On n'a aucun problème à avouer que James Bond, on s'en fout. Tonton Sean était peut-être le meilleur interprète de la barbouzerie britannique mais on n'a jamais goûté cette série. Par contre, on lui rend volontiers hommage vu le choc qu'on a ressenti en découvrant successivement The Offence (1973) La colline des hommes perdus (1965) ou Le dossier Anderson (1971) tous de Sydney Lumet et tous produits par ce "métis" de prolo catholique irlandais et de prolotte protestante écossaise qui en avait marre de jouer les séducteurs de sa Majesté.
Passons sur les indispensables The Molly Maguires, Le Nom de la rose et autres films où l'ex footballer fit notre ravissement pour souligner que le cher disparu cachait un crooner assez respectable.
Exemple, cette séquence de Darby O Gill and the little people où il chante Pretty Irish girl.
Et en plaisanterie, cette reprise du tube de Simon and Garfunkel qu'il envoie avec un accent de Glasgow à couper à la claymore.
Colonisés par l'Angleterre, expulsés de leurs terres par des propriétaires rapaces, crevant de famine par milliers, les Irlandais émigrèrent par vagues successives vers l'Amérique où ils furent traités comme des rebuts, à peine au-dessus des nègres. Ils y importèrent donc leur vieille tradition de répondre coup pour coup à leurs maîtres.
Quand leur pays d'accueil ne les utilisait pas directement comme chair à canon*, ils étaient souvent recrutés comme mineurs de fond. Outre les conditions d'exploitations inhérentes à cette branche, dans la décennie 1860, les compagnies de charbonnage baissent les salaires de moitié après avoir endettés leurs mineurs et obtiennent des tribunaux l'interdiction de tout syndicat. Contrastant singulièrement avec les organisations ouvrières ordinaires (et impuissantes) de l'époque, les Molly Maguires, société secrète de mineurs opérant en Pennsylvanie dans les années 1860-1870 avaient arrêté, pour atteindre leurs buts, une méthode principalement résumable en deux mots : terrorisme et assassinat. (Dynamite !Louis Adamic)
On raconte que le nom pittoresque de cette société secrète de prolos émigrés catholiques en terre protestante vient de Molly, veuve Maguire, qui avec ses rejetons (les Mollies) avait fondé dans le nord-ouest de l'Irlande le Parti de la terre libre et pour mieux appuyer son programme se chargeait d'exécuter flics, huissiers, baillis, ou propriétaires indélicats. Personnage légendaire ou pas, la veuve fit des émules dans les bassins miniers des Appalaches.
Sous couvert d'une société d'aide mutuelle L'Ordre ancien des Hiberniens, les Mollies recrutaient leurs membres après leur avoir fait prêter serment lors de cérémonies nocturnes.
Constitués en milice d'autodéfense, ils entament dès la décennie 1850 une série de sabotages et d'exécutions de cadres, contremaîtres tyranniques, vigiles abusifs et patrons intransigeants. Généralement, les concernés recevaient d'abord un avertissement puis, la vengeance s'exerçait froidement des mains d'un groupe de Mollies venus spécialement d'un bassin minier voisin.
L'âge d'or des Maguires se situa dans le bassin des Schuylkill dans les années 1873/1874.
Le communautarisme irlandais allié au serment d'appartenance rendit ce groupe ininfiltrable durant près de deux décennies. Enfin, pas tout à fait puisque l'agence Pinkerton arriva à faire embaucher un de ses détectives, Irlandais pur jus, dans le bassin minier afin de le faire recruter par les Maguires. Le cafard, James Mac Parland, alla jusqu'à dénoncer 347 présumés Mollies. Son seul témoignage suffit à en envoyer une dizaine à l'échafaud dont le fameux "Black Jack" Keogh, innocenté par la justice américaine après un procès en révision en... 1979 !
Après ce coup dur, l'organisation secrète se volatilisa. Même si leurs pratiques ont perduré et que l'Ordre ancien des Hiberniens existe bel et bien encore à cette heure.
Il existe tant des chansons célébrant la veuve Maguire sur l'île que d'autres à la gloire des mineurs teigneux.
La plus connue est sans doute celle des Dubliners (1969)
Reprise, en plus bruyant, les Finnegan's Hell (2014)
Impossible de se quitter sans évoquer le film de Martin RittLes Molly Maguires, ou Un traître sur commande (1970) le plus chouette des westerns miniers qu'on ait jamais vu. Faut dire que c'est genre assez peu fourni.
En tout cas, il est magistralement servi par l'interprétation de Sean Connery (Jack Keogh) et Richard Harris (James Mc Parland) parfaits dans leur relation trouble faite de confiance, de méfiance, d'amour et de haine.
Vous ne l'avez pas vu ? Je vous envie....
* Comme lors de la guerre américano-mexicaine de 1846 où tout un bataillon irlandais, le St Patrick, déserta pour passer du côté mexicain par refus de jouer un rôle impérialiste.
Sean Connery dans "Traître sur commande" (The Molly Maguires. Martin Ritt,1970)
Hier soir, on aura donc vu défiler des renégats, des infidèles, des balances,des menteurs et autres merveilles dont le genre humain à le secret. L'émission donne quelque chose comme : Theodorakis / Pagani Changer la vie Serge Reggiani Ballade pour un traître Jean Marco Vieille canaille Armand Mestral Paris pour un beafsteak Renaud Où c'est que j'ai mis mon flingue ? Delta Sale temps pour une balance M;A. Charpentier Mes soupçons estoient vrais Jeanne Moreau La peau Léon Simone Bartel La mariée était trop belle Marcel amont Julie René Zosso La loyauté Le 3ème oeil Amitié gâchée Serge Hureau Le Pape musulman Anne Sylvestre Clémence en vacances
On peut toujours écouter et pot-de-caster à cette adresse
En supplément, Danielle Darieux reprenant un tube de Mouloudji
Et un extrait du premier album de Ministère AMER (Sarcelles) "Pourquoi tant de haines ?" 1991.