille".
"De l'Âne Rouge, Gaston Couté passa aux Funambules [...]
"S'il atteignit la gloire, il ne connut jamais l'aisance. C'est au point qu'un soir, un noctambule qui avait heurté du bout de sa canne un gros tuyau de ciment gisant sur un chantier de la Compagnie du Gaz eut la surprise d'en voir sorti Couté mal réveillé. Injurié par celui-ci, l'autre s'excusa, convia le chansonnier à souper et lui loua pour une semaine un gîte plus normal dans un hôtel de Montmartre.
"Le logis qu'il apprécia le plus fut l'arrière-boutique d'un bougnat, non à cause de son confort relatif, mais parce que le local n'était séparé que par l'épaisseur d'une porte condamné d'un tonneau de vin installé dans le débit. [...]
"Sincère dans ses propos comme dans ses œuvres, Gaston Couté distribuait avec beaucoup trop de générosité les vérités désagréables [...]
"Son indépendance, et aussi, hélas !, son intempérance, faisaient de [lui] un pensionnaire inconstant. C'est pourquoi il ne figura pas à la place d'honneur qui lui revenait sur les programmes de nos cabarets. Bast ! Il chantait et cela lui suffisait.
Extrait de Michel Herbert (La Chanson à Montmartre, La table ronde, 1967)

 Un petit spécimen de sa poésie
  http://www.youtube.com/watch?v=QFVQRKNdrqo

Il disait souvent qu'il n'était pas un poète beauceron, ainsi qu'on le désignait dans les milieux montmartrois, mais un poète solognot. Il affirmait que la Beauce commence seulement après les dernières vignes et les derniers bois.
Couté disait aussi, par boutade, que les curés et les instituteurs de la région étaient issus du phylloxera. Ce minuscule insecte venait d'apparaître et avait détruit toutes les vignes du pays.
 Gaston Couté continuait son tour de chant dans divers cabarets. On le voyait au " Pacha-noir ", au " Carillon". De nouvelles chansons s'ajoutaient à son répertoire : "L'école", "Les mangeux de terre", "L'Idylle des grands gas", "Monsieur Imbu", etc... Il continuait sa vie de bohême, sans souci du lendemain, avec des périodes d'aisance ou de gêne. Il acceptait les unes et les autres avec une sérénité et un fatalisme que rien ne pouvait ébranler. De nouvelles amitiés venaient à lui. Ainsi, il avait fait connaissance avec Liard-Courtois, un curieux type d'homme, ex-forçat pour faits politiques.




 Fernand Desprès fit entrer Couté à " La Guerre Sociale " que dirigeait Gustave Hervé. Le numéro du 22-28 juin 1910 de cet hebdomadaire, dans une courte notice, à gros caractères, annonçait que le poète chansonnier Gaston Couté avait : " accepté de mener, dans ses colonnes, le bon combat contre la bêtise des Riches et des Maîtres, contre les iniquités de l'ordre bourgeois ". Couté y publiait une chanson par semaine sur les faits sociaux et politiques du jour. Mais ces chansons satiriques, rythmées sur des airs connus, écrites à la hâte au dernier moment, n'atteindront jamais l'envolée extraordinaire de ses premiers poèmes, il forçait trop la note. L'inspiration vient rarement sur commande, pas plus qu'à heure fixe.
Par contre, c'est dans ce boulot à la tâche qu'il fut le mieux payé. Il gagnait chaque mois 150 à 200 francs, ce qui était une somme importante pour l'époque. Il avait donc de quoi vivre décemment. Mais cet argent venait trop tard puisque sa santé était définitivement compromise. Et puis, un bohême ne peut être ni aisé, ni riche !...
Le 13 juin 1911, " La Guerre Sociale " annonçait que Gaston Couté était poursuivi pour "outrages à la Magistrature".
Un ouvrier, arrêté au cours d'une manifestation, avait été trouvé porteur d'un tire-bouchon. Il avait été traduit en Correctionnelle pour port d'arme prohibée. Couté en avait fait une chanson sous le titre " Il avait an tire-bouchon ". Elle pouvait se chanter sur l'air " Elle avait une jambe en bois ".
Il avait un tir' bouchon
Dans la poch' de son veston
On s' demande où s'arrêt'ra
L'audace de ces scélérats ?

Par cette poursuite judiciaire Couté payait les chansons parues dans les journaux et revues anarchistes. On les fredonnait dans les rues et les ateliers. Au lieu d'en rire, les Autorités se fâchèrent.

 Miné par des années de privation et par l'alcool, son corps usé n'a pu résister à la phtisie. Après diverses démarches, le corps de Couté a été ramené dans son pays et au moment du, départ pour la gare d'Orléans, il y avait beaucoup de monde dans la cour de l'Amphithéâtre. Des chansonniers, des artistes, des écrivains, des musiciens, des hommes politiques .de gauche. Des militants syndicalistes étaient venus nombreux. Des gerbes et des couronnes s'étalaient autour du cercueil.

Une chanson pour tous nos braves travailleurs de l'armement


Et pour la route, si j'ose dire, une de ces petites merveilles qu'on croirait écrite exprès pour décrire le sort des Roms dans cette petite république bananière qu'est la France d'aujourd'hui.



On trouve ses oeuvres littéraires au éditions le Vent du ch'min :
- La chanson d'un gâs qu'a mal tourné (4 tomes)
- La guerre sociale
- Et un glossaire 
Et un site à la gloire du gars de Beaugency : http://gastoncoute.free.fr/