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Un flic se cache dans le paysage |
Délicieux film de René Clair de 1930.
Datant du début du cinéma parlant, ce film, à la limite du muet et de la comédie musicale, est, selon Georges Sadoul, un manifeste contre le "théâtre filmé" à caméra fixe du début du cinéma sonorisé.
Autrement dit, l'arrivée du "parlant" donne lieu à un cinéma bavard à la Guitry ou à la Pagnol, dans les meilleurs cas, jetant aux orties la créativité et la poésie du cinéma muet.
René Clair a tourné un film hybride, aux mouvements de caméra virevoltants mais surtout, n'a pas hésité pas à faire la part belle à la musique : de longues séquences sonorisées s'interrompant subitement pour faire place à des scènes gesticulées en musique. Particulièrement si un obstacle (porte vitrée de bistrot, fenêtre) vient se placer devant la caméra.
Et à l'inverse deux séquences : les ébats de deux tourtereaux dans une chambre et une bagarre de rue, sont entièrement obscures, uniquement compréhensibles par le son et les dialogues.
Un film tout aussi novateur que Les temps modernes de Chaplin. Juste qu'il est sorti six ans plus tôt.
Le long travelling du début du film
Narrant les tribulations de marginaux, chanteur de rue (Albert Préjean), petit voleur (Edmond Gréville), cambrioleur (Bilboquet) ou carrément maquereau (le génial Gaston Modot) confrontés aux amours d'une Roumaine tout à fait délurée récemment arrivée en ville (Pola Illéry), évoquant un Paris des cours et des apaches déjà disparu, le film fut plutôt un bide en France mais pas en Allemagne où l'expressionnisme avait creusé les sillons.
Une scène de bal musette :
Comme dans bien des films de ce temps, il resta la chanson.
Interprétée, avec plus ou moins de bonheur selon le cas, par Préjean, en chorale, par les locataires d'un immeuble, elle est un fil conducteur de l'histoire. La musique fut écrite par Moretti et Préjean l'enregistra en microsillon.