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mercredi 28 juillet 2021

Héroïnes oubliées du rock 'n rol : Las Vulpes


Le rock fut souvent, et c'est là son honneur, provocateur, déconnant et impertinent. Certains l'ont payé cher.
À quinze ans, Loles Vázquez, petite sœur du batteur et du bassiste de MCD, combo punk de Bilbao, ressent le besoin urgent de former elle aussi un groupe. Elle s'attelle donc à la guitare et embarque une autre frangine, Lupe au chant avec deux amies, Tere et Susi à la batterie et à la basse avant de passer une annonce, "Quatre punkettes cherchent local de répétition". 
Après deux ans de balbutiements, en 1982, le groupe trouve un semblant de stabilité avec toujours Loles à la guitare, Lupe à la batterie, Begoña Astigarraga à la basse et Mamen Rodrigo au chant. Pour fêter ça, elles se baptisent Las Vulpes (s'écrit aussi avec deux S et signifie quelque chose comme "les Traînées" en plus grossier) et reprennent des titres des Ramones, des Stooges ou de Tonton Loquillo. Elles commencent à tourner au Pays Basque, en particulier avec les mythiques et insupportables Eskorbuto.
 
C'est l'époque où la musique la plus brute, la plus sauvage et débridée se joue au Pays Basque ou en Catalogne, la scène de Madrid, à de notables exceptions près, étant plus dandy, plus mode, branchouille, quoi.
Comme il y a là-dedans un potentiel commercial, les producteurs de l'émission Caja de ritmos,seul programme rock de la télévision qu'on a placé le dimanche matin (rigolez pas, on faisait pas mieux en France avec Chorus) vont inviter quelques groupes de barjots basques. Et comme les filles n'ont même pas de maquettes, elles sont choisies pour interpréter deux chansons en direct dont leur tube scénique Me gusta ser una zorra (j'adore être une salope) reprise même pas déguisée de I wanna be your dog.
 
 
Coup d'essai et coup de maître! C'est bien mignon de chanter Je préfère me masturber que de me taper un idiot qui me cause de lendemains. Je préfère me taper un cadre qui envoie la monnaie et m'oublie. Ou de promettre les pires sévices à un porc nommé Lou Reed, mais dans l'Espagne catholique, apostolique et romaine, ça va provoquer un beau bordel. 
Ça commence par une tribune du journal réac ABC intitulée Ça suffit ! affirmant que ce genre d'émissions "dégrade la société espagnole, écœure les pères de famille, indigne les citoyens responsables, brise la quiétude des foyers et dépasse les limites permises par la Constitution" (rien que ça!) Ça suit avec les membres du conseil des médias qui virent immédiatement les producteurs de Caja de ritmos. Ça continue avec des intellos (de droite) tels Camilo José Cela, Antonio Gala, Francisco Umbral ou Rosa Montero qui y vont de leurs couplets contre l'obscénité. 
Le label Dos Rombos en profitera pour écouler aussitôt 7000 copies de la chanson en 45 tour mais le groupe va désormais être la cible de tous les abrutis du temps et les filles se faire insulter et agresser partout où elles passent. Même en territoire basque, il leur faudra compter sur la solidarité de leurs collègues, en particulier de Mahoma, imposant chanteur de RIP, pour pouvoir s'accrocher à une scène. Elles auront beau s'expliquer auprès de la meute de journalistes lâchée contre elles " Personne ne devrait se scandaliser qu'on se masturbe, tout le monde le fait. C'est plus dégueulasse de faire des films violents ou d'obliger les gosses à adopter telle ou telle religion."    
Avec la police les persécutant, diverses plaintes, un aréopage de fachos ou de militaires venant les empêcher de jouer et même un concert en prison annulé par les autorités judiciaires, le groupe épuisé et ruiné, se sépare en 1985, devenant un mythe et effectuant un bref retour en 2005.   
Reste le premier groupe de filles à avoir chanté un hymne féministe à la télévision ibérique et ayant créé un bordel sur le petit écran seulement comparable à celui des Sex Pistols. Mais eux n'étaient pas arrivés trop tôt et en ont largement profité.


mercredi 17 février 2021

Lèse-majesté

 

Maison Bourbon & fils

Contrairement à ce que sa vie politique pourrait laisser supposer, l'Espagne n'a rien d'une république bananière mais est une authentique monarchie constitutionnelle.
Pour mémoire, rappelons que le monarque précédent (à gauche sur la photo) avait été mis en place par un certain Francisco Franco après qu'il se fût débarrassé de son grand frère lors d'un très opportun accident de tir. Après avoir sauvé la démocratie, exterminé les éléphants du Bostwana et quitté subrepticement sa patrie avec la caisse, l'individu laissa son trône au barbu de droite. 
Et la farce continue.
Sauf qu'au pays de Rafael Sánchez Alegre* ou de Buenavantura Durruti, on ne plaisante pas avec l'étiquette. 
Après la condamnation de trois ans et demi de prison distribué au rappeur majorquin Valtònyc** (Josep Miquel Arenas Beltran) pour "insulte à la couronne et apologie de l'action passée de groupes armés dissous" (sic) la justice d'outre-pyrénées persiste et signe en condamnant Pablo Hasél à deux ans fermes pour "apologie de terrorisme, injures et calomnies à l'encontre de la couronne et de l'État". Il a été arrêté le 15 février dernier à Lérida. 
Ne reculant devant aucun risque, la maison se fait une joie de partager et diffuser l'objet du délit.

 

* Exécuteur malheureux du roi Alphonse XIII

** Réfugié en Belgique, objet d'un mandat d'arrêt européen, la justice belge refuse toujours son extradition.

Mural de Barcelone détruit sur ordre de la municipalité de gauche

lundi 23 novembre 2020

Patachou sexualité et censure vintage


On glose à tort et à travers sur la liberté ces temps-ci et les crânes d’œufs qui sont censés faire l'opinion paraissent singulièrement obsédés par la liberté d'expression. Au point d'ériger n'importe quel crobard en symbole national, au point de se fixer sur un article de loi au sujet d'images de policiers en faisant mine de négliger le tombereau d'articles répressifs qui l'accompagnent. 
Vu qu'on vient d'exprimer ce qu'on en pense, on ne va pas en rajouter.
Rappelons qu'en ce qui concerne le couple infernal censure / liberté, on trouve quelques spécimen étonnants.
Ainsi, dans la prude France de 1959 et du soi-disant grand Homme qui venait de revenir au pouvoir grâce à un coup d'État, cette innocente et à peine coquine bluette, Les ratés de la Bagatelle, interprétée par la très respectée Patachou fut-elle dûment interdite de radio. Et ce pays se permet de donner des leçons.
Cachez ce refrain que je ne saurais voir.


mardi 24 avril 2018

25 avril 1974

Le bon vieux temps de l'auto-stop
Cette histoire a beau être archi-connue, cette année on revient sur le quarante-quatrième anniversaire de la "Révolution" (le mot coup d'état serait plus juste) portugaise qui balaya en vingt-quatre heures suivies de deux ou trois ans d'espoirs, quarante ans de fascisme religieux à la sauce lusitanienne.
Elle fut conçue par quelques officiers subalternes des guerres coloniales (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau) épuisés par une situation absurde, qui formèrent le "clandestin" MFA, Mouvement des Forces Armées, qui décidèrent de liquider le gouvernement de Caetano, "démocratiser, décoloniser et développer" et remettre, dans un premier temps, le pouvoir à une baderne d'opposition : le général Antonio Spinola.
Après une première tentative foireuse le 16 mars, le putsch fut déclenché dans la nuit du 24 au 25 avril après s'être assuré la neutralité de la Marine et de l'aviation. De son PC, "Oscar" (Otelo Carvalho) coordonne les mouvements de troupes vers Lisbonne, Porto ainsi que toutes les administrations, radios et les unités considérées loyalistes.

À 23h55 la diffusion chanson E depois de Adeus (représentant le Portugal à l'Eurovision) donne le signal de mouvement.
Mais l'histoire a surtout retenu le deuxième signal, celui de confirmation, passé à la radio à 00.20 : Grândola Vila Morena.

La suite : les objectifs tombant les uns après les autres, la population envahissant les rues malgré les injonctions des mutins, des affrontements minimum (il y aurait eu quatre morts), les prisons ouvertes et deux années d'intense agitation sociale qui termineront par une mise au pas suite à laquelle certaines têtes pensantes du putsch iront croupir en taule.



Enregistrée en 1971 par Zeca Afonso en hommage à la Sociedade Musical Fraternidade Operária Grandolense (Société musicale Fraternité ouvrière de Grândola — petite ville agricole de l’Alentejo, Sud du Portugal), Grândola Vila Morena est devenue un hymne politique et local.
Il est, depuis, régulièrement entonnée dans les manifestations et a trouvé, en 2013, un regain de force contre le gouvernement de Manuel Passos Coelho.
José Manuel Cerqueira Afonso dos Santos, "Zeca Afonso", (1929-1987) fut étudiant à Coimbra, vécut en Angola, devint professeur d’histoire au Mozambique, avant d’être renvoyé de l’éducation nationale pour ses prises de position politique. Il a fait plusieurs séjours dans les prisons de l’Estado Novo. Libéré, il a persisté à écrire, à chanter, à enregistrer des disques clandestins ou censurés. Il fut interdit de le nommer dans les journaux, de sorte que, pour contourner la censure, son nom écrit à l’envers (Esoj Osnofa) fut parfois employé dans la presse, reconnu par les initiés. Sympathisant communiste, puis d'extrême-gauche avant et après le 25 avril, il s’engagea en faveur de la Réforme agraire au Portugal, particulièrement en Alentejo

 Terminons sur un bel hommage venu du pays voisin : Lluis Llach, Abril74


mercredi 22 mars 2017

22 mars 1984, un crime démocratique


Pasaia (en espagnol Pasajes) est un charmant port de pêche du Guipuzkoa enchâssé dans une baie, divisé en deux quartiers de chaque côté d'une embouchure et relativement épargné par le tourisme de masse.
Autre particularité : ce bourg planqué n'est qu'à quelques encablures des côtes françaises du Golfe de Gascogne.
Ce lieu fut le théâtre d'un des crimes les plus atroces commis par l'Espagne démocratique et socialiste, le 22 mars 1984.
Les Commandos Autonomes Anticapitalistes (CAA) étaient un groupe armé clandestin issu du mouvement des assemblées ouvrières et libertaires du Pays Basque ainsi que d'une des multiples fractionnement d'ETA par l'apport des bereziak (commandos spéciaux) d'ETA PM* politico-militaire (on vous la fait à la louche).
Toute organisation armée ne supportant aucune concurrence, ils étaient bien entendu haïs par ETA et par les militants du Mouvement de Libération National Basque (MLNV).
Malgré une perte de vitesse certaine et des dissensions internes, les CAA exécutent en, février 1984, le sénateur socialiste Enrique Casas, pièce maîtresse des GAL, groupe para-policier chargé de semer la terreur chez les Basques des deux côtés de la frontière. Cette organisation, formée de flics, mercenaires, fascistes chapeautés par le gouvernement socialiste espagnol sera celle qui fera le plus grand nombre de morts (27) sur le territoire français entre 1982 et 1987.
Buter un sénateur socialiste, même assassin patenté va attirer aux CAA une rafale d'anathèmes** de la part des secteurs nationaliste proches d'ETA. Ce qui sera, pour l'État espagnol, le signe que personne ne les soutiendra en cas de problème.
Le 18 mars, la flicaille enlève Rosa Jimeno, contact local des Autonomes. Après plusieurs jours de torture, elle finit par passer un coup de téléphone vers la France qui est un feu vert pour un commando de passer la frontière.


Les morts.
Ce 22 mars au soir, cinq hommes accompagnés d'une chienne embarquent donc depuis le port de Cibourre. Ce sont environ trois cent policiers et gardes civils qui les attendent dans le chenal de Pasaia ainsi que Rosa, attachée à une corde. À peine ont-ils accosté qu'une sommation retentit immédiatement suivie d'une fusillade nourrie sous la lumière de puissants projecteurs. "Pelitxo", "Pelu" et la chienne "Beltza" sont tués sur le coup. Flics et gardes civils en zodiac récupèrent "Kurro", "Txapas" et Joseba Merino qui avaient eu le temps de se jeter à l'eau. Une fois les identités relevées, ce dernier sera écarté, placé à côté de Rosa ainsi que d'un couple d'amoureux qui se promenaient sur la jetée. Quant à "Kurro" et "Txapas", ils sont tout bonnement fusillés sur place. Les flics vont bloquer l'arrivée d'ambulances pendant des heures.

Les sommations avaient été données pour que le couple, retenu par la police, forcé de rester couché, puisse témoigner qu'elles avaient bien été données. Joseba, que les flics soupçonnaient d'être mêlé à l'attentat contre Casas recevra un traitement "de faveur" avant de partir en taule pour dix-huit années. Rosa, à qui on raconte jusqu'à son entrée en prison que ses compagnons sont vivants va y rester plus de trois ans. La vérité sur ces assassinats ne sortira qu'au bout de deux ans, lorsque Merino pourra raconter les faits au parloir. 

 
Leurs "vrais" noms


Si les "patriotes" ne manifesteront qu'indifférence, une bonne part de la jeunesse des bourgs d'origine des victimes et des zones d'influence des autonomes transformera le 22 mars en date, d'abord d'émeute, puis de commémoration. 
Pour les CAA, les carottes étaient cuites.  
L'État espagnol n'a plus besoin de masques (GAL, Alliance Apostolique Anticommuniste, Bataillon Basque Espagnol, etc...) pour tuer ouvertement et en uniforme ses membres.
Les années suivantes seront donc celles de la débandade, entre exil et chutes, pour les autonomes.
Personne n'a jamais été condamné, même symboliquement pour cette embuscade. 
Il est vrai que depuis, la pratique d'éliminer les ennemis de l'État est devenue tellement commune.
Pour terminer en musique, une chanson du groupe navarrais Barricada, censurée sur leur album, qui sortit donc en 45 tour afin de dénoncer le crime. 




Et pour ceux qui comprennent l'espagnol, un témoignage du survivant :




C'était l'histoire d'un triste anniversaire.

* Scisssion "gauchiste" d'ETA.
** Cette exécution ayant eu lieu en pleine campagne électorale marquée par une remontée de la gauche patriotique, celle-ci n'hésitera pas à traiter les CAA de groupe manipulé par les flics de Madrid. Dialectique, quand tu nous tiens...

Références : 
"Komando Autonomoak. Una historia anticapitalista" Collectif (Likiniano Elkartea, 1999)
"Emboscada en Pasaia. Un crimen de Estado" Comandos Autonomos (2008)
"Guerre à l'État" Jtxo Estebarrane (Libertalia, 2011)

jeudi 16 février 2017

Éva, sensuelle censurée


Elle est née à Berlin, en 1943, d'une mère lituanienne et d'un père russe et a commencé à chanter dans le groupe jazz de son lycée.
À 18 ans, partie étudier à Paris, elle y découvre les chanteurs et chanteuses en vogue sur la rive gauche : Brel, Barbara, Anne Sylvestre et Georges Moustaki, etc. La Polka des mandibules, cabaret alors fort actif, l'accueille à ses débuts.
En 1964, elle joue en première partie de Georges Brassens lors de son fameux concert à Bobino et sort son premier album qui lui vaut le Grand Prix du premier disque.

On a aujourd'hui quelque peine à y croire mais ça se produisait pourtant couramment dans la France corsetée de De Gaulle : elle a durablement écopé d'une interdiction d'antenne à cause de sa voix grave à la «sensualité trop évocatrice» (dixit la commission de censure).
Eva a principalement chanté des titres de Barbara, Anne Sylvestre, Charles Dumont ou Maxime Leforestier.
Un titre de 1965, Les enchaînés, une adaptation de Unchained melodie où elle s'essaie à reprendre les Platters.


Depuis 1965, elle a sorti 17 albums.
Sur son tout dernier, «À Marlene", sorti en 2005 au Québec, elle interprète en français, en anglais et en allemand un choix de chansons de Marlène Dietrich. Elle réside d'ailleurs à Québec où elle connaît encore un certain succès et se consacre également à la peinture.
Ce site internet lui est consacré. 
Un autre de ses titres pacifistes des années soixante, tiré du même EP que le précédent :  Moi, la fille en noir.

lundi 1 août 2016

Trois versions de l'attente : Rina et Django et Rudi



 

 Cesarina Picchetto naît à Sarzana (Ligurie - Italie) le 1er mars 1911.
On la retrouve, en 1932, à Montmartre où elle chante, au Lapin à Gill, des airs pas très connus mais plutôt bien choisis. Sous le pseudo de Rina Ketty, elle y interprète Delmet, Botrel, Gaston Couté ou Yvette Guilbert...


Son accent rital fait un tabac.
Elle ne chantera plus que des chansons plutôt exotiques grâce à son fameux accent en étant accompagnée par son futur mari, l'accordéoniste Jean Vaissade.
En 1938, elle interprète une rengaine italienne de Nino Rastelli adaptée par Poterat.
Gros effet ! Voilà qui sera le plus gros succès de toute l'Occupation, plus encore que Lili Marleen (dont ou vous avait touché deux mots).
Rina ne va guère jouir de sa renommée pendant cette occupation, adoptant une neutralité totale, elle décide de ne se produire qu'en Suisse. Et à la Libération, elle se retrouve délaissée, oubliée par son public. Ringardisée, la "chanteuse sentimentale exotique" de Sombreros et mantilles sera assez vite remplacée par Gloria Lasso ou ... Dalida. Elle s'exile donc au Canada en 1954 et gagnera une certaine renommée au Québec, tournant aussi dans les réserves indiennes.
Après un retour discret en France, elle meurt en 1996.





 Tout à notre exhumation de cette scie musicale, on n'a pas résisté pas à la joie de vous envoyer une autre version issue des années noires, nettement plus swing. Ce n'est pas là, l’œuvre d'un zazou (quoique) mais du grand, du merveilleux, de l'indispensable Django Reinhart, ici filmé en 1939.



Et puis, notre correspondante à Leipzig* nous signale la version allemande de Rudi Schuricke. 
On visionne donc la vidéo et là, on se de demande pourquoi diable semble-t-elle avoir été posée par un nostalgique de la Kriegsmarine ?
Explications d'Alexandra :
"La version originale est connue en Allemagne, grâce au film das Boot, mais la version allemande me semble (très subjectif) connue plutôt par les gens hmmm... nostalgiques de cette époque... ou du moins l'ayant vécue.
Rudi Schuricke
Ce qui m'étonne c'est qu'un homme chante cette chanson, Komm zurück signifie "Reviens" ou "Rentre", j'aurais imaginé que ce rôle fut dédié à une femme, dans une position d'attente à la maison / patrie. Mais justement j'ignore si la politique culturelle donnait la voix, le devant de la scène, aux seuls hommes.
Dans tous les cas, Marlène Dietrich était prise ailleurs...
C'est avant tout une déclaration d'amour, en dépit de l'éloignement, la confiance et l'assurance d'un bonheur éternel renforce l'amour de l'un pour l'autre.
Et dans un Reich de 1000 ans, le bonheur ne peut qu'être éternel... histoire de replacer la chanson dans son contexte
Ce qui m'a frappée dans la version allemande c'est vraiment la force et réciprocité dans le couple. "J'attendrai" à une tonalité toute autre, à mon sens.


En ce qui concerne Rudi, il semblerait que son quintet se soit décomposé en 1935, deux de ses compères n'ayant pas particulièrement d'affinités avec le NSDAP et les gais lurons de l'époque. Monsieur Schuricke pendant la guerre est de tous les fronts: concerts pour soldats et mobilisés mais aussi concerts privés pour des huiles. Son Trio chante pour la bonne cause nazie et brocarde W. Churchill. Une de ses chansons sera cependant censurée jusqu'à 1946 !! "Capri-Fischer" relate les bonnes vacances passées au bord de la mer, ce qui en temps de guerre est mal vu, faut pas déconcentrer les troupes avec de telles inepties. 
Sinon, le monsieur à eu moins de succès une fois le rock débarqué dans l'Allemagne de l'Ouest. Il a fini sa carrière professionnelle dans l’hôtellerie, un club de danse et une laverie."
Viele danke, Alex !
Reviens ici quand tu veux.

* Si vous n'êtes pas amateurs de bastons napoléoniennes et que vous ne situez donc pas bien, ça se trouve un peu plus à l'Est que Roeschwoog. 

mardi 12 mai 2015

Vassiliu : encore une de censurée





Pierre Vassiliu savait de quoi il causait en fignolant le portrait d'un supérieur hiérarchique tout empreint de nostalgie : il a écrit cette chanson en 1963, alors qu'il venait juste de s'enquiller vingt-sept mois en Algérie.
C'était prévisible, elle fut, aussi sec, interdite de passage sur les ondes de toutes taille.
Ça n'a pas empêché notre gars de continuer son chemin jusqu'à faire une première partie des Beatles à l'Olympia avant d'aller partir tourner avec Dutronc.

On regrette parfois de ne pas s'être retrouvé, au hasard des chemins, au bar du coin, lors du passage de ces deux-là.

mardi 5 mai 2015

Un petit tour chez Anasthasie

Église, armée, bonnes mœurs, autocensure, fausse censure.... On a tâché de faire un tour d'horizon.

Henri Tachan               La censure
Nathalie Solence          Le bijou de famille
Bobby Lapointe            Embrouille minet
Francis Blanche            Le complexe de la truite
Nougaro                        Sanguine, joli fruit
Lily Fayol                       La gavotte des bâtons blancs
La Rumeur                     L'ombre sur la mesure
Link Wray                       Rumble
Pierre Tisserand            Nous aussi nous marchions
JP Smet                          Jésus est un hippie
Germaine Montéro        Le bon dieu
Brassens not dead         Le gorille
Frères Jacques              La complainte des petits cabinets
Gerbia                           Ferme ta gueule
???                                 La sacem
Fernandel                      Fôlatrerie
Monty                            Un verre de whisky
NTM                              Police
Jacques Debronckart    Mutins de 1917

Comme toujours, l'émission est là.




samedi 2 mai 2015

En mai, on censure


C'est bien connu, il n'y a pas de censure en France.
Enfin, à condition de ne pas se frotter à....
...pour en savoir plus, la suite le lundi 4 mai à 18h sur les 92.2 de Canal Sud ou canalsud.net

En attendant et pour patienter, un classique de Gustave Nadaud qui fut interdit par Napoléon III, ce vil paranoïaque.


Et une autre, un peu plus récente qui fit scandale à l'intérieur. Cette chanson provoqua une plainte suivie d'un verdict délirant : en première instance, 6 mois d'interdiction d'exercer, 3 mois ferme (!) et 3 mois avec sursis (excellente pub)
Bien qu'en appel il ne restât « plus que » 2 mois avec sursis, le message était passé. Ce procès fut suivi d'une cascade d'interdiction de concerts.
Depuis, on a vu Joey Starr jouer au flic dans certains films.



samedi 11 avril 2015

Une soirée dans une MJC de Varsovie : Krysys



En 1981, la Pologne vit en plein match de catch à quatre : Moscou / Vatican / Solidarnosc (ses autogestionnaires, ses cul-bénis) / Jaruzelski (ses lunettes fumées, son coup d'état). 
Le Canard Enchaîné titrait alors "L'ordre règne à Varsoviet".
C'est au sein de cette confusion que le groupe KRYZYS enregistre, fin 1980, un concert à la Maison de la Culture d'Ursus (Varsovie) qui deviendra, un an plus tard, un 33 tour chez Barclay.

On y trouve cette reprise furieuse et décousue en fin de parcours.
Censuré un peu partout en Europe, le disque de Gainsbourg "Je t'aime moi non plus" s'est vendu sous le manteau suite à une condamnation papale.
On constatera à l'écoute, que pour les punks polonais, les grands symboles sexuels français restent De Gaulle et Bardot .




Krysys, groupe mythique, se situait dans la mouvance post punk régnant dans l'underground de l'époque.
Ils ont passé à la moulinette tant le punk américain (mouvance Pere Ubu ou James Chance & the Contorsions) que le ska (grandiose fin de la reprise de Gainsbourg) dans un collage musical assez Dadaïste.
Adieu croix, marteau et faucille.
Bonjour franche déconnante.
Le groupe deviendra Brygada Kryzys durant l'année 1981 et prolongera l'expérience musicale durant trois décennies.
On les verra par ici en première partie des Béruriers Noirs. 

Pour mieux les honorer, on envoie la face A du disque, pourvu d'une pochette très "Bazooka".
Et non, youtube l'a viré, à la place vous aurez une reprise de Bob.




vendredi 20 septembre 2013

Pierre-François LACENAIRE chansonnier


 "Vous avez la tête trop chaude et le cœur trop froid, Pierre-François. 

Et moi je crains les courants d'air !" 

Sublime réplique de Garance (Arletty) à Lacenaire (Marcel Herrand) concoctée par Prévert pour le film de Marcel Carné, Les enfants du paradis (1945)


Né le 20 décembre 1803 à Lyon et guillotiné trente trois ans plus tard à Paris, Pierre-François Lacenaire fut non seulement auteur de théâtre, assassin, poète, escroc, mais il écrivit aussi quelques chansons. 
On en trouve dans un  disque quelque peu décevant : Lacenaire enfin vengé de Fred de Fred (vous avez bien lu) d'après ses poésies (1992 Barclay Universal)
Marcel Herrand dans le film de Carné

Remis au goût du jour par les surréalistes, Prévert, les situs, Lacenaire ne fut pas vraiment un grand criminel. Un bon résumé de sa carrière est là.
Par contre, il transforma son ultime procès en joyeux foutoir, sa cellule en salon mondain et sa mort en grand spectacle. Ses aphorismes tels « J'arrive à la mort par une mauvaise route, j'y monte par un escalier… » nous son restés. Tout comme ses Mémoires atrocement censurées.
Extrait : " Quand j'étais enfant, j'étais déjà plus lucide que les autres. Ils ne me l'ont pas pardonné...Alors je suis rentré en moi-même...Je n'ai pas pu en sortir. Les imprudents ! Me laisser seul avec moi-même ! Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations !"
En 1836, Le Charivari publiera ses chansons.
Une parmi toutes est restée : "Pétition d'un voleur à un roi voisin" aussi nommée "Le Larron" par d'autres interprètes. Ce texte de 1833 est d'une actualité féroce. 
Voici donc deux versions du chef doeuvre
D'abord par Chiffonie (chansons de cabaret) et par les Modest Lovers (Garage rock toulousain)