En cette période d'agapes (double ration de vodka dans le Donbass), nous nous permettons cette modeste mise en garde, ô combien d'actualité.
Au passage, vu le nombre de commissaires politiques en devenir et autres flics de la pensée, on ne peut que se demander si cet extrait de Spite Marriage (1929) du génial Buster Keaton accompagné par l'excellente Dorothy Sebastian ne serait pas quelque peu douteux selon les critères du temps.
Mais ça illustre joyeusement les Dead Kennedys à l'époque de leur splendeur (1981) et c'est donc notre avertissement d'avant le réveillon.
Déclarer que les punks avaient été situationnistes est certainement plus condescendant que juste. La réalité est que la majorité des gens embarqués dans le mouvement punk, musiciens ou pas, anglais ou pas, n'avait alors pas plus entendu parler de Guy Debord que de sa Société du spectacle, tout comme ils n'avaient pas plus lu Karl Marx que Joseph Proudhon.
Effectivement, les punks, comme d'autres avant eux, avaient essayé de construire des situations. Ces moments intenses où la vie se touche et se goûte comme jamais et que les situationnistes théorisaient comme une construction concrète d'ambiances momentanées de la vie et leur transformation en une qualité passionnelle supérieure.
Réinventer la vie - la formulation du poète était bien plus claire. À partir de ce marché qui, à quelques exceptions près, ne voulait pas de lui, le propension du punk à agir par soi-même, souvent par défaut, avait néanmoins réalisé ce que les limites de l'intellectualisme (la séparation d'avec le réel) avaient empêché aux gens de l'Internationale situationniste de faire : produire des actes susceptibles d'avoir des effets.
Mais le punk et le rock en général ne faisaient-ils pas également partie du spectacle que dénonçaient les situs ? La réification - transformation d'une abstraction en une chose - avait permis au genre humain de se réaliser. De supporter l'existence et faire société. Les langues, les arts, les rites en étaient manifestation. Le monde de la production de masse n'avait pas inventé la réification, il l'avait mise à contribution afin de se développer.
Marc Sastre La fin du rock (Les Fondeurs de Briques 2020)
Les mêmes que ci-dessus au 15ème anniversaire de la mort de leur inspirateur
T'en veux du spectacle ?
Ce bon vieux Eugène reprend les Dead Ken. (merci à Crasse et voluptés)
La peur d'un accident industriel finalement réalisée (Toulouse 2001)
Comme prévue, notre rentrée fut placée sous le signe de la Grande peur.
On fera mieux le mois prochain.
Ennio Morricone Peur sur la ville
Bérurier Noir J'ai peur
Lee Hazlewood / Duane Eddy Girl on death row
I Am Dangereux
Taulard Fuir
The Ruts SUS
Bauhaus Terror couple kill the colonel
Pékatralatack Black bloc terroriste
Mickey 3D La France a peur
Hugo Tsr / Nappage Nocturne Voisin d'en haut
Kendrick Lamar Fear
Joy Division Dead souls
La Polla Record El avestruz
Pink Floyd Fearless
Vera Lynn We'll meet again
Stupeflip Terrora
Catherine Sauvage La complainte de Fantômas
Don Choa Dr Hannibal
Creedence Clearwater Revival Walk on the water
The Coasters Run, Red, run
Ça peut donc se télécharger, se podcaster, s'écouterLÀ.
Un dernier coup de paranoïa : un petit coup de flicage et de surveillance démocratique bien avant internet et les réseaux sociaux.
Les deux samedis
précédents, il avait déambulé avec un équipement de protection
complet : masque, casque, veste de protection coquée. Samedi 8,
cet équipement lui a été confisqué par des policiers, dès
9 h 15, dans une des rues donnant sur l’Arc de triomphe.
« Je ne suis pas d’accord, mais je peux éventuellement
comprendre qu’on m’enlève mon masque et mes lunettes,
témoigne-t-il. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on a
aussi pris, volé, devrais-je dire, 120 fioles de sérum
physiologique, que j’avais apportées pour aider et soulager les
gens qui seraient forcément pris dans les gaz lacrymogènes. »
« Mon ami a
demandé pourquoi on nous enlevait nos masques si les policiers y
avaient toujours droit. Réponse de l’un d’eux, très menaçant,
à deux centimètres de son visage : “C’est pour mieux te
casser la gueule.” » Lassé
d’avoir assisté à des violences de la part des policiers, dont
des tirs de flashball au visage, à plusieurs reprises, Jean-Philippe
s’interroge à haute voix sur la « dictature » que
serait en train de devenir la France. « En fait, on
te dit de fermer ta gueule, c’est tout », s’indigne-t-il.
Il promet néanmoins de revenir manifester le 15 décembre à Paris.
Avec de moins en moins l’intention de « rester pacifique,
puisque ça ne sert à rien ».
Mediapart
10/12/2018
Tiens, voilà-t-il pas que les camarades de LKDS se mettent au karaoké :
Ce matin, la presse parle de douze
blessés à Toulouse. Ce n’est même pas le nombre de personnes que
j’ai pu prendre en charge dans l’après-midi. Certains parmi nous
ont raconté avoir chargé les personnes quatre par quatre dans les
véhicules de secours qui parvenaient jusqu’à nous. J’ai même
du mettre un blessé à bord de la voiture d’un riverain qui
passait par là, à quelques mètres de la charge de police, et qui a
rapidement accepté de le conduire à l’hôpital.
Ce matin, la préfecture comptait 5.500 manifestants dans
Toulouse : il faut vraiment être resté chez soi toute la
journée pour y croire. A 14h, le boulevard Lacrosses dégueulait une
foule compacte, un cortège tellement long qu’il permettait aux
premiers de ne pas entendre les grenades qui visaient les derniers.
(...)
Je n’ai pas envie ici d’exprimer mon point de vue sur la
violence en manifestation ; la vérité, en tout cas, est qu’il
ne s’agissait pas d’une « centaine de casseurs »
comme l’évoquent les journaux, mais de milliers de personnes qui
se succédaient, se soutenaient, se soignaient, s’encourageaient.
Impossible pour les gendarmes de faire quoi que ce soit, hormis
contenir bien imparfaitement l’émeute et répliquer à coups de
flash-balls et de grenades. Médiatiquement, les violences qui ont eu
lieu sont peut-être un mauvais coup mais elles ont été un vrai
coup de génie tactique. La queue de cortège a concentré
l’essentiel de l’attention sur elle, servant de point de fixation
pour les forces de l’ordre qui étaient déjà trop peu nombreuses
pour l’enrayer. Pendant ce temps, la tête de cortège continuait
sa route et s’emparait de la ville. La presse raconte que les « casseurs » étaient des
banlieusards profitant de l’occasion pour « tout casser »
-comme si la violence révolutionnaire était un simple loisir. De
mon côté, j’ai passé la journée à soigner des gens très
divers : lycéens voulant riposter à la violence subie toute la
semaine, étudiants, travailleurs de tous secteurs et tous âges
(vers 18h30, j’ai même administré du sérum phy à un retraité
qui avait été gazé), filles et garçons, « anars »
comme gilets jaunes et écolos, tous unis et constamment solidaires
sans regarder leur origine.
Exceptionnellement, il n'y aura pas d'Herbe Tendre au mois d'août 2015.
Les troupes sont trop dispersées : l'un est parti visiter les ruines archéologiques de Kobané, l'autre a fait vœu de silence pour son séjour méditatif chez les frères Viatoriens, le troisième est en train de mettre la dernière main à son dictionnaire Ourdou / Moldo-valaque à paraître à la rentrée. Ne le ratez point !
Pour tenter de faire patienter, nous dédions cette première rengaine (vingt ans déjà !) à nos fidèles sponsors*.
Et une idée de séjour exotique avec cette deuxième (trente ans déjà**!)
* Pour les djeunsss : Assedic c'était le pendant pognon de l'Anpe qui te fliquait avant l'existence de Pôle emploi.