Chroniquer un film ou un album récemment sorti n'est pas la coutume de ce bouzin. Mais là, vous pourrez pas dire qu'on vous aura pasprévenu.
On avait pourtant la crainte de se faire avoir en allant voir Crock of gold, documentaire de Julian Temple consacré à la gueule cassée du (post ?) folk rock irlandais, Shane MacGowan, ci-devant chanteur et auteur compositeur de The Pogues. Le réalisateur, biographe habitué du show-biz plus ou moins punk, étant avant tout un monteur qui fait défiler des séquences à toutes blinde, on espérait au moins quelques archives savoureuses. Même si le même réalisateur a la détestable habitude d'inviter dans ses films deux ou trois personnalités bling-bling ayant peu à voir avec le sujet mais susceptibles d'attirer une chronique dans la presse qui, soi-disant, compte.
Soyons juste, il y a bien quelques séquences dignes et toute l'enfance édifiante du personnage dans une ferme plus que modeste du comté de Tiperrary est l'occase d'un agréable dessin animé. C'est désormais classique lorsqu'on manque d'images et c'est bien mieux réussi, plus modestement, dans le film de Jarmusch sur les Stooges.
Mais là où Temple passe les bornes, ce sont lors d'interminables séquences avec un Shane McGowan tellement abîmé qu'un malaise s'installe assez vite devant une exhibition faisant fi de toute dignité. Et puisqu'on parle de personnalités à la con, non seulement le réalisateur est infoutu de s'entretenir avec d'ex membres des Pogues (si, si, il reste quelques survivants) ou des proches ayant bossé avec eux (Costello, les Dubliners...) mais il convoque des guignols comme Johnny Depp (ok, c'est lui qui a payé le film) ou pire, un vieux politicard retord comme Gerry Adams pour transformer ce pauvre Shane, réduit à l'état de loque, en patriote héros de la cause irlandaise. A touch of revisionism !
Précisons au passage que notre antipathie vis à vis du leader de Sinn Feinn s'étend largement, voire en pire, à ceux du camp d'en face, ça c'est fait.
Restent l'histoire d'un incurable inadapté social et quelques bons mots : Tout le monde s'était mis à écouter de la World Music et je me suis dit ben, on va vous en donner. Et vous méprisez les Paddy ? On va vous remettre un couche de Paddy!
Et la plus belle, la plus cafardeuse, des chansons de Noël, en duo avec KIrsty McColl (elle-même fille d'Ewan, auteur de Dirty old town)
Un film qu'on peut ne pas aller voir. Ça nous apprendra...
Face à une telle laideur, deux questions vous trottent dans la tête : Un, est-elle inéluctable ? Deux, est-ce que ça a vraiment de l'importance ?
Je ne crois pas que l'industrialisme suppose nécessairement et obligatoirement la laideur. Une fabrique, ou même une usine à gaz n'est pas, par nature, vouée à être laide - pas plus, en tous cas qu'un palais, un chenil ou une cathédrale. Tout dépend de la tradition architecturale de l'époque. (...)
Mais cela dit, une fois qu'on a constaté la laideur apportée par l'industrialisme et admis qu'il y a là de quoi être choqué quand on la découvre pour la première fois, je ne crois pas que ce soit un point d'une importance capitale. Je dirais même que l'industrialisme étant ce qu'il est, il n'est pas souhaitable qu'il apprenne à se parer de déguisements trompeurs. Comme l'a justement noté Aldous Huxley, une "noire fabrique de Satan" doit ressembler à une noire fabrique de Satan et non à un temple érigé par de mystérieux et formidables dieux.
Cherchez pas du côté de Cork ou de Derry, ce morceau mélancolique fut écrit par Ewan Mc Coll en 1949 en "hommage" à sa ville d'origine.
Noire, triste, industrielle : Salford, Lancashire, à deux pas de Manchester.
Évidemment, les autorités locales toussèrent un peu (on tousse pas mal dans le Lancashire) à l'évocation de leur "sale vieille ville".
Même si toute la région la désignait déjà comme telle.
À l'origine, ce titre ne servait que d'interlude dans un
spectacle de MacColl, intitulé Landscape with Chimneys (paysage avec cheminées).
Avec Peggy Seeger
Et puis, un autre groupe de Salford, The Spinners, le reprend en 1964 et la vague de la Folk va populariser la chanson.
Il ne restait plus aux Dubliners (comme leur nom l'indique) qu'à la reprendre dans les années 70 et aux Pogues d'en faire un tube mondial, en 1985, pour qu'une bonne partie de la planète s'imagine qu'on cause là de Dublin.
On s'envoie donc l'original
Et en français, donc ?
De nombreux interprètes, dont Catherine Ringer, y ont laissé quelques plumes.
Mais c'est le barde Breton Gilles Servat qui a osé une traduction dans son album de reprises trads' irlandaises "Sur les quais de Dublin" en 1996.
Malgré un certain côté raté (faut le faire pour la foirer celle-là !) cette version, chantée en duo avec Ronnie Drew garde un côté attachant... à la longue.
Jugez-en :