Afin de mieux protéger la population, des mesures appropriées et proportionnelle ont donc été prises. Mais il reste encore de bonnes vieilles recettes en réserve.
On s'excuse encore d'exhumer de joyeuses archives du bon vieux temps mais c'est pas nous qu'on a commencé.
Que penser d'un pays où les seuls individus autorisés à circuler sans laisser-passer sont des flics? D'un pays où la seule occasion de rencontre dûment visée par les autorités est une célébration religieuse et familiale (et les cultureux rappellent à l'envie que pendant que les églises sont ouvertes, cinoches et théâtres sont hermétiquement clos, voilà qui devrait les rendre un peu lucides quant à leur importance) ? Que notre République vit d'abord sous le signe du Travail et de la Famille ? Vous voyez que ce sont eux qui cherchent...
Allez, sans transition, un clip à la gouache du temps d'avant, celui où on s'inquiétait d'un arsenal nucléaire civil et militaire aujourd'hui en pleine réhabilitation écologiste.
Amis collapsologues, Oberkampf dans Fais attention (1984).
Le pacha de Georges Lautner restera comme une série B relativement honorable qui connut quelques ennuis avec la censure pour cause de violence policière assumée.
Parmi les quelques scènes marquantes, on trouve l'enregistrement du Requiem pour un con (dans le film l'inspecteur « Albert, la galoche » est surnommé « l'empereur des cons ») par Serge Gainsbourg.
Appelé à la demande de Gabin, acteur et coproducteur du film, le Serge n'hésita pas à reprendre, une fois encore du Dvorjack, (en l'occurrence, le dernier mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde)
Jugée excessivement vulgaire par la censure, cette chanson se verra interdite d'ondes (on comptait cinq radios à l'époque) par la commission de censure. Ce qui lui attirera certainement sa renommée suite au 45 tour (Philips 370 617 F) qui comportait Psychasténie en face B.
Du coup, ce thème fut copieusement repris.
Les punks parisiens d'Oberkampf conclurent leur premier album de 1983, P.L.C., par cette aimable version :
Plus récent et plus inattendue, une version enregistrée à Sainte-Marie aux Mines le 10 juin 2006, par le trio dynamique Jacques Higelin, Daniel Darc et Rodolphe Burger.
Ce soir, on a célébré l'empathie, l'accointance, la complicité, l'affection... on en oublie des vertes et des point encore mûres.
Ce qui donne en gros et en chansons
Pigalle Rejouer juste une fois
Philippe Léotard Pauvre Rutebeuf
Rocé Amitié et amertume
Yves Desrosiers Chanson sur l'ami
René Ouvrard La bonne camaraderie
OTH Les révoltés du bloc B
Shuriken Les miens
Serge Kerval Les Tuileries
Isabelle Pierre Le temps est bon
Dick Annegarn Jef
Jacques Marchais Le vélo
Octobre Rouge Mes potes
Feu! Chatterton À l'aube
Zonzinc La dernière babillarde
Fonky Family Aux absents
Serge Lama Mon ami, mon maître
Nino Ferrer Mon copain B.
Nas Affirmative action
Graeme Allwright Il faut que je m'en aille
"Oberkampf Contingent", qui va vite raccourcir son nom, est né en 1978, quelque part entre Bataclan et Gibus, premières salles parisiennes de concerts punks à l'époque.
Monté par le guitariste Pat Kebra et ses copains de lycée, Serge et Jérôme, le groupe se finalise avec Joe Hell au chant, Buck Dali à la basse, Moko à la batterie et toujours Kebra, seul membre d'origine (on est keupons,vingtdiou ! Faut kon mette des K partout !).
Après plus de deux ans de concerts au Gibus et dans quelques MJC, le groupe croise un mécène qui va financer le premier maxi 45 tour, "Couleurs sur Paris". Cet appel à peinturlurer la capitale sera ignoré par les médias et la critique mais remarqué par la mouvance des fanzines et par un public qui commence à peine à s'organiser seul, hors des circuits des salles et tourneurs habituels.
Négligeant quelque peu la province, misant tout sur un semblant d'ouverture médiatique, Oberkampf, passe à la télévision pour une Marseillaise qui arrive un peu à plat, quatre ans après celle de Gainsbourg et réalise un clip assez artistique (école Bazooka) Fais attention en 1983.
Ils sortent leur premier 33 tour, PLC, la même année avec ce qui sera leur marque de fabrique, un punk froid, noir, truffé grosses guitares, non exempt d'une certaine grandiloquence mais avec de gros efforts d'écriture assez rares dans ce milieu.
En 1985, ce sera Cris sans thèmes, album baroque, ambitieux, déprimé, sans doute ce qu'ils ont fait de meilleur. Il se vendra tellement bien que le groupe se séparera peu après.
Comme bien d'autres, ils cumulaient des côtés irritants et attachants, mais comme ceci n'est juste qu'une définition du rock parmi tant d'autres... Peut-être sont-ils arrivés un peu trop tôt pour ne pas avoir, comme quelques-uns, persisté dans l'underground avant de passer au tiroir caisse avec la vague "alternative".
Joe Hell a monté le groupe Catch 22 en 1988 avant de reformer une nouvelle mouture d'Oberkampf en 2007. Pat Kébra continue en solo.
Par delà l'actualité, comment va la santé ?
Non, pas la taule. Celle-là déborde, comme à son habitude, l'autre, celle qui nous rend apte à nous lever le matin pour produire, consommer, nous reproduire, vivre avec ou sans gouttes, cachets, piqûres...
L'Herbe Tendre de décembre fera donc un tour du côté des petits et gros bobos (rien à voir avec nos centre villes) des maladies, des thérapeutes et autres médicastres plus ou moins humains ou filous.
On vous y espère le lundi 7 décembre sur Canal Sud (92.2 fm) à 18h.
À la votre !
Laurent, tu m'as fait croire que ton nom signifiait en Gascon "crétin d'Ariège" et je ne sais toujours pas si c'est vrai ou s'il s'agit encore d'une de tes plaisanteries. Tu m'as raconté internet en 1988 et je n'y ai rien compris. Tu as démontré qu'on pouvait être situationniste et homme d'action. Tu as réalisé, avec ton complice nyctalope, le plus beau graffiti toulousain de ces 30 dernières années au moins. Tu fus un de ceux qui firent la première émission pour les taulards avec pour horizon la destruction définitive de ces concentrés de société. Tu as aussi vécu quelques aventures dignes des Freak Brothers. Tu as appris le navajo et la japonais pour ne pas trop fainéanter dans la Colorado. Et tu m'as appris James Joyce et Spinoza lors des années Toulouse-la-canaille.
Malgré tous tes efforts tu n'as jamais viré aigri. Ironique, sarcastique, pénible parfois, ça oui...
Et comme il est hors de question de coller ta belle gueule pyrénéenne sur internet, un texte d'une personne qui t'as certainement gonflée mais qui est tellement juste.
Il me semble que tu n'étais pas pour rien dans l'affiche originale
C’est le petit matin et, si on me posait la question, ce que personne
n’a fait, je dirais que le problème avec les morts, ce sont les
vivants.
Parce que le plus souvent ça donne lieu à des disputes absurdes, oiseuses et révoltantes autour de leur absence.
Les sempiternels « moi, je les ai connus / je les ai vus / on m’a dit que » sont autant d’alibis qui cachent un « moi, je suis l’administrateur de cette vie parce que je gère leur mort ».
Quelque chose comme le copyright de la mort, alors convertie
en marchandise que l’on possède, qui s’échange, circule et est
consommée. Tiens, il y a même des établissements faits pour ça : des
livres d’historiographie, des biographies, des musées, des éphémérides,
des thèses, des journaux, des revues et des colloques.
Et puis, il y a ce trompe-l’œil de la publication de sa propre histoire pour pouvoir en limer les erreurs.
D’aucuns s’appuient ainsi sur les morts pour élever un monument à leur propre gloire.
Mais, à mon humble avis, le problème avec les morts, c’est de leur survivre.
Soit on meurt avec eux, un peu ou beaucoup à chaque fois.
Soit on se proclame leur porte-parole. En fin de compte, les morts ne
peuvent plus parler et ce n’est pas leur histoire, leur histoire à eux,
que l’on raconte : ce qu’on fait, c’est justifier la sienne propre.
Soit on les utilise encore pour pontifier d’un ennuyeux « moi, à ton / à leur âge ».
Alors que la seule façon honnête de compléter ce chantage affectif bon
marché et en rien original (presque toujours destiné à des jeunes et à
des enfants), ce serait d’achever par « il a commis plus d’erreurs que toi / que vous ».
Ce que cache une telle prise en otage de ces morts, c’est le culte de
l’historiographie, si typique d’en haut, si incohérent, si inutile : à
savoir, prétendre que la seule histoire qui vaille et qui compte, c’est
celle qui est dans les livres, les thèses, les musées ou monuments et
dans leurs équivalents actuels et futurs, qui ne sont rien d’autre
qu’une manière puérile de vouloir domestiquer l’histoire d’en bas.
Il existe en effet des gens qui vivent de la mort des autres et qui
se servent de leur absence pour échafauder des thèses, des essais, des
écrits, des livres, des films, des corridos et des chansons et autres façons plus ou moins sophistiquées de justifier leur propre inaction… ou leur action stérile.
« Tu n’es pas mort », ça peut rester un simple slogan si personne ne
continue sur la même voie, parce qu’à notre modeste et non académique
point de vue ce qui compte c’est le chemin choisi et non la personne qui
le suit.
SCI Marcos, Extrait de "Rembobiner deuxième partie"
Et un peu de déconnade pour ne pas en rester là. Adios, amigo.