On le savait depuis l'irruption fracassante d'un certain Alexandre Benalla : nous sommes gouvernés par des brutes. La suite des pathétiques quinquennats du Marquis n'a fait que confirmer cet état de choses.
Mais là, ils ont fait très très fort.
Quelle dose de morgue et de suffisance faut-il posséder pour avoir réussi à rallumer la guerre en Nouvelle Calédonie là où tous les connaisseurs et surtout le simple bon sens prédisaient la catastrophe ?
Quelle dose de mauvaise foi faut-il charrier pour ne même pas reconnaître le fait colonial sur la Kanaky (par ailleurs explicitement cité par l'État dans les accords de Matignon ou de Nouméa) ?
Combien de tonnes mépris trimballe-t-on quand on ose voir derrière une situation insurrectionnelle la main de ... l'Azerbaïdjan ! (À quand nos frontières menacées par l'Albanie ?)
Quel degré d'aveuglement possède un roitelet qui débarque en exigeant de l'ordre après avoir soi-même foutu le feu ?
Tout cela se paiera fatalement.
On craint juste que ce soient encore les mêmes qui morflent d'ici là.
En attendant, on envoie la troupe. Pour changer....
De l'utilisation judicieuse des BMW sur le Caillou
On profite de l'édition d'unlivre consacré au groupe du Mans, Nuclear Device, coédité par nos camarades de Libertalia et de la Boite à Outil pour se pencher sur une chanson de ce groupe qui fit les beaux jours de nos années quatre-vingt.
Sans raconter notre vie, ça nous rappelle une anecdote.
C'était en 1985 (ou 1986, d'ailleurs). Lassés des concerts hors de prix et d'attendre que nos groupes chéris daignent avoir la faveur d'un tourneur, avec quelques potes du Mirail, on organisa un concert en banlieue toulousaine, une soirée avec le label Bondage : au programme Washington Dead Cats, Ludwig von 88, les Béruriers Noir et Nuclear Device.
Au cours de la conversation avec ces derniers, après les avoir gentiment moqués pour leur titre "Arriba España" (en cette ville qui se targuait d'être la deuxième capitale espagnole, l'utilisation de ce slogan franquiste en fit s'étrangler plus d'un) on causa cinoche. Et on leur conseilla chaudement d'aller voir un de nos films, préféré qu'on regardait alors en boucle,Deprisa, deprisa (en français Vivre vite) de Carlos Saura.
Non seulement nos sarthois ont suivi le conseil mais ils en ont tiré profit.
Deprisa, deprisa, c'est un peu l'apogée du film Quinqui**, genre spécifiquement espagnol des années 1976 / 1984.
Loin des frasques des branchouilles petits bourgeois de la Movida, ces films narraient les aventures de délinquants juvéniles (interprétés par de vrais voyous souvent payés sur la bête) dans leur quotidien au sein d'un pays d'après dictature où rien n'avait changé.
Des bagnoles, des braquages, de la dope, des filles et des garçons perdus dans leurs quartiers de clapiers en construction, des flics
tortionnaires, voilà qui fit le quotidien des jeunes de Madrid,
Barcelone ou Bilbao et le succès de ce sous-genre cinématographique (un
million d'entrées pour Perros callejerosde Antonio de la Loma)
On a même vu certains bandits célébres comme El Torete ou El Vaquilla y faire des apparitions.
Longtemps avant l'existence du gangsta rap, la bande son de ces films était constituée de beaucoup de flamenco à tendance rumbero, d'un peu de rock local et d'une pincée de disco.
Carlos Saura avait anticipé le genre d'une bonne décennie en réalisantLos Golfos(les voyous) en 1962.
En 1981, il récidive en contant l'histoire romantique et sans avenir de trois amis et d'une fille qui passent du vol de "bugas" (tires) au braquage. Le tout pour tuer l'ennui et s'insérer dans une normalité désespérante, devenant ainsi le reflet de cette société qu'ils rejettent.
Plusieurs acteurs don Jésus Arias ("Meca") ont eu une belle carrière carcérale et on en retrouvera même dans la COPEL (Coordination des Prisonniers En Lutte)
On vous envoie les premières minutes et on parie que la musique d'ouverture, écrite pour l'occase parlos Chunguitos, ne vous est pas tout à fait inconnue.
* z'avez bien lu.
** Plus ou moins "ferrailleur" de l'argot gitan, systématiquement employé dans ces films.