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samedi 24 juillet 2021

Hommage aux autochtones

Clin d’œil à Crasses et Voluptés
 
Suite à la mise à jour de nombreux charniers de gamins autochtones enterrés près des institutions religieuses au Canada, les églises se sont beaucoup enflammées par là-bas.
Puis des provinces entières ont brûlé mais ça, c'est une autre histoire.
L'histoire de ces gosses enlevés à leurs familles dès leur plus jeune âge afin de les rééduquer, c'est à dire d'éradiquer "l'Indien" en eux est toujours une plaie ouverte. 
En hommage à ces jeunes gens bousillés par un système et une église, un film d'à peu près de quatre minutes, La Tonsure, réalisé par Meky Ottawa, de la nation Atikamekw en 2009.
Ça se trouve chez les films Wapikoni.

 

Et John Trudell, poète, chanteur et ex activiste de l'AIM, issu de la nation Sioux Santee, a deux ou trois chose à  dire à Dieu et à ses représentants.


vendredi 21 mai 2021

Réal V Benoît, prolo québecois


Il est notoire que l'ouvrier a une espérance de vie plus limitée que bien d'autres catégories sociales (huissier, académicien, toubib...).
Il est des exceptions et l'ami François, du pays d'en face, nous signale un petit gars qui fait preuve d'une belle longévité malgré ses deux carrières.
Né en 1945 dans la région d'Abitibi-Témiscamingue (en Cri et Algonquin dans le texte) à l'ouest du Québec, Réal V. Benoît est un mineur de fond qui se lança dans la chanson au début des années 1970. 
Vite surnommé le "chanteur-mineur" (pourquoi pas le "mineur chantant" tant qu'on y est ?) le gars en a eu vite class de se produire sur scène en habit de travail à l'insistance de quelques producteurs et de se faire arnaquer par des labels véreux pour ses trois LP Voilà (1971), Revoilà (1972) et Pour le fun (1973). 
Chanteur de folk countrysant doté d'une conscience de classe à fleur de peau et au son fruste, il se fit une belle popularité avant de tout envoyer paître pour retourner dans les obscures galeries. Après avoir annoncé son départ sur scène, il resta anonyme vingt-cinq ans durant.
Un exemple de son art : Ça peut pas marcher.
 
 
Et le bonhomme refit une apparition en 2005 en artisan de la chanson, allant jusqu'à se produire avec un accompagnement enregistré. Depuis, il a sorti trois nouveaux disques et taille sa route en persistant à maudire l'arrogance des possédants et à s'adresser aux prolos.
Même si de nos jours, il faut parfois tout expliquer, comme dans ce Christ de pauvres. 

lundi 1 mars 2021

Félix, Charles et l'héritage

Querelle familiale chez Kurosawa (Ran, 1985)
 
Les psychanalystes, juges pour enfants et curés confesseurs, lorsqu'on en trouve encore, le savent bien, la famille est un des plus beaux endroits de l'épanouissement humain. Et comme telle, elle possède ses rites et ses riches heures.
Un de ses grands moments suit généralement un épisode tragique (voire, le précède parfois). Ainsi, lorsqu'advient le décès d'un ancêtre, on peut souvent observer les descendants éplorés calculer un retour sur investissement ou désinvestissement affectif en terme d'espèces sonnantes et trébuchantes, de terrains bâtissables, de parpaings assemblés ou de simples bibelots.
Cette coutume de l'héritage tout droit issue de notre grande Révolution et de son inaliénable droit bourgeois à la propriété privée a souvent réjoui poètes et chansonniers.
Ainsi, Félix Leclerc en fit-il ses choux gras dans un 45 tour de 1957 (Epic 1071)

 
Chroniqueur des familles heureuses, Charles Trenet se devait d'en remettre une couche. Le voici sur scène à Bruxelles, en février 1965, dans L'héritage infernal.
S'il avait soupçonné à quel point sa cousine, son neveu, son ex-chauffeur et un fils prétendument adultérin iraient se poursuivre devant les tribunaux, peut-être aurait-il plutôt chanté les vertes routes ou les flots bleus.
 

mardi 26 janvier 2021

Le Québec aussi libéré que le Parisien et le Dauphiné réunis

 

Chouette émission Juke Box d'Amaury Chardeau du 17 janvier dernier intitulée Québec, des révolutions plus ou moins tranquilles.
En 1960 au Québec, les francophones pourtant majoritaires (5 millions contre 1 million d'anglophones) sont relégués au second plan : emplois subalternes, rémunérations inférieures, moindre accès à l'éducation. Profitant de la disparition du très conservateur Maurice Duplessis, les baby-boomers portent au pouvoir le gouvernement libéral de Jean Lesage. Celui-ci conduit, à un train soutenu, de nombreuses réformes économiques, politiques et sociétales qu'on désigne sous l'expression de la "Révolution tranquille". (...)
Poètes, musiciens et chansonniers s'engagent afin que la langue employée dans les médias et la culture reflète celle utilisée tous les jours dans les rues : un français trempé d’accent, d’expressions populaires et mâtiné de mots anglais, le joual. En 68, la création de la pièce Les Belles-soeurs de Michel Tremblay et du spectacle L'Osstidcho suscitent d'intenses polémiques. 
Sur fonds de campagnes d'attentats conduits par le Front de Libération du Québec, les souverainistes gagnent en influence...

Le gars a eu, en plus le bon goût de ne passer qu'un tube de l'époque, celui de Charlebois et Louise Forestier en plein trip.
On ne résiste pas à vous passer le communiqué du FLQ lu à la télévision le 8 octobre 1970 par Gaétan Montreuil par souci humanitaire pendant la prise d'otage du diplomate britannique James Cross.
On avoue quelque nostalgie pour cette époque.
 

 

Et on repasse le 45 tour d'Alexandre Zelkine L'otage (1974)



dimanche 3 janvier 2021

Le monde vu par Tonton Plume


 

L'année écoulée aurait donc battu les records de l'année de marde, comme on dit là-bas. 
Pour la suite, il ne manque au tableau qu'une centrale nucléaire qui... 
Mais bon, comme on n'a rien de très pertinent à exprimer parmi ce chœur qui semble tellement soulagé de tourner la page 2020 pour aller vers une période encore plus merdique qui fleure bon ses lois scélérates et son fascisme* sanitaire, on laissera le dernier mot à notre cher Plume Latraverse qui voit tout en noir. Même les moutons.
 

 

* De suite les grands mots ! (NdR)

lundi 12 octobre 2020

Aller danser

L'ambiance mortifère, un trouillomètre médiatiquement organisé, le black-out imposé à 22h qui vire à la fin décrétée de toute vie sociale, les contrôles incessants, des voisins vigilants délateurs (les Espagnols ont inventé la très efficace expression chivatos de balcon), une certaine puanteur d'ordre moral, le fait de ne plus avoir droit à de la musique vivante qu'au fin fond de la cambrousse dans des arrières granges privées, bref, une véritable morosité ambiance nous a remis en mémoire ce texte de Paul-Louis Courier : Pétition pour des villageois qu'on empêche de danser. 
 
Nous sommes en 1822, la contre-révolution triomphe en France. Dans un village de Touraine, un curé veut commander à tout et prétend qu'on n'y doit plus danser. Sachant que la liberté de penser commence avec celle de danser, Paul-Louis Courier réplique avec légèreté par un mordicant plaidoyer pour la gigue et le rigodon, choses qui ne s'accommodent jamais bien de l'ombre écrasante de Dieu (extrait de la quatrième de couverture)  
Brillant polémiste, Courier adresse ce pamphlet à la chambre pour dénoncer censure, église et monarchie "parlementaire". Il fut poursuivi en justice puis relaxé.
 
Les gendarmes se sont multipliés en France ; bien plus encore que les violons, quoique moins nécessaires pour la danse. Nous nous en passerions aux fêtes du village, et à dire vrai ce n’est pas nous qui les demandons : mais le gouvernement est partout aujourd’hui, et cette ubiquité s’étend jusqu’à nos danses, où il ne se fait pas un pas dont le préfet ne veuille être informé, pour en rendre compte au ministre. De savoir à qui tant de soins sont plus déplaisants, plus à charge, et qui en souffre davantage, des gouvernants ou de nous gouvernés, surveillés, c’est une grande question et curieuse, mais que je laisse à part, de peur de me brouiller avec les classes, ou de dire quelque mot tendant à je ne sais quoi.
 
Un firman du préfet, qu’il appelle arrêté, naguère publié, proclamé au son du tambour, Considérant, etc., défend de danser à l’avenir, ni jouer à la boule ou aux quilles, sur ladite place, et ce, sous peine de punition. Où dansera-t-on ? nulle part ; il ne faut point danser du tout. Cela n’est pas dit clairement dans l’arrêté de M. le préfet ; mais c’est un article secret entre lui et d’autres puissances, comme il a bien paru depuis.
 
Pétition pour des villageois qu'on empêche de danser (l'Insomniaque)
 
Le texte intégral du pamphlet est lisible à cette adresse.
Et une gigue du monde d'avant (1967)
 

 

dimanche 22 mars 2020

Je hais les dimanches et les délateurs

Irresponsables ne respectant pas la distanciation sociale
Comme s'il ne suffisait pas d'être gouvernés par des salauds incompétents et un tantinet criminels*, voilà t'il pas qu'après nous avoir réinventé des ausweiss (façon servitude volontaire) et un état d'urgence (en projet) qui nous renvoie à l'époque du "maintien de l'ordre" en Algérie, Radio France s'est métamorphosée en Radio Paris se dotant d'un authentique propagandastaffel. Cette successions de ministres, députés, médicastres et patrons, on s'y attendait mais on en vient à être surpris de cette diarrhée, cette vomissure qu'est la réaction des bons citoyens qui se défoulent au micro, au téléphone, pour dénoncer les comportements irresponsables, criminels asociaux de leurs congénères.... La délation redevient le sport national !
Défoulez-vous connards, bande de lâches même plus foutus d'écrire une lettre anonyme dûment timbrées à la préfecture, défoulez-vous sur les plus faibles ou plus petits ou même plus cons, ce sera toujours plus confortable que d'appeler un chat un chat, de se souvenir que ces ordures qui tenaient plus que tout à leurs élections n'ont RIEN fait, RIEN prévu, RIEN préparé (et surtout pas de tests ou de protections) et qu'ils continuent à nous mentir à longueur de journée. Qu'ils ont joué à une propagation à l'anglaise avant de nous jouer l'union sacrée. Qu'ils n'en ont rien à foutre de nos vies et que l'équilibre des comptes de la retraite va peut-être se résoudre tragiquement.
Je vous dégueule.
* J'exagére ? Lisez donc.

Pour rester dans le ton de cette saine bonne humeur, indispensable en temps de crise pour entretenir le moral des troupes,  Je hais les dimanches écrit par Aznavour pour Piaf qui n'en avait pas voulu. Charles l'avait alors refilé à Juliette Gréco qui enregistra l'original en 1950. Consciente de sa boulette, la Môme en fit aussi sec une autre version, à notre entendement supérieure.


Bien entendu, il y avait eu le précédent de la chanson déprimante de Reszö Seress, Sombre dimanche, devenu Gloomy Sunday, ici par Marianne Faithfull.



Pour finir, honneur à mon voisin qui vers 20h se mit à déclamer du Rimbaud depuis sa fenêtre. Il s'agissait de Sensation, par Félix Leclerc en 1953.


 

Et illustré par Pratt dans Corto Maltese en Sibérie.


samedi 29 février 2020

Les bons conseils de Madame Bolduc (parenthèse d'actualité)

Black Bloc allant à une auto-réduction ? No sir, corona virus...
Telle la Hordes d'or, le fléau a galopé depuis le fin fond des steppes d'extrême-orient pour frapper de stupeur et de trouille le monde entier.
Vous qui chopez une fièvre et toussotez, abandonnez tout espoir.
Vous qui cherchiez un exercice grandeur réelle de contrôle social total de votre population, réjouissez-vous mais gaffe, sait-on jamais où peut vous mener cette affaire. Déjà, les bourses font du toboggan.
Quant à nous, pauvres mortels, viandes à laboratoires, il nous reste malgré tout un futur.
Car oyez, oyez, braves gens, ça nous vient du grand Nord !
Mary Travers, impératrice du turlutage, lumière de Gaspésie, La Bolduc elle-même, nous redonne un peu d'espérance.
C'est d'autant plus remarquable que ça date d'environ 1939, autre année terrible.
Et ça s'appelle Tout le monde à la grippe.
Ô prophétesse soit remerciée.

Si vous venez qu'à rempirer
Frottez-vous avec de l'huile camphrée
Si vous avez mal au cœur
Prenez une dose de painkiller
Si vous avez peur de la mort
Prenez une dose d'huile de castor
Avec tous ces conseils-là
Vous aurez pas l'influenza


lundi 6 janvier 2020

Janvier : Vanneaux chômeurs

1934


Entre désespoir social et répugnance du travail, notre sélection haineuse du jour :

Les Escrocs                           Assedic
Les Olivensteins                    Fier de ne rien faire
Mon éléphant                        Quand j'étais chômeur
Poésie Zéro                            Chômage
Zufgangenhause                    Arbeiloser marsch
DDT                                       Monogorod inache
Macka B                                Unemployment blues
Sexy sushi                             Je refuse de travailler
Les Colocs                             Bon yeu
Femi Kuti                              No work, no job, no money
Richard Desjardin                 Le chant du Bum
Les chômeurs kabyles           Pouvoir assassin
Dupain                                  La complainte du vieux travailleur
Springsteen                           Ghost of Tom Joad
Maldita Vecindad                  Gran circo 
Didier Super                         À bas les gens qui bossent
Neurotics                              Living with unemployment
Tracy Chapman                     About a revolution
M. Eddy                                 Il ne rentre pas ce soir 

Comme de coutûme, ça se retrouve, en écoute ou en téléchargement à ce lien.
Et pour en rajouter une couche du rap antique (de son album Métèque et mat de 1995)



et puis un rappel de l'Onc' Pluplu qui touche enfin son keuch'




mardi 17 septembre 2019

Les Fleaux, jeunesse québecoise


C'est arrivé en 1966 au Québec.
Ils s'appelaient les Fleaux (sans accent) mais on disait aussi les Flos selon la période. André, Alain, Richard et Maurice vivaient à Lachute, comté d'Argenteuil. Tony Roman, fondateur du label de rock garage Canusa, de passage dans leur patelin, les vit en concert et fut charmé ce jeune groupe "parce qu'ils se débrouillaient bien et aussi parce que les gens trouveraient ça cute".
Précisons qu'au moment d'enregistrer Ma Lili Hello (reprise anecdotique de Pierre Perpall) leur premier titre pour une compilation Canusa, les Flos avaient 11 ou 12 ans de moyenne d'âge. Une tentative de coup commercial avec des bébés rockers, en somme.
Qui restera sans lendemain.
Rebaptisés en Fleaux, nos gaillards n'enregistrèrent qu'un unique 45 tour avec le titre sus-cité en face B et en face A, la raison de leur présence ici : à notre connaissance l'unique version en français du titre aux mille reprises, de ce sommet du rock garage, j'ai bien sûr cité Gloria des Them (écrite en 1964 par Van Morrison).
Chantée par une bande de moutards pré-pubères avec des paroles délirantes (Elle faisait cinq pieds quatre / elle me traitait en homme), bien entendu issues du cerveau du boss, Tony Roman.
Que sont-ils devenus ? Mystère...
On peut retrouver le titre sur l'anthologie Rumble (Quebec Garage Beat 66-67)


 

Un grand merci au blog de Félix B. pour son érudition.

vendredi 28 décembre 2018

Fin d'année avec Lisa Leblanc


Malgré la classification de ce post, on s'excuse au près des Acadiens, ce coup-là, ça ne nous vient pas du Québec mais du Nouveau Brunswick.
Ça fait presque une décennie que cette gaillarde de 28 balais mène son entreprise de réhabilitation de la country et du bluegrass avec un certain succès. Comme on connaît mal la Dame, vu d'ici, on aime bien.
Et quoi de plus indiqué, pour terminer une année pleine de rebondissements que cette aimable vidéo de 2012 ? On la dédie à tous deux et celles qui cultivent l'espoir que ça pète en 2019, nom de Diou ! Peut-être demain ça ira mieux...
Ah oui, ça s'appelle Aujourd'hui ma vie c'est d'la marde.


Également une pensée pour les proches de Claude Mesplède, infatigable érudit du roman Noir et ami des écrivains parti s'en jeter un avec Robin Cook et Jean-Patrick Manchette.


dimanche 11 février 2018

Michel Rivard reprend Brassens

Un croque-note et deux princesses
En découvrant ce superbe cliché de Robert Doisneau, pris dans l'après-guerre à Montreuil, on a immédiatement songé à la chanson de Brassens, La Princesse et le Croque-notes tirée de l'album Fernande (1972). Encore que les princesses de la photo-là n'aient pas l'air si gamines.
N'ayant jamais renié ses années de vache maigre chez la Jeanne, le moustachu rendit là un bel hommage au petit peuple des fortifs et des terrains vagues les bordant.

Il existe bon nombre de reprise de ce poème, par Cabrel ou par Le  Forestier pour les plus connues. Celle du québecois Michel Rivas est particulièrement agréable.
Né en 1951, ce dernier s'est fait connaître dans les années 70 en fondant le groupe Beau Dommage. Depuis 1977, il poursuit une carrière solo de chanteur, comédien et humoriste.


jeudi 28 décembre 2017

Marcel Martel : c'est Noël, nom de diou !

Marcel Martel
Pour finir l'année, le camarade Eliott nous a exhumé cette curiosité de 1958.
Marcel Martel (Né et mort à Drummondville, Québec, 1925-1999) fut un auteur-compositeur et interprète de chanson country western québécois qui sévit des années 1940 à 1980.
Issu d'un milieu modeste, il grimpa sur scène à 12 ans en jouant du violon, de l'accordéon et de la guitare avec son père. Dès l’adolescence, il composa ses propres chansons et forma le trio les Lone Rangers. Musicien, animateur radio, il est considéré comme l'un des pionniers de la musique country au Québec. C'est le père de la chanteuse Renée Martel, qui a repris quelques-unes de ses compositions. Sa vie aura également été marquée par une tuberculose qui finira par avoir sa peau.
Un rock du Père Noël



Sa chanson la plus connue, Un coin du ciel, dont les accords nous rappellent vaguement le corrido mexicain Cancion mixteca, écrite après un de ses interminables séjours en hôpital.


samedi 25 novembre 2017

Décembre, tout s'achète et tout se vend


De Barcelone à Madrid (note d'espoir œcuménique empruntée au Moine Bleu).
C'est à son bon cœur qu'on reconnaît le petit commerçant.
Frank & Golo, Ballade pour un voyou.

Le commerce est, par son essence satanique. C'est le prêté-rendu, c'est le prêt avec le sous-entendu : Rends-moi plus que je ne te donne.
Baudelaire, Mon coeur mis à nu.

Le commerce est vieux comme le monde. Du jour où plusieurs individus vivent sous le même voisinage, il s'établit entre eux des échanges. Que l'on nomme cela d'une façon ou d'une autre, peu importe, le fait est là. Les sociétés primitives subirent cette loi, la société des camps de concentration n'y échappa point.

Christian Bernadac, Des jours sans fin (Mauthausen III).

Pas besoin de vous faire un dessin après un tel préambule. Le mois de décembre, son Père Noël, sa grande bouffe, ses illuminations nocturnes nous a semblé le moment idéal pour revenir sur une activité humaine à laquelle la modernité est allée jusqu'à accoler le paradoxe "d'équitable" en certaines occasions.
On vous vendra donc notre temps d'antenne le lundi 4 décembre à 17h30 sur les 92.2fm de Radio Canal Sud.

Pour patienter, un monsieur 100 000 volts très en verve, à l'Olympia en 1970, en compagnie du violoniste monsieur Pointu nous fait l'article de la vente absurde.


lundi 31 juillet 2017

Alexandre Zelkine, internationaliste atypique.

Un grand remerciement à l'ami François qui nous le fit connaître avec cet article très complet. 
Comme tout est dit là, on va tâcher de résumer le bonhomme en deux mots.

Né à Lyon en 1938 de père russe et de mère française le gars étudie la musique au conservatoire et voyage des Balkans à Israël, d'Espagne à New-York.

Son premier disque Russian folk songs, d'avril 1965, est un recueil de ballades russes accompagnées de balalaïkas. Puis ayant déménagé à Montréal, ses deux opus suivants, de 1966 et 1967, sont de curieux mélange de traditionnels ou de chants révolutionnaires en français, yiddish, espagnol, russe ou anglais.
Parmi les titres, cette version d'À la Roquette d'Aristide Bruant.


Au rythme d'une sortie annuelle, s'ensuivent un  autre disque en russe et un album de folk québecois.
Et puis, en 1973 l'album Pessimiste replonge dans le joyeux mélange.
En 1974, c'est L'otage, en pleine saison des actions du FLQ et de l'état de siège qui fut appliqué à la province francophone. On y trouve la chanson Pessimiste qui jure quelque peu avec le ton de l'époque. Quant au titre, L'otage, il s'inspire du sort de Pierre Laporte, avocat et ministre corrompu québecois, mort suite à son enlèvement par la cellule Chénier du FLQ. Laporte avait été soit exécuté, soit tué lors d'une tentative d'évasion.


On reste quelque peu interloqué par les paroles. Essayez voir, de nos jours et sous nos cieux, d'aller tenter d'expliquer le processus amenant à je ne sais pas moi, au hasard, la mort d'un président du conseil italien ou d'un général français...
Et puis le bon géant a disparu des ondes. Depuis 1974, il se consacre au modélisme ferroviaire. Il a même inventé une compagnie imaginaire, la Degulbeef and Cradding Railroad.
Interloqués, on vous dit.  

mardi 27 juin 2017

Le blues du chômeur par Les Colocs

Le protagoniste en pleine reconversion
Puisque maintenant les choses sont claires, votre serviteur vient de fêter l'arrivée d'une "nouvelle" législature par une convocation au Pole-emploi du quartier. Le genre de rencard qui ne se refuse point.
Quitte à jouer les andouilles, on confesse être allé à l'assignation en étant horriblement tenté d'y interpréter une chanson venue de chez les cousins de l'autre côté de la grosse flaque et en se demandant si l'employé chargé de ventiler les sans-boulots soupçonnerait que ce manifeste uber-macroniste d'avant l'heure est, avant tout, un foutage de gueule prenant pour cible dieu et le salariat.
Sorti par les Colocs sur l'album Atrocetomique de 1995, il dépeint les états d'âmes d'un chômeur en pleine crise de foi.
Extrait :
Bonyeu donne-moé une job
Chu prêt à commencer en bas d'l'échelle.
Ch'pas pire avec les chiffres
Pis j'sais m'servir de ma cervelle.


Bonyeu donne-moé une job,
J'veux travailler avec le public
Chu bon vendeur j'arrive à l'heure
Pis j'bois moins qu'un alcoolique


En ce qui concerne la vidéo ci-dessus, Dédé Fortin avait publié une petite annonce pour recruter des figurants, obligatoirement prestataires de l'aide sociale ou du chômage en offrant de les rémunérer 100$ pour une journée de tournage. Ce clip compte donc 150 figurants. Dixit un membre de l'équipe : Une église désaffectée près du 2116 sert de cadre. Marquée par un froid de canard, cette journée fut mémorable quoique difficile à plusieurs égards pour toute l'équipe
Et votre rencard chez l'ex ANPE me direz-vous ? Rassurez-vous, le personnel y est toujours aussi maltraité, infantilisé, idiotisé. À vous dégoûter de bosser.

jeudi 16 février 2017

Éva, sensuelle censurée


Elle est née à Berlin, en 1943, d'une mère lituanienne et d'un père russe et a commencé à chanter dans le groupe jazz de son lycée.
À 18 ans, partie étudier à Paris, elle y découvre les chanteurs et chanteuses en vogue sur la rive gauche : Brel, Barbara, Anne Sylvestre et Georges Moustaki, etc. La Polka des mandibules, cabaret alors fort actif, l'accueille à ses débuts.
En 1964, elle joue en première partie de Georges Brassens lors de son fameux concert à Bobino et sort son premier album qui lui vaut le Grand Prix du premier disque.

On a aujourd'hui quelque peine à y croire mais ça se produisait pourtant couramment dans la France corsetée de De Gaulle : elle a durablement écopé d'une interdiction d'antenne à cause de sa voix grave à la «sensualité trop évocatrice» (dixit la commission de censure).
Eva a principalement chanté des titres de Barbara, Anne Sylvestre, Charles Dumont ou Maxime Leforestier.
Un titre de 1965, Les enchaînés, une adaptation de Unchained melodie où elle s'essaie à reprendre les Platters.


Depuis 1965, elle a sorti 17 albums.
Sur son tout dernier, «À Marlene", sorti en 2005 au Québec, elle interprète en français, en anglais et en allemand un choix de chansons de Marlène Dietrich. Elle réside d'ailleurs à Québec où elle connaît encore un certain succès et se consacre également à la peinture.
Ce site internet lui est consacré. 
Un autre de ses titres pacifistes des années soixante, tiré du même EP que le précédent :  Moi, la fille en noir.

vendredi 13 janvier 2017

Les beaux conseils de Mononc' Pluplu


 
 
Puisqu'on est encore dans le mois des bons vœux,  Michel Latraverse, connu comme Plume, dit Mononc' Pluplu, ex membre de la Sainte Trinité (en compagnie de Pierrot le Fou et du docteur Landry) et d'Offenbach, grand amateur de calembours (son premier album ne s'appelle-t-il pas "Plume plou digne" ?), bluesman émérite, chanteur, auteur, compositeur, guitariste, écrivain, jardinier québécois, nous livre aujourd'hui deux de ses compositions qui devraient vous inspirer bien des projets et de bonnes résolutions. 
Prenez-en d'la graine. 
À vous, Plume avec : Moé, j'aime pas ça travailler
 

Ainsi que La journée du chèque, (en l'honneur de ce qu'un sombre politicard nomme la société de l'assistanat et du farniente) qui nous entraîne voguer vers le grand large



Et surtout la santé...

Ps, euh, Sainte alliance : Le dernier numéro de CQFD comporte un dossier musique tout à fait réjouissant malgré la brièveté des articles. On y retrouve avec bonheur quelques-uns de nos complices.

jeudi 15 décembre 2016

Hitler est mort (curiosité québecoise)

  Canadiens assez satisfaits, fin 1944
Encore une trouvaille de l'ami François, du blog Le Garage.
Hitler est mort
Une chanson de Billy Paradis, alias Taffnut, (sur le 78 tour Starr 16641-B) de 1945 avec "Mouchons-nous" en face B.

Au vu du peu de sources dont on dispose, il semble que le sieur Billy Paradis ait été un fantaisiste québécois, un tant soit peu comique troupier, qui commit quelques amabilités comme "Le Japon ne jappera plus" ou " D'l'amour atomique" et aussi certains titres plus sociaux.
Le style raciste employé vis à vis des Japonais est bien dans le ton universel de l'époque. Pas plus dégueulasse, par exemple, que les bd belges de Victor Hubinon où l'on cassait des "faces de citons" à qui mieux mieux jusque dans les années 60.
Pour mémoire, dans cette guerre, plus de 45 000 Canadiens ont laissé leur peau sur les différents fronts avec un événement particulier, celui du débarquement foireux de Dieppe, (19 août 1942) pur massacre de troupes du grand nord, qui laissera chez certains d'entre eux une rancœur tenace vis à vis de l'état-major britannique.
Au 8 mai 1945, 80 000 Canadiens se trouvaient dans les forces du Pacifique contre le Japon. De ce côté là, la guerre avait débuté par une campagne, assez lamentablement menée, dans les Îles Aléoutiennes en juin 42 / mai 43.

Juste pour se mettre en joie, un petit supplément de 1942 au sujet de l'odieux personnage par l'immense bluesman Leadbelly :


mardi 6 décembre 2016

En décembre, on a chanté les flics

Honneur aux anciens
Fructueux échange entre un policier et le cambrioleur anarchiste Duval :
- Au nom de la loi, je vous arrête !
- Au nom de la liberté, je te supprime ...  (1910)

Après les sommations d'usage, on envoya donc
Yves Mathieu                       Pestaille !
Nanni Svampa                     Al mercato rionale
Bijou                                    P 38
Higelin                                 Les chaussettes à clous
B James                                La police assassine
GAM                                     Allez les gars
Les Frères Jacques               J'emmène les gendarmes
Catherine Sauvage               Pétition d'un voleur à un roi voisin
Alpha Blondy                        Brigadier Sabari
La Bolduc                             Les policemen
Énigme cinématographique
Gnawa Diffusion                  Bleu, blanc, gyrophare
MAP                                     La chasse est ouverte
Mini mix Renaud
Marc Robine                        L'amour qui s'fout de tout
La Rumeur                           P.O.R.C.

L'émission peut s'écouter ou se peau de caster  à ce lien.

« Je crains moins de rencontrer un voleur qu’un homme de la police pendant la nuit. Le premier me prendra ma bourse, mais l’autre me prendra ma liberté. » (Louis Veuillot, 1884)
Si même les bourgeois catholiques l'écrivent, que voulez-vous rajouter ?
Peut-être un dernier avis de René Binamé :


Et un cadeau cannibale de l'ami François qui fait le joint avec notre prochaine émission sur la grande bouffe : une pièce bizarre de Pauline Julien! Illustre chansonnière et femme du dernier péquiste respectable, Gérald Godin. Membre du comité de défense des prisonniers politiques à l'époque du FLQ ce qui était très très osé.



En souvenir de Tonton Marcel