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jeudi 11 juillet 2024

Un peu de poésie par Arletty

 

Arletty et un coquin (Hôtel du Nord)

Bon, maintenant que le fascisme est toujours à la porte en attendant d'occuper le séjour, que notre roitelet vient de s'octroyer deux ans de répit et que la chambre sera d'un centrisme affligeant (on parie ?) passons un peu à autre chose.
En 1934, déjà face à une extrême droite rampante et un Front pop' en gestation, que fabriquait notre chère Arletty ?
Elle chantait, ne vous en déplaise.
Et en outre elle se payait la fiole toutes ces bourgeoises qui soupiraient après les marlous (on ne disait pas "bad boys") sur une chanson signée Jean Neuburger (encore un mauvais français à coup sûr). 
Postmodernes divers et variées, avant de hurler sur ces paroles injurieuses et scandaleuses, songez deux minutes que c'est du second degré. Puisqu'il faut tout préciser.
Et dans le genre rions un peu avec le mépris de classe...  

lundi 29 novembre 2021

Souplex au cinoche

De Raymond Guillermain  alias Raymond Souplex (1901-1972) les téléspectateurs d'antan ont certainement retenu la réplique "Bon Dieu*, mais c'est bien sûr !" du feuilleton Les cinq dernières minutes
Avant de devenir le commissaire Bourrel, en 1957, le gars avait été essentiellement un chansonnier d'avant-guerre au Caveau de la République ou au Deux ânes, se spécialisant déjà dans un genre vieillot et quelque peu suranné en duo avec Jane Sourza. Outre la chanson rétro, Souplex devint une des premières vedettes radiophonique en interprétant un rôle de clochard philosophe sur Radio Cité en compagnie de Noël Noël.
 
Il passa une assez douce occupation entre présence au théâtre, sur Radio Paris et tournée en Allemagne au profit des travailleurs du STO. Il s'en tira avec un blâme à la libération avant d'entamer une carrière de second rôle au cinéma pour une quarantaine de films avant de faire sa renommée à la télévision jusqu'au début des années 1970.  
L'intérêt de la série, somme toute assez molle, Les cinq dernières minutes fut surtout d'y inviter pour des apparitions une brochette d'acteurs confirmés ou appelés à le devenir tels Pierre Brasseur, Marcel Bozzuffi, Ginette Leclerc, Françoise Fabian, Bernard Fresson, Jean-Pierre Cassel ou même Serge Gainsbourg.
Quant au chansonnier, le voilà dans son numéro de plouc à la ville avec Au cinéma. Vu l'intervention du début, on soupçonne cette séquence de s'être tenue sur Radio Paris et on frémit d'avance à la blague heureusement coupée.  
Voilà pour notre contribution du jour à la culture générale.

 

*"Bon sang !" c'était dans le Rubrique à Brac de Marcel Gotlib.

mercredi 14 avril 2021

Héros oubliés du rock n roll : Jayne County

 
Un soir, Wayne County, le chanteur ou la chanteuse ... Enfin, le travelo hilarant des Electric Chairs a pété la tronche de Handsome Dick Manitoba, le chanteur des Dictators, un groupe du Bronx plutôt macho.
C'était au CBGB, lors d'un concert des Electric Chairs. Handsome Dick, planté devant la scène n'avait cessé de gueuler "Pédale! Pédale:" jusqu'à ce que Wayne County, en robe blanche, énervé(e) lui réponde
"Tu veux monter sur scène et te battre comme un homme?"
Il monta sans hésiter mais seulement pour se prendre immédiatement le pied du micro en pleine gueule et se retrouva illico à l'hosto.
Philippe Marcadé Au-delà de l'Avenue D
 

Né Wayne Rogers en 1947, Wayne County quitte son Texas natal à 22 ans pour tenter sa chance à New York et, on suppose, y vivre une vie un peu plus détendue. Il se fait rapidement artiste travesti en jouant dans quelques shows chez Warhol ou en montant le groupe the Queen Elizabeth destiné à accompagner son spectacle transformiste. Contrairement à son/sa collègue Divine Wayne ne rencontre pas son John Waters. Alors, dans l'ébullition de 1976, Wayne monte le groupe the Electric Chairs avec le Corse Henry Padovani (futur co-fondateur de Police) et Greg Van Cooke aux guitares, Val Haller à la basse et Chris Dust à la batterie. Sauf que Wayne, trans métamorphosé en Jayne County, a monté son groupe à Londres en pleine explosion punk et que les disques du groupe ne seront pas distribués aux USA.
Les voici dans une vidéo de 1978 reprenant l'immortel Too much to dream des 13th Elevator Floors.
 

Malgré un rythme de tournée soutenu, le groupe n'a rencontré qu'un succès d'estime, particulièrement auprès de ses collègues musiciens. Tout le monde ne peut être aussi cons que les Dictators. Ainsi, malgré des premières parties de Patti Smith, David Bowie, the Ramones, Lou Reed, la bande se déchire entre épuisement et toxicomanie galopante. Et puis l'époque n'était pas vraiment mûre pour que des chansons comme Are you man enough to be a Woman? passassent en radio.
Jayne restera donc comme une référence bien au-delà la mouvance trans, une pionnière, qui a continué sa carrière en dent de scie.
On la retrouve en 2007 dans une reprise parodique des Dead Kennedys. Qui d'autre pouvait avec bonheur reprendre California über alles ?
 

mardi 30 mars 2021

Topor s'amuse

 

De Roland Topor (1938-1997), on connaît essentiellement ses dessins, peintures, affiches de cinéma. On sait aussi qu'il fut décorateur, poète, grand satrape du collège de pataphysique. 
L'homme était aussi chansonnier à ses heures. Il est piquant de constater que lorsqu'on va faire un tour sur les plateformes les plus cotées, on trouve essentiellement de charmantes comptines pour enfants, gentiment surréalistes, qui datent pour la plupart de ses années de télévision de la décennie 1980 avec son complice Jean-Michel Ribes. 
Évidemment, le joyeux drille ne se contentait pas d'écrire pour les marmots. On trouve de ses œuvres disséminées de ci de là, mélange de tendresse et d'érotisme discret et de désespoir déconnant.
Comme ce Sous mes draps par un Robert Charlebois qui cherchait à prendre le virage youp la boum de la décade qui s'annonçait  (album Heureux en amour ? de 1981) 
 

Quelques-uns mettent ses poèmes en musique comme Pasquale d'Inca pour sa balade Topor vous salue bien issu du spectacle Topor d'attache.


Finalement, à part François Hadji-Lazaro qui lui consacra un disque, l'interprète la plus régulière de Topor fut l’excentrique chanteuse japonaise Megumi Satsu ici dans une mignonne ode à la masturbation polluée par les synthés à la mode et tout simplement titrée Je m'aime.

lundi 22 mars 2021

Dada peut tout

Un peu d'air frais.
Avant de se faire doubler sur sa gauche par des petits jeunes aux dents longues, Tristan Tzara avait foutu un beau bordel à Zurich en 1916 avec quelques amis (Hugo Ball, Hans Harp, Marcel Janco). On raconte que dans la salle du cabaret Voltaire, on trouvait un client assidu : Vladimir Ilitch Oulianov qui eut l'occasion d'appliquer les théories Dada à un vaste échelle. 
Débarqué en 1920 à Paris, Tzara mit quelques poèmes en musique, enfin quand on dit en musique...

 

Nos honorables lecteurs auront reconnu la Chanson Dada reprise par Nanard le Stéphanois au début des années 1970.
Depuis, des jeunes gens  ayant lu Greil Marcus ont décidé de revendiquer l'héritage. C'est tiré de l'album Dirty keupon de 2012

 

Et puisqu'on fait dans la nostalgie, une jolie vidéo de Mauser. On la croirait dessinée par Terry Gilliam.

 


dimanche 15 novembre 2020

Archives du scopitone (10) Hector

 

C'est dimanche, un peu de légèreté. Hector, né Jean-Pierre Kalfon en 1946, surnommé le "Chopin du twist", était un joyeux provocateur. 
Son plus haut fait d'arme reste d'être allé se mitonner un œuf au plat sur la tombe du soldat inconnu.
Autre fantaisie du galopin, ce scopitone de 1963 dans lequel il reprend le Whole Lotta Shakin' goin' on popularisé par le Killer Jerry Lee Lewis en adoptant la pose blasée du promeneur solitaire, sapant ainsi toute l'imagerie d'un rock 'n roll en pleine expansion. Ce mec ne respectait rien.

 

Que dire  après ça ?
Que la chanson fut écrite, en 1950, par Roy Hall et Dave Curly Williams. Qu'à la base c'était plutôt une ballade country mais que comme on l'a dit plus haut le pétulant Jerry Lee sut en tirer un grand profit.
À titre de contraste avec l'attitude du clown frenchie, le voilà dans le Steve Allen show en 1957. 

mardi 22 septembre 2020

Le film qui n'aurait jamais du exister

Hasard des projections dans de très rares festivals, on a pu voir ce dimanche 20 septembre, un film aussi étrange que réjouissant, tout simplement intitulé This film should not exist, co-réalisé par Gisella Albertini, Massimo Scocca, et l'ami Nicolas Drolc
Vous souvenez-vous des Country Teasers ? Rassurez-vous nous non plus, jusqu'à ce que... 
Voici la geste d'un groupe de branleurs, fondé à Édimbourg en 1993, qui prétendaient jouer de la country mais à la manière de Joy Division ou de The Fall, et se sont retrouvés signés chez Crypt Records, le label des garageux purs et durs par excellence (à ce stade les amateurs sont déjà perdus et se demandent quel est cet étrange mélange). 
Ils étaient drivés par Ben Waller, inadapté social déclamant des textes cyniques, provocateurs, ironiques ou juste marrants. Issu de la meilleur société, Waller avait tout largué pour embarquer ses potes dans de la musique improbable avant de s'épanouir comme cariste dans un Jardiland londonien, faire des concerts occasionnels sous le pseudo de The Rebel et enregistrer des bidouillages comme le forcené qu'il est.
Partant comme un documentaire rock classique de la tournée européenne de 1995 en compagnie des Oblivians (Memphis, Tennessee) le film débute comme une virée de concerts chaotiques dans des caves puant sueur et mégots avec un groupe de déconneurs irresponsables, avant de glisser progressivement vers une intimité de bon aloi où apparaissent, entre autres, les grandes influences de Waller, le très surprenant duo gallois Datbyglu dont Dave entretint quinze ans d'amitiés épistolaires avec Ben sans oser se rencontrer "pour de vrai" par timidité et peur d'une déception.
Pour vous donner une idée, la bande annonce de la chose, hélas non sous-titrée (la traduction des chansons, à elle seule, vaut le détour).

 

Le genre de truc inattendu que vous ne trouverez pas sur Arte TV. Alors, si vous connaissez une salle de cinoche sympa, un festival décalé, un squat déconnant, près de chez vous, n'hésitez pas à contacter les films Furax.
Un ultime pour le plaisir : Points of view.  De rares spectateurs n'ont pas supporté ce genre de paroles.
 

jeudi 3 septembre 2020

Vetty, l'amour à St Étienne


Exhumons un phénomène étrange aujourd'hui oubliée.
Normalement, quand on a une voix pareille, on fait dans la chanson pour gamin. Mais non, Yvette Levis, alias Vetty, (née à Lyon en 1941) rêva de brûler les planches dans la grande tradition de la chanson populaire rigolote et quelque peu absurde.
Elle débuta en Suisse, à la Chaux-de-Fond en 1961 puis fut remarquée dans un jeu télévisée animé par Guy Lux et Bruno Coquatrix, y gagnant trois semaines d'ouverture pour Gilbert Bécaud à l'Olympia. Puis, elle fut embarquée dans la tournée de Claude François.
En 1969, elle enregistra son unique disque, un EP 4 titres (Riviera 231328) dont le plus connu est ce Johnny, si tu viens à Saint-Étienne (la lyonnaise est parfois moqueuse) ode à l'amour écrite par Jacques Martin.


Sa voix, disons particulière, la fit ensuite bosser dans une série télévisée pour enfants avant de jouer une pièce de Vavclav Havel au Théâtre National de Strasbourg. Entre 1975 elle tourna avec Maurice Fanon et Jacques Mailhot.
Et puis, on n'entendit plus parler d'elle.
La loufoquerie d'une certaine époque...
Ici en janvier 1966


mardi 11 août 2020

Héros oubliés du rock 'n roll : Screamin' Lord Sutch


Vu comme l'époque prête à rire, réfugions-nous encore un coup chez les cinglés. Celui-ci est particulièrement gratiné.
David Edward Sutch, alias Screaming Lord Sutch, troisième comte d'Harrow (1940-1999) n'avait rien d'un aristo, mais quand on est né dans une banlieue bourgeoise et ennuyeuse, autant s'affubler d'un titre nobiliaire.
Étant tombé en pamoison devant le bluesman fantaisiste américain Screamin' Jay Hawkins, auteur de l'immortel I put a spell on you en 1956, il décide de grimper lui aussi dans le train du rock 'n roll au wagon cirque Barnum et autres monstruosités.
Persuadé d'être un chanteur médiocre, accompagné d'un solide groupe, The Savages, il jaillit d'un cercueil ou des coulisses en glapissant, peuple la scène de squelettes et de filles en bikini, adapte des séries Z en show (Sutch et la chute de l'empire romain), rosse des policemen à l'épée ou à la hache.
Les Anglais n'ayant aucun complexe à mélanger Grand Guignol, train fantôme, cabaret et rock, l'affreux personnage  invente au passage ce mélange de rockabilly, de garage et de sous-culture de films d'horreur qui deviendra plus tard le psychobilly, porté à ses plus hautes cimes vingt ans plus tard par les Cramps, de Los Angeles.
Tradition british et (fausse) noblesse oblige, son personnage le plus fameux est resté Jack the Ripper aka Jack l'Éventreur, surnom du légendaire tueur de femmes ayant terrorisé Whitechappel en 1888 tout en entretenant une correspondance moqueuse avec la police qui le pourchassa en vain.
Joué là fin 1964.


L'excentrique tente également une radio pirate, Radio Sutch (what else ?) où entre deux rocks on lit l'Amant de Lady Chatterley, œuvre à la réputation encore sulfureuse. Puis, refusant de porter des jupettes pour les tournées péplum, plusieurs membres des Savages vont se faire pendre ailleurs, Richie Blackmore fondant Deep Purple, Nicky Hopkins allant accompagner les Stones et Roger Warwick rejoignant la formation de Freddie Mark.
Les années 70 seront donc celles de la décadence et de petits jeunes allant plus loin, plus fort, plus vulgaire, dans la monstrueuse parade.
Curieusement, il ne grava que des 45 tours dans les années 1960, la suite étant émaillée de compilations ou d'albums ratés.
Un autre titre de 1964, Dracula's daughter.


Autre particularité du gugusse : il s'est présenté pendant 40 ans aux élections locales avec un succès variable, d'abord sous l'étiquette du National Teenage Party puis, à partir de 1983 pour l'Official Monster Raving Loony Party  (Parti officiel des barjots monstrueux) inspiré d'un sketch des Monty Python et revendiquant le droit de vote à 18 ans, le passeport pour animaux, les pubs ouverts toute la journée. N'hésitant pas à aller défier Thatcher dans sa propre circonscription, celle-ci fera augmenter le coût de l'inscription des candidats pour se débarrasser de l'emmerdeur qui doit écumer les pubs en jouant pour payer sa campagne électorale. 
Dépressif, comme tout authentique pitre, le faux nobliau s'est pendu le 16 juin 1999.


vendredi 5 juillet 2019

JP Kalfon rocker à part

Ni Johnny Cash, ni Vince Taylor, tout simplement Kalfon
Le désormais trop rare Jean-Pierre Kalfon était l'invité, pour clore la saison, de l'émission Mauvais genre sur France Culture
Voilà l'occasion de rendre hommage à cet acteur particulier, en rappelant  qu'il fut un rocker incendiaire à ses heures.
N'épiloguons pas sur la carrière théâtrale ou cinématographique du gars de Genevilliers (né en 1938) et jetons un coup d’œil sur le musicien. D'abord danseur aux Folies Bergères, choriste chez le jeune Higelin, batteur de plusieurs formations, Kalfon sort son premier 45 tour dès 1965 sur le ton déjanté qui est sa marque de fabrique.



Dans les années 70, il monta plusieurs groupes : les Crouille-Marteaux, Sugar Baby Bitch, Monsieur Claude et Kalfon Rock Chaud avec lesquels il se paya le luxe d'un concert au légendaire festival punk de Mont-de-Marsan en 1976 aux côtés, entre autres d'Eddie and the Hot Rods, des Damned, de Little Bob, de Bijou, des Pink Fairies, etc.



Mais il a surtout crevé l'écran en 1968 dans le film de Marc'O Les idoles, charge sabre au clair sur la période yé-yé française, le show-biz et le spectacle en général.
On le retrouve dans 14 juillet en compagnie de ses complices de débauche, Pierre Clementi et Bulle Ogier.



Pour conclure ce chapitre au sujet de notre freak national, on ne résiste pas au plaisir de vous renvoyer à une brève biographie de monsieur Marc'O extrait d'un site bien connu paraissant le lundi au point du jour

Maquisard en Auvergne à quinze ans, marlou de Saint-Germain-des-Près après la guerre, programmateur au Tabou avec Boris Vian, introducteur de la poésie lettriste, producteur du Traité de bave et d’éternité d’Isidore Isou qu’il impose à Cocteau en 1951 à Cannes, éditeur du premier texte de Debord dans la revue Ion financée par le cagoulard Robert Mitterrand, animateur dès les années 1950 du groupe et du journal « Le soulèvement de la jeunesse » basée sur l’idée du prolétariat externiste (le prolétariat déserte de plus en plus une classe ouvrière toujours plus intégrée et se concentre chez les jeunes et tous ceux qui se vivent comme étrangers à cette société), inventeur du théâtre musical et d’un théâtre où le comédien n’est plus réduit à interpréter des rôles, mais à créer la pièce elle-même, mentor de la jeune troupe formée entre autres par Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Pierre Clémenti et Jacques Higelin, critique impitoyable des yéyés, de la célébrité et de la télé-réalité (et quasi-inventeur du style punk) dès 1966 avec Les idoles, pionnier de l’occupation des théâtres dès 1967 à Reggio Emilia contre la guerre du Vietnam, co-fondateur avec Monique Wittig et Antoinette Fouque à la Sorbonne en mai 1968 du Comité Révolutionnaire d’Action Culturelle (CRAC), ancêtre du MLF (Mouvement de Libération des Femmes), passeur continu, avec Guattari, entre la France et l’Italie des années 1970, présent à Bologne, toujours avec Guattari, en septembre 1977 lors du fameux Congrès international contre la répression, initiateur en 1979 de l’opéra-rock Flashes rouges porté par la jeune Catherine Ringer, chercheur dans les années 1980 autour des nouvelles possibilités qu’ouvre pour l’image le développement des techniques audiovisuelles, animateur dans les années 1990 avec Cristina Bertelli des Périphériques vous parlent et de la jeune troupe Génération Chaos, où officient des anciens de l’excellent groupe de rock Witches Valley et qui ira jusqu’à faire des premières parties de concerts de Noir Désir, et puis on s’arrête là.

vendredi 14 juin 2019

Du côté du Chat Noir (10) Erik Satie s'amusait

En 1909
Grand seigneur du piano, reconnu par son inventivité comme un ancêtre du surréalisme et de la musique répétitive, surnommé Ésotérik Satie par Alphonse Allais, qualifié par Claude Debussy de musicien médiéval et doux, égaré dans ce siècle, et de mélancolico-rigolo par Marcel Gotlib, Erik Satie naquit à Honfleur en 1866 pour aller mourir à Paris en 1925 suite à une longue carrière de buveur d'absinthe et une dèche récurrente, sa dignité lui interdisant d'aller taper ses connaissances plus fortunées.
Pour survivre, ce proche de Debussy ou de Stravinsky se fit artiste de cabaret, écrivant des mélodies qualifiées par lui-même de "rudes saloperies", sur des textes où l'absurde dispute à l'ironie. 


Parodiant la Marche funèbre de Chopin, rebaptisée Embryons desséchés pour l'occasion, traitant un célèbre critique musical de Trou du cul, mais un cul sans musique, Satie n'hésitait pas à se moquer allègrement de sa corporation ou de lui-même. 
Ci-dessous un extrait de Mémoire d'un amnésique lu par Oliver Alain Christie. C'est le sixième texte : L'Intelligence et la Musicalité chez les animaux.



Mémoires d'un amnésique fut une série de six articles que Satie rédigea sur deux ans, publiés dans "La Revue musicale S.I.M." (Société Internationale de Musique) d'avril 1912 à février 1914.
Autre intermède, cet extrait du spectacle Cabaret Satie, La Journée du musicien lu par Philippe Nesme . La Musique, Sonatine bureaucratique, premier et deuxième mouvements, est jouée par Carmen Martinez-Pierret.

lundi 24 septembre 2018

Vivons joyeux en attendant la catastrophe

Le film de 1936
Catastrophistes et autres prophètes de l'Armageddon, passez donc votre chemin. 
Il n'est pas si fréquent que le refrain d'une chanson devienne expression populaire, en l'occurrence, il traduit une béate inconscience face à une situation qui s'annonce tragique.
Et ce n'est pas un hasard si cette chanson comique de l'orchestre de Ray Ventura connut un tel succès en 1935, située qu'elle était entre tentative de putsch des ligues d’extrême droite, grève générale accompagnant le Front populaire et accords de Munich. Dès sa sortie chanson fut si répandue, qu'elle fut déclinée, entre autres de Tout va très bien, monsieur Herriot (en 1936) à Tout va très bien mon Führer, de Pierre Dac, sur les ondes de Radio Londres.
Écrite par Paul Misraki, elle aurait été créée lors d'une tournée foireuse dans le sud de la France. Les Collégiens de Ventura faisant un flop retentissant, Coco Aslan aurait demandé à Misraki d'essayer un truc inspiré du sketch de la "Lady écossaise". Partant des premières notes et terminant par le pont "un incident, une bêtise..."  celui-ci écrivit le morceau en une nuit et ce fut l'ovation assurée dès le lendemain.


D'après Lise Gruel-Apert, la "Lady écossaise" apparaissait déjà dans les contes russes compilés par Alexandre Afanassiev en 1871 sous le titre Khorocho, da khoudo (Ça va bien, sauf que ça va mal) qu'elle a traduit sous le titre Tout va très bien ou le noble ruiné. 
On trouverait même traces d'un semblable thème dans des fabliaux du XIIIème siècle.
Quant au refrain, il est intégralement repris du sketch déjà cité du duo de comique troupiers Bach et Lavergne, de 1931. Ray Ventura les créditera comme co-paroliers.
Cette chanson sera reprise en russe dès 1935 par Leonid Outiossov, puis en allemand, italien hébreu, etc. 
Une version télévisée de 1967 par Sacha Distel, Jean-Pierre Cassel, Roger Pierre, Jean-Marc Thibaut et Jean Yanne.


lundi 21 août 2017

Ionesco par Hugues le Bars


Le chanteur fatigué
Au rayon bizarrerie à succès imprévisible, on avait déjà connu, en 1956, un blues sur rythme de valse, le célébrissime I put a spell on you de Screamin' Jay Hawkins.
Autre chose assez particulière, Eugène Ionesco en chanteur pour les besoins d'un ballet de Maurice Béjart en 1988.

 La commande avait été passé auprès d'un musicien touche-à-tout, disparu en 2014 à l'âge de soixante-quatre ans, Hugues Le Bars.
Trafiquant les sons bien avant la popularisation du sample, mixant ses bande de magnétophone dès les années soixante-dix, Le Bars aura commis sept albums, entre 1981 et 2013, cinq musiques de films et une tripotée de jingles, musiques d'ambiance et génériques pour Radio France.
Une de ses dernières notes de pochette : "Je parano mais je sais pas quand je reviens."
Il aimait particulièrement coller des voix connues au sein de ses mélodies (André Malraux, Sonia Rykiel, etc.) ainsi que des enregistrement d'animaux ou d'enfants.
Pour les besoins de Musique pour Ionesco, il était parti s'entretenir avec l'auteur, en avait conservé un échantillon de quelques phrases et l'avait heureusement marié à une valse de Chostakovitch.
Le résultat, J'en ai marre, est à la hauteur de l'immortel Screaming Jay (tout de même décédé en 2000).



lundi 12 juin 2017

Pills et Tabet

Jacques Pills (Réné Ducos 1906 / 1970) et Georges Tabet (1905 / 1984) montent un duo en 1932. Malgré des prises de son assez datées, ils ont laissé quelques petites choses plutôt agréables.
Étudiant en médecine, Pills (de "pilules" en anglais) avait déjà monté un duo avec Pierre Ward. Tabet s'était improvisé pianiste à Paris en débarquant de son Algérie natale. Il dirigeait l'orchestre du "Mac Mahon Palace", un des dancings les plus couru de la capitale et avait décliné une offre de Ray Ventura pour choisir ce couple chantant. 
Question surréalisme en chanson, ces deux-là sont un peu des précurseurs de Charles Trénet, une variante plus insouciante de Gilles et Julien.
Habitués des revues de music-hall, ils ont créé quelques morceaux qui restent assez drôles comme "Y'a toujours un passage à niveau", "Pour me rendre à mon bureau" (Tabet seul en 1945) ,"Un vieux château" ou le mémorable "Couchés dans le foin" écrit, à l'origine, par Mireille et jean Nohain.


Le duo s'achève en 1940, Pills partant pour un long séjour dans un stalag.
Plus tard, en 1952, il sera un temps le mari d'Édith Giovanna Gassion, dite "Piaf". Puis il deviendra "professeur de music-hall" (sic)
Un long article leur est consacré sur cet excellent site.
Une autre fantaisie : Pourquoi t'es tu teinte ?


samedi 20 mai 2017

Hommage au grand Charles

Photo de David "Chim" Seymour
Un grand coup de chapeau mou au Fou chantant de Narbonne, grand malaxeur de mots. À celui qui jouait de son homosexualité en l'intercalant dans ses calembours ("Je tâte André à la sortie du garage"), au chanteur symbole du swing de l'entre-deux guerres, d'abord avec Johnny Hess puis en solo, au zazou sosie du juif Harpo Marx, d'après le torchon "Je suis partout" (1944), même si, pour être juste, il faut bien avouer qu'il passa une occupation, somme toute, confortable. Bref, à l'increvable qui, né en 1913, donna son dernier concert en 1999, deux ans avant son décès. 
Un exemple de son génie, encore vivace, en 1955 

  

Un autre de 1951 (mais comment diable se donne-t-on de la joie avec une passoire ?)



Pour finir, un extrait d'une émission mythique :


vendredi 14 avril 2017

La vie infortunée de Robert Foulcan

Hélicon ramassé chez Pop 9 (Wieznak, 1962)
Posthume postérité pour le roi des calembours, des allitérations et de la scoumoune.
Robert Jean-François Joseph Pascal Lapointe est né à Pézenas le 16 avril 1922.
Gagman dès l'enfance et petit génie des mathématiques, il est raflé pour le STO en 1943 et s'en évade sous le doux  pseudonyme de Robert Foulcan avant de se planquer comme scaphandrier au port de La Ciotat.
En 1946, il monte à Paris avec femme et enfants pour ouvrir un commerce de layettes. Vu le physique du patron, on se doute que le petit commerce périclite promptement. Depuis quelques temps, il écrivait des chansons à nulle autres pareilles et, en 1954, l'accordéoniste de Bourvil lui emprunte Aragon et Castille pour un film. Voilà notre balèze lancé dans les cabarets et remarqué par Truffaut qui l'embauche pour une séquence de son film Tirez sur le pianiste, en 1960. La scène avec Aznavour au piano accompagnant Avanie et framboise vaudra à Boby le titre de "premier chanteur sous-titré".

Cet extrait du film donne une bonne idée de son jeu de scène : une grosse brute bourrue chantant des absurdités.
Embarqué en tournée par son copain et compatriote héraultais Brassens, un duo avec Anne Sylvestre et quelques apparitions chez le regretté Jean-Christophe Averty lui assurent un succès d'estime. Manifestant une authentique vocation commerciale, il ouvre son cabaret, le Cadran Bleu, qui coulera corps et bien le laissant couvert de dettes.
Entre temps, tout à son amour des maths, il invente le système bibi-binaire, ancêtre du langage informatique. Comme ses collègues de cabaret, ringardisé par la vague yé-yé, il tourne des petits rôles dans une dizaine de films : le chauffeur des Choses de la vie et le gorille à la mitraillette de Max et les ferrailleurs, c'était lui.
Régulièrement remis en selle par ses amis Brassens, Pierre Perret ou Joe Dassin, il meurt d'un cancer foudroyant à cinquante balais.
À partir de là il connaît renommée, reconnaissance et hommages mais on cherchera en vain un successeur digne de son art bordélique.
Autre de ses irruptions télévisée : Tube de toilette issu de l'album Comprend qui peut (1969).


samedi 25 mars 2017

Archives pour détendre un peu l'atmosphère

La parodie est un art à manier avec précaution si on prétend éviter une prompte chute dans la plus extrême lourdeur.
Ce sketch des Inconnus, venu des années 90 du défunt siècle n'est finalement pas si mal.
Merci donc à notre camarade Chéri-Bibi de nous l'avoir signalé.
Mais saurez-vous mettre un nom sur les chanteurs et chanteuses d'origine qui ont inspiré les personnages ici moqués ? Ils sont tous et toutes référencés dans notre colonne de droite "Auteurs et interprètes". Mauvaise foi oblige, plusieurs réponses sont recevables et le doute est permis. 
Le gagnant emporte un authentique canotier de Maurice Chevalier dédicacé par le maître. Et l'authentique casquette d'Otto Abetz. 

lundi 2 janvier 2017

Dranem, crétin lunaire


Armand Ménard est né (1869) et mort (1935) à Paris.
Après une suite de petits boulots et son service militaire, il fit ses débuts à l'Electric-Concert, au champ de Mars, comme "chanteur comique" le 1er avril 1894, sous le nom de Dranem (anagramme de Ménard). Deux jours plus tard, son cachet était réduit de moitié.
Ses débuts furent plutôt laborieux dans le genre comique troupier, style censé accompagner la reconquête de l'Alsace - Moselle.
En 1896, ayant déniche au puces du Carreau du Temple une petite veste étriquée, un pantalon trop large et trop court, jaune rayé de vert, d'énormes godasses sans lacets et un petit chapeau bizarre, le voilà doté d'un nouvel uniforme. Joues et nez maquillés de rouge, il entrait en scène en courant, comme poursuivi. Il s'arrête devant le trou du souffleur et chantait les yeux fermés, qu'il ne rouvrait que pour simuler la frayeur de débiter pareilles incongruités. Ce fut un triomphe !
Son grand comique découlait du fait qu'il chantait de navrantes énormités sans, semble-t-il, s'en rendre compte, comme si ce que l'on demandait de chanter était la chose la plus importante au monde. Et voilà notre crétin national atteignant la fantaisie d'un Buster Keaton.
En 1905 a enregistré cinq phonoscènes, appareils ancêtres du scopitone qui tentaient de coordonner l'image de cinéma à l'enregistrement phonographique.   
Le voici en démonstration de jiu-jitsu :



Autre particularité du bonhomme : sans être un chanteur proprement homosexuel, il a laissé quelques airs "interlopes" qui sont restés dans la mémoire collective des pas encore gays. Les plus célèbres furent incontestablement « Henri, pourquoi n’aimes-tu pas les femmes ? » ou «Le trou de mon quai » pourvu de nombreuses contrepèteries ou allusions à peine voilées.
Même si elle ne fut pénalement criminalisée que sous Vichy (et ce, jusqu’en 1981), l’homosexualité, à l’époque, ne pouvait être abordée que sous l’angle de la dérision et de manière non explicite pour ne pas choquer les âmes prudes. Dranem s’était donc fait une spécialité de chansons décalées, souvent à double entendement.


Au cours de la Grande Guerre, versé au théâtre des armées : il va chanter dans les hôpitaux. Puis, en 1918, conscient que le music-hall a fait son temps, il se tourne vers le théâtre, l'opérette et le cinéma et devient vite le grand premier comique aux Bouffes-Parisiens (entre autres).
Le chanteur idiot disparaît pour laisser place à un virtuose de l'opérette, genre qui déplaçait alors les foules populaires.
Il jouera donc dans plus de 20 opérettes et 12 films, généralement des nanars, dont un du jeune réalisateur Claude autant-Lara (Ciboulette, 1932).

Le revoilà dans "Chanson sinueuse"


Il meurt en 1935 et est enterré dans le jardin de la maison de retraite qu'il avait fondée pour ses camarades artistes en 1911, la "Fondation Dranem", à Ris-Orangis.

lundi 17 août 2015

L'exotisme de la pampa par Henri Genès

On devrait toujours quitter Tarbes. 
C'est ce qu'a dû se dire Henri Genès rigolo, comique troupier, chanteur d'opérette qui naquit dans cette riante cité de garnison pyrénéenne en 1919. 
C'est sans doute là-bas qu'il a développé cet accent frangnol qui parodiait si bien le patriote basque médiatique Luis Mariano.
C'est en passant par La Rioja (et ses pinards pas dégueus) qu'on a repensé à cette redécouverte de George.



On précise que Burgos n'est plus un haut lieu du franquisme mais une ville plutôt prolo dans laquelle les habitants de certains quartiers n'hésitent pas à renvoyer municipalité et flics à leur néant.

lundi 30 mars 2015

Jean Constantin par François Constantin


"Étonnez-moi, Benoît" est une émission hebdomadaire du samedi matin (11h / 12h30) sur France Musique, animée par Benoît Dutertre, grand amateur d'opérette.
Par ailleurs, il ne rechigne pas à aborder la chanson ou son entourage.
Le 17 janvier dernier, il recevait le fils de Jean Constantin, François, pour évoquer son sympathique dab'.
On y apprend, entre autre, que les immortelles "pantoufles" furent écrites avec Claude Nougaro.


Les allergiques à l'opérette peuvent sauter directement à la dix-neuvième minute pour une chanson dédiée aux amoureux de la langue de Voltaire et de Michel Droit.