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mercredi 7 avril 2021

Et la Wallonie se souleva

La soldatesque tire à Roux

En 1886, une flambée insurrectionnelle se répand de Liège à Charleroi pendant près d'une semaine, résultat d'une rage confusément accumulée pendant des années. Ce mouvement obtiendra deux réponses . D'une part, une implacable répression étatique (la troupe charge, sabre, tire et tue; les magistrats ont la main lourde). D'autre part, l'encadrement politique et social par le tout jeune Parti Ouvrier Belge (futur Parti Socialiste), fondé l'année précédente. 

18 mars 1886, 15e anniversaire de la Commune de Paris. Une poignée d'anarchistes liégeois décide de commémorer l'événement par un meeting qui va déborder au-delà de leurs espérances.


Bien sûr, un tract ne produit pas un soulèvement, mais il peut comme ici en exprimer, en clarifier, en attiser les motivations. Les émeutes qui s'étendent pendant près d'une semaine depuis Liège jusqu'au bassin de Charleroi témoignent d'une colère qui grondait souterrainement. Le radicalisme des mots d'ordre, les destructions perpétrées sur l'appareil de production et sur les biens de leurs propriétaires (comme aux verreries Baudoux à Jumet), la violence des affrontements avec les forces de répression sont autant d'indices qui témoignent de la virulence de la flambée insurrectionnelle. Les autorités craignent même que la contagion ne gagne la troupe envoyée rétablir l'ordre. Le danger devenait en effet bien réel et que l'on passe ainsi de l'émeute et de l'insurrection au mouvement révolutionnaire. Cela ne s'est pas produit. L'histoire a des leçons à donner, pas à recevoir.

La répression n'a eu d'égale que la crainte éprouvée par les possédants. Dès le 24 mars, les sanctions pleuvent. presque toutes les peines prononcées atteignent le maximum. (...) Au lendemain des troubles de Liège, l'opinion conservatrice et le gouvernement, d'une seule voix, en avaient attribué la cause à des agitateurs, à un complot de l'étranger. alertées, les chancelleries n'en ont découvert aucune trace, si ce n'est des mouvements analogues en France, en Angleterre ou aux États-Unis d'Amérique (René Van Santbergen, La grève de 1886).

Le retour au travail, la mise au pas des prolétaires sous l'égide de leur représentants politiques ne se fera pas sans heurts. " Le POB voulait faire peur à la bourgeoisie en lui disant: Attention, je vais lâcher les chiens, mais la vraie peur du POB, c'était de devoir vraiment les lâcher " (Robert Devleeshouwer, cité par JP. Schreiber, in La Wallonie née de la Grève?, édition Labor, 1990). Et puisque régulièrement certains amnésiques accusent le Parti socialiste de trahison, voire même de chanter faux l'Internationale, il est bon de rappeler qu'il n'a résolument jamais rien fait d'autre. 

Comme cet article est tiré du site des René Binamé on leur laisse le dernier mot avec un tube écrit par un Wallon célèbre suivi d'une chanson ouvrière en dialecte wallon. 

lundi 15 mars 2021

La semaine des assassins

Surprenant à quel point, à l'occasion de son cent-cinquantenaire, la Commune de Paris fait recette et pas uniquement dans la presse de gauche et bien pensante. Ça prend même des airs d'enterrement qui ne sont pas sans nous rappeler d'autres commémoration d'il y a plus de trente ans, en 1989. 
Il semble que comme, par exemple, George Orwell, cette révolution écrasée serve de consolation à bien des bons bourgeois démocrates. 
Faut-il rappeler que ce sont parfois les mêmes qui adulent Jules Ferry, Gambetta, voire Clemenceau, qui viennent aujourd'hui verser une larme de crocodile sur le mur des Fédérés ?
Et que c'est bien la République qui écrasa la Sociale avec tout son savoir-faire.  
Mais journalistes policiers vomissant leur eau-forte et récupérateurs grouillent comme un tas de verrues sur la cadavre des vaincus (merci pour les images, Eugène).
Rappelons une réalité vue par un témoin :
Les gens du quartier commencent à sortir, ils vont prendre connaissance de ce qui se passe dehors. Ils reviennent avec des récits épouvantables. La berge du fleuve est parsemée de cadavres, les rues aussi. Dans certaines cours, des corps morts sont amoncelés. On emporte les carcasses par charretées pour les enfouir dans des fosses profondes qu'on recouvre de chaux vive. Ailleurs, on les asperge de pétrole  puis on les brûle. On a vu des convois de dix à douze omnibus remplis de débris humains.
Un ami qui nous apporte des renseignements montre les semelles de ses bottines imprégnées de sang.
Des deux côtés de la Seine, un filet rouge coule le long des berge.
Elisée Reclus La Commune de Paris au jour le jour (27 mai) 
 cité par Michèle Audin dans La semaine sanglante (Libertalia)

 Puisqu'on paraphrasait Pottier, son Jean Misère par Mouloudji (1971)


lundi 31 août 2020

Une heure avec Jules Vallès


Bon, ben, puisqu'on nous claironne la rentrée, voici l'occase de revenir sur un individu cher à notre cœur.
Samedi 29 août, dans son émission Concordance des temps, Jean-Noël Jeannneney a reçu Céline Léger qui a écrit Jules Vallès et la fabrique médiatique de l'événement (1857-1870).
Un très agréable moment de radio qui n'apprendra peut-être pas de nouveautés bouleversants aux aficionados du alias Vingtras mais revient avec bonheur sur quelques-uns de ses textes réjouissants.



En sus, la maison vous offre un billet du même, tiré du journal hebdomadaire "irico-blagueur" Le Chat Noir, quatre feuilles tirées jusqu'à 120 000 exemplaires par Rodolphe Salis, patron du cabaret éponyme.
Vallès y commit ce Aux copains du Chat Noir (lu ici par jean-Luc Debattice) qui résume parfaitement son humour et ses humeurs. Suffit de cliquer sur le titre.

Par ailleurs, on craque. Comment faire entendre à des ignorants de journalistes que les nazis n'ont PAS incendié le Reichstag en 1933 et qu'ils se sont contentés de tirer les marrons du feu ?  Et ça prétend combattre les fake news, cette engeance.

mercredi 18 mars 2020

La Commune de Paris à l'ORTF


Puisqu'on en est réduits à regarder le monde de sa fenêtre ou de son balcon ou de son jardinet comme les chevaliers du Ni, autant partager quelques souvenirs décalés avec nos honorables lecteurs et lectrices.
Les grandes batailles du passé était une émission de l'ORTF réalisée entre 1973 et 1978 par Henri de Turenne (Mazette ! Un ancêtre du maréchal éponyme ?) et Daniel Costelle, vulgarisateurs de l'histoire et bateleurs télévisuels.
Comme bon nombre de gosses de l'époque, on a regardé sans savoir que cette émission qui se baladait dans le monde entier nous en apprenait plus sur les années 70 que sur la vaine gloire militaire et son lot de boucheries.
Il n'y avait qu'à voir comment on recevait la télévision française en mettant les petits plats dans les grands en URSS (Poltava 1709) au Mexique (Tenochtitlan 1521) ou en Tunisie (Carthage -149 / -146. Aaah ce ministre de Bourguiba expliquant sans rire "nos ancêtres les Carthaginois" ! Impayable!)
Et puis, le 6 février 1976, on est tombé sur l'émission Paris 1871, la Semaine sanglante. On ne parlait guère de la Commune à l'époque, on n'en parle guère aujourd'hui et pourtant cet assaut du ciel a de quoi nous inspirer.
On était gamin et même si on a trouvé ça un peu bavard, on est resté captivé de bout en bout. Et quels que soient les défauts de la forme et du fond le sens de la dramaturgie qui faisait la réputation de la télévision française a joué à plein.
À la fin, après la scène fantaisiste de la dernière barricade (à partir de 49 minutes) on a pleuré. Salauds de Versaillais !
Maudits soient vos descendants !


En dessert, la chanson d'Alexis Bouvier et Joseph Darcier (1865) qui fut l'autre grande rengaine la la Commune, La Canaille. Ici par Rosalie Dubois.


samedi 4 mai 2019

Victor Hugo, hélas !

La superbe adaptation des Misérables par Raymond Bernard (1934)
Une fois n'est pas  coutume, intéressons-nous aujourd'hui à Victor Hugo et au trip hop.
Tout part du texte de Victor Hugo À ceux qu'on foule aux pieds, écrit à chaud en 1871 en guise d'indignation suite à l'écrasement de la Commune par les brutes versaillaises.
Tout le vieil Hugo est là. Aussi paternaliste et surplombant qu'humaniste, fustigeant la lâcheté du pouvoir et la crapulerie des puissants. Avec cette méfiance pour la populace que l'admirateur de Napoléon I, pair de France sous Louis-Philippe, complice des fusilleurs de juin 1848, ayant viré de bord suite au coup d'État de 1851 pour finir militant de l'amnistie des communards et ennemi juré de la peine de mort, a eu toute sa vie. Méfiance doublée d'une compassion toute chrétienne. Mais pas que...
Je n'ai plus d'ennemis quand ils sont malheureux.
Mais surtout c'est le peuple, attendant son salaire,
Le peuple, qui parfois devient impopulaire,
C'est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,
Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;
Je défends l'égaré, le faible, et cette foule

Qui, n'ayant jamais eu de point d'appui, s'écroule


Thierry Jonquet, écrivain de polars cruels avait utilisé un vers de ce poème, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte comme titre à son ultime roman, à notre avis, complètement raté.
Ce petit génie d'Hugo fut mainte fois source de chansons, les plus connues étant certainement celles de Brassens ou de Colette Magny.
Et ce texte fut mis en musique par un musicien multi-instrumentiste, amateur de rock des années 1970 comme de chansons de Brel et Gainsbourg, producteur à son studio de Bordeaux, Laurent, alias Le Larron, sous le titre Le labyrinthe.
Le titre fut produit, ou plutôt remixé, par Jean-Yves Prieur, alias Kid Loco, ci-devant Kid Bravo, à l'époque où il était guitariste du très clashien groupe parisien The Brigades. François-Marie Moreau y joue de la flûte.
C'est cette version qui est proposée ici, accompagnée d'images de Lee Jeffries, photographe de Manchester tirant le portrait de sans-abris.


Le Labyrinthe from Le Larron on Vimeo.

Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre
En tournant dans un cercle horrible on devient ivre
Flux, reflux souffrance et haine sont sœur
Les opprimés refont plus tard des oppresseurs

samedi 13 avril 2019

À tous les frangins

Aujourd'hui, la ville rose est quadrillée de milliers de gens de guerre suréquipés. Car c'est le jour où les GJ de Bordeaux et d'ailleurs doivent y converger.
Nous serons donc ce soir frères et sœurs d'armes.
Pour arroser ça, une vieillerie de la première cassette des Bérurier Noir, leur concert d'adieu au Pali Kao, dont le texte est piqué à la BD de Lauzier et Alexis Les aventures d'Al Crane, un western parodique des années 70 (ci-dessus).
La musique, est la énième démarque de When Johnny comes marching home, rengaine qui date au moins de la Guerre de Sécession.



De plus, il se murmure qu'une des banderoles sera un hommage à la Commune de Paris. Et au tube de J.B. Clément (ici par Serge Kerval).



mardi 19 juin 2018

Le chant des ouvriers

Ça, c'est d'Oscar Wilde
Ringards et nostalgiques comme nous sommes, voici une chanson qui a fait et fera les beaux jours de quelques agapes et réunions arrosées.
Elle est d'un grand auteur du XIXème, Pierre-Antoine Dupont (1821-1870) poète, musicien et goguettier.
Orphelin, ce fils de forgeron lyonnais fut confié à un oncle curé dès ses quatre ans. Ne s'étant découvert aucun goût pour le séminaire, le jeune homme se fait ouvrier canut, puis employé de banque avant de rejoindre Paris pour y fréquenter assidûment les goguettes (futurs cabarets).

Il y rencontre Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, tente, sans succès de solliciter un coup de main à Victor Hugo et copine avec Charles Gounod avec qui il créée le refrain Les bœufs ("J'ai deux grands bœufs dans mon étable, etc...").
En 1846, il écrit ce qui restera comme sa chanson la plus populaire, celle dont il est ici question, Le chant des ouvriers, hymne de la Révolution de 1848.
Retiré dans l'Essone, chantre de la vie rustique, cela ne l'empêche pas d'être membre du Comité central de résistance et de faire paraître, en 1849, son recueil Le Chant des paysans hostile au prince président Napoléon Bonaparte futur troisième.
Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, il se trouve sur la barricade du faubourg Saint-Antoine, ce qui lui vaut une condamnation à 7 ans de déportation.
Réfugié en Savoie, il se fait repenti pour obtenir sa grâce.
Aigri et alcoolique il retourne à Lyon en 1862 pour y mourir malgré le soutien de ses amis.
Pierre-Jean de Béranger disait de lui "Il est poète, plus poète que moi".
Ses chansons, Les carriers et Le chant des ouvriers (dit aussi la Marseillaise du peuple) accompagneront en musique de la Commune de Paris.


Marseillaise du peuple, peut-être, mais il s'agit bien ici de l'indépendance du monde, plus d'une quelconque nation. La version proposée ici n'est pas la plus répandue, par le récemment disparu Marc Ogeret, mais celle d'une chanteuse amie de Mac Orlan et de Dimey qui fonda un label pour chanter des chants révolutionnaires ou de maquis : Rosalie Dubois (née Jeanine Rolleau).
En conclusion, un peu de bon sens :


jeudi 18 janvier 2018

Évacuation prochaine de la ZAD ?



Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant (Tacite)
Ils ont fait un désert et appellent ça la paix.

Du moins c'était ce qui était prévu, dans la grande tradition nationale.
Et puis, ils ont arrêté les frais, balancé un gros nonosse à un ministre de l'écologie dévalué, un autre à Vinci, dont la taille est à évaluer. Et roulé une dernière fois des mécaniques avant de s'éloigner la queue entre les jambes.
Une petite chanson de Marc André d'après un texte du collectif de la Roche-sur-Yon et une musique de qui vous savez. En honneur à la tronche tirée par l'ex président de région :



Allez savoir pourquoi, les rodomontades finales du ministre de l'intérieur qui rêve de rendre quelques hectares à l'autorité de l'État et de la SAFER inspirent quelques associations d'idées. Du Eugène Pottier en rapport avec l'authentique affiche ci-dessus.



vendredi 5 janvier 2018

Joseph Vacher, assassin de bergers

Surnommé "Le tueur de bergers" ou "Jack l'éventreur du Sud-est", le vagabond Joseph Vacher (1869-1898), auquel on impute une trentaine de meurtres, serait certainement expulsé des mémoires, hormis celles de quelques amateurs de chroniques judiciaires ou de tueurs en série primitifs sans le film de Bertrand Tavernier Le juge et l'assassin (1976).
Rebaptisé Joseph Bouvier, pour l'occasion, Michel Galabru y trouve un de ses meilleurs rôles, glapissant des répliques tirées des lettres réellement écrites par Vacher lors de sa détention.
Né dans une famille misérable et mystique, sujet à des crises de folie, Vacher exclu d'une école religieuse pour "immoralité" restera traumatisé par une opération médicale. Sa période militaire ne fera que renforcer son sentiment de persécution, souvent bien réel.
Après avoir commis deux tentatives de suicide, une pour protester contre la décision de ne pas lui accorder du galon, l'autre après avoir tiré sur une cantinière ayant refusé de l'épouser (il en gardera un infection permanente à l'oreille droite) Vacher est réformé en 1893. Entre deux séjours en hospice, il sillonnera son errance de cadavre de jeunes gens.
Vacher et Fourquet

Arrêté pour outrage à la pudeur en Ardèche, Vacher tombe entre les mains du juge Émile Fourqet qui, entre flatteries et manipulation, parviendra à lui faire confesser une quinzaine de crimes.
Le procès de Vacher sera un champ de bataille d'experts aliénistes. Selon le docteur Bozonnet : « Le nommé Vacher, détenu, vingt-huit ans, est atteint de débilité mentale, d’idées fixes voisines des idées de persécutions, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une otite suppurée et une paralysie faciale, consécutives à un coup de feu. Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de Vacher est très notablement diminuée. » Pour le docteur Lacassagne : « Vacher n'est pas aliéné. Il est absolument guéri et complètement responsable des crimes qu'il a commis et avoués. »
En conséquence, le forcené sera guillotiné le 31 décembre 1898.






Les mêmes vus par Tavernier

Le trait de génie de Tavernier et de son scénariste, Jean Aurenche, est d'avoir remis ces sordides fait-divers dans leur cadre historique, entre souvenir des massacres de la répression de la Commune et hystérie patriotique de désir de revanche. De traiter de crimes d'artisan avant les crimes de masse...
Comme souvent chez Tavernier, la bande-son est soignée. Un gag : l'air édifiant Sigismond le strasbourgeois est interprété par un ancien gorille de De Gaulle reconverti en ténor.
Jean-Roger Caussimon se charge des autres chansons dont La complainte de Bouvier l'éventreur.



et La Commune est en lutte qui achève le film sur une évocation des conflits ouvriers qui émaillèrent cette drôle de fin de siècle. Exécutée par Isabelle Huppert (Rose dans le film).




jeudi 24 août 2017

Brassens a chanté Corbière


 

Brassens s'est lui aussi chargé de mettre Tristan Corbière en musique.
À la mémoire de Zulma est tiré de l'unique recueil publié, à compte d'auteur, par le poète en 1873, Les Amours jaunes.
On l'accompagne de cet extrait, pêché dans la biographie du poète, "Tristan Corbière, une vie à peu près" par Jean-Luc Steinmetz:
Tristan, faute d’une Herminie strictement attachée à sa personne, frotte son cuir lépreux aux chairs plus ou moins fraîches de la prostitution. A l’évidence ce poème est une fable qui demande à être lue avec précaution (...)  Que Zulma, qui n’est pas spécialement un prénom de ces dames, ait été «colonelle à la Commune», voila qui pimente le poème d’une allusion historique bien significative pour Corbière, avare en principe de ce genre de précision. De colonelles communardes, il ne dut pas beaucoup y en avoir, même parmi les soit-disant pétroleuses ou dans les rangs des utopiques "Amazones de la Seine".
 


mardi 9 mai 2017

En mai, des lendemains qui (dé) chantent

George Grosz : Les piliers de la société.
Le 7 mai fut un bien bel anniversaire car il parvint à couvrir la rumeur d'une élection pathétique.

Grand merci à Léo et Éléonore, aux Lauren Bacalao, à Skin & Wire, aux Modest Lovers, aux Ex Tatas et à tous et toutes pour coups de mains et chaleur humaine.

Et c'est une équipe au grand complet qui se pencha dès le lendemain sur un futur radieux ou irradié, selon le cas.

Détail important, la technique nous ayant trahis, les moult occupants du studio n'avaient pas de son. Ce qui explique le côté décousu ou quelques variations sonores. L'ampli incriminé devrait prochainement revenir au bercail.

Voici malgré tout notre petit florilège de la chanson d'espoir et de désespoir :





OTH                                           Quelle sacrée revanche
Chorale Populaire de Paris       Au devant de la vie
Margueritte Bervoets                Lettre
Claude Channes                         Mao, Mao
Lise Médini                                Charognes
Maxime Le Forestier                 Honte à qui chante
ZEP                                            Sans la nommer
La Cliqua                                   Un dernier jour sur Terre
Fontaine / Arezki                       Le bonheur
Les Poppies                               Rien n'a changé
Les Wriggles                              Plouf !
Bulldozer                                   Oh yeah, oh no
Vanessa Hachloum                    Paris s'éveille
Markos Vamrakaris                  Premier ministre
Barbara                                     Les boutons dorés
Francesca Solleville                  On ne sera jamais vieux
Maître Gazonga                        Les jaloux saboteurs
Serge Reggiani                          Il suffirait de presque rien
Fabe                                           Changer le monde
CPP                                            La jeunesse 

Cette émission se retrouve sur le site de la radio.
Et puis, puisqu'il faut toujours revenir à la Commune de Paris, cette chanson de Jean-Baptiste Clément interprétée par Armand Mestral, Francesca Solleville et les Octaves sur le sort que nous réservent nos maîtres dès qu'ils se sentent un tant soit peu remis en cause.


Président français, cuvée 2017

jeudi 20 avril 2017

À vos calepins


L'Herbe Tendre a cinq ans. En conséquence, l'Herbe Tendre aimerait partager un verre pour fêter ça. D'ailleurs, l'Herbe Tendre ne voit pas ce qu'il y aurait de plus passionnant à faire ce jour là. À moins que...
L'Herbe Tendre aime les bals musettes, le rockabilly, le folk transnistrien et les lampions. Car l'Herbe Tendre est souvent d'un passéisme crasseux.
L'Herbe Tendre donne rendez-vous aux aminches. L'Herbe Tendre fera donc des crêpes. L'Herbe Tendre veut guincher en attendant la mort. L'Herbe Tendre aime la valse, le be-bop et le pogo. Si l'Herbe Tendre ne peut pas danser, elle ne veut pas faire partie de votre révolution. L'Herbe Tendre vomit les tièdes. Certes, l'Herbe Tendre est parfois cuistre mais jamais vulgaire. L'Herbe Tendre a invité ses potes muzicos. Et a une riche sélection de disques.Vous n'aurez donc aucune excuse de ne pas venir agiter votre séant en rythme et partager un verre avant de repartir pour cinq années de deuil.
On vous attend donc le 7 mai 2017 dès 16h à l'Atelier Idéal (i.e. La Chapelle) au 36 rue Danièle Casanova (Métro Canal du Midi ou Compans-Cafarelli) 31000 Toulouse.

On peut aussi amener à grignoter.
Et on tâchera de ne pas démériter face à Helzapoppin


Et comme un bonheur n'arrive jamais seul l'émission de mai de l'Herbe Tendre se fera le lendemain, lundi 8 mai à l'heure habituelle (canalsud.net ou 92.2).
Le thème, d'actualité, sera Lendemains qui chantent et qui déchantent

Afin de mieux préciser notre propos, une chanson de ce bon vieil Eugène Pottier (auteur d'un tube immortel) qui décrit l'état des lieux que nous balaierons dans tous les sens du terme. 
Ça s'appelle L'antropophage (clic) ici interprété par une troupe de caf' conc', l' Œil du Silence (Olivier Copin, Aurélia Marceau et Christophe Seval) dans un spectacle entièrement consacré au père Ugène.
Extrait :  
Je suis la vieille anthropophage
Travestie en société ;
Les deux masques de mon visage
Sont : Famille et Propriété.
L’homme parqué dans mon repaire
Manque à ses destins triomphants ;
Je le tiens, j’ai mangé ton père
Et je mangerai tes enfants !‎


Et puis, de beaux lendemains illustrés par le tube en question par Oyoun Al Kalam. "Il n'est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun..."
Un chaleureux salut aux camarades de Tunisie et d'ailleurs.  
 

samedi 3 septembre 2016

Rimbaud (4) par Komintern

Recto (de Diego Rivera) et verso du LP
Comme son nom ne l'indique pas, Komintern fut un groupe de rock "progressif" né en 1971 d'une scission de Red Noise et de la rencontre de Francis Lemonnier avec une bande joyeusement hétéroclite. 
Ils étaient donc :  Francis Lemonnier (Saxophone et Chant, ex Red Noise), Serge Catalano (Batterie, ex Red Noise), Olivier Zdrzalik-Kowalski (Basse, chant et futur Malicorne), Michel Muzac (Guitare) et Pascal Chassin (Guitare)
Leur genre musical empruntait au free-jazz et au rock de l’École de Canterbury (une bande de dadaïstes). Ils étaient par ailleurs assez proches du groupe Gong. Provocateurs et contestataires, ils ont utilisé la parodie, la dérision et une mise en scène théâtrale dans leur musique comme dans leurs concerts. Avec d’autres groupes (Lard Free, Barricade), ils avaient créé le Front de Libération de la Rock-Music (après le FLIP, Front de Libération International de la Pop) mouvement totalement éphémère.

Leurs deux seuls enregistrements sont de 1971 : le LP "Le bal du rat mort" et le 45 tour "Fou, roi, pantin". 
Ce morceau, qui conclue le 33 tour est une version du poème de Rimbaud "Paris se repeuple" dans lequel le poète dégueulait sur la bourgeoisie parisienne en réponse aux massacres de la Semaine Sanglante.  


Après avoir accompagné la pièce de Fernando Arrabal Bella ciao La guerre de 1000 ans en 1972, le groupe sera petit à petit déserté par ses membres.
En 74, Francis Lemonnier écrira deux chansons pour le disque Pour en finir avec le travail, produit par Jacques Le Glou et les Éditions Musicales du Grand Soir (FPL1 0054, distribué par RCA). Il s'agit de La Java des Bons-Enfants (paroles G. Debord) et de La vie s'écoule, la vie s'enfuit (paroles R. Vaneigem). Mais ça, on vous en a déjà causé ailleurs...

jeudi 10 septembre 2015

Quand le Docteur Schultz chantait JB Clément



C'était à l'occasion de la réédition des écrits de Marius Jacob par les très recommandables éditions Insomniaques, en 2004.
Rappelons que cette somme d'écrits du cambrioleur anarchiste de la très mal nommée Belle Époque (dont une première édition faisait déjà le bonheur de quelques margoulins spéculateurs) comprend le récit de son arrestation, les manifestes enragés et ironiques qu'il déclama lors de son procès à Amiens, en 1905, les lettres envoyées depuis le bagne de Cayenne et une somme de courriers et rapports de rescapés ou maillons de l'enfer de Guyane. 
Un cd accompagnait le bouquin.
On y retrouvait, entre autres, Denain et Denécheau, Fret Liner, les Plumeaux, etc.
L'ami Schultz ne pouvait pas rater la fête.
Pour l'occase, il envoie, en compagnie de deux internes une chanson méconnue de Jean-Baptiste Clément, immense auteur et communard émérite.
La chanson : Les traîne-misère.

Un an déjà que tu t'es barré !

mardi 25 août 2015

Et on fusilla les éléphants

Suite aux brillantes manœuvres de l'armée française aux environs de Sedan, l'épisode suivant de la guerre franco-prussienne de 1870 fut le Siège de Paris qui dura du 17 septembre au 26 janvier 1871.
Bismarck et Moltke étaient convaincus de venir à bout des parisiens par la lassitude, les bombardements et la faim. Et ils y parvinrent.
Ce n'est qu'à partir de l'hiver que le rationnement fut instauré, les prix des denrées alimentaires s'envolèrent. Entre pain à la sciure et chasse aux chats et aux rats, les habitants de la capitale se mirent à manger à peu près n'importe quoi.
Quant à la bourgeoisie, elle se régala des animaux du Jardin zoologique (éléphants, chameaux, ours, etc.) abattus en masse avant d'être refourgués aux restaurants de luxe. C'est le 30 décembre que Castor et Pollux, les deux éléphants du Jardin des Plantes, furent sacrifiés. Les bouchers vendaient de la trompe d'éléphant de premier choix à 40 francs la livre.
Évidemment, les classes populaires paieront le prix fort du siège : la malnutrition favorisa les pneumonies ou le choléra.
Les pauvres de Paris sauront se souvenir des aléas de l'hiver quelques semaines plus tard, lors de la Commune.
Une chanson d’Émile Deureux, parue le 15 octobre dans le journal blanquiste La patrie en danger, brocardait l'égoïsme des bourgeois prêts à vendre leur mère (ou à collaborer avec les Prussiens) pour retrouver un peu de leur gastronomie d'antan.


Cette version est interprétée par Armand Mestral, chanteur d'opérette passé à la chanson française. Elle est tirée du disque La Commune en chantant, disque collectif sorti en 1971 (double LP 33 Tours, 1971 - AZ STEC LP 89 – Réédition CD 1988 – Disc AZ) dans lequel on retrouve aussi Mouloudji, Francesca Soleville et le chœur des Octaves.

mercredi 27 août 2014

Replâtrage (Parenthèse d'actualité)

Deux dirigeants sociaux-démocrates (le maître et son valet)

Non, malgré les apparences, il ne s'agit pas de notre monarque en route vers le Mali et de son sous-commandant partant pour le congrès du Medef mais bien de Noske et Ebert, fossoyeurs de la révolution (traduction de la carte postale : "Notre avenir est à l'eau") .
Et puisque qu'on en est là, pourquoi ne pas rappeler cette chanson écrite (par Antonin Burani et Antonin Louis, interprétée ici par Francesca Soleville) juste avant la Commune de Paris et juste après la déculottée de Sedan. 
Il est des jours où le duo dynamique qui nous gouverne m'évoque furieusement le second empire. Allez savoir pourquoi...


Et pour conclure, les mêmes deux odieux prenant un bain de sang selon George Grosz.


samedi 17 mai 2014

Paris en ruine

Une émission sur le Paris en ruine après la Commune
Avec le passionnant Eric Fournier* et Daryl Lee

La place du Château d'eau à l'heure du coup de feu


Et en rab, une version de "La Semaine sanglante" (JB Clément, P Dupont) par les Lorrains Les Amis d'ta Femme sur leur disque Noir et rouge aussi un peu... 





*Auteur de La Commune n'est pas morte (Libertalia)

jeudi 5 septembre 2013

Les auteurs de la Commune de Paris (4) LOUISE MICHEL (1830 - 1905)

Des comptines aux bombes


On ne va pas ici vous refaire la biographie de l'indispensable Louise qu'on peut consulter ici-même mais plutôt rendre hommage à ses talents, moins connus d'auteur de chansons.
Outre être une source d'inspiration pour Rimbaud, Jules Jouy, Michèle Bernard, Juliette, Louise Attaque ou les excellents Louise Mitchell, notre révolutionnaire débuta comme institutrice avant d'être sociétaire de l'Union des Poètes en 1862. 
Il semble qu'elle ait écrit quelques dizaines de comptines enfantines pour ses élèves, composé de nombreux poèmes, dont une partie a été perdue, et aurait même fait un opéra.
Seulement, voilà le Hic, pas moyen de retrouver ces premières chansons paraît-il assez politiquement "osées" en plein second empire.
A moins que quelqu'un n'ait une idée....

 Il est à noter que Louise signait ses poèmes Enjolras, qui est aussi le nom d'un personnage, étudiant républicain, intègre et révolutionnaire, que l'on retrouve dans Les misérables de Victor Hugo. Qui s'est inspiré de l'autre ? 
Hugo lui rendit, par ailleurs, hommage, à travers un poème, Viro major (Plus grande qu'un homme), qu'il écrivit après son procès, en 1871. Verlaine lui dédia Ballade en l'honneur de Louise Michel. Elle eut de grandes amitiés féminines, Marie Ferré, Charlotte Vauvelle ou masculines, Hugo, Jules Vallés, Théophile Ferré et même Clémenceau (première époque).

Pendant et après la Commune, elle continuera son activité d'écriture.
Un exemple de poésie écrite en prison :


Quand la foule, aujourd’hui muette,
Comme l’Océan grondera,
Et qu’à mourir elle sera prête,
La Commune se relèvera.
Nous reviendrons, foule sans nombre,
Nous viendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l’ombre,
Nous viendrons nous serrer les mains.

Les uns pâles, dans les suaires.
Les autres encore sanglants.
Les trous de balles dans leurs flancs.
La mort portera les bannières.
Le drapeau noir, crêpe de sang,
Et pourpre, fleurira la terre
Libre, sous le ciel flamboyant.

Mais sa chanson la plus connue, celle qui est reprise de nos jours par un bon nombre de chorales est sa Danse des bombes. Ecrite en avril 1871, en pleine insurrection parisienne, elle est ici dans sa version la plus populaire, mise en musique et interprétée par Michèle Bernard sur son disque "Cantate pour Louise Michel")

lundi 18 février 2013

Les auteurs de la Commune de Paris (3) Hubert Clovis Hugues dit Clovis (1851 - 1907)

Il chante la Commune de Marseille


 
Né dans le Vaucluse, il abandonna le petit séminaire pour devenir garçon de bureau au Peuple qui publia son premier poème. Il milita pour la Commune de Marseille (22 mars – 4 avril 1871) aux côtés de Gaston Crémieux et lança La voix du peuple pour soutenir l'idée de l'autonomie communale.
Ces activités et la publication, en mai 1871, de sa Lettre de Marianne aux Républicains lui valurent d'être traduit devant le Conseil de Guerre qui le condamna à trois ans de prison et 6000 francs d'amende.
Il fit par la suite une carrière électorale, élu député des Bouches-du-Rhône après l'amnistie en 1881 puis député de Montmartre de 1893 jusqu'à sa mort. 

Il a réuni ses poèmes et chansons dans Poèmes de prison (1875) et dans Jours de combat (1877)
Socialiste notoire, il écrivit aussi en occitan représentant ainsi une tendance bien plus révolutionnaire que les « félibres »
Plusieurs de ses écrits parurent dans des journaux comme cet Hymne à la Commune
Extraits :
« Salut Commune ! O jours maudits !
Contre toi, contre tes apôtres,
se dressèrent tous les bandits
qui mangent le pain blanc des autres.
Lorsqu'ils t'eurent collé au mur,
Foutriquet* éclata de rire :
on tira sur toi comme on tire
sur les moineaux dans le blé mur.
Salut glorieuse martyr. (…)

Mais tu n'es pas morte, non !
Pour déraciner le vieux monde,
nous n'avons qu'à jeter ton nombreuses
à l'énorme foule qui gronde.
Buvez, chantez, faites l'amour :
le gouffre a faim, la planche glisse.
Il faut que le sort s'accomplisse,
il faut que le peuple ait son tour !
Salut demain ! Salut justice ! »

* Louis Adolphe Thiers aussi surnommé Adolphe-le-Petit, Général Boum, Obus Ier, Tamerlan à lunettes, Crapaud venimeux, Satrape de Seine-et-Oise, Petit Jean-Foutre, Infâme vieillard, Général Tom Pouce, Croquemort de la Nation, Dieu Terne, Invalide de Versailles, entre autres descriptions.
 

Les auteurs de la Commune de Paris (2) Eugéne Pottier

Traqué, il écrit l'Internationale


Eugène Edme Pottier (1816- 1887), fils d'ouvrier, fut d'abord emballeur, puis commis-papetier et dessinateur sur étoffes. Il composa sa première chanson à 14 ans, elle s'intitulait Vive la liberté ! Mais celle qui le fit connaître en 1840 était Il est bien temps que chacun ait sa part.
Il combattit sur les barricades en février et juin 1848 et fut réduit au silence sous l'Empire.
Il monta alors une importante maison d'impression sur étoffes tout en restant fidèle à ses idées. Il adhéra à la première Internationale en 1870.
Durant le siège, il appartint au Comité central républicain des Vingts arrondissements et fut adjudant au 181ème bataillon de la Garde Nationale qui combattit à Champigny.
Le 16 avril, le IIème arrondissement l'envoya siéger au Conseil de la Commune où il appartint à la commission des Services publics. Il fut également élu à la commission exécutive de la Fédération des Artistes.
C'est en juin 1871, que caché dans Paris et recherché par les versaillais il écrivit l'Internationale dont Pierre Degeyter composa la musique en 1888. 
 

 
Réfugié en Angleterre puis aux États-Unis, il gagna sa vie comme dessinateur. Le quatrième conseil de guerre le condamna à mort par contumace le 17 mai 1873.
Durant son exil, il écrivit de nombreuses chansons puis rentra en France après l'amnistie de 1880, malade, à demi paralysé et vécut dès lors dans la misère.
En 1883, Gustave Nadaud publia un premier recueil de ses chansons sous le titre Quel est le fou?
En 1887, l'année de sa mort, en parut un autre, Chants révolutionnaires, préfacé par Rochefort (ex communard et future crapule antisémite)
Le 8 novembre 1887, ses obsèques donnèrent lieu à une grande manifestation où la police chargea pour faire disparaitre les drapeaux rouges.
Les œuvres complètes de Pottier ont été réunies et préfacées par P. Brochon chez Maspéro en 1966. Inutile de rajouter que cette édition est devenue introuvable.