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lundi 15 mars 2021

La semaine des assassins

Surprenant à quel point, à l'occasion de son cent-cinquantenaire, la Commune de Paris fait recette et pas uniquement dans la presse de gauche et bien pensante. Ça prend même des airs d'enterrement qui ne sont pas sans nous rappeler d'autres commémoration d'il y a plus de trente ans, en 1989. 
Il semble que comme, par exemple, George Orwell, cette révolution écrasée serve de consolation à bien des bons bourgeois démocrates. 
Faut-il rappeler que ce sont parfois les mêmes qui adulent Jules Ferry, Gambetta, voire Clemenceau, qui viennent aujourd'hui verser une larme de crocodile sur le mur des Fédérés ?
Et que c'est bien la République qui écrasa la Sociale avec tout son savoir-faire.  
Mais journalistes policiers vomissant leur eau-forte et récupérateurs grouillent comme un tas de verrues sur la cadavre des vaincus (merci pour les images, Eugène).
Rappelons une réalité vue par un témoin :
Les gens du quartier commencent à sortir, ils vont prendre connaissance de ce qui se passe dehors. Ils reviennent avec des récits épouvantables. La berge du fleuve est parsemée de cadavres, les rues aussi. Dans certaines cours, des corps morts sont amoncelés. On emporte les carcasses par charretées pour les enfouir dans des fosses profondes qu'on recouvre de chaux vive. Ailleurs, on les asperge de pétrole  puis on les brûle. On a vu des convois de dix à douze omnibus remplis de débris humains.
Un ami qui nous apporte des renseignements montre les semelles de ses bottines imprégnées de sang.
Des deux côtés de la Seine, un filet rouge coule le long des berge.
Elisée Reclus La Commune de Paris au jour le jour (27 mai) 
 cité par Michèle Audin dans La semaine sanglante (Libertalia)

 Puisqu'on paraphrasait Pottier, son Jean Misère par Mouloudji (1971)


vendredi 28 août 2020

Chansons de Françoise Sagan

L'auteure entre deux accidents
De Françoise Sagan, on se souvient généralement de la rubrique mondaine, de la dandy sulfureuse, des bagnole et des casinos de la côte, de ses embrouilles avec l'OAS, de la gauche caviar avant l'heure et de sa chute pathétique à la rubrique des faits divers.
Certains l'ont même lu et pas uniquement Bonjour tristesse.   
On sait beaucoup moins qu'elle a été une auteure, plutôt prolifique, de chansons essentiellement tendres et nostalgiques. Elle a même écrit un ballet entre jazz, rumba et classique Les rendez-vous manqués.  
Travaillant essentiellement avec Michel Magne aux compositions, elle fut interprétée par Juliette Gréco , Mouloudji , Eddie Constantine , Annabel , Diahann Caroll , Dory Langdon, Georges Auric , Dalida , Jacques Datin , H. Lemarchand et Anthony Perkins. 
Le label Frémeaux & associés a publié tout cela en un coffret de deux cds et on se laisse aller à une nostalgie qui nous surprend.

Les jours perdus par Mouloudji.

 
et Juliette Gréco : Sans vous aimer

                             

lundi 19 août 2019

Lemarque, Mouloudji et Carné au musette


Francis Lemarque, Nathan Korb de son nom, écrivit Rue de Lappe en 1951 en hommage tant au quartier qui avait hébergé sa famille d'émigrants qu'à l'ambiance et l'histoire de celui-ci.
Peuplé de bistrots auvergnats, berceau du bal musette résultant de la rencontre de ceux-ci avec des arrivants Italiens et de la Miteleuropa, ce carrefour de La Bastille fut siège des nuits parisiennes pour prolos avec son désormais légendaire cortège d'apaches et de prostituées. Tout comme à Montmartre, ces spectacles assez peu familiaux attiraient également le bourgeois cherchant à s'encanailler.
Le piquant est qu'on n'avait pas attendu le triomphe d'Airbnb pour mettre l'exotisme crapuleux en scène. Dès l'entre-deux guerre, de faux bals d'apaches existaient avec tirs de brownings (de la manufacture de St Étienne) bidons destinés à foutre le frisson au touriste.
Mouloudji fut donc chargé de mettre en chanson cette agitation nocturne disparue de ce faubourg aujourd'hui symbole d'une bourgeoisie triomphante. 


Mais les années 1930 et leur développement des transports en commun furent surtout celles du triomphe des guinguettes de bord de Marne.
Ces coins de campagnes constituèrent un réservoir de parisiens souhaitant respirer un peu. Apparaissant dans de nombreux films, ce fut le cadre du premier court-métrage de Marcel Carné, Nogent, Eldorado du dimanche (1929)
Quatorze minutes bucoliques d'un monde d'avant la crise et les congés payés au son de l'inévitable accordéon.


vendredi 10 mai 2019

Mouloudji à l'écran (1951)


La complainte des infidèles demeure une des chansons les plus notables de Marcel Mouloudji.
On sait assez peu que cette complainte fut écrite et interprétée pour un film de Carlo Rim et de 1951, La Maison Bonnadieu, (1951), de Carlo Rim, dans lequel on retrouve Bernard Blier, Danielle Darrieux, Françoise Arnoul, Michel François ou Yves Deniaud.
Ce qui est remarquable, c'est que comme quelques autres réalisateurs (Jean Boyer, par exemple) , le mésestimé Carlo Rim écrivait lui-même les chansons de ses films. La musique est de l'excellent Georges Van Parys, compositeur drôlatique qui de La femme et le pantin de Baroncelli (1929) à Elle boit pas , elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause d'Audiard (1970) fut un des compositeurs les plus prolifiques de l'histoire du cinéma français avec une centaine de films au compteur. Il fallait un talent certain pour arriver à accorder ces paroles avec la musique (igno-mi-nieu-sement...)
Le film étant une comédie basée sur une suite de variations d'infidélités conjugale, la scène dans laquelle apparaît cette Complainte des infidèles est l'occasion de retrouver notre Marcel en chanteur des rues prophétique.

jeudi 3 janvier 2019

Deux versions de Jean Genet

L'auteur par Cocteau
En 1942, Jean Genet se trouve en séjour forcé à Fresnes suite à un vol qui a mal tourné.
Ayant du temps à revendre, le poète délinquant, compose un long texte, Le condamné à mort, en souvenir du jeune Maurice Pilorge, cambrioleur et assassin du proxénète et prostitué Nestor Escudero.
Archétype du "beau mec", Pilorge, condamné par les assises de Rennes en 1939, refusa de demander sa grâce au président Albert Lebrun. Il fut raccourci le 4 février (et non le 17 mars, comme le cite Genet).
Ce texte, à la gloire de l'homosexualité carcérale sera repris par Genet en 1950 dans Un chant d'amour.

Côté enregistrements, il fut d'abord lu par Mouloudji et mis en musique par André Almuro en 1966.
En voici un extrait trop bref :



Hélène Martin en avait, elle aussi, tiré des mélodies dès 1961, ce seront les bases des versions de Marc Ogeret (1970) ou d'Étienne Daho (2010) 
Mais on a un faible pour l'interprétation de Jacques Douai


Pilorge, "criminel au visage radieux"

dimanche 12 août 2018

Le groupe Octobre

On en reconnaît quelques-uns
« On a souvent parlé du groupe Octobre, mais rarement avec justesse » confiait l'excellent Raymond Bussières.
L'histoire du Groupe Octobre et de sa relation compliquée, conflictuelle, avec le Parti Communiste, n'a duré que quatre années.
Car cette compagnie va se saborder, comme la Fédération du théâtre ouvrier de France, après la victoire du Front populaire, sur fond d'engueulades de ses membres quant à la nécessité de s'engager dans les Brigades internationales (ce qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler La Belle équipe).
Alors, pour se remettre une tranche de cette troupe mythique et déguster quelques extraits, une émission du 21 février 1974 "Remettez-nous ça : Le Groupe Octobre", de Gérard Descotils et Jean-Jacques Vierne.
Avec Raymond Bussières, Jean-Paul Le Chanois, Pascal Ory, Pierre Prévert, Maurice Baquet, Roger Blin, Jacques Prévert et Paul Grimault.



Dans la même ligne, un sketch télévisé du 30 décembre 1957 dans lequel Raymond Bussières, Claude Pieplu, Cora Vaucaire et Robert Destain improvisent une trame en déclamant uniquement le mot "Ah".


mercredi 18 janvier 2017

Rimbaud (5) par Mouloudji et toujours par Ferré




Le jeune Arthur Rimbaud s'est fait paysagiste dans ce poème publié en 1872 dans la revue La Renaissance littéraire et artistique.
Au vu des massacres perpétrés dans la région de Charleville, on se représente plus une scène d'après la bataille de la guerre franco-prussienne de 1870 qu'une image la Commune de Paris qui se déroula fort loin des hameaux et des chemins borgnes.

Mouloudji l'a chanté en 1957 sur une musique de Charles Trenet
Voici sa version
Curieusement, il a supprimé les deux premières strophes :

Seigneur, quand froide est la patrie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus…
Sur la nature défleurie
Faites s’abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous

Léo Ferré en refit une adaptation, cette fois intégrale, en 1964, sur l'album Verlaine et Rimbaud.

vendredi 19 août 2016

Mouloudji chante Theodorakis à Biribi



Le très cruel roman de Georges Darien, "Biribi" a été adapté au cinéma avec, dans les rôles principaux Bruno Crémer, Georges Géret et Pierre Vaneck 
On avoue ne pas avoir vu cette production franco-tunisienne de Daniel Moosman (1971) de laquelle est extraite la chanson qui suit.
La musique en fut confiée à Mikis Theodorakis qui, depuis quelques années cartonnait sur le grand écran (Zorba, Z, Serpico, État de siège...)
Responsable du KKE (parti communiste), membre de l'ELAS (Armée populaire de libération)  au cours d'une guerre contre l'occupant nazi, évoluant en guerre civile, ininterrompue pendant sept ans, Theodorakis avait connu arrestations, tortures et déportation sur l'île bagne de Makronissos. En parallèle il suivait des cours au conservatoire d'Athènes. Ce qui lui permettra de gagner la France en 1954 avant de retourner se faire tabasser par les sbires des colonels en 1967. Sa renommée lui ayant sauvé la peau, il sera banni par les militaires sous la pression de personnalités aussi diverses que Dimitri Chostakovitch, Leonard Bernstein, Henry Miller ou Harry Belafonte. Il deviendra ensuite la coqueluche des personnalités de gauche. Mais sa musique restera marquée par le désespoir de ses années de détention. Et aussi, pour être juste, par une certaine emphase toute "réaliste socialiste" (on va pas dire "stalinienne" à tous les coups). 

C'est à notre cher petit Marcel qu'on a confié l'interprétation des chansons du film. Ce qui charme nos oreilles.
 

vendredi 13 novembre 2015

Le désir selon Mouloudji




Madame Rita : femme fatale à ses heures
Le petit Marcel est loin de s'être contenté de chanter les autres (Queneau, Prévert, Dimey et bien d'autres).
Il écrivit la plupart de ses succès, chansons plutôt tendres, souvent placées sous le signe de l'auto-dérision.
On a toujours particulièrement aimé cette balade mélancolique, enregistrée en 1957.
La musique était co-écrite avec Henry Charles.
le titre est paru dans le disque "Le long des rues de Paris" édité par Philips (N 76.404R).
Au prix qu'atteint cette (bien nommée) galette chez les collectionneurs, on pourrait bouffer du caviar à la louche au petit-déjeuner et en amoureux pendant deux mois.
Approximativement...

lundi 14 juillet 2014

Damia en concert

(invitée par Mouloudji)

C'était à la radio en 1953, à l'émission "La joie de vivre" enregistrée en public au Châtelet. La dame nous y interprète "Les croix" et "Y'a tant d'amour".
Malgré le ton niaiseux des animateurs de l'époque, voilà encore un aperçu du talent de cette chère Louise-Marie.


lundi 19 mai 2014

MOULOUDJI chante DIMEY

Puisqu'il nous tend des perches, un petit clin d'oeil amical à notre camarade Lexomaniaque qui a publié sur son blogue l'excellent album de Mouloudji, chantant, déclamant, chevrotant Bernard Dimey : Poèmes voyous.
Un extrait.

jeudi 10 avril 2014

MOULOUDJI chante VIAN




    En 1971 Mouloudji tente un retour fort réussi du musette. Extrait : cette javouille parodique écrite par Vian et Assayag en 1947. Un régal pas si connu !

mercredi 26 mars 2014

Marcel Mouloudji

En voilà un qu'on chérit.
Notre kabylo (par son père) breton (par sa mère) est né à Paris en 1922 et aura tout de même fini à Neuilly à sa mort, en 1994.
Membre dans sa jeunesse des Faucons Rouges (jeunesse SFIO) puis mascotte du Groupe Octobre, il attaquera sa carrière d'acteur en 1936 avec Ménilmontant de Guisart et bien sûr crévera l'écran deux ans plus tard avec Les disparus de Saint-Agil de Christian Jacques.
On trouve tout ça et un bon résumé de sa carrière sur ce site ou chez Tata Wiki


Avec l'ami Prévert
C'est dans l'après-guerre (il aura passé cette dernière soigneusement clandestin en évitant le STO) qu'il se fera un nom dans la chanson poussé par Jacques Canetti. Ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre sa carrière cinématographique jusqu'en 1977 (une cinquantaine de films à son actif).

Mouloudji en... parachutiste Kanak (!) dans le film Bataillon du ciel

Il aura chanté Prévert, Vian (Le déserteur, c'est lui qui l'a créé*) Dimey, Queneau, Carco et tous les poètes de bon aloi.
Après mai 68, il partira chanter devant les prolos dans les usines occupées et sera une des voix du disque "La Commune** en chansons".
Il chantera également des chants ouvriers ou de la résistance tout en prenant ses distances avec le fier parti de Jacques Duclos (ex-boss des FTP) et Georges Marchais (de la maison Messerschmidt).
Ce qui ne l'empêche pas de ressusciter un répertoire de bal musette avec la complicité de Marcel Azzola.
Son dernier spectacle se fera au Père- Lachaise en juin 1994 (pas de rappels)

* Ce qui le rendra tricard chez toutes les maisons de disques. Il en profitera pour créer une coopérative de diffusion.
** De Paris, bien entendu (les références sont sur l'article sur les chansons de la commune).

Et pour la route, une excellente chanson de et par lui-même.
 

samedi 12 octobre 2013

Le Bestiaire de Paris

    Le Bestiaire de Paris *, long poème en alexandrins de Bernard Dimey, est sans doute une des oeuvres les plus ambitieuses du chansonnier. Il en existe deux versions.

    La première fut enregistrée en 1962 et interprétée par Juliette Greco et Pierre Brasseur (il faudra attendre 1995 pour que ce chef d'oeuvre soit enfin édité !). La seconde le fut en 1974 avec Marcel Mouloudji, Magali Noël et Dimey lui même comme récitants. La musique est de Francis Lai (le fameux futur compositeur de musique de films) qui, tout juste débarqué de Nice et louant un appartement  au-dessus du Pichet du tertre, s'était lié d'amitié avec Dimey. Dimey s'était fixé au Pichet** en 1958 (comme il se fixera plus tard, pas bien loin de là, au Gerpil, voir ici) quelques temps après sa "montée" à Paris (le bougre venait de Haute-Marne et avait vivoté quelques temps à Troyes).

   Le Pichet géré par un certain Oberto Attilio fait déjà figure de relief de la grande tradition cabaretière montmartroise, sur une butte déjà salement carte-postalisée. L'endroit fait à la fois office de galerie de peinture et de cabaret accueillant les jeunes premiers :  le lieu devînt incontournable et on pouvait y croiser entre autres :  Brel, Mouloudji, Monique Morelli, Cora Vaucaire, Nougaro, Pierre Barouh, René-Louis Lafforgue, Catherine Sauvage, Guy Béart, Aznavour, Michel Simon, Serrault et Poiret, Jean Yanne...!!
  

Greco et l'artiste en jeune homme imberbe      
    
    On pourra écouter avec profit  ici   la version quelque peu sarcastique que Dimey donne de l'émulation artistique qui régnait dans la fameuse (fumeuse ?)  taverne...                                           
    Dimey et Lai composèrent des dizaines d'autres chansons au Pichet : " Bernard avait une faculté d’écrire à une vitesse incroyable. Au Pichet on a passé des nuits invraisemblables pendant lesquelles le challenge était d’écrire le plus de chansons possibles..." ***
                                      
Mais revenons au Bestiaire... 
                                                                                     
    " Le Bestiaire, se souvient Francis Lai, c’était notre récréation au Pichet, on se mettait au fond dans une petite salle réservée pour nous ; et, là, tous les soirs Bernard Dimey déclamait ses quatrains sur Paris ; je jouais derrière, improvisant la plupart du temps ; le Bestiaire est né comme ça au fur et à mesure."
" Au bout de deux ou trois mois, confie Francis Lai, il y avait une musique qui s’était composée par l’improvisation mais qui collait au texte. " 


     Quant à  Dimey, il  se rappelait : " À l’origine, le Bestiaire devait être un livre orné de gravures d’un peintre aux dons éblouissants, Jean-Claude Dragomir. Hélas, il n’a pas su m’attendre ; il est allé s’éclater la tête sur une route de banlieue. J’ai su que notre livre ne se ferait jamais ; alors le soir à Montmartre entre deux verres, j’en disais de longs extraits à mes amis du Pichet du tertre ou d’ailleurs… Francis Lai prenait un accordéon et m’accompagnait « à la feuille » laissant glisser sa mélodie sous les mots avec le génie subtil qu’il détient sans le savoir ".                                                             Rue Saint-Vincent par Dragomir.

    Le Bestiaire**** brasse déjà les thèmes de prédilection de Dimey : le monde interlope de la nuit, sa voyoucratie, l'alcool et les débits de boisson, les prostituées et les travelos, la religion, la mort, et par dessus tout la disparition d'un certain monde et la dérive dans ces ruines.
    Mais trêve de palabre, quand on a rien à dire...
    Voici les deux versions du Bestiaire. Quant à nous, nous avons une petite préférence pour la version Brasseur/Gréco qui sonne plus sépulcrale encore...










* Ce texte n'est que la synthèse des belles recherches effectuées par Francis Couvreux accompagnant le disque  Bernard Dimey et ses premiers interprètes (1959-1961), publié chez Frémeaux et associés. Même s'il n'est pas dans l'habitude de ce site de renvoyer vers des liens commerciaux, on ne peut être qu'espanté par le travail effectué par Frémeaux... leur catalogue est insondable.
    
** C'est ce même Pichet qu'un groupuscule néo-fasciste aidé de commerçants du quartier tenta de "sauver" d'une transformation annoncée. L'enseigne de fast food Starbuck avait en effet jeté son dévolu sur l'endroit. Les médias nationaux se firent largement l'écho de cette brillante initiative; on se demande bien pourquoi...
    Bien évidemment, ces gens-là ne voit pas que l'identité qu'ils défendent n'existe plus depuis bien longtemps déjà et que Montmartre comme l'idée qu'ils se font du populo parisien n'est plus qu'une coquille vide. On ne doute pas que ce qui se servait dans feu ce Pichet devait être la même piquette mondialisée que n'importe où, quelle que soit l'enseigne... 
   Bien sûr , ces tarés accusent le cosmopolitisme, concept vague et creux mais bel et bien raciste.  Il ne leur viendra jamais à l'esprit que ce qui a tué l'âme de Paris (car oui il y en avait une, comme des campagnes françaises par ailleurs...) ce sont peut-être au hasard et entre autres choses, la place nette faite aux voitures, la vogue du tourisme, l'urbanisme et les diverses politiques de la ville qui ont littéralement vidé Paris de ses habitants pour les parquer à la marge, dans des clapiers. 
    Bon, ça a toujours été une caractéristique du fascisme de brandir des symboles plutôt que de parler de la réalité. Laissons là ces imbéciles.

*** Interview de Francis Lai par Francis Couvreux.

**** Des bestiaires à proprement parler, on en trouve à foison dans l'oeuvre de Dimey. On pense notamment au Bestiaire d'autre part dans Sable et Cendre (éditions Christian Pirot). Ou en musique,  à L'hippopotame, à Je ressemble aux poissons... et au Zoo interprété ici par Jehan  sur l'album Divin Dimey.







vendredi 30 août 2013

Un soir au Gerpil



 plaque en hommage à Dimey rue Germain Pilon

Document.
   Au fil de nos bifurcations sur le tube, nous avons glané cette émouvante vidéo (datant  de 1979) montrant le père Dimey, pour ainsi dire, à domicile... Il n'avait qu' à traverser la rue pour aller s'abreuver au Gerpil.
   Entre Pigalle et la place des Abbesses, rue Germain Pilon donc, on pouvait croiser le visage léonin de Dimey éclusant plus souvent qu'à son tour en son antre.
    On verra ici Dimey en habitué, plaisantant Michou,et "récitant" quelques uns de ses poèmes-chansons :  Moi qu'écris des chansons, Les folles, et, bien sûr, Un soir au Gerpil.


    Et la superbe version de ce beau texte par son ami Marcel Mouloudji.




Merci au joueur de flutiau d'avoir mis ce document en ligne.

lundi 18 février 2013

Les auteurs de la Commune de Paris (3) Hubert Clovis Hugues dit Clovis (1851 - 1907)

Il chante la Commune de Marseille


 
Né dans le Vaucluse, il abandonna le petit séminaire pour devenir garçon de bureau au Peuple qui publia son premier poème. Il milita pour la Commune de Marseille (22 mars – 4 avril 1871) aux côtés de Gaston Crémieux et lança La voix du peuple pour soutenir l'idée de l'autonomie communale.
Ces activités et la publication, en mai 1871, de sa Lettre de Marianne aux Républicains lui valurent d'être traduit devant le Conseil de Guerre qui le condamna à trois ans de prison et 6000 francs d'amende.
Il fit par la suite une carrière électorale, élu député des Bouches-du-Rhône après l'amnistie en 1881 puis député de Montmartre de 1893 jusqu'à sa mort. 

Il a réuni ses poèmes et chansons dans Poèmes de prison (1875) et dans Jours de combat (1877)
Socialiste notoire, il écrivit aussi en occitan représentant ainsi une tendance bien plus révolutionnaire que les « félibres »
Plusieurs de ses écrits parurent dans des journaux comme cet Hymne à la Commune
Extraits :
« Salut Commune ! O jours maudits !
Contre toi, contre tes apôtres,
se dressèrent tous les bandits
qui mangent le pain blanc des autres.
Lorsqu'ils t'eurent collé au mur,
Foutriquet* éclata de rire :
on tira sur toi comme on tire
sur les moineaux dans le blé mur.
Salut glorieuse martyr. (…)

Mais tu n'es pas morte, non !
Pour déraciner le vieux monde,
nous n'avons qu'à jeter ton nombreuses
à l'énorme foule qui gronde.
Buvez, chantez, faites l'amour :
le gouffre a faim, la planche glisse.
Il faut que le sort s'accomplisse,
il faut que le peuple ait son tour !
Salut demain ! Salut justice ! »

* Louis Adolphe Thiers aussi surnommé Adolphe-le-Petit, Général Boum, Obus Ier, Tamerlan à lunettes, Crapaud venimeux, Satrape de Seine-et-Oise, Petit Jean-Foutre, Infâme vieillard, Général Tom Pouce, Croquemort de la Nation, Dieu Terne, Invalide de Versailles, entre autres descriptions.
 

Les Chansons de la COMMUNE de PARIS




A chaque bouleversement social (Révolution anglaise, française, espagnole, mexicaine, russe, etc.) il est de coutume d'accompagner les événements en chanson.
La culture populaire nous a fait parvenir bon nombre de ces chants de la Commune de Paris (18 mars, 28 mai 1871) dont certains datent d'avant alors que d'autres furent écrits et popularisés bien après la semaine sanglante.
Durant la Commune de Paris, une des chansons les plus populaires fut La canaille qui valait un immense succès à son interprète, Rosa Bordes,dans les concerts organisés au profit des veuves et orphelins des Gardes Nationaux tués au combat. Cette chanson avait été écrite bien avant la Commune, tout comme Le temps des cerises de J.B. Clément qui est aujourd'hui la chanson « communarde » la plus fameuse.


Au temps même de la Commune, on chansonna, comme d'habitude, les événements du jour tels la crémation de la guillotine, la chute de la Colonne Vendôme mais surtout on chanta les méfaits de Thiers et sa bande de versaillais et de calotins.
Ces chansons, imprimées sur des placards que les colporteurs vendaient deux sous circulaient de la même façon que les caricatures. Écrites au jour le jour, souvent maladroites, la plupart n'ont pas survécu (…) comme ce couplet à propos de la chute de la colonne Vendôme :
« Peuple, apprends par cette histoire
à n'plus porter sur ton dos
ces Jean-Foutre de héros
qui t'causent tant de déboires...
Et voilà comment en tirant
on abat tous les tyrans »



Il y a, bien entendu , des chansons guerrières comme :
« Jurons sur les remparts armés pour la défense
de sauver la grande cité
de laver dans le sang un danger qui l'offense,
de sauver la fraternité.. »

Mais les meilleures chansons communardes, celles qu'on fredonne encore, furent composées au lendemain de la Commune ou dans les années suivantes par Châtelain, J-B Clément, Clovis Hugues et Eugène Pottier


La répression versaillaise eut aussi ses chansons : complainte sur les incendies, sur la mort des otages, sur les crimes et pillages des brigands de la Commune.
Nous nous passerons d'en reproduire ici. Après tout, les héritiers de ces bourreaux là nous gouvernent depuis lors.

Discographie incomplète : Chants de la Commune (Le Chant du Monde LDX 744471971) interprétés Mouloudji, Francesca Solleville, Armand Mestral, les Octave
A l'assaut du ciel - La Commune de Paris (Le Chant du Monde LDX 74449 1971) Chronique de Henri Bassis, musique de Joseph Kosma interprétée par l'Ensemble Populaire de Paris
L'oiseau noir du champ fauve (Cantate pour Louise Michel) Michèle Bernard (EPM 98523 2004)
Et d'innombrables chansons qu'on peut grappiller dans un nombre incroyable de styles allant du cabaret au punk rock ou au rap actuel.



 

La majorité de cet article est tirée de l'indispensable « Dictionnaire de la Commune de Paris » de Bernard Noël (Flammarion 1978)
Je n'ai pas été foutu de le trouver sur internet..
ps : Suite à cet article on a commis une suite plus détaillée sur les auteurs de chansons de la Commune, avec Jean-Baptiste ClémentEugène PottierClovis Hugues et même notre chère Louise Michel. A compléter...