Le plus désolant n'est pas le triste spectacle d'une bande de guignols fascistoïdes et mégalomanes tous alignés derrière un bouffon*, le plus désolant n'est pas que la gauche du monde entier soit devenue la gauche la plus bête du monde, comme on qualifiait la droite à l'époque.
Le plus désolant est le sort des migrants qui ne seront pas tous et toutes traqués ni déportés, les grossiums ayant trop besoin de main d'oeuvre pas chère, le plus désolant est le sort des réserves indiennes, tristes confettis désolés, où les projets de mines, d'exploitation pétrolières et gazeuses, d'oléoducs vont repartir comme en quarante (pardon, comme sous Obama et Trump Premier, le plus désolant est le sort des malades, des pauvres, des femmes, des taulards, des... Mais vous savez tout cela par coeur et les néfastes plus près de nous sauront sûrement en prendre de la graîne.
Dédié au pantin obscène.
Et puis dégoûté qu'on était pas le cours des événements, on n'avait pas osé mettre ça en plein incendies de Los Angeles. Mais puisqu'il paraît qu'on est entrés dans l'Armageddon, autant danser sur les ruines.
* The venal, lying, racist, misogynistic, hateful, crude, vulgar, socially and environmentally destructive reactionary crap, leavened by blatant greed and coated in the most abysmal stupidity that we in the United States (and you innocents in the rest of the world) will be subject to on a constant basis starting today. (pioché du blog "Kvetchlandia")
El emperador de los cadáveresin No me preguntes cómo pasa el tiempo (trad maison)
Même si on doute fortement que le gangster pornographe devenu maître du monde a des insomnies, nous lui dédions ce poème de José Emilio Pacheco et cette chanson avec nos compliments.
Ainsi que celle-ci adressée ses valets
Tout ça n'est peut pas très lyrique mais que voulez-vous, y'a des jours comme ça.
Jen'avais jusqu'alors jamais remis l'Espagne en question. J'y avais accepté que, bien gras et bien riche, le gros bonnet contemplât tout d'un oeil vitreux au fond de son club alors qu'au marché des hommes se battaient pour quelques déchets, que d'aimables vierges de la haute vinssent à l'église en carrosse alors que des mendiantes accouchaient dans les coins des portes.
Naïf et dépourvu de sens critique, j'avais cru que les uns et les autres faisaient tout simplement partie du tableau et ne m'étais jamais posé la question de savoir si c'était juste ou injuste.
C'est sur le pont de Séville que j'eus pour la première fois conscience que le grabuge n'allait pas tarder. Je m'y étais arrêté vers minuit pour regarder le fleuve lorsqu'un jeune marin s'approcha de moi et, m'ayant salué d'un "Salut Johnny!" me demanda une cigarette. Crachant ce qu'il disait comme si ça lui faisait mal à la langue, il parlait l'anglais qu'il avait appris à bord d'un navire charbonnier de Cardiff.
- J'sais pas qui t'es, fit-il, mais si t'as envie d'voir du sang, t'as qu'à rester dans le coin... va y en avoir plein.
Cédons exceptionnellement au lamentable exhibitionnisme des réseaux sociaux en donnant quelques conclusions sur un récent déplacement.
Il sera ici question de le province de Biscaye (en local, Bizkaia) vue comme symbole de la manière dont le spectacle (au sens situ du terme) étend sa griffe sur toute terre immergée.
Déjà, la capitale, Bilbao. On a déjà évoqué le sort de l'ex forteresse ouvrière, les chantiers navals Euskalduna qui ont dû céder la place, non pas comme on l'avait abusivement écrit au très bourgeois musée Guggenheim mais à un immonde palais des congrès, manière d'effacer une bonne fois pour toutes l'histoire du peuple travailleur.
Toutefois le Guggenheim et son monde ont parfaitement rempli leur office.
Ainsi, quelle n'a pas été notre surprise et tristesse de constater que l'embouchure du Nervion se voit encombrée par des paquebots de croisière déversant des milliers de consommateurs sur la ville.
Et, comme ailleurs, spéculation et Rbnb ont fait leur oeuvre. Ainsi, la région côtière est-elle constellée de protestations contre les conséquences de la soi-disant culture et l'augmentation de 30 % du tourisme.
Mais le plus beau reste à venir.
Tout près de la pointe du cap Matxixako, entre Bermeo et Bakio, se trouve un charmant îlot, le Gaztelugatxe, relié à la terre ferme par une antique chaussée régulièrement submergée. Un ermitage du IXème siècle orne le rocher. Il fut un temps où il suffisait de prendre un duvet (les nuits sont fraîches) pour passer une nuit dans ce cadre magnifique. Mais depuis que les petits génies de la série Game of Thrones ont eu l'idée de tourner dans ce charmant paysage, il faut compter entre quatre et cinq mois d'attente, en réservant par le net, pour avoir l'insigne avantage de s'entasser sur le lieu du tournage.
On sait bien que c'est partout pareil mais on ne peut s'empêcher d'une bouffée de nostalgie du temps où ces terres regorgeaient de prolos rebelles ou de délinquants énervés.
Allons faire un tour à l'intérieur des terres. À Gernika où le Condor passa (milesker Pott).
Depuis Picasso, chacun sait que ce bourg fut rasé par l'aviation nazie le 26 avril 1937.
Ce qui est nouveau est qu'après une relative (très relative) discrétion sur ce massacre, il est devenu ce qu'il faut, hélas, bien nommer l'argument principal de l'attraction touristique locale.
Le "Condor tour" comprend des reproductions du tableau de Picasso, des photos d'époques du désastre disséminées dans le centre-ville, un inévitable mémorial, des abris anti-aériens (Sans dec', y'avait des abris à Gernika ???) et une superbe statue de gudaris (soldats basques) dans le plus pur style réaliste socialiste.
Comprenons-nous, on n'a rien contre la mémoire historique, bien au contraire.
Mais transformer une ville moyenne en nécropole touristique ne comporte-t'il pas une certaine part d'obscénité ?
En tout cas, de quoi rendre furieux l'office de tourisme de Durango, ville distante d'une grosse trentaine de kilomètres. Durango fut, elle aussi, copieusement bombardée par l'aviation fasciste mais, manque de bol, n'étant ni siège de réunion historique ni sujet d'une peinture célèbre, désolé les gars, va falloir trouver autre chose pour attirer le chaland !
Comme tout n'est pas négatif, le moment comique est venu de la campagne des élections régionales. Certains partis utilisent encore des bagnoles munies de haut-parleurs pour balancer leur propagande. C'est lorsqu'on croise simultanément un cirque en tournée usant du même dispositif qu'on est devenu franchement hilare.
Jamais l'expression "cirque électoral" n'avait mieux justifié son existence.
L'actualité étant trop dégueulasse, on s'est payé une tranche de nostalgie d'un monde disparu et certainement pas meilleur.
Avant de se prendre pour Napoléon et devenir une sorte d'incarnation du beauf giscardien Serge Lama avait écumé les cabarets de la rive gauche et ouvert pour Barbara, Brassens ou marcel Amont.
Plutôt que de chanson réaliste, on qualifiera son cas d'auteur de chansons populistes au sens où on l'entendait avant que le mot ne fut mis à toutes les sauces. Ce qui a donné le pire comme, parfois, le meilleur.
Prenons le cas de Les glycines(1973), co-écrite avec Yves Gilbert et apparue sur le 33 tour Je suis malade.
Le cadre en est un monde paysan à l'agonie où la seule promotion sociale consiste à se barrer chez la classe ouvrière. C'était aussi le temps où Gilles Servat chantait On manque toujours de prolétaires. S'ils avaient su...
Rajoutons à ce tendre tableau la misère sexuelle, un soupçon d'inceste entre cousin cousine et les mots qui ne sortent pas, on comprend qu'à l'époque une partie du public adopta cette chanson pathétique au croisement de la chronique sociale et du misérabilisme.
Fin de l'explication de texte.
Quelle ne fut pas notre surprise de retrouver ce morceau interprété par un groupe de punk confidentiel des années 1990, 10 Petits indiens. D'abord signés chez Island, puis Boucherie prod. Isabelle Voisin, Frédéric Cormier, Philippe le Bour, Papi et tougoudoum ont commis trois albums entre 1992 et 1996.
Il semble qu'ils se soient reformés depuis mais on avoue notre ignorance.
Deux mois après la manif contre les méga-bassines à Sainte-Soline, on sort une compil’ de soutien à Serge et Micka, tous deux tombés dans le coma suite aux affrontements avec la police lors de celle-ci.
Une compil’ histoire de ne pas laisser le temps nous faire accepter ou oublier les mutilé.e.s et les blessé.e.s de la guerre sociale, de ne pas laisser les proches seul.e.s avec les galères de thune, de partager des idées et de filer de la niak aux personnes qui continuent à lutter contre ce monde d’exploitation.
Dans ces moments, c’est aussi la solidarité qui fait notre force, qui peut nous permettre d’encaisser les coups, de faire face à la peur et de tenir sur la durée. D'ailleurs elle ne s’est pas faite attendre et pas
mal d’actions ont eu lieu dans différents pays. Chacun.e.s selon les moyens qui leur semblaient adéquats, mais toujours sans concession avec l’État et ses aspirants…
On rentre donc dans la danse à notre manière. Avec cette compil’ de punk. Parce qu’une partie de notre politisation, de notre rébellion et de notre refus du système est issue de cette culture et que nous
continuons à voir dans ce mouvement un vecteur de contestation sociale et d’entraide. Un endroit d’auto-éducation face à ce monde qui aurait voulu nous voir abrutis par les rêves de réussite sociale qu’il nous fait miroiter et dociles en échange de cet argent qu’il a rendunécessaire à notre vie quotidienne.
Pas une minute de silence, les sales gosses ne se taisent pas face aux coups durs donnés par l’État.
Rien n’est fini, mais tout commence...
Force aux rebelles du monde marchand.
Si vous souhaitez filer un peu de soutien, nous vous encourageons à le faire directement sur la cagnotte mise en place par les camarades du S., afin d'éviter d'en filer une partie importante en frais divers (Bandcamp, PayPal).
La version cassette et CD devrait arriver vers le 15 juin. Si ça vous dit, il est possible de la commander dès à présent en nous contactant directement (contact: cybergod@stonehengerecords.com). Elle vous sera envoyée directement dès qu'on les aura entre nos mains.
Et puisque les minables qui nous gouvernent et ceux qui prétendent nous canaliser se sont mis d'eux même au pied du mur, rêvons un peu avec cette interrogation des Ruts : Who's gonna rule when the government 'll fall ?
On n'a d'abord pas compris pourquoi France Culture se muait en Radio Nostalgie en nous programmant, la nuit dernière, une nuit entière sur le rock alternatifdes années 1980. Émission de bric et de broc, certes mais le sujet s'y prête. Déjà que marchands et universitaires nous ont refourgués, nos blousons, nos bottes, notre zizique au triple du prix d'origine...
Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on a appris la mort, à 66 ans de François Hadji-Lazaro ( dit Zarbi à l'origine) à 66 balais. Auteur, compositeur, multi instrumentiste (accordéon, banjo, guitare, cornemuse, vielle à roue, violon, guimbarde, dulcimer etc.), acteur (21 long métrages au compteur) producteur, fondateur du label Boucherie productions, le gars aura eu une carrière bien garnie.
Voilà sans doute pourquoi il a droit à six chapitre de la dite nuit radiophonique (cliquer sur le lien).
Pour les groupes, il a débuté par le métro avant de monter Pénélope, Pigalle, les Garçons bouchers, Los Carayos et il a plusieurs albums solo à son actif.
Même si on confesse ne pas être grand fan des Garçons bouchers, on ne peut que saluer un type à la démarche cohérente, grand écumeur de bistrots et animateur d'une scène dont le show-biz a fini par avoir la peau.
Salut, gros.
Los Carayos (avec Schultz, Manu et Antoine Chao et Alain Wampas) avec le professeur Choron
Et dans Cantique issu de son disque avec Roland Topor (1996).
Je n'ai pas de foyer. Je n'ai pas fondé de famille. Je ne possède rien à part ma Gibson. Je n'ai jamais fait ça pour l'argent mais pour la musique. J'ai tout donné au rock'n roll.
Henri-Paul Tortosa
Un jour, sa vie fera peut-être l'objet d'un livre ou, pourquoi pas d'un film. Où l'on apprendrait que Bernadette Lafont a voulu l'adopter et que Patrick Dewaere venait se dépanner chez lui.
(Extrait du très complet article de Nicolas Mesplède in Dead Groll n°9)
Henri-Paul Tortosa a fini d'en chier au début de cette semaine.
On vous épargnera les pénibles calembours entre Born to lose et son lieu de décès. Avant de terminer un peu, beaucoup, tristement au bord de la Garonne, le gars né en 1959 à Oran, fils de mère couturière en usine et de père parti aura joué avec les Rockets (à 12 balais), les Young Rats (managés par Marc Zermati, mentor et mauvais génie) The Maniacs (en Angleterre) et, attention les yeux :
Johnny Thunders (avec lequel on a trop souvent limité sa carrière) Stiv Bators, Mink Deville, les Intouchables (avec sa compagne Charlotte au chant) Cosa Nostra, the Heartbreakers (re-Thunders) les Suricats, The Mavericks et je dois en oublier un paquet.
Il apparaît dans deux films sur la légende J. Thunders, Born To Lose et The Last Rock 'n Roll Movie ainsi que dans le film de Patrick Grandperret Mona et Moi.
Dans le genre légende du rock et grand témoin, le gars se posait un peu là.
Et même avec une santé plus que chancelante, il savait encore faire péter son riff. Une de ces dernières traces sonores, enregistrée en 2021 pour un Johnny Thunders Memorial (one again) avec Nico à la basse et Léo à la batterie, Baby I love you des Heartbreakers.
Il paraît que l’inénarrable Rock & Folk va lui consacrer un article. Comme dit un pote, "Dommage de ne pas se préoccuper des gens quand ils sont vivants;" Et socialement dans une dèche noire, rajouterons-nous en guise de conclusion.
Reste un mec qui avait la reconnaissance de ses collègues, de Marc Minelli à Brian James (Damned, Lords of the new Church, etc...) de Sonny Vincent à Little Bob.
En guise de curiosité et pour illustrer la précocité de notre disparu, un reportage d'Antenne 2 qui date de 1974 ou 1975 dans lequel une bande de sales morveux s'essayent à la musique du diable.
Allez, petite distraction de début d'année grâce au camarade Bidon Fumantdans son émission Un frisson dans la nuit du 16 décembre dernier, avec une nouvelle radiophonique de Josu Arteaga, La grosse caisse (parue, superbement illustrée par Matt Konture dans le Chéri Bibi n12).
Il y est question des mille et un usages du rock'n roll et de ses fondations : la batterie.
On se permet juste de rappeler au distrait que le sieur Arteaga s'appelle Josu (se prononce Yochou) et pas José
et que son ouvrage s'appelle Histoire universelle des hommes chats et pas la malédiction, ce qui serait d'ailleurs assez drôle.
Par
contre, la magie du hasard fait que le premier morceau, celui de Wire, a
été très heureusement repris par le groupe célèbre du bled de Josu, les
RIP.
En cette période d'agapes (double ration de vodka dans le Donbass), nous nous permettons cette modeste mise en garde, ô combien d'actualité.
Au passage, vu le nombre de commissaires politiques en devenir et autres flics de la pensée, on ne peut que se demander si cet extrait de Spite Marriage (1929) du génial Buster Keaton accompagné par l'excellente Dorothy Sebastian ne serait pas quelque peu douteux selon les critères du temps.
Mais ça illustre joyeusement les Dead Kennedys à l'époque de leur splendeur (1981) et c'est donc notre avertissement d'avant le réveillon.
Comme le montre la carte ci-dessus, les centres de recrutements de l'armée russe ont une fâcheuse tendance à l'auto-combustion.
Outre le nombre de ceux qui en ont les moyens ou la possibilité de quitter le pays, il semble que les manifestations contre la guerre et la conscription se multiplient, particulièrement dans les régions asiatiques, grandes pourvoyeuses de chair à canon.
Manifestations très majoritairement formées de femmes, leurs copains, frangins, fistons, etc. risquant de filer directement à la caserne en cas d'arrestation.
Même si on ne se fait guère d'illusions (on se souvient que le rappel du contingent en France, pour la guerre d'Algérie ne s'est pas passé en douceur mais que ça n'a jamais arrêté ladite guerre) il se pourrait que la position du barbouze en chef soit plus que fragilisée. Peut-être vient-il même de commettre une bourde monumentale.
Dans cette course vers la mort, il est au moins réjouissant que deux des régimes les plus autoritaires et impérialistes de cette planète se retrouvent à vaciller sous la pression de la rue.
En Iran comme en Russie, il est désormais clair que la solution viendra de ceux de l'intérieur. Et qu'il serait immonde de les laisser seuls face à leurs bourreaux.
Une chanson anti-guerre du groupe punk Adaptatsiya, formé par Yermen Anti Erzhanov dans son Kazakhstan natal.
Bon, un petit mot au sujet de cette nouvelle chambre et de cette soi-disant "majorité introuvable" (Tu parles! Tu paries ?)
Si c'est pas encore le Reichstag de 1933 (tant mieux, on va pas se payer un incendie de Notre Dame tous les trois ans) on doit bien reconnaître que ceux qui attendaient un déferlement bolchevique ont eu droit à l'arrivée en masse de fachos propres sur eux.
Entre autres causes de ce remake de "l'arrivée de Blücher à Waterloo", outre les accumulations de conneries d'un piteux gouvernement qui a désormais l'air malin, l'application des vieilles recettes basées sur la peur du rouge.
Parce qu'on a été gâtés de ce côté là : on ne se souvient pas pareille mauvaise foi depuis 1981 quand d'aucun prédisaient un défilé des cosaques et des chars russes sur les Champs Élysées. Ce qui était déjà d'autant plus piquant qu'à l'époque, Moscou avait déjà marqué sa préférence pour Giscard (pas si cons, les cacochymes).
En attendant la prochaine parade d'une ex armée Rouge nettement moins fougueuse que dans l'imaginaire d'alors (encore que, du côté de l'Afghanistan ça faisait moins les malins qu'à Prague) repassons-nous quelques titres du temps où on aimait à jouer à se faire peur. Et à en rigoler.
Ça pourra toujours resservir si un jour les vrais rouges reviennent.
Bien loin du patriotard requin fier de son orgueil de race,
conscients que notre Patrie est là où se trouvent les peuples opprimés :
Ouvriers, masses laborieuses, Arditi d'Italie À NOUS!
Sauf énorme et pas forcément agréable surprise, l'élection qui vient se jouera entre le petit marquis méprisant et la dédiabolisée par la grâce d'une crevure qui a joué au crétin utile. Le fascisme est donc à nos portes.
Ce qui nous permet de revenir une bien belle histoire et rappeler qu'il n'y a qu'une façon de traiter avec ces gens là. Même si on n'est pas en Italie en 1922, manquerait plus que ça !
Durant la première grande boucherie mondiale, les Arditi (hardis, courageux) étaient des troupes d'assaut italiennes, équivalent de nos nettoyeurs de tranchée ou des futurs commandos. Ces unités d'élite hyper entraînées et jouissant de privilèges que n'avait pas la piétaille ordinaire furent une véritable caste guerrière marquée, à la fois d'esprit patriotique et d'un mépris pour l'autorité, l'État et la bourgeoisie, d'où de nombreuses bagarres avec flics et carabiniers (ces planqués).
Pour le patriotisme, vu la reconnaissance de la Mère Patrie vis à vis de sa chair à canon, les 40 000 Arditi démobilisés ont monté leurs propres associations, se sont rapprochés des futuristes, ont été nombreux à participer à la tragi-comédie de la République de Fiume rêvée par Gabriele d'Anunzio et un bon nombre a rejoint les rangs du fascisme naissant.
Tous ? Non ! Sous l'impulsion d'ex combattants anarchistes et socialistes, en juillet 1921, sont fondés les Arditi del Popolo (Arditi du peuple) mouvement paramilitaire destiné à s'opposer en actes aux chemises noires et autres squadristes. Un de leurs slogans était Arditi, non gendarmi ! (Arditi! Pas flics!) en cette année où la violence fasciste se déchaîne contre le mouvement ouvrier. Même si Antonio Gramsci les admire publiquement, les communistes n'entrent généralement pas dans ce mouvement puisqu'ils ne dirigent pas.
L'anarchiste Malatesta avec des Arditi del Popolo
Voilà pour l'ambiance, voyons le décor.
En août 1922, nous sommes à trois mois de la Marche sur Rome et les hordes mussoliniennes ont à peu près nettoyé le pays de tout ce qui pouvait s'opposer par force à leur montée au pouvoir. Une grève générale appelée suite à de sanglants affrontements à Ravenne (où plus de 3000 squadristes ont été repoussés par les Arditi del Popolo) s'achève lamentablement à cause de syndicats terrifiés.
Reste un caillou dans la botte : la ville de Parme où les chemises noires subissent revers sur revers et où la grève s'installe. L'épicentre de la résistance se situe dans le quartier populaire d'Oltre Torrente et le responsable local des environ 300 AdP locaux est le socialiste Guido Picelli qui organise patrouilles et plan de défense depuis des mois et a monté un Front uni avec tous les autres groupes d'autodéfense prolétarienne.
Guido Picelli
Farinacci, chef fasciste régional a donné 48 heures aux rouges pour faire place nette faute de quoi ses troupes ravageront les quartiers populaires. Comme de bien entendu, forces de l'ordre et militaires se retirent complaisamment.
Le 2 août 1922, près de 10 000 squadristes passent donc à l'attaque et tombent sur des barricades, des rangées de tranchées, de câbles électriques, de barbelés et même des champs de mines artisanales.
Les chemises noires sont reçues à coup de fusil, de revolver, de briques, de grenades, de bouteilles d'essence, de vitriol, d'huile bouillante, de traverses, de pierres...de tout ce qui peut faire mal.
Toute la population s'y est mise hommes et femmes, vieillards et gamins et logiquement, les mussoliniens prennent une belle dérouillée.
Évidemment, comme il est hors de question de rester sur pareille humiliation, Mussolini écarte l'incapable Farinacci et envoie son bras droit mater Parme : Italo Balbo.
Et les combats reprennent, vague après vague, cinq jours durant, l'assaut fasciste va s'écraser contre les défenses des quartiers d'Oltre Torrente, Naviglio et Saffi.
L'enjeu semble de taille, Balbo note dans son journal Si Picelli arrive à vaincre, les subversifs de toute l’Italie vont relever de nouveau la tête. À 10 combattants contre 1, les fascistes tombent comme des mouches et la débandade se profile.
Le commandant militaire de la place, toujours vautré dans sa neutralité, finit par communiquer à Balbo qu'il n'est pas en mesure d'assurer la sécurité de ses hommes. Finalement, dans la nuit du 6 août, les fascistes refluent et quittent la ville non sans emporter plus de quarante cadavres et un nombre élevé de blessés. Du côté des défenseurs, on déplore 5 morts.
Balbo à gauche de son maître
Contrairement aux prévisions d'Italo Balbo, l'expérience victorieuse de Parme ne sera pas suivie d'effets : syndicalistes, socialistes, communistes feront la sourde oreille aux appels de Picelli et trois mois plus tard Mussolini sera installé dans l'Aventin.
Pas rancunier, Picelli entre au PCI, avant de s'exiler suite à une condamnation de cinq ans. Il meurt en Espagne, le 5 juin 1937 à Mirabueno (Guadalajara) à la tête de sa section de la Brigade Garibaldi au cours d'une des rares victoires de la république qui y écrasa... les forces fascistes italiennes.
Quant à Balbo, il attendra 1933 avant d'oser revenir à Parme, comme ministre de l'aviation (la ville possédait des usines aéronautiques) et auréolé de ses traversées aériennes transatlantiques. Ce fut pour y découvrir cet énorme graffiti en dialecte parmesan : Balbo, tu as traversé l’océan mais pas le torrent Parma !
Voilà, on vous a raconté ça, faites en ce que vous voulez.
Tiens ? Un groupe qui s'appelle par hasard Oltre Torrente et qui chante sa bonne ville rebelle, Parma brucia.
Et une belle affiche commémorant ces journées d'août à la gloire des Arditit del Popolo au son du vieil air anarchiste Figli dell' oficina
Chanson reprise, à son tour par nos Parmesans, la boucle est bouclée.
La preuve en est fournie par l'affiche ci-dessus (en réalité, une photo du quartier de Vallecas bombardé par les fascistes durant la bataille de Madrid) , les fake news ne datent pas d'hier. Simplement, avant on disait bobards, propagande, bourrage de crâne, etc. Ce genre d'infamie n'est en rien l'apanage de l'extrême droite.
Mais en ce moment, pris entre la tragédie de la guerre et la tragi-comédie électorale nous sommes particulièrement gâtés.
En plus, il fait un temps dégueulasse.
Alors vous comprendrez qu'on soit un peu bougon.
Et que l'archive (1984) qui suit résume assez bien notre état d'esprit bougon.
Une évidence : il n'y a rien de plus contre-révolutionnaire qu'une guerre entre États. Ceci posé, dans le cas de la guerre entre Russie et Ukraine (entamée en 2014, faut-il le rappeler) la position du défaitisme révolutionnaire est inopérante et complètement larguée. Désolé, camarades gauchistes, nous ne sommes pas en 1914 !
Évidemment, nous n'avons pas plus de sympathie pour le gentil Zelensky que pour le méchant Poutine. Ce qui leur fait une belle jambe à tous deux !
Pour l'instant,nous nous contenterons de laisser la parole à quelques-uns des premiers concernés. Au cas où certains n'aient pas encore pris connaissance de ce texteproduit par des camarades acculés qui n'ont de choix qu'entre des solutions merdiques, on le remet en lien. Extrait: Nous considérons que les slogans « Dites non à la guerre » ou « La guerre des empires »
sont inefficaces et populistes. Le mouvement anarchiste n’a aucune
influence sur le processus, donc de telles déclarations ne changent rien
du tout.
Et désolé, camarades anarchistes, malgré tous ces riches enseignements, nous ne sommes pas en guerre d'Espagne en 1936 ! Pas plus qu'il n'y aurait, pour l'instant disions-nous, quoi que ce soit de comparable à l'émergence d'un mouvement de type makhnoviste.
Ceci dit, il existe quelques motifs de réjouissance.
Les cheminots biélorusses ont mis un beau bordel dans les lignes approvisionnant l'armée occupante.
Un chef mécanicien sabote le yatch de son patron, oligarque russe, aux Baléares.
Un citoyen irlandais enfonce le portail de l'ambassade russe de Dublin (on sait, même si ça sent le pari au pub du coin, le geste n'en reste pas moins beau).