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jeudi 22 décembre 2022

lundi 24 octobre 2022

Des rats qui courent

 

Comme on le voit sur le document ci-dessus, en avril 1981*, le riant quartier de Brixton, district de Lambeth, municipalité de Londres fut le théâtre d'un certain mécontentement qui passa vite aux actes directs.
Margareth Thatcher, qui n'en ratait pas une, déclara alors qu'il ne s'agissait que de Race riots (émeutes raciales).
Le quartier répliqua fièrement : un énorme graffiti sur l'avenue dite "la frontline", proclama There is no race but the rat race !  
 


Les camarades traducteurs de la brochure de l'époque, Like a summer with a thousand julys, en avaient donné une version approximative et fautive ainsi tournée "Il n'y pas de races, hors la race des rats." Raté, les copains ! 
Faut dire que le retour à l'envoyeur était pour ainsi dire intraduisible vu qu'en british "race" signifie à la fois "race" et "course" et qu'on causait bien là de la fameuse "course du rat".
Sorry, mate ? Tu ne sais point ce qu'est cette fameuse course ? ben, la course à l’échalote vers l’ascenseur social, une fuite en avant vers la promotion, le pouvoir...
À l'époque où un racialiste était forcément un simple raciste, le sens de la répartie des héritiers de King Mob fut savouré et applaudi à sa juste valeur.
The Specials avaient d'ailleurs re-popularisé cette expression, déjà utilisée par Bob Marley avec une vidéo qui parle d'elle-même.

 

* Mais aussi en 1977, 1985, 1987....

 



dimanche 7 juin 2020

L'insurrection qui court

Les Black Riders dans le centre de Houston
Il est parfois un assassinat de trop. Pour quoi celui-ci et pas un autre ? Nul ne saura le dire avec certitude et nul ne saurait donc prédire quelle iniquité est susceptible de soulever les foules. Amateurs de charognes, passez votre chemin...
Pourquoi, le tabassage de Rodney King a-t-il ravagé Los Angeles en 1992, pourquoi le suicide de Mohamed Bouazizi, a-t-il déclenché la révolution tunisienne de décembre 2010, pourquoi l'électrocution de Zyed Benna et de Moussa Traoré a-t-elle enflammé la France d'octobre 2005, pourquoi eux et pas d'autres ? Et pourquoi le meurtre de George Floyd a-t-il embrassé les États-Unis ? Pourquoi était-ce à lui de passer du statut d'une victime de plus sur la liste à celui de symbole ?
 On ne peut qu'affirmer qu'il est des gouttes de sang qui font déborder la coupe. Et qu'il n'est certainement pas innocent que ce crime ait eu un tel retentissement dans le cadre d'une crise sanitaire qui est essentiellement marquée par un massacre des plus fragiles, des mesures autoritaires généralisées et une guerre aux pauvres pendant et après (sic) le passage de l'épidémie.
Au temps du totalitarisme, technologique ou pas, du victimisme communautaire, voire concurrentiel, les rues de plus de 140 villes des USA se sont retrouvées aux mains de Noirs, Blancs, Latinos, Asiatiques et autres êtres humains qui ont pris la justice en main. Et ce mouvement a fait tâche d'huile  partout où, appelons-les des prolos, sont confrontés au racisme et à un appareil d'État armé.

Ce n'est sans doute pas un hasard si les derniers mots du malheureux George Floyd sont devenus un cri de ralliement pour ceux qui trouvent ce monde de plus en plus irrespirable.
On a même eu la joie de voir cette obscénité humaine de président parvenir à se mettre à dos à la fois une partie de son électorat évangéliste après son exhibition de la Bible et une part de ses militaires pour avoir joué à la guéguerre civile.
Et on est désolé, Gil, il semble que de nos jours, la Révolution sera filmée et même archi filmée. On va finir par s'y faire.

 
Alors, on n'ose trop rêver car tout est en ordre de marche pour éteindre l'incendie : la justice qui rectifie le tir, les artistes qui performent, les sportifs qui crachent au bassinet, les potentats locaux dans la grande scène du 2, le candidat centriste en rassembleur de la Nation et tous les habituels intermédiaires, récupérateurs ou négociateurs autoproclamés qui y vont de leurs simagrées.
Mais tout de même on va pas bouder, merci pour ce beau moment de dignité, camarades.

Rappelons aux connards racistes ce superbe graffiti vu à Brixton, en 1984 en réponse à une Thathcher qui qualifiait les troubles d'alors "d'émeutes raciales" : There is no race but the rat race*.

*

*Intraduisible, Le "Rat race" étant la course à l'ascension sociale.


lundi 16 mars 2020

Villes fantômes

L'industrie du tourisme survivra-t-elle ?
Message reçu ce dimanche d'un ami de Madrid

Nous voilà immergés dans une apocalypse de film de zombie. Dés lundi ce sera l'état d'alerte (je crois qu'en Gaule, vous dites "état d'urgence") avec confinement total : 48 million de personnes prisonnières à domicile. On ne pourra sortir que pour acheter de la bouffe, des médicaments et quelques autres petites choses (entre autre travailler ou aller chez le coiffeur manière d'ajouter une pointe de surréalisme à cette guerre invisible). (...)

Jusqu'à lundi on regardait les Italiens avec empathie, un peu comme quand il se passe un truc au village d'à côté et qu'on se demande si on sera pas un peu éclaboussé...
Mais mardi, ils ont annoncé la fermeture des écoles et mercredi, j'ai pris le gosse avec moi au boulot, pour ne pas exposer les grands-parents à la menace fantôme. Jeudi, ils ont fermé tous les lieux culturels et nous ont ordonné de passer au télé-travail (trois fois rien à faire en ce qui me concerne, ou plutôt rien, car tout sera fermé et sans programmation jusqu'à dieu sait quand), vendredi, ils ont enfin ordonné la fermeture des bars (on a bien pris une dernière pour la route) et aujourd'hui ils ont interdit les parcs et le monde extérieur en général. Ce matin je suis descendu avec le môme faire un tour en vélo jusqu'à un très joli cimetière près de chez nous (un endroit parfait, on y a croisé deux chats et aucun chrétien), finalement, c'est pas mal de vivre dans un quartier entouré de ce genre de sites. (..)
À la base, j'ai pensé me casser dans les Pyrénées pour passer ma quarantaine au vert et à l'air frais mais, va te faire foutre : l'armée bloque les routes. Je te jure, c'est comme un film, vous allez flipper.
Ça ressemble de plus en plus au plus court chemin vers une dictature globale, c'est une vraie expérience en temps réel. Je veux dire, ce sera ça ou le retour à l'âge des cavernes. (...)
Une forte accolade et des baisers, bordel de merde !

Et bien cher ami et camarade, nous y sommes nous aussi ou peu s'en faut.
Les rues se vident et que pas mal de gens se font la malle (pour aller où? Mystère). Et comme on ne supporte pas l'enfermement, on a siffloté Ghost Town des Specials pendant une bonne partie de la journée. Sans arriver à reproduire correctement le trombone de Rico Rodriguez. Il s'agit là d'une ville où les clubs ont fermé, les groupes ne jouent plus et ou on a la nostalgie du temps où nous chantions et dansions.
Certes, cette chanson date de 1981, sous le règne de la grande inspiratrice de notre glorieux Guide, Margareth T., qui avait alors prié les Brits d'abandonner leurs habitudes d'assistés. Le résultat ne se fit pas attendre. Entre autre pour près de trois million de chômeurs.

 

"Comme tous les grands disques sur l'effondrement social, cette chanson paraissait  à la fois craindre la catastrophe et s'en délecter" Dorian Lynskey. 

mercredi 23 janvier 2019

Bandoleros, outlaws, cangaceiros et autres haïdouks

Clement, Hendricks, Anderson, trois affreux de la bande à Quantrill
Faut-il obligatoirement provenir d'une société rurale, si possible montagneuse et entourée d'eau, pour faire un bon bandit d'honneur ? Qu'est un "bandit social", personnage naviguant entre criminalité organisée et révolte sociale (Hobsbawn en fit des tonnes sur le sujet) ? Combien de guérilleros, en lutte contre un pouvoir tyrannique furent qualifiés de brigands (de nos jours on dirait plutôt terroristes) ?
Quoi de neuf depuis Robin des Bois ?
Un bandit populaire a-t-il vraiment besoin d'un traître pour achever sa carrière en beauté ?
Des milliers de héros populaires chantés, célébrés dans les chaumières ou les dancehall.
Parfois avec une popularité tout à fait injustifiée.


En ces temps où l'illégalisme revient à grand galop, Les Vanneaux de Passage creuseront cet héritage en chansons du monde entier.
Ce sera le lundi 4 février à 17h30 sur la fréquence de Radio Canal Sud .

Bel exemple de popularité usurpée, ce vieux rock steady de Prince Buster, Al Capone, recyclé en 1979 par The Specials, de Coventry, en Gangsters



En attendant un hommage plus conséquent, un coup de chapeau au disparu Marcel Azzola, accordéoniste des Sex Pistols.