On aime un peu, beaucoup, passionnément, Simone Bartel, aussi est-ce une joie de relayer ce document mis en ligne par Dominique HMG.
C'était à l'émission "Discorama" du 1er juillet 1960, où elle chantait "Le bal
de Meudon", paroles et musique de Claude
Aubry. Pour l'occasion, elle était accompagnée de l'orchestre de Jacques Lasry.
HMG a
inséré les paroles pour permettre aux internautes de suivre le propos de cette chanson qui, dixit Mac Orlan,
"Participe
heureusement aux joies de la banlieue. En général, cette jeune
chanteuse s'attache moins aux paysages de la rue française qu'aux
paysages sentimentaux de la mélancolie. Elle sait obtenir de ce mot
connu des confidences que l'amour protège plus qu'il ne détruit."
"Le bal de Meudon" est tiré du troisième 45 tours BAM de Simone
Bartel, où figurent également "Comète" de Paul Villaz et
une superbe "Porteuse d'eau" d'Anne Sylvestre.
Il est possible d'écouter tout ce disque sur le site consacré à la chanteuse : http://simone.bartel.free.fr/streamer...
On vous a déjà dit ailleurs sur ce blog tout le bien qu'on pensait de Simone Bartel, chanteuse attachante, trois fois lauréate du prix Charles Cros et sans doute trop intransigeante pour avoir eu une carrière triomphante.
Laissons lui la parole :
Un jour, dans une librairie, je tombe sur les
fables d'Anouilh... Je lis le bouquin dans le train et j'ai de suite
idée de les interpréter. Je demande à mon mari Gérard Dournel qui
répétait une pièce d'Anouilh (Becket ou l'honneur de dieu) et qui le
connaissait bien, de lui poser la question...
Et c'est parti pour un 33 tour de textes du bonhomme qui sera intitulé "Chansons-bêtes" (DISQUES ARION, distribution exclusive CBS
AR 30 D 056 A)
Pour le reste, Anouilh raconte :
Pourquoi CHANSONS-BÊTES ? Parce que ce sont là des chansons et
qu'il y est beaucoup question de bêtes - et qu’en somme, il fallait bien
trouver un titre.
Un été où je n’écrivais pas de pièce - j’ai longtemps fait une pièce
tous les étés, en toute naïveté, à la fois pour me faire plaisir (...), à la fois pour gagner ma vie. Un été, donc, où une volée de
coups de bâtons, un peu plus sévère que d’habitude des critiques m’avait dégoûté de cette activité sportive, comme ces skieurs qui hésitent une
saison ou deux après leur jambe cassée, je me suis mis un beau matin à
écrire une fable... Un peu au hasard, parce que j’avais du papier blanc
devant moi, qu’il faisait beau et que j’avais envie de chanter. Je crois
bien que c’était La Jument, que Simone BARTEL interprète sur l’une des
faces de ce disque.
A l’heure du bain, ma fable était faite et, comme
cette matinée m’a paru heureuse, j’ai repris la même formule le
lendemain matin, une fable avant le bain. Pendant quarante sept jours,
durée de mes vacances... Le quarante-huitième jour, des répétitions me rappelant à Paris, je
m’arrêtais. C’est comme cela que je suis devenu, je n’ai pas encore très
bien compris pourquoi, l’auteur de quarante sept fables...
Ces fables parurent d’abord en Suisse, parce que l’une d'elle, de
caractère politique, risquait d’être mal interprétée par des gens qui
voient des allusions partout, puis en France, au Livre de Poche, où
l’édition s’écoula rapidement quoique, je dois le dire, dans
l’indifférence générale de la presse et de la critique... C’était sans
importance puisque je ne les avais écrites que pour un plaisir estival.
Je m’empressais de les oublier comme le soleil, le vent sur les dunes et
l’eau tiède de cet été là...
Et puis, un beau jour, Simone BARTEL, qui avait
demandé à André GRASSI de mettre certaines d’entre elles en musique,
vint m’en chanter quelques unes et c’est comme cela que j’ai appris que
j’étais devenu un auteur de chansons, ce qui était la dernière chose que
j’aurais imaginée.
André GRASSI avait mis tant de malice et tant d’esprit dans sa
musique, Simone BARTEL, - moitié Damia, moitié Yvette Guilbert- tant de
force et de talent, que j’ai été, je l’avoue naïvement, le premier
auditeur ravi de ce disque.
Je vous le dis en toute simplicité - d’abord parce que je m’y
connais tout de même un peu, quoi qu’on dise, ensuite parce que ces
paroles, écrites dans le songe heureux d’un été ne me semblent plus de
moi, et surtout, parce que c’est leur très grand talent à tous les deux
qui a tout fait.
Pour aujourd'hui, on se contentera d'un cha-cha-cha virtuose, "La mariée trop belle". Il n'a pas pris une ride. Tout le disque est écoutable à la page qui lui est consacrée sur le site dédié à Simone Bartel. C'est là qu'on a emprunté le texte de ce billet.
Si la chanson ne part pas, vous pouvez l'obtenir à cette adresse.
Un gros merci au Lexomaniaque qui nous a fait connaître cette chanson sur ce site. Une mine de sons pas fréquents !
Et comme Tilidom patine et méprise les pauvres, vous pouvez retrouver la merveille (avec texte intégral) sur cette page du site mentionné ci-dessus.
En 1966, Pierre Mac Orlan a fait paraître un second recueil de chansons, intitulé "Mémoires en chansons" (le premier recueil, "Chansons pour accordéon", était paru en 1953). Invitée à l'émission "Au rendez-vous de l'accordéon" du 31 mai 1966, Simone Bartel (née en 1932) chante la première chanson extraite du recueil, "A Sainte-Savine", en présence du poète. Ce poème qui débute comme un bestiaire de fantaisie, revient vite sur les massacres de 1914-1918 sur lesquels Mac Orlan, blessé lui même en 1916 près de Péronne, fut quelque peu obsessionnel.
Simone
Bartel a chanté les poètes, l'amour, la dérison et aussi les
révolutions... Beaucoup de ses interprétations se sont dispersées
aux quatre vents et seuls les disques demeurent... C'est une
artiste engagée et pourrait-on dire libertaire. Elle n'a jamais fait
aucun compromis au show-biz, ce qui ne l'a pas empêchée de débuter
avec les plus grands noms de la chanson du Paris de St-Germain des
Prés, de Montmartre, avec qui elle a partagé les grands moments de
leurs errances et de leurs doutes, de leur réussite...
Métier difficile, enfumé et pour lequel le salaire n'était jamais
acquis: les charmes du café théâtre, des cabarets, se paraient de
relativisme fonctionnel à tous les étages du commerce.On
disait vous déclarer, mais trop souvent sur de fausses fiches de
paie... Elle pense souvent aux autres artistes et
ouvriers de toutes les disciplines, qui, devenus vieux et moins
chanceux, vivent misérables et abandonnés, dans une société qui
ne fera plus rien pour eux. Elle espère que les êtres humains les
plus jeunes se dresseront enfin debout tous ensembles, plus éclairés
et en paix, exigeant justice pour le monde entierafin
de reprendre aux banquiers et autres politiciens ce qu'ils nous ont
volé par le mensonge et les armes.
Souvent
entendue à la radio, elle est rarement nommée ! Une interprête
-trois fois lauréate du prix Charles Cros, tomberait-elle plus
facilement dans l'oubli que ses collègues auteurs-
compositeurs-interprètes?
Seul problème : le site en question ne répond plus. Dommage ! On y trouve, entre autres, des inédits d'Eugène Pottier ainsi que quelques disques épuisés fort intéressants. Si quelqu'un a un contact, merci d'avance de nous le faire passer Post scriptum tr-s tardif Eureka ! L'adresse valide est : http://simone.bartel.free.fr/Simone BARTEL - Acceuil.htm