mercredi 12 mars 2025
Manu got his gun
mardi 9 janvier 2024
Gesundheit über alles !
samedi 24 juin 2023
Tout se déroule selon le plan prévu
mardi 2 mai 2023
Irlande, la "guerre des Tans"
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IRA de Kerry nord |
Cette armée républicaine se double d'un gouvernement provisoire, le Dáil, qui va régner petit à petit sur des portions entières du pays.
samedi 8 octobre 2022
La Russie qu'on aime
mercredi 29 juin 2022
Héros oubliés du rock 'n roll: TV Personalities
mardi 31 mai 2022
Rayon vieilleries : Noël de sang et de larmes
vendredi 6 mai 2022
Tranche de vie (hivernale)
Je cours frapper à la porte d'une isba. J'entre.
Il y a là des soldats russes. Prisonniers ? Non. Ils sont armés. Et ils ont l'étoile rouge sur leurs bonnets ! Moi, je tiens mon fusil. Pétrifié, je les regarde. Assis autour d'une table ils mangent. Ils se servent en puisant dans une soupière commune, avec une cuillère en bois. Et ils me regardent, la cuiller immobilisée à mi-chemin de la soupière. Je dis : « Mnié khocetsia iestj. » Il y a aussi des femmes. L'une d'elles prend une assiette, la remplit de lait et de millet à la soupière commune, avec une louche et me la tend. Je fais un pas en avant, j'accroche mon fusil à l'épaule et mange. Le temps n'existe plus. Les soldats russes me regardent. Les femmes me regardent. Les enfants me regardent. Personne ne souffle. Il n'y a que le bruit de ma cuillère dans mon assiette. Et de chacune de mes bouchées.« Spaziba », je dis en finissant.
La femme reprends l'assiette vide que je lui rends et répond simplement : « Pasa Usta »Les soldats russes me regardent sortir sans bouger. (...)Si cela s'est produit une fois, ça peut se reproduire. Je veux dire que cela peut se reproduire pour d'innombrables autres hommes et devenir une habitude de vivre.
Mario Rigoni Stern Le sergent dans la neige (1953)
mardi 5 avril 2022
Chant macabre
mardi 29 mars 2022
Un caillou dans la botte
mardi 22 mars 2022
Le massacre du printemps
La seule idéologie qui reste, ou peut rester vivante en Russie, c’est le chauvinisme grand-russien. Le seul imaginaire qui garde une efficace historique, c’est l’imaginaire nationaliste — ou impérial. Cet imaginaire n’a pas besoin du Parti — sauf comme masque et, surtout, truchement de propagande et d’action, de pénétration internationale. Son porteur organique, c’est l’Armée. […] L’Armée est le seul secteur vraiment moderne de la société russe — et le seul secteur qui fonctionne effectivement.
lundi 7 mars 2022
Vissotsky : le retour du soldat
Dans toutes les batailles du monde entier, j’ai peiné, j’ai rampé avec mon régiment.
Puis on m’a ramené chez moi, malade, défait, sur un train spécial du Service de Santé.
Et d’un camion on m’a déposé devant chez moi, juste devant la porte.
Je l’ai regardée. J’étais étonné, stupéfait: une drôle de fumée montait de la cheminée.
Les gens aux fenêtres évitaient mon regard et la maîtresse m’a reçu comme un étranger.
Elle ne m’a pas serré dans ses bras, en larmes, seulement le geste, puis elle est rentrée dedans.
Les chiens hurlaient et mordaient la chaîne alors que je fendais la foule là dedans;
j’ai trébuché sur quelque chose qui n’était pas à moi, puis j’ai tâté la porte. Je suis entré, si faible, à genoux.
Le nouveau maître de la maison, à l’air sombre, était assis à table, à ma place de tous les jours.
Une femme était assise à son côté, et c’est pour ça, et c’est pour ça que les chiens aboyaient si fort.
Donc - j’ai pensé - pendant que je faisais mon devoir sous le feu, en me passant de toute pitié ou sagesse,
ce type-là avait tout déplacé, chez moi, il avait tout changé à sa façon, comme il voulait.
Et avant chaque assaut, nous priions Dieu que son feu de couverture ne rate pas le coup...
Mais ce coup, plus mortel, m’était lâché dans le dos et transperçait mon cœur comme la trahison.
Comme un paysan, j’ai fait de grandes révérences, j’ai fait appel à toute ma volonté pour murmurer:
«Pardonnez-moi ma faute, bon, je repars, c’est pas la maison juste, mes amis, c’est comme ça.»
Je voulais dire ça: Que la paix et l’amour règnent chez vous, que vous ayez toujours du bon pain à cuire...
Mais lui, bon, il n’a levé pas même ses yeux comme si tout ce qui s’était passé était normal.
Le plancher, tout décapé, a branlé fort, mais je n’ai pas claqué la porte, comme autrefois.
Je suis parti. Les fenêtres se sont rouvertes et on m’a lancé de loin des regards coupables.
Traduction Riccardo Venturi
lundi 28 février 2022
Java around the bunker
vendredi 25 février 2022
Invasion
Déjà en 1945, la propagande était obscène |
lundi 31 janvier 2022
La guerre Froide d'antan (parenthèse d'actualité)
Cluster sous contrôle |
lundi 16 août 2021
Bons baisers de Kaboul (Actualités)
Un polémiste bien connu a affirmé que l'histoire se répétait d'abord comme tragédie puis comme farce.
Nous en déduirons que dorénavant, après vingt années d'une guerre si joliment menée, les Afghans sont condamnés à mourir de rire.
C'est tout.
vendredi 11 juin 2021
Tranche de vie (claustrophobe)
Un hommage des Dubliners
* Académie militaire britannique.
samedi 31 octobre 2020
Tranche de vie (héroïque)
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Emilio Lussu* Les hommes contre.
* Engagé volontaire en 1914, écœuré par le massacre, Emilio Lussu fut membre des groupes de choc antifascistes puis du collectif révolutionnaire Giustizia e Libertà. Il a écrit, entres autres, Les hommes contre, La Marche sur Rome, et une Théorie sur l'insurrection.
vendredi 31 juillet 2020
Reprise d'été : trente glorieuses et commentaires
Du temps du 45 tour et des juke-box triomphants, il arrivait assez souvent que la face B, qui n'était censée être que du remplissage, soit une démarque de la face A, censée être le tube. Dans le rhythm'n blues américain, on se mit parfois à mettre au verso la version musicale de la chanson recto. Technique abondamment reprise en Jamaïque qui donna naissance au dub et au toast des disc jockeys.
La face B ne constituait qu'exceptionnellement une suite de la A, d'autant plus dans l'industrie du disque francophone.
Ou alors il fallait avoir beaucoup ce choses à exprimer.
Ce qui fut précisément le cas de François Béranger, ex ouvrier à Billancourt, ex appelé en Algérie qui sortit en 1970 son premier album Tranche de vie, titre qui couvre les deux faces de son premier 45 tour. Il a alors 33 ans, ce qui est un peu âgé pour faire twister la jeunesse mais qu'à cela ne tienne, à l'aube de cette décennie, tout paraît encore possible.
Cette chronique d'une vie de prolo en onze couplet étant trop dense pour contenir dans le format des trois minutes, la solution du camarade bougon fut donc de chanter six couplets en face A, de lancer C'est pas fini ! et... de terminer la chanson en face B. Tout y passe : l'exode rural, les services sociaux, l'usine, la petite délinquance, la guerre coloniale, les manières exquises des flics et des juges et la taule Et le titre fit un carton, permettant ainsi au grand François de s'alimenter grâce à son art.
La chanson sans interruption filmée par la tv suisse en 1972.
Une honorable reprise : celle d'Hubert-Félix Thiéfaine, trouvée sur l'album hommage à Béranger, Tous ces mots terribles, conçu par sa fille Emmanuelle en 2008.
Un arrangement un peu plus rock, un ralentissement du tempo qui rallonge le morceau d'une minute et l'affaire est dans le sac.
Puisqu'on vous dit que c'était pas toujours mieux avant.
mardi 14 juillet 2020
Tranche de vie (de l'été pourri)
J'ai marché dans les bois.
J'avais perdu tout ce qui faisait de moi un homme ! On m'avait mis en guerre contre des bombes, contre des balles, contre des chars blindés qui avaient foncé sur moi !
Je n'avais rien vu, que des éclaboussures. Rien vu ! Rien !
De toute toute cette guerre immonde où l'on pouvait me tirer comme un simple gibier, où l'on m'avait visé à balle, bombardé, chargé au monstre blindé, je n'avais rien vu et rien à raconter. Rien !
Dans tout ce qu'on avait prétendu me faire faire, je n'avais rien compris ! Rien partout : Je savais seulement que j'étais devenu quelque chose d'insignifiant, de négligeable, qu'on pouvait tuer comme un moucheron ou une fourmi !
Mais je revendiquais aussi ma part de pauvre héros dans ce conflit où je n'avais rien vu, rien compris et où je l'étais seulement mis là où l'on m'avait dit.
Et j'avais la haine ! Oh oui, la haine ! La haine risible, impuissante et tragique, contre tous ces grands qui n'avaient pas fait leur métier.
On ne les avait pas mis là pour nous faire guerroyer mais pour nous donner du bonheur ! Je les haïssais ! C'était farouhe et furieux ! Ça me taraudait le cœur.
J'ai tourné le dos au soleil pour aller vers la Suisse. C'était fini pour moi !