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mercredi 10 mars 2021

Mac Orlan et les rues de Paris

 
On dirait que certains se réveillent. Non qu'on s'enthousiasme outre-mesure sur un mouvement naissant de théâtres occupés ou de sympathiques performances collectives dans des lieux publics (voir commentaire du post précédent) mais on ne pourrait que se réjouir si l'arrivée annoncée du printemps coïncidait avec la sortie d'une sombre léthargie. Mais nous ne sommes pas des plantigrades.
En attendant, une chanson du temps où les rues étaient peuplées de créatures non masquées et où on pouvait faire étape à l'abreuvoir du coin.
Non qu'on veuille magnifier un monde de misère et d'exploitation, mais il était naturel à certains des poètes de s'émerveiller de la rue parisienne en maniant la "langue verte".
C'est là qu'on retrouve ce bon vieux Mac Orlan avec une chanson posthume. Son poème, Les six éléments fut mis en musique sous le titre Les rues barrées (en voilà une idée qu'elle est bonne) par Monique Morelli et son complice, l"'accordéoniste Lino Léonardi en 1968.

  


samedi 4 janvier 2020

La Chanson Boum du Mac


Le 22 juin 2014, l'émission d'Hélène Hazéra rendait hommage à Pierre Mac Orlan.
En novembre 1951, Pierre Mac Orlan a enregistré sur Paris Inter une série d’émission avec Germaine Montero, un petit feuilleton mis en ondes par Albert Riera intitulé alors " La chanson de mes villes". Chacune de ces sept émissions est consacrée à une ville que Mac Orlan a fréquentée dans sa jeunesse, et se conclut avec la création d'une chanson écrite par Mac Orlan, mise en musique par l'accordéoniste V. Marceau et le guitariste Henri Crolla.
Voici donc un abrégé de ces émissions où Mac Orlan commente et explique ses chansons, document à peu prés unique dans le domaine chansonnier.
Elles renvoient à la période juste avant la Grande Guerre, dont le décor, la plupart du temps, a été englouti sous les bombes. Germaine Montero les enregistra plus tard pour le disque, avec d'autres mais ici ces interprétations dépouillées* témoignent de la force d'émotion particulière du son radio



* Mélodies et paroles diffèrent souvent des versions habituelles.

jeudi 31 octobre 2019

Les bas-fonds de novembre

Louis Jouvet dans Les bas-fonds de Renoir d'après Gorki (1936)
 
Il fut un temps, pas si lointain, où les villes n'étaient pas encore colonisées par air bnb, ni truffées de caméras de surveillance, ni réservées à une classe sociale triomphante et néanmoins inquiète, ni traversées de magasins en franchise, où la marine marchande ne se réduisait pas à quelques ilotes trimballant des containers guidés par satellite, où les classes dangereuses hantaient les ruelles.
Ce n'était certes pas plus équitable, juste plus vivant. 
Et chacun de ces ports, de ces capitales, de ces centres industriels possédait ces quartiers louches où régnaient des déclassés, où le prolo venait chercher l'oubli ou la conspiration et le bourgeois s'encanailler. 
Fascinants ou craints, ces bas-fonds furent abondamment chantés.

Les Vanneaux de novembre feront donc une balade dans ces bouges et rues mal famés du passé et d'aujourd'hui. Le lundi 4 novembre à 17h30 sur le 92.2 de Radio Canal Sud

En apéritif, Mac Orlan, chantre du fantastique social et un quartier réputé, l'East End et ses docks. Cette version de la Fille de Londres est chantée par Catherine Sauvage.




 

dimanche 4 août 2019

Chanson du Quai des Brumes

Le film de Carné (1938) n'a qu'un rapport relatif au roman
Grâce à son adaptation cinématographique du duo Carné-Prévert (1938) Quai des Brumes est certainement le roman le plus connu de Pierre Mac Orlan.
Le cadre du livre n'a rien à voir avec Le Havre mais se déroule entre le Montmartre du Lapin Agile et la ville de Rouen, deux lieux ou l'auteur avait pas mal roulé sa bosse.
D'ailleurs, il paraît que c'est Max Jacob qui avait surnommé Frédé, tenancier du fameux cabaret "tavernier du Quai des brumes" en référence non pas à un quelconque dock mais à cette butte mal famée.
Quant à Jean Rabe, jeune sans-le-sou de l'année 1910, il emprunte pas mal de traits à un Mac Orlan qui vécut alors dans la dèche.
Tout cela est assez connu.
Mais, amoureux comme on l'est des chansons du Dumarchey, voilà-t-il pas qu'on vient à peine de réaliser qu'un de nos airs favori, Nelly, est également issu de ce bouquin de 1927.
À l'origine, elle est dans le roman une go-go girl, comme on ne disait pas encore, des salles de bal de Pigalle et Montmartre. Prostituée occasionnelle, elle accorde ses faveurs à Rabe avant de monter en grade et régner enfin sur la vie parisienne en soignant son cafard de l'époque du Lapin.
Plus modestement, la fille de la chanson (sortie en 1953 dans Chansons pour accordéon avec V. Marceau) ne gouverne que son bistrot à Rouen. Elle est le dernier souvenir d'un petit gars qui part au casse-pipe en 14. Voilà pourquoi on avait passé ce titre à l'époque dans l'émission sur racaille militaire.
C'était en 2013 et cette découverte mérite bien un rappel. Chanté par la Morelli.


dimanche 18 mars 2018

Mac Orlan, le bonheur dans le crime

Ces aimables militaires sont dans Barry Lyndon (1975)
Aujourd'hui le Mac nous balade dans les quartiers mal famés de Londres en déroulant la vie exemplaire d'un fille publique devenue tenancière, non sans avoir flingué de l'aristo pour faire honneur à ses origines irlandaises et à son papa criminel qui finit par se dessécher sur les docks à force de danser au grès des vents.
Les progrès d'une garce, encore un extrait de l'indispensable disque de Monique Morelli et lino Léonardi Chansons de Mac Orlan, sous-titré Chansons pour accordéon (Le chant du monde LD-M 4242)

  

"L’aspect de la grande salle du « Poisson sec » valait certainement le prix d’un gobelet d’ale ou de stout. Les murs, peints en rouge sang de bœuf, un peu comme on pourrait imaginer le parloir d’un ancien exécuteur des hautes œuvres, s’ornaient de chromos illustrés luxueusement par les plus célèbres vendeurs de spiritueux du monde entier. Une estampe, dans un mauvais tirage, de W. Hogarth, représentait une scène tirée de cette curieuse suite de gravures intitulée Les progrès d’une garce. On voyait, quoique l’humidité eût abîmé une partie du dessin et que les mouches eussent injurié copieusement le verre qui devait la protéger, la malheureuse Polly battant le chanvre dans une maison de correction."
Pierre Mac Orlan Le chant de l'équipage

vendredi 8 décembre 2017

Mac Orlan nous mène en bâteau



Le 15 décembre 1948 l'émission de Maurice Séveno, "Les quais des brumes" amenait les auditeurs sur les canaux de Paris à Rotterdam et Londres. En outre, il évoquait les chansons de bistrots et de mariniers. Vu le titre du programme, il se voyait obligé de prendre brièvement à son bord et au passage, un Pierre Mac Orlan, bien entendu, bavard à souhait.
C'était le temps ou un reporter "embarqué" ne se traduisait pas stupidement par "embedded". Et où ça beuglait dans les rades.
Ça a été rediffusé le 18 novembre dernier.



En supp', une rengaine de Roda-Gil et Mort Shuman chantée par Marc Robine


lundi 11 septembre 2017

Morelli toujours


La chanteuse Monique Morelli s'est éteinte mardi à Paris, à l'âge de soixante-neuf ans. Sa vie, c'est tout un poème, ou plutôt une longue suite de poèmes. Elle a chanté Aragon, Ronsard, Villon, Pierre Seghers, Carco, Verlaine, Luc Bérimont, Mac Orlan... Elle avait une voix d'entrailles, identifiable dès les premiers accents. Héritière des «goualeuses» sublimes (Lys Gauty, Fréhel, Damia ou Piaf) elle s'était mise à personnifier Montmartre, étant pourtant née à Béthune (Pas-de-Calais) dans une famille de fonctionnaires qui la destinait à la pharmacie! Ce n'était pas son fort. Successivement virée de quatorze établissements scolaires, elle vint à Paris pour vivre sa passion poétique. En 1969, elle passait en première partie de Brassens à Bobino. Sa belle présence tragique et populaire s'efface. Restera la voix, comme le témoignage ineffaçable d'un riche tempérament et d'une bonté native.

L'Humanité, 28 avril 1993 

 Les Quatre saisons (Mac Orlan)

Agathe Fallet se souvient de ces ambiances d'hommes dans les bistrots : "Quant il y avait des femmes, c'étaient des folles ! Elles résistaient. (...) Il fallait faire partie du groupe." Il fallait le tempérament d'une Monique Morelli (qui avait débuté, il est vrai, comme dompteuse chez les Fratellini ) ou d'une Youki Desnos, des caractères bien trempés, pour se mélanger sans se dissoudre dans cette compagnie de mâles qui se représentaient les femmes d'une manière bien conventionnelle.
Olivier Bailly. Monsieur Bob. 2009 

 
Le renégat (Tristan Corbière)
  

mercredi 17 mai 2017

Mac Orlan à Marseille (par Catherine Sauvage)

Voix voilée, émotion intacte, Catherine Sauvage interprète ici un classique de la complainte du trottoir, qui, exceptionnellement chez Mac Orlan, a Marseille comme cadre.

Cette séquence a été possiblement filmée en juin 1972 mais nous n'avons aucune certitude quant au lieu du concert.

Elle semble bien faire partie de l'émission de Roger Sciandra, présentée par Pierre Whien, portrait de la chanteuse, alternant entretiens et extraits de concerts.
Comme pratiquement toujours chez Mac Orlan, la musique est de Marceau Verschueren.

samedi 21 janvier 2017

Mac Orlan en hommage à Villon (5)

Pierre Dumarchey se devait d'y aller de son hommage à François Villon.
Il le fit donc dans une superbe java, payant ainsi son tribut au parler du royaume d'Argot (d'Argos?), à la langue verte des coquillards et autres goliards ne dédaignant pas la truande. La pièce comporte pas mal de tiroirs et nous allons tâcher d'en entrebâiller quelques-uns.
En préambule, la chanson par Germaine Montéro, notre interprétation préférée.

Voici un début qui part sur un rondeau comique de maître François (qui lui est attribué tantôt en 1431, tantôt en 1463) le texte en est :
Jenin l’Avenu
Va-t’en aux étuves
Et toi là venu
Jenin l’Avenu
Si te lave nu
Et te baigne es cuves
Jenin l’Avenu
Va-t’en aux étuves
On constate ici que François de Montcorbier ne rechignait pas aux calembours. Mais qui est ce Jenin ? On a beau chercher, on n'en trouve aucune trace. Jean Favier affirme qu'un "Jenin" est un cocu et "l'Avenu" un gars qui tombe toujours au mauvais moment. L'envoyer aux étuves (faisant office à la fois de bains publics et de lupanars) est donc une manière de se débarrasser d'un pénible quelque peu pleurnichard. À moins que cela ne signifie tout simplement "Va te faire voir ailleurs !" ou plus prosaïquement "Casse-toi !" ou, comme on disait au quartier, "Nachave !".
Dernière hypothèse: pour en finir avec la première ligne, les "étuves" peuvent désigner le supplice de l'ébouillantement destiné aux faussaires et incestueux. On plongeait le condamné petit à petit dans un bidon d'eau bouillante sur la place publique. Voilà donc une manière plus prosaïque d'envoyer un "Jenin" en enfer. 
On croirait du Dubout mais c'est bien du Jijé.
Au tour de la rue Saint-Jacques. 
On sait que c'est sur un banc de cette rue que Villon eut une rixe avec Philippe Sermoise, prêtre à Saint Benoît. Villon le blessa d'un bout coup de dague, et Sermoise rendit l'âme le lendemain non sans avoir publiquement pardonné à son assassin, qui se planquera tout de même sept mois loin de Paris.

Comme précisé au troisième couplet, "Colin" est Colin de Cayeux, complice de Villon lors du vol perpétré au Collège de Navarre, rue Saint André des Arts, par la bande d'étudiants en rupture. C'est lui qui semble diriger le groupe, affectant un guetteur. Colin aurait été pendu vers 1460. On le désigne comme coquillard mais son nom n'apparaît pas dans les actes du procès de Dijon en 1455. Villon rappelle le sort de son ami dans sa « Belle leçon aux enfants perdus » placée dans le Testament. 
  
Par contre, "Régnier de Montigny", ancien clerc parisien et compagnon de débauche de Villon était, lui, bien présent au procès des coquillards. Il y fut même pendu (et non roué comme dit au quatrième couplet) et le poète évoque son supplice dans une ballade du Jargon et Jobellin dudit Villon, édité en 1489.



Il semble "Robin de Turgis", fils d'Arnoul, ait été le tavernier de "La Pomme de pin" située rue de la Juiverie. Villon le cite dans Item, vienne Robin Turgis :

Item, vienne Robin Turgis

A moi, je lui paierai son vin ;

Combien, s'il treuve mon logis,

Plus fort sera que le devin.

Le droit lui donne d'échevin,

Que j'ai comme enfant de Paris :

Se je parle un peu poitevin,

Ice m'ont deux dames appris.

Quant à "Dame Sidoine", elle peut avoir été quelque affranchie, maîtresse de Villon. Elle apparaît dans les "Contredits de Franc Gontier" dont voici la savoureuse première strophe :

Sur mol duvet assis, un gras chanoine,
Lez un brasier, en chambre bien nattée,
A son côté gisant dame Sidoine
Blanche, tendre, polie et attintée,
Boire hypocras, à jour et à nuitée,
Rire, jouer, mignonner et baiser,
Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser,
Les vis tous deux, par un trou de mortaise :
Lors je connus que, pour deuil apaiser,
Il n'est trésor que de vivre à son aise.
 
On voit enfin que Pierre Mac Orlan, tout en réinventant un argot du XVème ne dédaigne pas, lui non plus, les calembours puisqu'il mêle une anecdote historique de la rue Saint-Jacques à quelques coquillards supposés ou avérés. Outre, leur vocabulaire très particulier, ces fameux truands tenaient soi-disant leur nom de leur emblème, la coquille des pèlerins en route vers Santiago (Saint-Jacques de Compostelle). Fait, qui semble-t-il n'a jamais été vraiment prouvé.  
Pour rappel, on repasse la version de Valérie Ambroise



vendredi 25 novembre 2016

Carco, Mac Orlan et leurs airs de caserne

Enregistrés à la radio en 1950, des airs de Mac Orlan chantés par Laure Diana accompagnée d'un accordéoniste, sont présentés par nos deux poètes, ci-devant montmartrois.
Ici, on nage dans la nostalgie du biffin (on disait alors assez peu bidasse) avec sa vérole, son cafard, ses cors aux pieds, ses aventures coloniales et les filles à soldat. Surtout les filles à soldat, d'ailleurs.
Ce troupeau servira de chair à canon en masse pendant les quatre années d'une guerre qui allait en finir avec les derniers débris de romantisme populaire pour annoncer un futurisme tout empreint d'acier et de gaz.
Pierre Mac Orlan, qui avait morflé d'une "bonne blessure" (celle qui vous renvoie dans votre foyer à peu près "intact") devant Péronne, lors de la bataille de la Somme en 1916, en savait quelque chose.
Les quelques habitués de ce blog connaissent déjà plusieurs de ces chansons mais l'interprétation de Laure Diana est parfois fort différente des habituelles.
Dans l'ordre, elle chante Bel-Abbès, La belle de Mai, Marie-Dominique, Fanny de Lannion, Nelly, Rose des bois.


Richard Anacréon, Pierre Mac Orlan, Marceau Verschueren et Francis Carco (Denise Colomb, 1949)


Dans un tout autre ordre de chose, l'année de merde continue : disparition la même semaine de Paul Tourenne (le plus petit de la bande) et de Sharon Jones. Y'a des jours comme ça où on aimerait que la faucheuse choisisse un peu mieux ses cibles.

mercredi 12 octobre 2016

Simone Bartel à la télévision (1960)



On aime un peu, beaucoup, passionnément, Simone Bartel, aussi est-ce une joie de relayer ce document mis en ligne par Dominique HMG.
C'était à l'émission "Discorama" du 1er juillet 1960, où elle chantait "Le bal de Meudon", paroles et musique de Claude Aubry. Pour l'occasion, elle était accompagnée de l'orchestre de Jacques Lasry.
HMG a inséré les paroles pour permettre aux internautes de suivre le propos de cette chanson qui, dixit Mac Orlan,
"Participe heureusement aux joies de la banlieue. En général, cette jeune chanteuse s'attache moins aux paysages de la rue française qu'aux paysages sentimentaux de la mélancolie. Elle sait obtenir de ce mot connu des confidences que l'amour protège plus qu'il ne détruit.

"Le bal de Meudon" est tiré du troisième 45 tours BAM de Simone Bartel, où figurent également "Comète" de Paul Villaz et une superbe "Porteuse d'eau" d'Anne Sylvestre.
Il est possible d'écouter tout ce disque sur le site consacré à la chanteuse :
http://simone.bartel.free.fr/streamer...

jeudi 19 mai 2016

Mac Orlan en direct à la TSF

Enfin ! Un peu de bonheur sur les ondes !
À la demande générale, on fait tourner cette heure de joie.
Le 22 juin 2014, Héléne Azéra a repassé des extraits d'émissions enregistrées en présence de Pierre Mac Orlan.
C'était en 1951, sur Paris Inter, dans l'émission d'Albert Riera, "Chanson de mes villes" en sept épisodes. Les créations du Pierre Dumarchey sont chantées par Germaine Montéro. Elle est accompagnée de V. Marceau (Verschueren) à l'accordéon et Henri Crolla à la guitare. Excusez du peu!
Si vous êtes amateurs, vous remarquerez quelques changements dans les versions proposées en radio et celles enregistrées en studio par la suite, particulièrement les deux dernières chansons.
Que du bon, d'ailleurs, si même l'aimable Guy Debord l'affirme...
Au menu:
- La chanson de Nelly.   - La chanson de Margaret  - Giuli de Chiaia
- La fille de Londres      - Fanny de Laninon             - L'Oncle Ludwig
- Sur la route de Bapaume


lundi 9 mai 2016

Mac Orlan et Morelli en hommage à Nerval

Ce 26 janvier 1855, on a retrouvé Gérard de Nerval pendu aux barreaux d'une grille qui fermait l'égout de la rue de la Vieille-Lanterne (aujourd'hui disparue, elle était parallèle au quai de Gesvres et allait jusqu'au Châtelet).
Il avait « délié son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », pour paraphraser l'épitaphe qu'en fera Baudelaire.
Le Desdichado (malheureux, pusillanime) était allé jusqu'au bout de sa folie.

Revenu vivre en 1957 à Montmartre, Pierre Mac Orlan y rencontre Monique Morelli et  son compagnon accordéoniste Lino Léonardi.
La première le chantera et l'autre mettra ses textes en musique, du moins en ce qui concerne les arrangements des enregistrements.
Le Tapis-franc, superbe hommage à Nerval, est sorti sur le disque "Chansons pour accordéon" ( Le chant du Monde LD-M 4242). Les compositions musicales y sont de V. Marceau.
Le V.  de Marceau signifie simplement qu'il s'agit d'un autre accordéoniste assez réputé : André Verschueren.
Errata : Il s'agirait plutôt de Marceau Verschueren, (1902-1990)
Merci à Loïc de nous l'avoir précisé.


Et en souvenir du poète :


dimanche 15 novembre 2015

Francesca en concert

Écœurés par le dernier massacre parisien en date  (le pire depuis octobre 1961) et par la réaction, pourtant tellement prévisible, des crapules qui nous gouvernent, on se contentera, pour l'instant et comme à chaque coup de cafard, de s'envoyer un peu de musique.
C'était pour l'émission télévisée "Gala de la fine fleur de la chanson française", du 2 mai 1968.
La suite dudit mois n'allait pas être triste.
On constate ici que même la télé de De Gaulle avait quelques bons moments. On pouvait y proférer des gros mots comme "Vietnam" ou y chanter les hauts faits d'une courtisane décatie.
 
Francesca Solleville est accompagnée par l'orchestre  de Jean-François Gaël, elle interprète trois chansons :
- "Lola, Lola", paroles de Michelle Senlis et Claude Delécluse, musique de Jacques Debronckart
- "Vietnam", paroles et musique d'Henri Gougaud
- "La fille des bois", paroles de Pierre Mac Orlan (parues dans le recueil "Mémoires en chansons", Gallimard, 1963), musique de Léo Ferré.



vendredi 3 avril 2015

Mac Orlan, auteur

 Mac Orlan avec Juliette Gréco et Gilbert Roussel, chez lui, en 1964

Pierre Mac Orlan (né Pierre Dumarchey, 1882-1970) s'est d'abord lié d'amitié avec Gaston Couté au lycée d'Orléans. Adolescent, il a envoyé ses premiers textes à Aristide Bruant.
Celui-ci, avec son amabilité coutumière, lui conseillera d'acquérir d'abord un peu de bouteille.
Dès son arrivée à Paris, en 1899, il a gagné quatre sous en écrivant des couplets pour quelques interprètes de second ordre.
Sa fréquentation assidue du Lapin agile à Montmartre l'a poussé à persister dans l'écriture de chansons, généralement laissées telles qu'elles, sans musique, dans ses romans.

Extraits d'une entretien avec Max Croce en 1963 
On remarquera à quel point l'anecdote sur "Le temps des cerises" et la Commune est fantaisiste. Tradition orale montmartroise ?



C'est à la fin des années quarante que, poussée par le succès des chansons de Prévert, la Radio Télévision Française a appelé divers poètes (Queneau, Soupault) pour écrire ses programmes.
Mac Orlan fut sollicité pour mener l'émission "La chanson de mes villes" puis "Souvenir de la nuit."
Ne trouvant pas suffisamment d’œuvres à son goût, il a donc décidé d'écrire la matière première du programme.

Présentation, en compagnie de Françis Carco, de ses chansons de soldats (1950). Ces six là sont chantée par Laure Diana, première à enregistrer du Mac Orlan sur 78 tours.



C'est donc à près de 70 ans qu'il a entamé sa grande carrière de parolier.
Au total, il a écrit plus d'une soixantaine de rengaines qui furent éditées en trois volumes.
Mis à part Patrick Denain, les Frères Jacques et Yves Montand (pour un seul titre dans les deux derniers cas), elles seront toutes chantées par des femmes : Laure Diana, Germaine Montéro, Monique Morelli,Francesca SollevilleJuliette Gréco, Simone Bartel, Béatrice Arnac, Barbara, Catherine SauvageMarie Dubas et on en oublie...

Le Dumarchey en accordéoniste (photo André Kerstesz)

mardi 27 janvier 2015

Denain chante Mac Orlan (et Cartouche)

Patrick Denain est souvent allé mettre en musique des chansons de Mac Orlan.
Une fois de plus, l'écrivain adopte le point de vue d'une femme.
Il s'agit ici d'un amour de jeunesse de Louis-Dominique Garthausen, dit Cartouche (1693-1721), un des bandits les plus célèbres du Paris du XVIII ème siècle.

Fils d'un ancien mercenaire allemand devenu négociant en vin à la Courtille (de nos jours Belleville-Ménilmontant)
Cartouche a tout du délinquant juvénile (coupeur de bourses, cambrioleur, tricheur au jeu) ce qui lui vaudra longtemps le surnom de "l'Enfant".

Après avoir été envoyé en maison de redressement et et même avoir un temps exercé un tempsn le déplorable office de mouchard, Cartouche montera, grâce à ses talents oratoires, une des bandes les mieux organisée de l'époque et de l'Est parisien.

Intelligent, séducteur, acrobate, il deviendra un hors-la-loi aimé du petit peuple, ridiculisant les puissants pendant les brèves années durant lesquelles lui et ses complices (qu'on estime jusqu'à deux mille) pillèrent hôtels particuliers et carrosses.

Capturé en 1721, Cartouche restera muet malgré diverses séances de torture , allant jusqu'à refuser de décliner son état-civil. Par contre, il deviendra bavard sur le gibet : constatant que ses compagnons ne se sont pas risqués à venir le délivrer, il en dénoncera plus de 90 avant d'être finalement roué à mort le 28 novembre 1721.

Mac Orlan ne nomme jamais le brigand autrement que par le sobriquet de "Petit Louis", par contre, il cite Balagny, un de ses plus fidèles lieutenant.

Patrick Denain reprend ce titre dans son disque de 2007, "Du vent dans les voiles". Version légèrement inférieure à celle de son disque de 1982 "Chansons pour l'aventure immobile", où il n'était accompagné qu'à l'accordéon.
Voici donc À La Courtille.
(suffit de cliquer sur le titre)

mercredi 26 février 2014

MORELLI CHANTE MAC ORLAN


C'est grâce à l'infatigable talent d'archiviste du camarade Lexomaniaque (encore bravo pour la mise en ligne des textes de Villon) qu'on se rend compte qu'un fantôme hante ce blog sans jamais apparaître : celui de Monique Morelli.
Née à Béthune en 1923 et morte à montmartre soixante-dix ans plus tard, elle est devenue une des grandes voix de la poèsie. Même si on ne peut que constater que sa voix a quelque peu morflé avec le temps qui tout esquinte...
En 1957, elle débute ses enregistrements avec du Fréhel, puis des chants de caserne avant de créér l'Affiche Rouge (du duo dynamique Ferré-Aragon) en 1958. Ce fut une des premières à interpréter les chansons de notre cher Mac Orlan avant d'ouvrir son propre cabaret en 1962, Chez Ubu, où on verra débuter Brigitte Fontaine ou Colette Magny.

 Une petite merveille écrite par Mac Orlan

Puis, elle fera la première partie de Gorges Brassens lors de son fameux tour de chant à Bobino en 1969 avant de chanter et d'avoir un rôle dans le feuilleton télévisé Mandrin, en 1972 (voir émission Herbe Tendre de juillet 2013) dont l'excellent Vidalie avait écrit l'ensemble des complaintes. 


dimanche 3 novembre 2013

Java ?


Le Bal des Quatre-saisons, rue de Lappe, vers 1932, par Brassaï.

    "Qu'est-ce que la java, cette quintessence du populo de Paris ? Dans Du bouge... au Conservatoire, Louis Péguri se moque des alphonses, de ces messieurs les souteneurs qui, après quelques tours de valse, le naturel reprenant le dessus, se refusaient à tout effort supplémentaire au grand dam de ces dames... Le patron du Rat mort à Pigalle, que Péguri ne cite pas, avait remarqué que la clientèle féminine prisait fort la mazurka Rosina *, que les habitués valsaient à petits pas entrecoupés. Aussi, dès que les ardeurs faiblissaient, le taulier réclamait Rosina à l'orchestre et, accent de là-bas à l'appui, demandait : "Alors cha va ? cha va?" Et, un beau matin, Paris apprit qu'une nouvelle danse était née, "une danse qui tenait de la valse mais avec un pas plus crapuleux, plus canaille.- Cha va! Cha va !.. Ainsi naquit d'une déformation du parler auvergnat le fameux pas de java". Une fois encore on se rend compte du goût prononcé de Louis Péguri pour le mythe.
   L'origine du  mot java est-elle réductible à cette historiette ? Au hasard d'une chanson écrite plus tard pour Fréhel, Soi-même java, Francis Carco semble apporter de l'eau au moulin de Péguri :

 "Quand l' gros Gégèn'
Soi-même
S'amène au bal musette
A petits pas il danse la java
Et tout's les poul's
Comm' saoul's
Lui riboul'nt des mirettes
Mais question de plat il leur répond
Ça va ! va ! va ! va!"



Bref ! A défaut d'autre explication, tous s'en contentent. Dans Images secrètes de Paris, en 1928, Pierre Mac Orlan consacre un beau chapitre à la java. Sur l'origine du mot, lui aussi n'avance qu'une hypothèse : "Cette danse fut consacrée par ceux que l'on appelait encore, il n'y a pas si longtemps, les apaches. Elle doit être un hommage à cet argot puéril que l'on nomme le javanais et qui n'est plus parlé que par des crétins incurables [sic!]." On le comprend, personne n'est en mesure de dire pourquoi la java s'appelle java. Il y a quelques années à Chamonix, un musicien d'origine rom avait une clé : dans une langue rom, dchjava est l'impératif d'un verbe signifiant aller. Donc "java" serait la transposition de dchjava, à savoir "vas-y". Pourquoi pas, d'autant que, dans Ils ont dansé le Rififi-Mémoires, Auguste Le Breton l'affirme : jadis, avec les Espagnols, les gitans étaient "les plus fins gambilleurs de la capitale."
    Sur cette danse, Péguri ajoute pourtant, sans rien apporter de précis : "Quant à sa dénomination elle peut être aussi une conséquence du retour à Paris de certains trafiquants de la route de Buenos-Ayres (sic), ayant ramené le pas glissé du tango Milonga qui a un certain rapport avec la marche glissée du pas de la java primitive, en réalité une valse au ralenti et à mouvement décomposé. Par évolution, la vraie java est devenue une valse musette et la vieille mazurka des faubourgs comme Rosina est restée cette vraie java dont Maurice Yvain a écrit musicalement le prototype avec Une petite belotte (sic) [...]Le succès de ce pas nouveau est extraordinaire. On danse la java même dans le grand monde." Incorrigible Louis Péguri et ses idées de grandeur !... Cela étant, Philippe Krumm me le confirme, la java est bien une mazurka massacrée. Après la guerre, Carco voyait en elle une "mazurka faite d'emprunts à toutes les danses" et la comparait à la belote qui, à l'image de la java sa contemporaine, "se complique de manille, de poker et d'inventions déterminées". La petite belote** d'Yvain, belote et java associées, est une photographie parfaite d'un certain Paris des années vingt. Mais attention, André Warnod l'a attesté au Bal des Gravilliers, la java date d'avant 1914 !

Claude Dubois, La Bastoche, Une histoire du Paris populaire et criminel.





  
   Concernant Claude Dubois, on pourra écouter ci dessous sa Nuit rêvée où l'on trouvera notamment une séquence sur le Balajo avec Francis Lemarque et Jo Privat en invités. Un grand merci à George qui nous a retrouvé cette archive.



  Concernant Philippe Krumm, spécialiste de l'histoire de l'accordéon, cité dans le texte de Dubois, nous vous conseillons vivement d'aller consulter son papier très fouillé (et richement illustré) sur les bals musettes et la rue de Lappe. C'est ici .




* Pour ce faire une idée de cette mazurka, un extrait par un groupe italien


** Le morceau en question, par Mistinguett






lundi 22 juillet 2013

SIMONE BARTEL chante Mac Orlan

En 1966, Pierre Mac Orlan a fait paraître un second recueil de chansons, intitulé "Mémoires en chansons" (le premier recueil, "Chansons pour accordéon", était paru en 1953). 
Invitée à l'émission "Au rendez-vous de l'accordéon" du 31 mai 1966, Simone Bartel (née en 1932) chante la première chanson extraite du recueil, "A Sainte-Savine", en présence du poète. 
Ce poème qui débute comme un bestiaire de fantaisie, revient vite sur les massacres de 1914-1918 sur lesquels Mac Orlan, blessé lui même en 1916 près de Péronne, fut quelque peu obsessionnel. 



Extrait du site de Simone Bartel :  http://simone.bartel.free.fr/
Simone Bartel a chanté les poètes, l'amour, la dérison et aussi les révolutions... Beaucoup de ses interprétations se sont dispersées aux quatre vents et seuls les disques demeurent...
C'est une artiste engagée et pourrait-on dire libertaire. Elle n'a jamais fait aucun compromis au show-biz, ce qui ne l'a pas empêchée de débuter avec les plus grands noms de la chanson du Paris de St-Germain des Prés, de Montmartre, avec qui elle a partagé les grands moments de leurs errances et de leurs doutes, de leur réussite...
Métier difficile, enfumé et pour lequel le salaire n'était jamais acquis: les charmes du café théâtre, des cabarets, se paraient de relativisme fonctionnel à tous les étages du commerce. On disait vous déclarer, mais trop souvent sur de fausses fiches de paie...
Elle pense souvent aux autres artistes et ouvriers de toutes les disciplines, qui, devenus vieux et moins chanceux, vivent misérables et abandonnés, dans une société qui ne fera plus rien pour eux. Elle espère que les êtres humains les plus jeunes se dresseront enfin debout tous ensembles, plus éclairés et en paix, exigeant justice pour le monde entier afin de reprendre aux banquiers et autres politiciens ce qu'ils nous ont volé par le mensonge et les armes. 
Souvent entendue à la radio, elle est rarement nommée ! Une interprête -trois fois lauréate du prix Charles Cros, tomberait-elle plus facilement dans l'oubli que ses collègues auteurs- compositeurs-interprètes? 


Seul problème : le site en question ne répond plus. 
Dommage ! On y trouve, entre autres, des inédits d'Eugène Pottier ainsi que quelques disques épuisés fort intéressants.
Si quelqu'un a un contact, merci d'avance de nous le faire passer
Post scriptum tr-s tardif
Eureka ! L'adresse valide est :  http://simone.bartel.free.fr/Simone BARTEL - Acceuil.htm

mardi 7 mai 2013

PATRICK DENAIN et DANIEL DENECHEAU

UNE VERSION D'UNE CHANSON DE BAGNARD

    

    Dans l'article "Ballade pour des voyous" on a cité Patrick Denain (Pat) en oubliant de citer le Dan qui va avec. Il s'agit de Daniel Denécheau, sympathique guitariste et accordéoniste musette dont le site est  http://denecheau.free.fr/ .
    Ces bons bougres ont commis en 2008 un disque de chants de marins.
Si on a une tendresse certaine pour Denain c'est qu'il a réalisé une petite perle en 1982, ce disque :





dans lequel on trouve pas mal de chansons fort méconnues de Mac Orlan et d'autres plus courues mais qu'il n'a pas hésité à re-orchestrer .
    Denain, nordiste de naissance (1950) fut tour à tour barman, éducateur, docker, pigiste , enseignant avant d'être chanteur à plein temps depuis 1979.
    Son répertoire : brume sur les canaux et bistrots enfumés, marins et soldats de fortune, aventuriers immobiles du quotidien ou agités de l'exceptionnel.
    On a donc repêché leur version de Jean Fagot rebaptisée Le transporté sur le disque "La Belle" (l'Insomniaque) dans laquelle sa belle voix picarde fait merveille.

    En argot, un "Fagot" était un Transporté c'est à dire celui que l'on transporte malgré lui : un bagnard
    Cette chanson de Jean Fagot se chantait en choeur au bagne pendant les durs travaux communs tel le halage des troncs d'arbres ( coutume habituelle des bagnards ou poseurs de rail au Sud des Etats-Unis)
    Antoine Mesclou, ancien bagnard, l'a publiée en 1924 dans un livre de souvenirs "Comment j'ai subi quinze ans de bagne". Il en attribue la paternité à un nommé Miet, condamné à huit ans qui mourut peu après sa libération
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(notes de pochette de "On a chanté les voyous" rédigées par Romy)