Quoi de plus fatal et tragique après avoir fréquenté la police que de se mettre à table ?
À peine remis des agapes annuelles, l'Herbe Tendre passe à la grande bouffe.
Entre ragoûts mis en musique et bonnes manière de se tenir à la table de la Baronne Nadine de R., nous nous proménerons du côté des maîtres-queux.
Avis ! Achtung ! Pour cause d'absence de certains de ses membre, l'Herbe Tendre de janvier est remise au DEUXIÈME lundi du mois. Ce sera donc le lundi 9 janvier à 18h sur Radio Canal Sud.
Et l'on verra ci-dessous l'immortel Raymond Oliver en compagnie de deux chansonniers qui n'avaient rien contre un p'tit verre à l'occase subir la recette du Water Pudding :
Lorsqu'on les entend à la radio, tous alignés au garde à vous face aux attentats, à l'état d'urgence, aux élections, on se prend parfois à évoquer un temps qui, question dégueulasserie, n'avait rien à envier au nôtre.
Tout comme George Orwell, Pierre Dac officiait à la BBC pendant la seconde guerre mondiale, Radio Londres pour les Français, et malgré un ton obligatoirement patriotard, sa spécialité était de remonter le moral d'un populo occupé à ne pas crever de faim, slalomer entre les rafles, se foutre à l'abri des bombes "amies" et retrouver son ausweiss et ses tickets de rationnement, bordel, je les avais pourtant bien mis dans cette poche !
Ça a donné un duel verbal et haineux entre le speaker des FFL et le propagandiste en chef de Radio Paris, Philippe Henriot, seulement interrompu par le forfait de ce dernier, exécuté le 28 juin 1944 par un commando du COMAC, groupe de la résistance.
Mais la spécialité de Dac, c'était avant tout des reprises de refrains à la mode pour en faire des chansonnettes faciles à fredonner, emplies du mépris sans limite qu'il éprouvait pour l'univers de la collaboration et ses maîtres nazis.
On la dédie à ceux qui se croient héritiers de ces übermenschen là.
Et on en remet une couche avec une reprise de La complainte de Paris de Charles Trenet (on avait passé ça dans le florilège 39/45 )
J'apprends que le label Born Bad Records publie enfin l'intégrale de Clothilde (de son vrai nom Elisabeth Beauvais) sous le titre à peine exagéré de " Queen of the swinging Mademoiselles".
Incarnant une sorte d'anti Françoise Hardy, elle ne publiera que deux EP et un 45 tour en italien en 1967. Son mentor de chez Vogue, Germinal Tenas, et son parolier Jean-Yves Gaillac lui concoctèrent des textes au 69 ème degré, surréalistes et acides, farcis de sous-entendus plus ou moins graveleux et de jeux de mots bêtes et méchants qu'elle susura de sa jolie voix innocente. Mais ce sont surtout les arrangements baroques et débridés qui nous font encore marrer aujourd'hui : des riffs de cors de chasse, de pipeau, des choeurs stupides ou des bandes passées à l'envers. Ces niaiseries déjantées et inventives vont culminer avec "Des garçons faciles" en duo avec les Charlots
Son presque tube :
Et une version du même à la télévision avec un encombrant Pierre Dac :
Depuis, Elisabeth raconte à qui veut l'entendre à quel point cette expérience et l'emprise de Germinal Tenas l'ont emmerdée au point d'aller reprendre ses études.
Merci encore au Commandant Sylvain du fanzine Dig it ! où j'ai trouvé toutes ces précisions.