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vendredi 5 septembre 2025

Un docu sur OTH

 


On vient tout juste d'envoyer un morceau d'OTH sur ce bric-à-brac (ci-dessous) et en le recherchant, voilà-t-il pas qu'on a découvert que le seul et unique documentaire sur ces gloires du rock'n roll montpelliérain et au-delà, celui de Jérôme Prudent vu à FR3 à l'époque, a été posé sur YouTube.
Y'a donc pas de raisons de ne pas partager.
Et comme disent des potes : "ce qu'il a de bien avec eux, c'est qu'ils n'étaient pas prétentieux, pas comme... (suivez mon regard), que c'était une belle histoire d'amitié et que le succès ne leur allait vraiment pas."
Non seulement j'approuve ce message mais j'ajoute que c'est pour ça qu'on les aimait et que c'était un putain de groupe de scène.
Tous ceux et celles qui ont assisté au fameux concert du Bikini (l'ancien) où, à la demande générale ils on rejoué le concert intégralement et où la condensation atteignit un tel stade qu'il pleuvait à l'intérieur savent de quoi je parle.




Domi (Villebrun, guitare) est mort en 2016 et Beubeu (Banon, batteur qu'on avait vu officier derrière Comelade) en 2019. Les images de Dom viennent leur ultime répétition en 1991.
On les retrouve ici après la séparation du groupe tous deux d'accord sur leurs rapports avec la belle famille du showbiz.

lundi 31 mars 2025

Communication breakdown : IA et traduction


 Après avoir critiqué Wim Wenders et le jour même où on apprend la disparition d'Yves Boisset, dont les films n'ont finalement pas si mal vieillis (revoyez RAS, Dupont Lajoie, Allons Zenfants, Un condé ou Le juge fayard pour commencer) intéressons-nous au cas d'un autre indécrottable gauchiste, Ken Loach qui a manifesté une constance impeccable dans son propos et commis de nombreux films tout à fait remarquables (la liste serait là trop longue).
Certes, sa dernière oeuvre à ce jour, The Old Oak (2023) n'est certes pas dans nos cinq préférés mais on l'a trouvé mieux qu'honorable. 
Résumons l'argument : un bled du côté de Durham, au sud de Newcastle, ravagé par la fermeture des mines suite à l'écrasement des prolos de 1984-1985 et où le dernier lieu public ouvert est le pub donnant le titre du film, reçoit sans crier gare un groupe de réfugiés syriens alors en pleine débâcle.
Évidemment, cela va créer quelques tensions au sein d'une communauté délaissée qui voit par ailleurs ses maisons abandonnées bradées à des fonds de pensions "qui ne les ont même pas visitées et vont les louer à des crétins" (dixit). C'est sans compter quelques hommes et femmes pétris d'humanités et de valeurs désuètes telles l'accueil ou la solidarité qui vont essayer de recoller les morceaux entre les deux groupes : indigènes plus ou moins vernaculaires (bien des mineurs venaient d'ailleurs) et Syriens largués au milieu du froid.
Le DVD du film comprenant les scènes écartées au montage, on a découvert avec jubilation cette scène (dont on pige pas pourquoi elle fut coupée) : tentative de dialogue sur chantier entre plombiers de diverses origines qui passe par le traducteur automatique de l'IA.
Sauf que dès qu'on a l'accent working class et, circonstance aggravante, de la région de la Tyne, le pauvre logiciel est complètement largué.
Faut donc prendre des mesures radicales mais efficaces. 


Ce qui nous amène à nous demander ce que feraient ces fuckin' traducteurs automatiques avec non seulement la plupart des textes plus ou moins poétiques mais talentueux, ça c'est évident, mais plus simplement avec l'accent anglais de notre Adriano Celentano trop longtemps absent de ce blogue.


Et puisqu'on en est au cas de notre latin rocker, que ferait un logiciel à la con du cas de yaourt évoqué il y a quelque temps et repris ici par un certain Mike Reid en 1974, qui n'a pas osé pousser le bouchon jusqu'au bout.

mercredi 26 mars 2025

Trois minutes de bonheur


Osons enfin l'avouer en société, malgré toute la gloire qu'il généra, le film Les Ailes du désir (1987) de Wim Wenders nous a toujours paru être un pensum laborieux et boursouflé, générateur d'un implacable ennui, même pas sauvé par la présence du génial Peter "Columbo" Falk, bien plus à sa place chez Cassavetes.
Ce qui n'empêche pas d'avoir un certain respect pour le boulot et la carrière d'un réalisateur qui n'aurait peut-être pas dû, pour l'occasion laissé transpirer une empreinte catholique quelque peu pénible (comme dans Paris Texas, tiens).
Néanmoins, il existe trois minutes de joie* justifiant à elles seules qu'on s'enquille les 110 minutes qui les précédent. Je fais, bien entendu allusion au concert des Bad Seeds avec Nick Cave où le groupe (période Kid Congo, mazette !) y interprète les chansons The Carny, présente sur le quatrième album du groupe Your Funeral… My Trial (1986), et From Her to Eternity, issue du premier éponyme album du groupe (1984).
Et comme dernièrement, les occasions de se faire plaisir sont exceptionnelles, autant se rafraichir les yeux et les oreilles.


* Un peu comme la séquence avec les Yarbirds dans le très surestimé Blow up d'Antonioni (1967).

Ils étaient jeunes et pas très larges d'épaule


lundi 30 septembre 2024

Kris la belle gueule

 




Et allez, après avoir été une des plus belles voix de la country, joué chez Dennis Hopper, Sam Peckinpah, Michael Cimino et j'en passe, Kris Kristofferson nous a quitté à l'âge respectable de 88 ans.
Démissionnaire de l'armée de l'air en 1965, il s'était tiré à Nashville (Tennessee) pour copiner avec Johnny Cash ou Janis Joplin. Qui lui empruntera une chanson en 1970, éponyme du premier album du beau gosse prometteur, Me and Bobby McGee

 

L'année suivante Hopper le fait tourner dans The Last movie. s'ensuivront, pour les plus inoubliables Pat Garett and Billy the Kid (1973), Bring me the head of Alfredo Garcia (1974), Le Convoi (1978) et notre préféré, le grand, le démesuré, l'increvable Heaven's gate (1979)
Ici avec Isabelle Huppert et David Mandsfield à qui on doit la musique du film.


Il aura tourné jusqu'en 2017 et commis la bagatelle de 21 albums dont trois live. 
Mais tant qu'à rendre hommage, autant reprendre le Blow up du délicieux Luc Lagier, C'est quoi Kris Kristofferson ?

lundi 26 août 2024

Cinéma : la fin de la frontière

 

Andy Dale Petty

WESTERN LANDS un film de Nicolas Drolc - FR / USA  - 86 minutes

Un essai cinématographique à la gloire de la côte Ouest américaine, à travers la parole de ses habitant-e-s en résistance contre l'ordre établi et la culture dominante.

Alors qu'ils s'embarquent pour une tournée d'un mois sur la côte Ouest, le musicien de Folk originaire d'Alabama Andy Dale Petty et son ami, le cinéaste nancéien Nicolas Drolc en profitent pour improviser un film, à la croisée du road movie, de l'expérimental, du documentaire fauché et du journalisme gonzo. Sillonnant les routes des Etats de Californie, Oregon, et Washington, le film est un hommage à l'esprit de liberté qui caractérise ces lieux et leurs habitants, des pionniers de la ruée vers l'or, jusqu'au beatniks de San Francisco des années 50, aux punks de Portland des années 70 jusqu'à l'explosion culturelle Grunge qui part de la région de Seattle à la fin des années 80 pour embraser le monde entier. Le long de la route, on croise des curiosités oubliées et on obtient une collection visuelle détaillée , hommage à une amérique étrange, vouée à disparaître.

On y écoute les témoignages de Lloyd Kahn, architecte hippie de 87 ans, ancien rédac chef de Shelter et du Whole Earth Catalog, d'Art Chantry, l'un des plus importants graphistes vivants, figure de proue du mouvement grunge, de V. Vale, anthropologue et éditeur du fanzine Search & Destroy et des livres Re-Search), de Kelly Halliburton, activiste punk pionnier de la scene de Portland et collaborateur du groupe culte de garage punk Dead Moon, d'Eric Isaacson, fondateur du label indépendant Mississippi Records, de Dave Reisch, du groupe de rock psychédélique new yorkais Holy Modal Rounders, de Bret Lunsford, historien, et musicien membre du groupe Beat Happening, ainsi que bon nombre d'anonymes, artistes, activistes politiques et agitatrices et agitateurs notoires.

   

Un film de l'ami Nicolas Drolc est toujours une (bonne) surprise.
Western Lands ne déroge pas à la règle en nous offrant une errance qui va de Big Sur jusqu'aux environs d'Oak Harbour en compagnie du musicien folk Andy Dale Petty.
S'il y a bien un ensemble de sensations plus difficiles à faire ressentir au spectateur qu'elles n'y paraissent, ce sont bien celles du vent, du frais, de la chaleur, de la pluie et du froid au long de cette longue route ponctuée de motels, de snacks, de bars, de boutiques étranges et de musées bizarres. 
On ressent tout ça en avançant vers le Nord. Et en tombant sur autant de pancartes, montagnes, panneaux, plaines, baraques, routes et encore d'autres routes.
Et on y croise des fantômes. Ceux de la classe ouvrière émiettée, des diggers de l'été 1969, des lobotomisés oubliés, des squatters expulsés, des Indiens pas assez glamour pour Hollywood, des homeless, des rockers SDF, des créateurs du punk de l'Ouest, des trop pauvres pour rester là alors barrez-vous vers l'Est ce coup là, des country singers et soulmen du nord-ouest... De tout un peuple qui est devenu gênant car il n'est ni assez propre ni assez soumis ni surtout, assez friqué pour ce monde.
C'est ce que nous racontent toutes ces voix, graves, profondes, hésitantes, éraillées dont on ne verra jamais le visage mais qui forment le choeur de cette évocation. 
On adorerait avoir une deuxième série qui serait, par exemple, une route Detroit / Chicago / Cleveland. Mais chaque film a son histoire et l'histoire ne se répète point. 

Un rappel d'un de ses autres films, Bungalow sessions avec la séquence consacrée à Andy Dale Petty.
 

vendredi 27 octobre 2023

Cinoche d'antan : complotisme et Morricone chez Sollima


 
Sergio Sollima est un petit maître du film de genre italien des décennies 1960/1970. Du côté du très ravagé style western spaghetti, il a réalisé l'excellent Colorado (La resa del conti, 1966) et côté polar La cité de la violence (Città violenta, 1970).
Mais un de ses films les plus bizarres et original à notre goût est La poursuite implacable (Revolver, 1973). 
Bizarre parce que ça commence comme un puzzle : deux truands se font plomber lors d'un braquage dans la région milanaise, un puissant homme d'affaire transalpin se fait dessouder à Paris et un ex-flic viril et moustachu à souhait (Oliver Reed) devenu directeur de prison, se fait kidnapper son épouse légitime par des gugusses qui tiennent mordicus à récupérer un de ses pensionnaires.
Et là, le spectateur se dit que c'est parti pour un film d'autodéfense et de vengeance comme aux plus belles heures de Charles Bronson ou Clint Eastwood.
Que nenni !
Pour commencer le flic qui veut récupérer madame et le truand évadé qui ne comprend guère ce qu'on lui veut (Fabio Testi) vont passer une alliance objective et improbable.
 
Et auront pour complice une idéaliste gauchiste* (Paola Pitagora) qui fait traverser la frontière franco-italienne à des travailleurs sans papiers à titre gracieux (en 1973!).
Ensuite, inspiré du meurtre du magnat de gauche Enrico Mattei, en 1962, (dont Francesco Rosi tira un autre film en 1972), le scénario glisse vers un crime d'État couvert par un complot impliquant des truands siciliens de seconde zone, des flics italiens, des figures du milieu français, des flics français, des politicards sans frontières et une star du show-biz genre Hippie de luxe. 
Le rôle de Al Niko, chanteur à succès mouillé avec une belle brochette de truands et de vieux dégueulasse, image vivante de la récupération du mouvement hippie par l'industrie, devait originellement être tenu par Johnny Halliday. Mais soit, la production a reculé devant le cachet exigé, soit notre Jojo avait mieux à faire qu'un salaud veule à souhait, il a finalement échu à une vieille connaissance: Daniel Beretta ! 
Qui s'en tire honorablement dans son numéro de méprisant crétin veule et vénal.
Cerise sur le gâteau, la musique de l'objet a été confiée aux soins du maestro Ennio Morricone.


Thème musical repris en chanson au générique du début : Un amico ou Un ami paroles de Bevilacqua ( aka Christophe) et Catherine Desage, composé et arrangé par Ennio Morricone et interprété ar Daniel Beretta.
Et zou!

* Un scène involontairement jubilatoire est quand la belle entreprend l'éducation politique du voyou qui jusque là s'en foutait royalement. Ce qui donne un dialogue avec des arguments du plus haut comique : "Cipriani, on l'a tué, comme on tue tous ceux qui sont dangereux pour le système. Comme on a tué Mattei, Kennedy, Trotsky, Che Guevara..." (Si ! Tous flingués par la loge P2 ! Le saviez-vous ?)

lundi 12 juin 2023

Chronique cinoche : Modelo 77

 

Le réalisateur Alberto Rodríguez avait déjà commis l'excellent thriller post franquiste La isla minima en 2014. Avec Modelo 77 (Prison 1977) il s'attaque à un thème assez peu évoqué hors des cercles anti carcéraux ou connaisseurs des années de la "transaction" démocratique espagnole.
Dans la période où il fut question d'amnistie au compte-gouttes pour les "politiques".
On y suit les prises de conscience puis la révolte des prisonniers "sociaux" (de droit commun) au sein des taules ibériques, en particulier par la création de la COPEL (Coordination des prisonniers en lutte), les différentes étapes de cette confrontation et on y évoque la fameuse "évasion des 45" qui bouleversa Barcelone en 1978. Les trahisons de l'administration pénitentiaire, des politiques et le lâchage massif d'héroïne sont aussi traités.
Disons le tout net, on a trouvé ce film passionnant. Les acteurs (Miguel Herrán, Javier Gutiérrez, Fernando Tejero, et le gitan Jesús Carroza entre autres) irréprochables, la photographie virtuose et le film haletant. En outre, c'est bien moins putassier que Celda 211 qui avait tout de même un certain charme.
 
Mais surtout, on est allé voir ce qu'on pu en dire les anciens protagonistes. Et on a trouvé deux articles
Daniel Pont trouve le film "digne, honnête, nécessaire" en soulignant à quel point, en prime, la situation carcérale s'est durcie et dégradée. Rien de plus juste sur ce dernier point.
Fernando Alcatraz, de Valencia (https://tokata.info/pros-y-contras-de-modelo-77-por-otro-participante-mas-en-la-copel/) dans un long texte, sans nier son plaisir de spectateur développe quelques critiques censées être plus "radicales".
En vrac, il est déçu que le film ne tienne pas compte des événements chronologiques, ne rende pas l'ambiance globale de l'époque 1976/1978 avec non pas uniquement des luttes de prisonniers mais généralisées (de quartier, ouvrières, etc.) et fasse donc comme si c'était "hors de l'Histoire". Et là, on ne l'approuve pas entièrement.
C'est un film, camarade. Et avec un scénario et une durée de 2h05. on ne peut jamais tout y mettre. Constance des films de prison : on suit l'itinéraire de deux ou trois personnages et à travers leur Odyssée enfermé, on développe toute une situation alentour (voir Brute Force de Jules Dassin ou Animal factory de Steve Buscemi pour deux exemples très honorables). On a suffisamment de reproches à adresser aux oeuvres littéraires (BD ou romans), ou cinématographiques qui chargent la mule et se perdent dans les méandres des événements racontés pour ne pas être d'accord avec les déceptions d'un ancien activiste.
Il s'agace aussi du manque d'argot de l'époque. Là, on peut comprendre que c'est du cinéma et que les producteurs n'auraient jamais laissé tourner un film dans un langage des années 70 que plus personne ou pas grand monde ne comprend. Ceci dit, y'a moyen de saupoudrer et ils auraient pu faire un effort. Je me souviens du film La peur qui m'avait particulièrement énervé car les poilus dans les tranchées s'y exprimaient avec un vocabulaire et un ton des années 2010. Ce qui bousille tout le film.
Un truc pas compris, par contre, c'est pourquoi pour les transferts suite à une émeute, on envoie les "meneurs" à El Espinar (Ségovie) plutôt qu'à El Dueso (Santander). D'autant que cette partie a été tournée dans une caserne désaffectée de Séville... Mais bon, détail.
Le reste a été tourné à la Modelo de Barcelone ou ce qu'il en reste et la réussite est que ce bâtiment dévoreur d'hommes en devient un vrai protagoniste.
Z'aurez compris que ce film ayant fait une carrière confidentielle en France, n'hésitez pas à le rechercher, on vous garantit un bon moment globalement honnête dans ses intentions.  

Et une qui fit les belles heures de cette période.

mardi 14 février 2023

Amour toujours

 

Après ce petit massacre de la Saint Valentin, un pensée pour Carlos Saura, disparu il y a trois jours. Ici avec son interprète fétiche, Géraldine Chaplin.



samedi 24 décembre 2022

Ce ki peu tarriver

 

En cette période d'agapes (double ration de vodka dans le Donbass), nous nous permettons cette modeste mise en garde, ô combien d'actualité. 
Au passage, vu le nombre de commissaires politiques en devenir et autres flics de la pensée, on ne peut que se demander si cet extrait de Spite Marriage (1929) du génial Buster Keaton accompagné par l'excellente Dorothy Sebastian ne serait pas quelque peu douteux selon les critères du temps. 
Mais ça illustre joyeusement les Dead Kennedys à l'époque de leur splendeur (1981) et c'est donc notre avertissement d'avant le réveillon.

jeudi 1 décembre 2022

Mort naturelle d'un anarchiste

 

Livrozet et Drolc

Serge Livrozet était d'une autre époque, pas meilleure ni pire, quasiment d'un autre monde.
Né en 1939 à Toulon de père inconnu et de mère prostituée ("je suis un authentique fils de pute!") il a un parcours de pauvre assez classique, de l'armée à une boite de pub, jusqu'à être victime d'un associé véreux. Qu'il cambriole en représailles. Et le cassement, quand on y a pris goût...
D'où un premier séjour à l'hôtel des gros verrous de 1961 à 1965.  
En sortant, devenu forain par obligation (merci le casier) il écrit, adhère à la CNT et occupe la Sorbonne en 1968. Il se refait gauler en fin de cette même année pour avoir repris le turbin afin de financer une maison d'édition révolutionnaire. 
Sorti en 1972, il cofonde, accompagné d'un parterre d'intellos en vogue, le CAP (Comité d'action des prisonniers) en pleine période d'émeutes carcérales. 
Son premier livre, De la prison à la révolte sort en 1973, préfacé par Foucault.
 Une nouvelle condamnation sera due à une remarque pleine de bon sens hurlée dans un tribunal : "Pourriture de justice française!". Phrase pour laquelle il se rétractera ensuite : " Je n’aurais pas dû dire pourriture de justice française... Mais pourriture de toutes les justices, la française, la russe, l’américaine, etc." 
S'ensuivent les luttes contre le QHS, la guillotine, etc. Et nous sommes un certain nombre a avoir été frappés par la lecture de son livre Hurle !
Ayant créé la maison d'édition Les Lettres libres en 1981, il est à nouveau arrêté en 1986 pour fausse monnaie. Acquitté mais ruiné en 1989, il zonera désormais entre ateliers solidaires et cinéma.
Le réalisateur Nicolas Drolc a d'ailleurs réalisé un documentaire sur sa personne en 2017, La mort se mérite, film qui n'a pas trouvé de distributeur et que nous faisons un plaisir d'envoyer ici. Commentaire de l'intéressé : "Qui a envie d'aller voir râler un vieux con ?" 

LA MORT SE MÉRITE from LES FILMS FURAX on Vimeo.

Il a écrit une quinzaine de bouquins et intervient dans quatre films.
Il est mort de maladie le 28 novembre dernier.
En guise d'hommage, qui de meilleur que Johnny Cash dans un classique joué à San Quentin dans l'inégalé Folsom prison blues.
 

 

Décidément, ce blogue vire à la rubrique nécrologique "Avis de décès". 

mardi 19 juillet 2022

Hommage à un grand acteur

 

Dans Dr Folamour (1964)
Here we go again ! Comme chantaient les mineurs britanniques quand il y en avaient encore.
Curieusement, il a été beaucoup question de Sterling Hayden dans les commentaires du billet précédent. Acteur d'abord cantonné dans des rôles de beau gosse qu'il méprise, puis protagoniste de chefs d’œuvres (The asphalt jungle, 1950, Johnny Guitar, 1954, The Killing, 1956, Dr. Strangelove, 1964, The Godfather, 1972, The long goodbye, 1973) pour ne citer que nos préférés, il fut aussi écrivain, navigateur, compagnon de route des partisans yougoslaves durant la guerre, cible du maccartysme. Il avait d'ailleurs balancé un nom devant la commission et, après y être revenu avec une pancarte disant Ne dites rien, ils sont ignobles, se punira pour ça toute sa vie durant.
Mais tout cela est bien mieux raconté par Philippe Garnier (auteur d'une biographie, "L'irrégulier") dans cette excellente émission
Si on revient sur le cas de notre balèze, c'est qu'a l'instar de quelques légendes du cinéma, il fut aussi célébré en chanson.
L'auteur de country, grand ami de Charles Bukowski (traduit en français par Garnier, la boucle est bouclée) Tom Russell lui écrivit un très bel hommage sur son disque Mesabi en 2011.
Début : Sterling Hayden sur une péniche à Amsterdam / voguant sur un de ces canaux hollandais / une bouteille de Johnny Walker entre les jambes / bourré mais articulant superbement. / Il disait " Oui, j'ai balancé quelqu'un / à la commission de Mc Carthy / Merde, vous n'avez pas idée / de ce que je me méprise pour ça / c'est peut-être pour ça qu'on picole, n'est ce pas ? "...
Ce très bel hommage débute bizarrement par une intro au oud :

 

Voilà pour la chanson. Manière d'être complet, le camarade Dar la cara nous a envoyé ce petit interview de 1983 qui en dit plus sur un homme attachant.

 

Sur ce, bon 86ème anniversaire de la révolution espagnole.



mercredi 11 mai 2022

La révolution asturienne au cinéma

 

Les lèvres serrées

LUNDI 16 MAI À 20H30 cinéma American Cosmograph (24 rue Montardy, Toulouse)

Projection unique suivie d’une rencontre avec le réalisateur Sergio Montero Fernandez, des membres du collectif Smolny, éditeurs notamment de l'ouvrage Asturies 1934, une révolution sans chefs, ainsi que PJ B., traducteur du livre.

La BO non sous-titrée. Le film l'est.
 

« Les meilleures "archives" du bassin minier des Asturies se trouvent dans ses cimetières. »

Il y a quelques années, Sergio – fils d’un mineur asturien – voyage à Buenos Aires. Il ne sait pas alors qu’en parallèle, il entame un autre voyage : celui de la mémoire. Là-bas, il découvre qu’un événement historique de répercussion mondiale a eu lieu dans sa région d’origine. On ne lui avait jamais rien raconté, dans aucune école ! Le jeune homme va passer d’un côté à l’autre de l’Océan en poursuivant l’ombre de cette révolution à laquelle il ne connaît rien, même si certains vieux de chez lui y font parfois allusion.

Espagne, octobre 1934. Face à la prise de pouvoir par la droite dure, la grève insurrectionnelle est déclenchée. Censée embraser tout le pays, elle échoue en Catalogne et est vite matée au Pays Basque. Mais dans les Asturies, la République socialiste est proclamée. Casernes et usines d’armement tombent les unes après les autres ; dans les bassins miniers, argent et propriété sont abolis. Cela va bien au-delà de l’antifascisme. Madrid envoie trente mille soldats, sous la coordination d’un certain général Franco, pour étouffer cette rébellion. Accompagnés de la flotte de guerre et de l’aviation, face à la résistance acharnée des ouvriers, ces militaires mettront plus de deux semaines à parvenir aux centres de la rébellion...


 

mercredi 20 avril 2022

La nausée


 All over people change their votes

Along with their overcoats

If Adolf Hitler flew in today,

They'd send a Limousine anyway.

The Clash White man in Hammersmith Palais (1978)

jeudi 3 mars 2022

Tranche de vie (politico stratégique)

 

 
- Le voilà bien leur Front populaire, peste Dartmann en repoussant son assiette. Il faut le combattre bec et ongles.
- Oui mais comment ? Je demande. On va nous dire que le seul moyen efficace de combattre le fascisme, c'est l'armée unifiée.
- Mais ce n'est pas vrai ! proteste Dartmann. Les miliciens qui ont tenu au Jarama, c'était une armée unifiée ? Non. Les ouvriers qui ont combattu l'insurrection à Barcelone, c'était une armée régulière ? Non. Les unités internationales qui se sont formées au pied levé pour se lancer à l'assaut contre les fascistes au bout de deux semaines d'entraînement seulement, c'était...
- Tu sais que je connais tous ces arguments, Dartmann, et que je suis d'accord avec toi. Sur toute le ligne.
- Alors ?
- On peut disposer de tous les arguments irréfutables qu'on veut, mais si les gens ne veulent pas les entendre ? T'as pensé à ça un peu ?
- Et comment veux-tu convaincre les gens autrement que par des arguments ?
- Alors là, tu me poses une colle.
(...)
- On va perdre si ça continue comme ça, dit Dartmann en se donnant bonne contenance. Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce qui fait notre force, c'est l'ouvrier armé qui décide de ses propres méthodes de combat avec ses compagnons de travail ou de quartier, l'ouvrier armé qui sait qu'il est vraiment maître de son destin, l'ouvrier qui n'a pas peur de se lancer au combat parce qu'il est partie prenante des initiatives de combat. Et justement, ces républicains bourgeois ne sont pas aveugles. Ils veulent freiner toutes les initiatives ouvrières, détruire tous les acquis de la révolution et ils vont se servir de cette armée prétendument populaire pour le faire. Et les amis les plus fidèles des républicains bourgeois, c'est qui ?
- Les communistes.
- Et moi donc, suis-je un ami fidèle des républic...
- Les staliniens, je veux dire. 
- Exact. Les staliniens. 
David M. Thomas Un plat de sang andalou

Pour paraphraser l'écrivain Isaac Rosa, encore un putain de roman sur la guerre d'Espagne. Mais ce premier volet d'une trilogie incomplète (le troisième tome n'est toujours pas édité) écrit en français par un prolo gallois rescapé de la grande grève de 1984, recèle d'agréables surprises. À commencer par le cadre d'Almería, généralement ignoré.
Tout parallèle avec une situation présente ne serait qu'abusif.
Faute de mieux, un extrait musical du très moyen film de Vicente Aranda, Libertarias (1996) 

dimanche 6 février 2022

Le camarade Rachid Taha et une traduction mystérieuse

On l'a déjà dit ici même, on avait une réelle affection pour Rachid Taha. Qui a toujours professé des opinions pour le moins sympathiques.
Seulement voilà, ne causant pas l'arabe dans sa version algérienne dans le texte, on va quelques fois chercher des traductions sur forums ou sites dédiés. En évitant d'avoir recours à ces immondes traducteurs numériques plus artificiels qu'intelligents (essayez donc de leur faire traduire des expressions comme hell or black water ou comerse el marrón pour rire). Enfin, ces gadgets peuvent avoir une certaine utilité à l'occasion mais là n'est pas le problème.
Dernièrement, on a cherché une traduction de Barra barra, premier titre de l'album Made in Medina en 2000 (utilisé par Ridley Scott dans Black hawk down, film de guerre léger comme un panzer). 

 Et là, magie de la traduction, on tombe sur deux trucs complètement différents. La première version est tirée d'un article en ligne du quotidien algérien El Watan. Ça donne:
Dehors, dehors, la haine et le règne de l’arbitraire/ Dehors, dehors, la destruction, la tristesse, rien n’est fiable et sûr/Dehors, dehors, la soif et des gens qui portent la poisse/ Dehors, aucun respect, l’oppression et l’esclavagisme/ Dehors dehors, les rivières ont été asséchées et les mers ont ruiné tout/ Dehors dehors, les étoiles sont éteintes et le soleil s’est caché/Dehors, dehors, il n’y a plus d’opulence ni bonheur ni chance/Dehors, dehors, Il n’y a plus d’arbres et les oiseaux se sont tus/Dehors dehors, il n’y a plus ni nuit ni jour, que les ténèbres/Dehors, dehors, que l’enfer, il ne reste plus de beauté/Dehors, dehors, l’indigence augmente, il ne respecte plus(le peuple)/Dehors, dehors, il ne reste que des murs, des murs dressés/Dehors, dehors, la peur et les gens demeurent silencieux.
 
Une chanson "dégagiste", comme dit ce néologisme, écrite dix ans avant la révolution tunisienne et la vague suivante nommée des printemps arabes, donc.
Là où ça se corse, c'est qu'en tombant sur un forum de discussions sur la musique, on découvre une version bien différente.
Dehors, dehors / Il y a la convoitise, le tourment et les youyous/ Dehors, dehors/   Le désordre règne, la désolation et l'insécurité/ Il y a la soif (de vivre) malgré le désarroi des gens / Il n'y a plus de respect, plus de dignité mais l'obscurantisme / Dehors, dehors / Les rivières se sont asséchées et les mers polluées/ Les étoiles se cachent pour laisser tomber le soleil/ Dehors, dehors / Il n'y a plus ni bien, ni joie, ni destin / Il n'y a plus d'arbres, les oiseaux ont cessé de chanter/ Il n'y a ni nuit, ni jour, (mais) plus que l'obscurité/ Dehors, dehors / Et l'enfer, plus rien n'est beau/ Il y a la débauche, il n'y a plus de respect/ Il y a la corruption, la guerre et le sang qui coule/ Dehors, dehors/ Il ne reste que des murs, des murs debout/ La peur règne et les gens se taisent/ Dehors, dehors/ Il y a de la convoitise, du tourment et les youyous/  Le désordre règne, la désolation et l'insécurité/ Les rivières se sont asséchées et les mers polluées/ Les étoiles se cachent pour laisser tomber le soleil.
 
Curieusement, vu notre méfiance maladive vis à vis d'une certaine presse, on aurait tendance à croire en la deuxième version. Mais on n'affirme rien. Si quelqu'un a une troisième option, on est preneur. 
La même en concert à Bruxelles (2001)

mardi 11 janvier 2022

Jesse James, populaire crapule

 

Jesse et Frank
 

L'Histoire joue parfois de drôles de tours à la postérité.
Ainsi, Jesse James, leader du gang James-Younger est-il devenu un des bandits les plus renommé des États-Unis, ce qui là-bas signifie un des plus chanté et des plus filmé. Et pourtant le bilan de ce "Robin des bois du Missouri" est loin d'être brillant. 
Fils de pasteur, deuxième d'un fratrie de trois, Jesse et son frère aîné Frank furent élevés dans une ambiance farouchement pro-sudiste. Bien avant le déclenchement de la guerre de Sécession, entre 1854 et 1861, deux états voisins, le Kansas et le Missouri connurent une série d'affrontements, de meurtres, d'émeutes, de fraudes électorales entre colons les peuplant ayant pour cause leur adhésion aux États-Unis et, de ce fait, la question d'y déterminer où l'esclavage était ou non légalisé. Même si la culture du coton y était inexistante, les colons sudistes du Missouri obtinrent dans un premier temps le statut d'état esclavagiste alors que le Kansas voisin et peuplé d'une forte minorité d'origine germanique était farouchement anti esclavagiste, favorisant les réseaux d'évasion vers le Nord (dit le "chemin de fer souterrain").    
Ayant grandi dans ces prémices de la Guerre civile, les frères James s'engagent chez les Sudistes dès que celle-ci est déclarée en avril 1861. 
Clement, Hendricks et Anderson

La ferme familiale étant ravagée par des irréguliers nordistes, James, à peine âgé de 16 ans va s'engager dans les troupes de William Quantrill, les bushwalkers, qui livrent une guérilla sans merci aux nordistes du Kansas qui répliquent avec d'autres francs-tireurs, les Red legs ou Jayhawkers. Et c'est parti pour deux années de massacres.     
C'est chez les écorcheurs de Quantrill que Jesse fait la connaissance de futurs associés tels "Bloody" Bill Anderson (collectionneur de scalps) Archie Clement ou Cole et Jim Younger tout en apprenant sur le tas ce qui assoira ensuite sa réputation. 
Le principal exploit de ces charmants jeunes gens sera le Massacre de Lawrence où après avoir occupé cette ville du Kansas, ils y exécutent 182 hommes et incendient 185 maisons. Inutile de préciser que dans cette guerre il n'y a pas de prisonniers et tout soldat nordiste capturé est assassiné. De même les soldats bleus se font un plaisir de pendre tout irrégulier du Sud sur lequel ils mettent la main. Le général fédéral Ewing fera même évacuer plus de 10 000 civils du territoire bordant la frontière du Missouri, rendant cette région désertique pour un bon moment. Traqués, harcelés, la bande de Quantrill s'en va piller le Texas, pourtant territoire confédéré. Puis,, vaincu, le Sud capitule.
Les soldats rebelles sont donc amnistiés sauf les irréguliers, ce qui est le cas de tous ces guérilleros. Qui n'ont aucun mal à se planquer dans le comté de Clay (Missouri) qui leur est acquis et où la haine du nordiste reste encore tenace jusqu'à nos jours. 
 
Dos au mur, les fugitifs du groupe Quantrill se reconvertissent dans les attaques de banques dès février 1866 avec celle de Liberty (60 000 dollars) Lexington (2000 dollars seulement) Richmond (trois citoyens tués et un bandit lynché), Russelville (1450 dollars) et Gallatin (500 ridicules dollars et un caissier flingué).
Bien entendu, s'en prendre aux banques n'est pas pour déplaire à une population de fermiers pressurés par ces agences. Le gang étend ses activités à l'Iowa et tâte du braquage ferroviaire, spécialité qui va les rendre à jamais célèbres. Et leur assurer une réputation de bandits d'honneur grâce à la stupidité et à la brutalité de l'Agence Pinkerton, chargée de les traquer qui assassinera le jeune John Younger (16ans) qui ne fait pas partie du gang, ainsi qu'Archie James, âgé de 8 ans et benjamin de la fratrie. On retrouvera des restes d'agents de la Pinkerton dans une auge à cochons.  
Cette légende dorée des James a été très vite fredonnée dans les campagnes. Les Lomax en ont tiré quelques enregistrements et même Woody Guthrie y est allé de son refrain.
 
 
Malgré une amnistie promise par plusieurs politiciens, le gang lance un raid sur le Minnesota et cette fois, tout va de travers. Le 7 septembre 1876, l'attaque de la banque de Northfield vire au désastre: les habitants tirent massivement sur la bande, deux outlaws sont tués et tous les autres plus ou moins gravement blessés. Divisés en deux groupes, le premier d'entre eux est ensuite exterminé tandis que les frères James s'enterrent un temps dans le Tennessee sous une fausse identité. Fin 1879, attaques de trains et de diligences reprennent. Mais règlements de compte (Jesse abat Ed Miller qui voulait quitter le gang) et chutes se multiplient simultanément au sein de la bande. Qui se trouve bientôt réduite aux frères James et aux frères Ford (Robert et Charlie) 
Le gouverneur du Missouri avait offert 10 000 dollars pour la capture ou la mort des concernés. Et comme dans toute belle histoire de bandit d'honneur c'est Bob Ford qui tiendra le rôle du dirty little coward qui tue Jesse James dans le dos alors qu'il époussette un tableau. Et ça donne une autre ballade avec en intro le début du film de Samel Fuller, J'ai tué Jesse James (1949). C'est Johnny Cash qui s'y colle.

 

Et comme dans toute bonne chanson de geste, les frères Ford ne profiteront guère de leur traîtrise : après avoir touché bien moins que prévu, Charlie se suicide en 1884 et Robert est tué dans un saloon en 1892 par un admirateur de Jesse James. Frank James, qui a négocié sa reddition, est acquitté à son procès et finira garde du corps du président Théodore Roosevelt. Bob Younger est mort en prison, Jim se suicide à sa sortie en 1902 et Cole devient prédicateur.
Une vraie histoire américaine !
Restent plus d'une quinzaine de films dont certains très recommandables, quelques BD (dont un excellent Lucky Luke) et un nombre effarant de chansons. Pas mal pour un petit gars somme toute plutôt sanguinaire. 
 

 

dimanche 12 décembre 2021

Bobby et Charlie chez François

En adaptant le roman de David Goodis Down there, devenu pour l'occase et par la grâce de la Série Noire Tirez sur le pianiste en 1960, François Truffaut en fit une aimable comédie se préoccupant plus de diverses variations au sujet de l'amour que d'intrigue policière. 
Mais ce film en noir et blanc à la superbe photographie ne manque pas d'une certaine truculence et d'un rythme fort enlevé, sans compter des gags un peu niaiseux mais passant assez bien dans l'ensemble d'un sympathique foutraque  (Je te le jure sur la tête de ma mère qui meurt à l’instant !)
Côté musique, la partition de Georges Delerue est un hommage jazzy au Paris nocturne des cafés-concerts. Car le tout est rythmé de chansons populaires.
Un des moments de respiration du film étant les performances de Bobby Lapointe en plein jeu d'épaules qui y exécute Marcelle et Framboise, passage pour lequel les producteurs exigèrent une transcription en surimpression qui vaudra au gars de Pézenas le titre de "seul chanteur sous-titré".

 

Premier rôle, Charles Aznavour tient à merveille le rôle d'Édouard Savoyan, ex virtuose traumatisé devenu un pianiste de bar timide embarqué malgré lui dans la galère par un insupportable frangin.   
Ce qui donne le morceau de bravoure ci-dessous. 
 

lundi 29 novembre 2021

Souplex au cinoche

De Raymond Guillermain  alias Raymond Souplex (1901-1972) les téléspectateurs d'antan ont certainement retenu la réplique "Bon Dieu*, mais c'est bien sûr !" du feuilleton Les cinq dernières minutes
Avant de devenir le commissaire Bourrel, en 1957, le gars avait été essentiellement un chansonnier d'avant-guerre au Caveau de la République ou au Deux ânes, se spécialisant déjà dans un genre vieillot et quelque peu suranné en duo avec Jane Sourza. Outre la chanson rétro, Souplex devint une des premières vedettes radiophonique en interprétant un rôle de clochard philosophe sur Radio Cité en compagnie de Noël Noël.
 
Il passa une assez douce occupation entre présence au théâtre, sur Radio Paris et tournée en Allemagne au profit des travailleurs du STO. Il s'en tira avec un blâme à la libération avant d'entamer une carrière de second rôle au cinéma pour une quarantaine de films avant de faire sa renommée à la télévision jusqu'au début des années 1970.  
L'intérêt de la série, somme toute assez molle, Les cinq dernières minutes fut surtout d'y inviter pour des apparitions une brochette d'acteurs confirmés ou appelés à le devenir tels Pierre Brasseur, Marcel Bozzuffi, Ginette Leclerc, Françoise Fabian, Bernard Fresson, Jean-Pierre Cassel ou même Serge Gainsbourg.
Quant au chansonnier, le voilà dans son numéro de plouc à la ville avec Au cinéma. Vu l'intervention du début, on soupçonne cette séquence de s'être tenue sur Radio Paris et on frémit d'avance à la blague heureusement coupée.  
Voilà pour notre contribution du jour à la culture générale.

 

*"Bon sang !" c'était dans le Rubrique à Brac de Marcel Gotlib.

mercredi 27 octobre 2021

Magali chez Fellini

 

En 1973, Federico Fellini sort un film mêlant souvenirs d'enfance, nostalgie d'un temps loin d'être innocent et anecdotes fantasmées, Amarcord (je me souviens).
Cette chronique d'une adolescence rurale tantôt comique, tantôt acide, attendrie ou angoissante est une des œuvres majeures du maestro.
Mais outre des prises de vues assez somptueuses, on garde aussi en mémoire le thème musical entêtant écrit par l'indispensable Nino Rota.
Curieusement, le rôle de la femme fatale qui fait cavaler tout ce que la contrée compte de mâles mais qui finit épousée par le plus improbable est tenu par une Magali Noël déjà quarantenaire et étonnamment sobre dans son jeu.
La regrettée alla chanter le thème du film dûment doté de paroles françaises à la télévision suisse en 1976. 
L'occase de la retrouver dans un aspect assez inattendu.  

jeudi 21 octobre 2021

Sur la route de Memphis

 


On ne dira jamais assez de bien du label STAX, de Memphis pour son apport au monde la zizique. Rappelons qu'à la base il s'agissait d'un magasin de disque auquel on accola un studio d'enregistrement et les sessions passaient en direct dans la rue grâce à des enceintes. Ce qui permettait de savoir comment une chanson était reçue et a provoqué quelques beaux attroupements. Imaginez la tête des lycéens sortant de l'école et ayant Otis Redding en direct sur le trottoir ! 
Le 12 mars 1968, Rufus Thomas grava le 45 tour Memphis train en profitant, comme son habitude pour inventer un nouveau pas de danse. 
Ils s'étaient mis à trois pour écrire ça : Rufus lui-même, Mack Rice et Willie Sparks.
 
Jarmush rend un hommage appuyé à cette chanson dans son Mystery train dans lequel le vieux soulman apparaît au milieu d'une belle brochette de collègues de légende. 


 
Les adaptations de standards du rhythm 'n blues ou de soul en français sont généralement catastrophiques. Même s'il existe de notables exceptions.
Dont celle qui suit et qui en son temps nous avait été aimablement signalée par le sieur Wroblewski.
La Québecoise Jenny Rock (Jeanine Bellefeuille de son véritable nom) eut son heure de gloire dans la catégorie variétoche yé-yé des années soixante.
Ce qui ne l'empêcha pas de faire une honorable reprise. Même si c'est du mot à mot et du note à note, il y au moins là du groove.