Il est très facile d’imaginer une classe moyenne financièrement
poussée dans ses derniers retranchements et n’en demeurant pas moins
farouchement hostile à la classe ouvrière : et vous avez là un parti
fasciste tout trouvé.
Le quai de Wigan
Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone,
et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui
passe à un certain moment.
L’idée que le Parlement n’a plus guère d’importance est à présent
très répandue. Les électeurs sont conscients de n’exercer aucun contrôle
sur les députés.
La principale raison du Pass Sanitaire
– plus importante que d’aider Big Pharma à accumuler des milliards, et
en plus de la destruction de toute confidentialité en matière de santé
et du serment d’Hippocrate – est l’intensification du contrôle social,
du suivi et du traçage et l’acceptation croissante d’être surveillé en
permanence “pour notre propre bien”. Ce qui, surprise, est pour le bien
de nos gouvernants qui, si nous décidons de nous révolter alors que les
choses empirent invariablement, auront considérablement intensifié leurs
moyens de réprimer cette révolte. Et obtenu que les gens acquiescent à
cette répression. Une expression anarchiste anglaise “La guerre est la santé de l’État” est devenue ” ‘La santé’ est la guerre de l’État”.
Extrait du pamphlet "À bas les manifs rituelles routinières"
Y'a pas, on est gâtés : pour célébrer la publication de George Orwell dans la prestigieuse Pléiade et le passage de ses droits d'auteur dans le domaine public (mais quels radins chez Gallimard) notre Big Brother au petit pied nous annoncerait ce soir un couvre-feu.
Passons sur les déplorables problèmes de traduction des écrits du camarade Blair, causés par des considérations purement mercantiles et intéressons-nous au casse-tête que vont renconter les Kommandantür du Gross Paris et des métropoles.
Rappelez-vous, au mois de mars, on nous a déjà fait le coup de "nous sommes en guerre". Et effectivement, on n'a pas été tout à fait déçus. En vrac, pénurie de vivres et de matériel, hausse des prix de certaines denrées menant à une forme de marché noir, sauf-conduit pour sortir de chez soi, passage à une "zone libre" distante de 100 kilomètres, occupation des rues par une armée de bleu vêtue, délation massive. Qui a dit que l'histoire ne se répétait point mais qu'elle bégayait, déjà?
Alors que sera notre vie en temps de couvre-feu ? La patrouille fera-t-elle d'abord preuve de pédagogie (novlangue usuelle) avant de tirer à vue ? Faudra-t-il aller au ravitaillement en rasant les murs ?
Voici donc et en avant-première, quelques recommandations aux noctambules prodiguées, en septembre 1940, par un artiste talentueux et drôlatique qui avait ses entrées chez les touristes régnant alors, j'ai nommé le très regretté Georges Guibourg dit Georgius.
PS : bien entendu, cet article n'est que le fruit d'un mauvais esprit, qui plus est nostalgique. Aller soupçonner que le pouvoir profiterait d'une épidémie pour accentuer le contrôle social, franchement, mon cher, vous êtes à la limite du complotisme ! Allez, rendez-vous ce soir à 20h au cirque politico-médiatique.
Ah, on pouvait ironiser sur les déclarations martiales des tyranneaux chinois!
Nous voilà tous ravalés au grade de soldats en temps de guerre contre l'ennemi invisible. Et quoi de mieux qu'une bonne guerre pour resserrer les rangs de la Nation ? Uh ?
Par mesure de précaution, on abandonnera les vieux à eux-mêmes et on triera les malades. Sans oublier le passage de contrition de rigueur.
On aimerait tellement écrire quelque chose de pertinent ou d'encourageant. Mais non, on reste bêtement échoué sur la fabuleuse trouvaille du grand George. La guerre, c'est la paix La liberté, c'est l'esclavage L'ignorance, c'est la force
Face à une telle laideur, deux questions vous trottent dans la tête : Un, est-elle inéluctable ? Deux, est-ce que ça a vraiment de l'importance ?
Je ne crois pas que l'industrialisme suppose nécessairement et obligatoirement la laideur. Une fabrique, ou même une usine à gaz n'est pas, par nature, vouée à être laide - pas plus, en tous cas qu'un palais, un chenil ou une cathédrale. Tout dépend de la tradition architecturale de l'époque. (...)
Mais cela dit, une fois qu'on a constaté la laideur apportée par l'industrialisme et admis qu'il y a là de quoi être choqué quand on la découvre pour la première fois, je ne crois pas que ce soit un point d'une importance capitale. Je dirais même que l'industrialisme étant ce qu'il est, il n'est pas souhaitable qu'il apprenne à se parer de déguisements trompeurs. Comme l'a justement noté Aldous Huxley, une "noire fabrique de Satan" doit ressembler à une noire fabrique de Satan et non à un temple érigé par de mystérieux et formidables dieux.
Orwell milicien du POUM, qui dépasse un peu au fond à gauche. On comprend mieux comment le bougre se prit une balle dans la gorge dans une tranchée du front des Monegros
De nos jours, tout le monde, ou presque, se réclame de George Orwell, libéraux en manque d'affection, énarques sans imagination, réacs de la Manif pour tous qui croient avoir trouvé une traduction potable à "commmon decency", technophobes variés, anticommunistes attardés, va-t'en guerre qui en appellent à ses interventions à la BBC, journalistes en manque de bons titres et même la plupart de nos bons camarades.
Curieuse postérité que celle d'Éric Arthur Blair !
Se retrouver ainsi cuisiné à toutes ces sauces nauséabondes après défendu, sa vie durant, un socialisme anti-stalinien, professé le plus souverain mépris pour l'impérialisme britannique (et donc tous les autres, par extension) et avoir tenu des positions politiques au nom de la lutte de classe et de l'éthique.
Partant du respect que nous inspire l’œuvre et la pratique de l'homme, nous ne pouvons que déplorer un autre malentendu persistant : celui entre Orwell et la musique.
Généralement, on l'a réduit au roman 1984 et ça a donné un certain nombre de chansons (ou de films d'ailleurs*) grandiloquents, pour ne pas dire grands guignols, généralement pourvus d'une esthétique douteuse.
David Bowie n'est en la matière qu'un exemple parmi tant d'autres avec son Diamond Dogs assez maladroit car trop caricatural.
Une exception de taille restera celle du premier 45 tour du Groupe Passion Fodder (jeu de mot sur "canon fodder", en français, chair à canon) intitulé Freedom is slavery qui nous avait ému tant par sa sincérité que par la pertinence de son propos replaçant l'écrivain dans le contexte de sa Guerre d'Espagne jusqu'à la chasse aux sorcières menée par les dogues de Mac Carthy.
Ok, c'est chanté en anglais mais ce groupe parisien, né sur les ruines du défunt Orchestre Rouge, était à notre goût, un des seuls à proposer une new wave écoutable (ou était-ce du post folk ? On s'en fout !) d'où leur place ici.
Né en 1985, ce groupe était formé du romantique américain Théo Hakola au chant, de Lionel Dollet à la guitare, de Pascal Humbert à la basse, de Nicolas Magat à la batterie et de Bénédicte Villain au violon. Ils se sont séparés en 1992. Depuis, Hakola poursuit sa carrière en solo.
Autre belle chanson de ces jeunes gens assez littéraires : "Heart hunters", hommage au roman de Carson Mc Cullers, The Heart is a Lonely Hunter publié en 1940.
* La seule adaptation intelligente de 1984 étant à notre humble avis, Brazil de Terry Guilliam (sorti en...1984, comme par hasard.)